Tu peux t’arrêter là, te reposer enfin…
Hier à Évreux, jeudi 15 octobre au crématorium du Pays d’Eure, le rideau s’est définitivement refermé sur Leny Escudero, le dessin discret d’un arbre de vie sur son cercueil, au son de sa voix si prenante, si tendre, frissonnante, inoubliable… et des applaudissements nourris lorsqu’il est parti en chantant une dernière fois Vivre pour des idées :
…Il m’a serré fort contre lui :
« J’ai honte, tu sais, mon petit,
Je me demandais, cette guerre,
Pour quelle raison j’irais la faire,
Mais maintenant je puis le dire :
Pour que tu saches lire et écrire. »
J’aurais voulu le retenir,
Alors mon père m’a dit : « Mourir
Pour des idées, ça n’est qu’un accident. »
Je sais lire et écrire et mon père est vivant…
…Et nous nous sommes séparés sur « l’Amourette » entonnée alors par ses enfants, Julian, Christine, Stéphanie, et ses petits-enfants, reprise en chœur par les amis présents, parmi lesquels, à nos côtés, le fidèle, délicat, trop rare et si talentueux Nilda Fernandez (qui, lors d’une carte blanche d’un festival, avait même invité Leny à chanter, mais, fait rarissime chez celui-ci, non pas avec ses musiciens mais ceux de Nilda..). Pour une amourette, la chanson qui l’a fait connaître de son premier public, bien sûr, mais qui, en ces circonstances uniques, « quand on sait d’avance ce que dure la vie », a résonné de l’un à l’autre comme jamais :
Alors je m’suis dit : T’es au bout du chemin,
Tu peux t’arrêter là, te reposer enfin…
Journée d’amour, d’amitié et de chagrin mélangés et partagés, fort, très-très fort. Et je pense à tous et à toutes qui, pour certains sont venus de loin, en dette avec Leny qui avait un crédit de tendresse sans pareil auprès d'eux ; je pense à son épouse Céleste, à ses enfants, ses petits-enfants, à Corinne, à Nathalie, à Charly, à Christophe… et à tous les autres qui n’avaient pu se déplacer. Bonheur, crève-cœur… Ému personnellement et profondément que Julian ait rappelé leur séjour commun à Djibouti en disant qu’il n’avait jamais connu son père aussi heureux qu’alors… Merci encore, Leny, tout simplement, d’avoir été ce que tu as été… et « hasta siempre ». Quelle chance d’avoir pu être ton pote !