70 ans d’une verve vibrante d’ardeur
En 1949, vingt ans après Marcel Amont, soixante-dix ans de carrière et toujours aussi fringant sur scène (peut-être parce qu’il fait partie du club, fondé par Edmond Rostand, des natifs du 1er avril), vingt ans après Brel, Nougaro, Tintin ou La Première Enquête de Maigret, naissait à peu près en même temps que le coupable de ces lignes (également natif du 1er avril…) un dénommé San-Antonio, expulsé du cerveau rabelaisien de Frédéric Dard.
Lyon, 1949. L’éditeur Clément Jacquier publie Réglez-lui son compte, sous-titré « Les Révélations de San Antonio » (sans trait d’union, il attendra 1958 pour se rendre indispensable) : deux longues nouvelles inaugurales – les deux premiers épisodes de la future série – où, derrière l’intrigue simple, « on lit déjà la truculence de la langue, l’humour et avant toute chose l’exigence novatrice, car Frédéric Dard fait des mots un terrain de jeu en perpétuel mouvement, ne détestant rien de plus qu’imaginer une langue qu’on s’appliquerait à couvrir de bandelettes, momifiée, étouffée sous les conventions et l’ennui ». Chez San-Antonio en effet, l’intrigue (au contraire des romans signés Frédéric Dard, qu’il publie depuis l’âge de 20 ans – cf. Monsieur Joos, prix Lugdunum 1941) n’est qu’un véhicule pour ses mots, son style, sa verve débordante, pour ses digressions aussi qui font tout le sel d’un « San-A. » et le bonheur de ses lecteurs.
Cinquante ans plus tard, en 1999, c’était une œuvre monumentale qui nous contemplait du haut d’une pyramide de 174 titres et neuf « hors collection » (L’Histoire de France vue par San-Antonio, Le Standinge, etc.). Sans compter des dizaines de pièces de théâtre et de scénarios de films, une opérette avec Charles Aznavour (Monsieur Carnaval) ; ni bien sûr la « petite » centaine d’ouvrages labellisés Dard (ou d’un des divers pseudos de ses débuts, comme Frédéric Charles, formé par ses deux premiers prénoms, le troisième étant… Antoine), puis uniquement San-Antonio à partir de Y a-t-il un Français dans la salle ? (1979) – l’auteur de Bourgoin-Jallieu se confondant dès lors une fois pour toutes avec sa créature… « À mes débuts, rappelait-il, j’écrivais comme Montaigne et ça cassait les couilles à tout le monde, à commencer par moi ; alors je me suis tourné vers Rabelais et ça s’est mis à fonctionner. »
Qui l’eût cru ? En 1999, on dénombrait (à quelque chose près !) deux cent cinquante millions d’exemplaires édités au Fleuve Noir de son vivant, alors qu’en 1949 à Lyon, Réglez-lui son compte atteignait à peine cinq cents exemplaires vendus sur les mille publiés par les éditions Jacquier… C’est là que le destin intervint. Les invendus se retrouvèrent chez un soldeur parisien du passage du Caire nommé Pinaud (ça ne s’invente pas !), où un agent littéraire les dénicha par hasard et, séduit par sa trouvaille, présenta Frédéric Dard aux éditions du Fleuve Noir nouvellement créées.
« Le destin c’est l’ironie de la vie, reconnaîtra l’intéressé. L’existence est une étoffe tissée de menus hasards, de rencontres fortuites, d’incidents à peine discernables qui s’emboîtent. Quand tu as étalé le tout, tu constates que ça forme un destin. Rien n’a été inutile. Tout avait sa place. Tout devait être conservé pour l’exécution du motif global... »
Hasard encore, en même temps ou presque que San-Antonio, venait au monde un futur « échanson de la chanson » ; lequel, cinquante ans plus tard, à l’occasion du 172e et antépénultième roman de la saga – un « super San-Antonio » frappé en quatrième de couverture du logo « 1949-1999, 50e anniversaire » –, allait être proclamé « Grand Connétable de la San-Antoniaiserie » ! Avec ces précisions subsidiaires et immédiatement subséquentes : « titre dont il pourra se parer sa vie durant et faire figurer sur ses pièces d’identité » !
