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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 13:33

« Sang pour sang pure souche »

À l’heure où le national-populisme entraîne la Catalogne (mon pays du côté maternel, d’une exemplaire ouverture culturelle au monde… jusqu’à ces jours-ci de repli et de xénophobie assumés) vers un gouffre sans fond, au risque en outre de réveiller les vieux démons de l’Espagne (pourtant « enfouis dans la mer »*, comme l’écrivait Rafael Alberti, depuis que « Franco est tout à fait mort », cf. Jacques Brel, 1977), je retrouve ce polar inachevé (et très perso…), que j’avais commencé à écrire à la fin de Paroles et Musique, en 1990. Seul le lancement de Chorus, un an et demi plus tard, m’avait empêché de l’achever. Je vous livre son préambule tel quel, non pour quémander votre éventuelle envie de connaître la suite, mais parce que j’y trouve des échos profonds au drame que l’on vit aujourd’hui outre-Pyrénées, qui a fracturé les familles et la société, résultante directe (et impardonnable) de ce que je dénonçais d’entrée dans ces lignes d’il y a vingt-sept ans : l’affirmation du sang pour sang pure souche, qui est à l’origine des pires barbaries de l’Histoire.

Il s’agissait en quelque sorte d’un « pilote » que je comptais confier à un éditeur pour lui proposer d’en faire une série, entre espionnage et thriller. Dans le même temps, mon ami Leny Escudero souhaitait que j’écrive avec lui une saga policière, dont le héros récurrent aurait été un inspecteur de compagnie d’assurances. Leny ne se sentait pas capable d’écrire des romans mais il possédait une imagination aussi fertile que débordante. J’aurais dû choisir entre mon « Quichotte » et cette aventure à quatre mains et double matière grise ! Finalement, la passion pour la chanson allait reprendre très vite le dessus, avec le constat du vide abyssal que la disparition de Paroles et Musique avait laissé, en ce domaine chansonnier, dans les kiosques.

Et nous voilà ce soir, comme disait Jacques Brel, encore lui, que je citais déjà – évidemment – dans mon polar… dont il ne faut pas confondre le narrateur (pas très modeste, c’était même sa « marque de fabrique » de ne pas l’être du tout !) avec l’auteur. « Toutes ressemblances avec des personnes existantes ne pourraient être que purement fortuites », on connaît la formule…

« On m'appelle “Le Quichotte”. Allez savoir pourquoi... Ma gueule en lame de couteau ? Mon profil acéré, ma silhouette longiligne ? Ou bien ma propension naturelle à combattre les moulins à vent, à défendre les causes prétendument perdues d’avance ? En fait, dans ce milieu-là, faut pas chercher midi à quatorze heures. Mes ascendances espagnoles, probable : l’apparence ombrageuse, le regard ténébreux, toutes ces conneries, quoi... Encore que plus franchute (1) que moi, comme on dit au royaume d’Ibérie, impossible de trouver mieux en la matière. Difficile d’envisager plus séducteur, plus fin gourmet, plus curieux de tout, plus fier de ses acquis, de ses bonnes manières et plus ouvert aux autres à la fois... Pas forcément modeste comme il le faudrait, tu vois, mais lucide ! Plus Français que moi, tu meurs ! Mais attention, Français de cœur et de raison, façon Voltaire : “je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire !”...

Tableau d'Antonio Lamolla

Voltaire, ouais, pas Descartes ! Le Discours sur l’homme, ça baigne, rien à foutre de celui de La Méthode. Ou alors la méthode à mimile, le système D, du vécu, du senti. Celle qui a donné tous ces footeux qu’on nous envie, des Kopa, Piantoni, Platini et autre Fernandez de naguère aux Zidane, Thuram, Djorkaeff et Anelka d’aujourd’hui ; tous ces chanteux qui font chorus mieux que n’importe qui avec l’air du temps, du père Montand d’antan aux Jonasz, Cabrel ou Goldman de maintenant en passant par les Ferrat, Aznavour de toujours ; car on ne les compte plus les franchutes, artistes, sportifs ou savants à la Marie Curie, Haroun Tazieff, Georges Charpak, originaires des quatre coins du globe, qui ont fait avancer le schmilblick bleu-blanc-rouge. Du sang neuf, palsambleu, voilà la recette du miracle français !

