Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
  • Contact

Profil

  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

Site de Fred Hidalgo

Journaliste, éditeur, auteur
À consulter ICI

Recherche

Facebook

La Maison de la chanson vivante
   (groupe associé au blog)
 

Jean-Jacques Goldman, confidentiel
  (page dédiée au livre)

 

Fred Hidalgo
  (page personnelle)

Archives

Livres

 

 

20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 14:48

Au printemps, de quoi rêvais-tu ?

 

oiseauJe vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu'il faut aimer, et d'oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions. Je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence, aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite surtout d'être vous...

Ces paroles ne m’appartiennent pas, elles sont de Jacques Brel (merci à Odile de me les avoir rappelées), mais je fais miens ces vœux bien actuels qu’il avait formulés à l’aube de… 1968. Comme une profession de vie. Pour ne parler que de ce blog qui n’existe que… si ça vous chante, mon silence de ces dernières semaines, personnellement nécessaire (« je vous souhaite des silences »…), est dû au fait qu’après la « petite mort » (salut la Souche !) que m’a valu la disparition d’une certaine revue (« On arrive parfois aux confins de soi-même / Solitaire et glacé pour un dernier baptême / Debout démaquillé par l’ennui du voyage / On ne sait plus très bien déchiffrer son visage… »), j’ai toujours plein de rêves en moi et surtout une envie plus que furieuse d’en réaliser et d’en faire partager encore quelques-uns. 
 

 

Survivre de silence et crier et se taire
Un grand cœur éclaté dans ce corps à colère
Survivre de couleurs et de mots attendus
Survivre à la blessure qui dure tant et plus

 Survivre de musique dans l’ombre et la maigreur
Les doigts nus et cloués au clavier des douleurs
Survivre à mains tendues et si vivre nous ronge
Laisser fleurir enfin le chant qui nous prolonge…
(Jean Vasca, Survivre, 1968)

J’essaie donc d’oublier ce qu’il faut oublier, de résister à l’enlisement, à l’indifférence… et de rester moi-même, âme et vent debout, un « passeur » avant tout ; mais aussi un témoin privilégié, ayant vécu de près et de l’intérieur plusieurs décennies de l’histoire de la chanson francophone… Une expérience dont je n’ai guère eu l’occasion de parler, ayant été tout ce temps accaparé à corps perdu et cœur battant par la découverte et le partage, par le bonheur de porter voire de susciter et même d’accompagner la parole (et la musique) des autres. fleurPeut-être le temps est-il venu de partager maintenant ma petite musique à moi ? Ne serait-ce que pour donner à la suite de ce blog (si ça vous chante ?) une portée définitivement complémentaire de tout ce qui existe déjà de pertinent sur la toile... 

On en reparlera après la fin (prochaine) de ma saga sur Brel aux Marquises : celle-ci tarde d’autant plus que j’ai beaucoup de mal à me résoudre à le quitter… Né en 1929 (comme Nougaro), le 8 avril prochain il aurait eu 83 ans… Imagine-t-on le Grand Jacques en « vieillard tonitruant », lui qui a tiré sa révérence à l’âge de 49 ans ?! Pas son genre, non, de « Cracher sa dernière dent / En chantant “Amsterdam” »… Mais il reste pourtant bien présent dans la mémoire collective, dans le cœur des gens : après deux ou trois épisodes, une lectrice a laissé un commentaire souhaitant que ce sujet se prolonge sur sept, huit, neuf volets… voire plus ! L’ensemble de vos réactions poussant dans le même sens, je me suis pris au jeu… et « nous voilà, ce soir », au seuil, déjà, du neuvième épisode ! Mais aujourd’hui, je me rends compte que continuer sur cette lancée nous mènerait trop loin. En tout cas pour un blog sur « la » chanson et non seulement sur Jacques Brel. D’avance, donc, je prie ceux et celles qui ont apprécié tel quel mon récit de bien vouloir m’excuser de précipiter sa fin. Je vais en effet griller les étapes pour achever ce qui, au départ, devait être un « simple » reportage sur les souvenirs que le Grand Jacques a laissés à Hiva Oa et qui est devenu, au fil des épisodes, un carnet de voyage au bout de la vie. J’aurais bien plus, beaucoup plus à écrire sur le sujet que vous n’en lirez finalement, mais je vous promets néanmoins de belles surprises. « Survivre à mains tendues et si vivre nous ronge / Laisser fleurir enfin le chant qui nous prolonge… » 