Que croyez-vous que j’aie fait ? Puisqu’il s’agit bien de votre serviteur… J’ai essayé, on peut, affirmait en 1973 un autre San-A.... Alors oui, forcément, j’ai essayé ! Eh ben non, j’ai le regret de vous dire qu’on peut pas ! Impossible de me parer de ce titre sur mon passeport ou ma carte d’identité... Pourtant, ça aurait eu de la gueule dans mon portefeuille, « Grand Connétable de la San-Antoniaiserie », à côté de ma carte de membre n° 2 des « Amis de San-Antonio » (Frédéric Dard étant par définition le premier et meilleur ami de San-A.) ! Ben non. Interdit, forbidden ! On rigole pas avec l’état civil… Arrrrgh ! Rogntudju, scrogneugneu et nom d’une pipe en bois !
De quoi vouer aux gémonies l’administration et ses coincés du bulbe, si peu rigolos, inspecteurs des impôts textuels, traqueurs du rêve, du rire et des câlins, irréductibles rétifs au cunnilingus lingual... euh, verbal ! Mais raison de plus, en revanche, pour afficher urbi et orbi, sans gêne et sans crainte, cette proclamation irrécusable et irréversible du grand Maître (-étalon) de la San-Antoniaiserie, qui écrivait en sus, ni plusse ni moinsse, dans Ceci est bien une pipe : « Je connaissais la chanson, paroles et musique, comme dirait mon cher Fred Hidalgo, le plus féal de mes féaux. »
Super clin d’œil, non ? Et super éloquent, venant de quelqu’un qui se présentait ainsi, cinquante ans plus tôt, dans les toutes premières lignes de la future saga san-antonienne : « Si un jour votre grand-mère vous demande le nom du type le plus malin de la Terre, dites-lui sans hésiter une paire de minutes que le gars en question s’appelle San-Antonio... » Gratitude éternelle (enfin, façon de parler, puisque « notre date de naissance et notre date de décès sont en train de joindre les deux bouts ») au gars en question qui, une autre fois – c’est qu’il avait de la suite dans les idées, le bougre –, allait me qualifier derechef, entre plusieurs centaines de milliers de lecteurs, de « plus sympa de tous les San-Antonistes » (oui, il aimait à varier le qualificatif de ses féaux) !
Arrêt momentané sur image. Un rappel à la manière de San-Antonio, qui prenait toujours le temps, dans le cours du récit, d’en récapituler les principaux événements à ses lecteurs complices ; lesquels ne s’en laissaient pas conter pour autant, sachant bien que l’essentiel se situait en réalité en marge de l’histoire…
• 1949, Réglez-lui son compte : première édition à Lyon, tirée à moins de mille exemplaires, du premier volume comprenant deux épisodes des « Révélations de San-Antonio, adaptées et post-synchronisées par Frédéric Dard » (mention figurant en page intérieure de titre).
• 1952, première réédition dans la collection policière La Loupe du même éditeur, Jacquier, en deux ouvrages distincts (Réglez-lui son compte et Une tonne de cadavres), mais sous le pseudonyme « Kill Him » (!), Frédéric Dard ayant signé entre-temps un bail au long cours avec le patron des Éditions du Fleuve Noir, Armand de Caro. Début d’une complicité et d’une fidélité sans faille entre l’éditeur et son futur auteur fétiche : à la fin de l’année 1950, sortait Laissez tomber la fille, le premier San-A. publié au Fleuve…
• 1999, Ceci est bien une pipe : « roman notoire » illustré en couverture par Claude Serre et dédié bien sûr « à la mémoire de René Magritte, l’un des génies de ce siècle ». Avec cette confidence en exergue qu’on devrait donner à méditer à bien du monde, en cette époque si peu épique et surtout si peu altruiste, qui manque de bienveillance et crève d’égoïsme, de bêtise (« Le signe de notre époque, c’est que les vieux cons sont de plus en plus jeunes »), de mémoire courte et de courte vue : « Ayant rapidement compris que demander était vain, je me suis mis à donner. Et, depuis, tout baigne. »
• 2019, enfin, et ça n’est pas un poisson d’avril : réédition dans son format initial (13x20cm) de Réglez-lui son compte, avec une couverture dessinée par Joann Sfar, et en bonus la nouvelle Bien chaud, bien parisien jamais rééditée depuis 1952 (pour des raisons de pagination, elle fut incluse dans Une tonne de cadavres – le second épisode de Réglez-lui son compte – comme un chapitre ajouté de seize pages) ; préface de Thierry Gautier, rédacteur en chef du Monde de San-Antonio.