Tableau d'Antonio Lamolla

Laissons aux haineux l’illusion de maintenir la race : dégénérés du cœur, raccourcis du bulbe et atrophiés du pénis, ces partisans du statu quo, de l’immobilisme à tout crin voire du retour au passé, faux vicomtes vendéens et vrais cons du bocage, finiront là où on aurait dû les laisser à leur naissance, dans le formol. Bouge de là, si tu veux échapper à ton destin pourri ! La vie est mouvement, crévindieu, elle aime que ça fricote, que ça se mélange... Moi itou, Le Quichotte (mon côté brélien, aussi), c’est tout ce que j’aime. Avec le soleil et puis la mer, comme bêlait l'autre. Sea, sex and sun, à la manière de mon distingué confrère british… »

1. Français, bien sûr, comme on dit espingo ou espingouin pour Espagnol.

NB. Un grand poème de León Felipe (1884-1968) sur Don Quichotte, mis en musique et interprété par le chanteur catalan Joan Manuel Serrat,Vencidos (Vaincus) :

*Je rappelle que l’Espagne, depuis la mise en œuvre de sa Constitution (approuvée en 1978 par 90 % des Catalans…), est sans doute la seule démocratie européenne à ne posséder aucun parti politique d’extrême droite.

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commentaires

H
Sur le séparatisme catalaniste (et le pseudo-référendum du 10 octobre), cet article d’un de nos plus brillants analystes politiques, Bruno Guigue* : <br /> <br /> « Le séparatisme, au fond, est un syndrome qui atteint des populations blessées par l’histoire à qui de faux médecins inoculent de faux remèdes. Les Catalans qui rêvent d’indépendance ont sans doute de bonnes raisons d’en vouloir au gouvernement central espagnol. Ils ont légitimement conservé la mémoire des années noires de la répression franquiste. Mais l’Espagne de 2017 n’est pas franquiste, et la sécession de la Catalogne la déstabiliserait, la blesserait. Violer la loi de l’Etat espagnol, qui est un Etat souverain, n’est pas un acte anodin. Le séparatisme catalan porterait un coup redoutable à la souveraineté nationale en Europe du Sud, et ce sont les “peuples d’Espagne” qui en feraient indistinctement les frais.<br /> Région développée qui pèse 19% du PIB espagnol, la Catalogne n’est pas le Kosovo. Nourri par la mémoire historique et l’irrédentisme culturel, son séparatisme ne manque pas de panache. Mais il ne faut pas se raconter d’histoires, c’est aussi un égoïsme de riches. Les dirigeants de la Catalogne s’imaginent que sa puissance économique irriguera sa souveraineté politique. Une fois libéré du fardeau espagnol, soulagé du poids de la solidarité nationale, le dynamisme catalan fera des prodiges ! C’est un secret de polichinelle, que même l’extrême-gauche ne peut ignorer : la bourgeoisie locale entend tirer profit de l’indépendance pour instaurer un modèle néo-libéral. Il n’est pas sûr que les jeunes et les ouvriers partagent ce projet, et on compte sans doute sur l’illusion lyrique du 10 octobre pour résoudre toutes ces contradictions… »<br /> <br /> (*Chercheur en philosophie politique et analyste politique, Bruno Guigue est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont “Aux origines du conflit israélo-arabe, L’invisible remords de l’Occident”, “Faut-il brûler Lénine ?” et “Les Raisons de l’esclavage”, publiés chez L’Harmattan. Chroniqueur de politique internationale, il a publié des centaines d’articles diffusés en huit langues par plusieurs dizaines de sites d’information indépendants.)<br /> <br /> LIRE TOUT L’ARTICLE ICI :<br /> https://www.mondialisation.ca/le-syndrome-separatiste/5612792
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S
Quel bonheur d'avoir de tes nouvelles, Cher Fred! Je pensais justement à toi via la poésie de Jean Vasca et de tant d'autres dont tu défends la voix! <br /> <br /> Un immense merci pour tout cela. Paix aux hommes! Il ne faut que l'Espagne ne s'enflamme! Fraternellement, Pierre Dominique Scheder
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F
Merci, cher Dominique.<br /> Très heureux aussi d'avoir de tes nouvelles. Je suppose que tu poursuis comme toujours ton beau chemin de mots et de musiques... et j'en profite pour inviter tous mes amis suisses à guetter tes apparitions scéniques (et discographiques, cela va sans dire).<br /> Fraternellement
D