Et aujourd’hui, soixante-dix ans après la naissance de San-Antonio, que reste-t-il de « la plus étonnante épopée littéraire depuis l’après-guerre » et de celui dont un célèbre psychiatre déclara qu’il était « la santé de la France » ? Hors le souvenir indélébile de l’être humain, évidemment, pour qui a eu la chance immense de le connaître, et celui des dizaines, des centaines d’heures de lecture à rire de ses « hénaurmités », à se nourrir de son appétit de la vie et donc de l’amour (« J’aime le sort du con, le soir au fond des draps… ») et à cogiter du sens de celle-ci face à la folie des hommes. Outre des rééditions permanentes depuis bientôt vingt ans qu’il s’est fait la malle, signe évident d’un manque persistant d’auteurs à sa hauteur sachant parler comme personne à ses lecteurs, il reste (notamment) un excitant Objet-Dard à son image, je veux dire à la taille monumentale !
Situé dans le parc de la médiathèque de sa ville natale, Bourgoin-Jallieu, ce n’est pas une pyramide, non, ni un obélisque, mais une stèle de deux mètres de haut sur près de six mètres de long en granit vert d’Afrique du Sud. Réalisée par le plasticien Bertrand Lavier, on y retrouve gravés (en rose, histoire de relativiser – ou de préciser – la chose) les titres des 174 San-Antonio de la saga (avec Bérurier, Pinaud, Berthe, Alfred, Marie-Marie, le Vieux, Jérémie Blanc, Mathias le Rouquemoute… et Félicie, bien sûr, la maman si chère et chérie du chéri de ces dames) parus en l’espace d’un demi-siècle.
174 titres précisément et non 175 comme on le dit souvent en comptant Céréales killer (2001), présenté à tort comme un ouvrage posthume, mais écrit en réalité par Patrice Dard, le digne rejeton de son Dabe. À défaut de pouvoir prolonger la vie de celui qui se demandait si la mort valait vraiment le coup d’être vécue, Patrice s’appliquera en effet à poursuivre la saga de son géniteur – avec bonheur – durant quinze ans, sous l’intitulé « Les nouvelles aventures de San-Antonio ». Elles paraîtront chez Fayard entre 2002 et 2016, jusqu’au Sentier de naguère où San-Antonio bouclera la boucle de son histoire personnelle en renouant avec ses origines. Vingt-huit titres au total, dont un « San-Antonissimu » explosif dans l’intervalle, Ça se Corse !, où San-Antonio, désireux de mener incognito une enquête dans l’Île de Beauté, choisira comme « couverture » la profession de « chroniqueur musical à Chorus », venu préparer sur place « un article sur le chant polyphonique » !
Après la référence à Paroles et Musique par Frédéric, celle de Patrice à Chorus (dont le commissaire se félicitait dans un autre roman de posséder la collection complète à côté de la Pléiade, attention les yeux !) était une jolie façon de refermer la boucle dardo-hidalgo-san-antonienne ouverte un jour de 1965 avec la visite à domicile du futur auteur de Baisse la pression, tu me les gonfles ! (1988) ; suivie bientôt de la création du Club San-Antonio… dont Frédéric serait le président d’honneur et Patrice un membre fort actif !
Mais « le passé est un œuf sans germe : tout ce qu’on peut en tirer, c’est une omelette ! […], la vie, c’est au présent, rien qu’au présent. Il ne faut pas être désespéré, et encore moins optimiste », assurait celui qui se fichait de la postérité comme de sa première communion. Surtout, déplorait-il avec humour, qu’« il faut mourir pour mesurer pleinement son degré de popularité », avant d’ajouter plus sérieusement : « Les écrits s’en vont, les morts restent. » Et pourtant, la saga et sa smala, hein ! Une planète à part, unique et solitaire dans la galaxie littéraire contemporaine, œuvre d’un démiurge nommé Frédéric Dard, bourreau de travail et génie d’écriture (dix mille néologismes recensés !), et pourtant « un modeste », aurait dit Brassens, un vrai de vrai, j’en atteste ! « On ne meurt pas riche de ce qu’on a fait, confessait-il, on meurt pauvre de ce que l’on n’a pas fait... »
Et pourtant, ce qu’il a fait ! Ce qu’il nous laisse ! Cet univers plus fertile que la Beauce… Et puis Béru et son bon sens populaire, réincarnation de Sancho Pança (et bien sûr de Gargantua), flanqué de son Don Quichotte à lui, San-Antonio, héros et auteur en même temps qu’il fait bon retrouver comme un ami d’enfance, lire et relire pour rire encore et encore… « Ceux qui ne me lisent pas sur ordonnance, je leur fais la bise. Je leur promets qu’on ne se quittera plus. On vieillira ensemble, on s’étiolera de conserve, on craquellera en chœur. On fera de l’humus en couronne ! On deviendra engrais azoté la main dans la main ! »
Fraternel jusqu’au bout du bout, Frédéric, jusqu’au monde d’outre-tombe. Modeste… et libre. Libéré des conventions, des idées reçues et des ressentiments – excepté un seul : « Ma xénophobie ne s’exerce que contre les cons, car ce sont eux les véritables étrangers de l’existence » ! Un homme libre sa vie durant et en toutes circonstances. À l’instar, cette fois, d’un Cyrano de Bergerac… « Calculer, avoir peur, être blême / Préférer faire une visite qu’un poème / […] Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter / Rêver, rire, passer, être seul, être libre... » Où l’on en revient au Club des natifs du premier avril*, tous et toutes « tout ouïe, comme un poisson hors de l’eau. »
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*Le premier avril 1888, vingt ans jour pour jour après sa naissance, le futur auteur de Cyrano de Bergerac fondait avec son ami Maurice Froyez le Club des natifs du premier avril, dont les statuts stipulent que « ses membres jouiront à vie du privilège d’entrer gratuitement dans tous les établissements publics, opéras, théâtres, champs de course et maisons closes, de pouvoir rire aux enterrements afin de les rendre moins sinistres, de bénéficier à leur naissance du parrainage du chef de l’État et, en outre, de se voir attribuer un appartement de fonction dans un des Palais nationaux, résidence pourvue de tout le confort souhaitable et d’une domesticité jeune, accorte et complaisante. »
La « morale » de tout ça ? Simple confirmation, en fait, de ce qu’il savait déjà au moment d’écrire les tout derniers mots de sa vie (« Je suis sans nouvelles de moi… »), à savoir que « le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants ». Rien d’autre à ajouter. Si ce n’est ce devoir auquel le Grand Connétable de la San-Antoniaiserie ne saurait déroger, ne sachant que trop combien « la vie est grise, avec tous ces gens consternés ressemblant à des parapluies en train de sécher », qui ont « moins d’humour qu’un corbillard en panne » ; peut-être, allez savoir, parce que leur « hall d’entrée est aussi désert que le pantalon d’un membre de l’Institut »… Le devoir, disais-je, de laisser le mot de la fin à San-Antonio himself*. Pour dire son bonheur, « par les temps qui se traînent, de pouvoir san-antoniaiser » à loisir, n’en déplaise aux grincheux, ès-spécialistes en mauvaise humeur :
« Y a des tas de pisse-chagrins, d’empêcheurs de peloter en rond, d’affligés de l’entresol, d’invertébrés de la membrane, de tourmentés de la coiffe, de consternés, de mortifiés, de refoulés, d’éduqués, de subjonctifiés, d’engrisaillés, de documentés, de blasonnés, de cloisonnés, de sentencieux, de puristes, d’apostoliques romains, de chagrins, de pas malins, de bilieux, de végétariens, de jamais rien, de grammairiens, des tas de comtes, des tas de jaloux, de poux, de hiboux, de genoux, de choux aigres, des qui disent que le français est le peuple le plus spirituel de la terre, des qui le croient, des qui prennent leurs cellules grises pour le clapier de l’intelligence, des qui se font amidonner la hure pour être sûrs de ne pas rire d’un rien, […] des qui ont des fers à repasser la morale dans le tiroir de leur kangourou, des qui ont des tronches de carême et de mi-carême, des qui mobilisent, des qui immobilisent, des qui prophétisent, des qui bêtisent… et quelques autres encore, prétendent que ma prose n’est pas orthodoxe. Ces petits popes de la syntaxe, ces pépiniéristes du style réprouvent le gras langage de Bérurier et mon esprit libertin. C’est leur droit. Ce que je leur reproche, c’est de prétendre que c’est aussi leur devoir ! […]
« J’écris relax, j’écris facile, c’est vrai, et puis, au fait, je n’écris pas, je me contente de mettre du poil à gratter sur le quotidien défraîchi. Je suis le bicarbonate de soude de la littérature et c’est à ce titre-là que je soulage. Allons, allons, cessez de vous prendre au sérieux et laissez-vous aller dans la tarte à la crème, les gars ! En vérité, je vous le dis, quand ça ne carbure pas, mettez le nez dans du San-Antonio et faites-le en vous disant que si c’est de la chose… eh bien, ça vous portera p’t’être bonheur ! »
PS. Cet article est dédié affectueusement à toute la famille Dard, ainsi qu’à la mémoire d’Odette Cuene-Grandidier (née Damaisin), décédée le 11 novembre dernier à l’âge de 95 ans, qui avait partagé la vie de Frédéric de 1942 à 1965 et avait eu deux enfants avec lui, Élisabeth (†) et Patrice. Avec tous mes souhaits, d’autre part, d’excellent anniversaire et de longue vie à mon aîné Marcel Amont... qui fut le premier artiste solo que mes parents m’emmenèrent voir sur scène (juste avant ou juste après, je ne sais plus exactement, Les Compagnons... de la Chanson !) : soixante-dix ans de carrière, quand même... Mais toujours le même âge, de 38 à 42 ans seulement, pour San-Antonio entre 1949 et aujourd’hui ! Les héros sont immortels !