Oui, ça me chante le Don Quichotte de Fred Hidalgo ! Au boulot Fred ! Il n'y a plus beaucoup de moulins à vent, mais il y a toujours des moulins à parole dans le vent de l'histoire. Et n'oublions pas que nous ne sommes tous des humains, que des humains, le mot race a été rayé des dictionnaires !
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F
Merci, chère Danièle… et, justement, vous mettez le doigt où ça fait mal : les catalanistes (nationalistes catalans, les "catalibans" comme les appelle "Le Canard Enchaîné") semblent se considérer d’une « race » supérieure, en se montrant arrogants et même méprisants avec l’ensemble des autres Espagnols (Catalans inclus, donc), qu’ils mettent tous dans le même sac en les traitant systématiquement d’« espagnolistes », simplement parce que ceux-ci ne partagent pas leur vision étriquée, xénophobe et anti-solidaire du monde (« l’Espagne nous vole », répètent-ils à satiété depuis des années, opposés qu’ils sont à contribuer au développement des régions les plus pauvres, telle l’Andalousie),<br /> <br /> Pour ma part, et c’est aussi pour cela que je me sens le droit d’intervenir sur ce sujet (qui nous concerne tous, bien sûr), si ma patrie c’est ma langue, la française donc, comme disait Nougaro, j’ai eu la chance d’avoir trois langues maternelles avec l’espagnol et le catalan (les catalanistes, eux, ont tout fait, depuis des années, pour éradiquer l’espagnol en Catalogne, notamment dans l’enseignement et la fonction publique…) ; et mes origines, que je revendique, vont bien au-delà, puisque je me sens aussi un peu ibère, un peu maure, un peu sépharade, un peu celte, un peu romain, un peu wisigoth et j’en passe. Aujourd’hui, contrairement au président sécessionniste Carles Puigdemont, autoproclamé catalan pure souche, qui avait annoncé publiquement qu’il créerait une armée catalane (!) et prendrait « le contrôle des frontières » aussitôt après avoir proclamé - unilatéralement ! - l’indépendance (en s’affranchissant sans le moindre scrupule toutes les lois communes et de la Constitution nationale à laquelle en tant qu’élu il avait pourtant juré loyauté et fidélité…), je suis – nous sommes tous et toutes – de fait et d’esprit non seulement Européens mais encore Citoyens du Monde.<br /> <br /> Il serait bon, en outre, que l’on réfléchisse enfin, en France et ailleurs – où, jusqu’à il y a peu, les médias ne reflétaient que la seule position indépendantiste (et ô combien magistrale dans l’art de la manipulation médiatique, des "fake news" et de l’endoctrinement insidieux des enfants... depuis un quart de siècle déjà !), position pourtant minoritaire en Catalogne mais agissante et donc beaucoup plus visible que la majorité silencieuse et respectueuse des règles qui régissent la cohabitation citoyenne dans le respect de toutes les différences d’origines et de cultures – que les grands-parents des membres actuels du parti du président du gouvernement catalan étaient de cette haute bourgeoisie catalane sur laquelle Franco s’est appuyé, « bien planquée à l’arrière », comme dit Renaud. Ce sont leurs descendants qui cherchent devant les médias complaisants à s’offrir une virginité en usurpant le qualificatif d’anti-franquistes. En plus du FAIT qu’ils ont délibérément fracturé la société catalane (pour de longues années, c'est à craindre), c’est une insulte impardonnable aux véritables combattants de la guerre civile, ces républicains qui, eux, ont choisi l’honneur en prenant le chemin ô combien douloureux de l’exil.<br /> <br /> Ils cherchent à faire croire à une réalité inversée… sauf que le nationalisme putschiste et jusqu’auboutiste qui les anime (pensez qu’ils ne sont quasiment soutenus que par Maduro, le dictateur populiste du Venezuela…) ne trompera pas ou plus longtemps les gens de bonne volonté (pourvu seulement qu’ils prennent le temps de s’informer réellement).<br />
M
Total respect pour l'âme de Paroles et Musique puis Chorus revues militantes qui n'auront finalement pas infléchi la ligne éditoriale ni les playlists de France Inter (Radio d'État et de Sévices publics) Honte à ces programmateurs serviles et sans culture.
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D
Oui ! ça me chante le Don Quichotte de Fred ! allez, au boulot ! Il n'y a plus beaucoup de moulins à vent, mais il y a toujours le vent de l'histoire qui fait tourner les moulins à parole. Et n'oublions pas que nous sommes tous des humains, et rien que des humains.
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