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*Un document exceptionnel (extrait du Déconorama de San-Antonio, 30 cm Polydor) à écouter sur ce blog dans « San-Antonio fait chorus », où l’on peut entendre aussi Bourvil chanter La Marche des matelassiers de Bérurier et Félix Marten interpréter San-Antonio.
NB. Quelques précisions à propos des vidéos insérées ici, dans l’ordre chronologique : 1) le 30 novembre 1984, reçu par Bernard Pivot dans son émission Apostrophes, Frédéric Dard présentait Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches, ouvrage (que je considère comme son chef-d’œuvre) qu’il avait interrompu en cours d’écriture, assez longtemps, après que la réalité (l’enlèvement de sa fille Joséphine) avait brusquement rejoint la fiction ; 2) le 8 novembre 1985, Frédéric Dard évoquait l’histoire de San-Antonio et son évolution (archives Ina) ; 3) le 20 juin 1992, Frédéric Dard répondait à Frédéric Dard dans l’émission Tout le monde en parle de Thierry Ardisson, auteur des questions ; 4) dans les années 1990, avec la complicité de Jean-Louis Foulquier qui le recevait à la radio (dans une fausse émission !), Frédéric Dard était piégé par Patrick Sébastien pour son Grand bluff télévisé ; 5) dans une émission précédente, Patrick Sébastien avait mis en scène un B(r)ouillon de culture très particulier, avec Carlos et Jacky Sardou incarnant Bérurier et son épouse Berthe, tandis que Pierre Perret se glissait dans la peau de Bernard Pivot ; 6) le 27 avril 1999, Olivier Barrot présentait Ceci est une pipe, 172e (et non 173e) San-Antonio, ainsi que la biographie de François Rivière (Frédéric Dard ou la vie privée de San-Antonio), récemment parus dans son émission Un livre, un jour ; 7 et 8) trois bonnes raisons de lire San-Antonio et par quel roman commencer ? Des questions auxquelles répond ici Éric Bouhier, l’auteur du Dictionnaire amoureux de San-Antonio (Plon, 2017) ; 9) enfin, la chanson Félicie (1969, Barclay) est évidemment un hommage rendu à la maman du commissaire San-Antonio par Henri Tachan, inconditionnel de l’écrivain et ami de Frédéric Dard.
ADRESSES UTILES (et des plus recommandables) :
Le Monde de San-Antonio, la revue (n° 1, été 1997) ; dernier numéro en date : n° 88 (printemps 2019) – « Les Amis de San-Antonio », l’association – « Tout Dard », le site sans doute le plus complet et documenté. Une revue, une association et un site qui sont une mine d’or pour qui s’intéresse à l’univers de San-Antonio et à partir desquels on peut accéder à d’autres sites, pages et groupes sur Facebook qui contribuent avec bonheur à maintenir vivante l’œuvre immense de Frédéric Dard, que l’on n’a certes pas fini d’explorer comme elle le mérite. D'aucuns, fort savants en la matière, s’appliquent d’ailleurs à le faire avec talent et passion à travers Les Cahiers Frédéric Dard, réalisés sous la direction d'Hugues Galli, Thierry Gautier et Dominique Jeannerod : deux tomes déjà parus, extrêmement fouillés (241 et 293 pages), autour d’un dossier thématique : L'Enfance, tome 1 (2017) et L’Humour, tome 2 (2018), en attendant le troisième cette année.