 

 

À propos de chant partagé, il y a exactement vingt ans qu’avec ma chère et tendre (qui renaît à chaque printemps nouveau : bon anniversaire, ma douce !) nous rêvions à une revue improbable qui, à la fois, revisiterait le patrimoine, défricherait le terrain des talents en herbe et rendrait compte de l’actu de la chanson francophone sous toutes ses formes… et ceci à chaque saison nouvelle et – marque de fabrique assumée – dans l’éclectisme de qualité le plus total. Et l’on nous traitait de rêveurs indécrottables... Mais si Les rêves sont en nous, chantait Pierre Rapsat, « Il suffit d’une étincelle / Pour que tout à coup / Ils reviennent de plus belle / Au plus profond de nous » en attendant de s’incarner pour de bon. Justement, puisque le printemps est là et qu’il n’est jamais trop tard, pas plus en 2012 qu’en 1992, pour que le rêve devienne réalité (pas vrai, Grand Jacques ?), je vous renvoie à la question que posait Jean Ferrat en 1969 (plus précisément, ici, le 16 mars 1969, dans L’Invité du dimanche, une émission qui ne fut pas sans conséquences sur la suite de sa carrière fantomatique à la télévision : voir « Jean Ferrat : la bio » où il discute avec Brassens de l’engagement dans la chanson) : Au printemps, de quoi rêvais-tu ?

 

Muguet.jpg

 

Mon ami Jean Vasca, grand poète s’il en est (et grand ami lui-même de Jean Ferrat avec qui j’eus plusieurs fois l’occasion de discuter en privé de Jacques Brel, notamment à propos d’Orly et de La femme est l’avenir de l’homme…), l’a écrit (et chanté) mieux que quiconque : rêve… ou meurs. Car « On déracine en vous des arbres à venir / On ausculte vos nuits avec des computeurs / On vous démâte on vous muselle on vous déglingue / Ô tous mes frères-bombes qu’on a désamorcés / Mais bientôt nous serons cette pure transhumance / De cris de chants d’images de gestes de musiques / Voyageurs-voyagés ondes parmi les ondes / De mouette en mouette monte en nous la marée… » Oui, « Rêve ou meurs ! »

J’en profite pour saluer la mémoire d’un rêveur de Liberté, messager de tous les printemps, Claude Vinci, grand ami des deux Jean cités ci-dessus, qui nous a quittés mercredi 7 mars à Paris (ses obsèques ont eu lieu mardi 13 mars au crématorium du Père-Lachaise). Une nouvelle « partagée » aussitôt sur ma page Facebook avec ce commentaire : Tristesse… Vinci.jpgAu-delà de l’artiste (et du syndicaliste) dont il y aurait beaucoup à dire, je me souviens surtout aujourd’hui de l’homme. Celui-ci nous a accompagnés, fidèlement, durant trente ans. Deux images de sa présence chaleureuse et enthousiaste à nos côtés me reviennent spontanément : près de Brezolles, lors de notre fête des cinq ans de Paroles et Musique en juin 1985 (en compagnie de Graeme Allwright, Guy Béart, Louis Arti, Leny Escudero, Allain Leprest, Anne Sylvestre, Gilbert Laffaille, etc.), et à Paris, lors d’une réunion préparatoire à la création de Chorus au printemps 1992 (bientôt, « Ça fera vingt ans / Quand j’y pense… »).

Je n’oublie pas non plus qu’il collabora à Chorus dès le n° 1 (!), puisque c’est lui qui me proposa de rédiger le compte rendu de la première édition du festival de Barjac… On le voit d’ailleurs dans cet article aux côtés de Francesca Solleville, Marc Ogeret, Jean Vasca, Jean Ferrat, le maire Édouard Chaulet et Bernard Haillant. Sa conclusion était comme une profession de foi envers la chanson : « À Barjac, la Chanson conserve sa majuscule qu’on ne devrait pas lui enlever. Il y aura assurément un Barjac n° 2 en 1993. Puisse ce festival être suivi en exemple ! »  Merci et au revoir, Claude.

Pour mémoire (et pour ceux et celles qui ont le privilège de posséder la collection complète des « Cahiers de la Chanson »), je rappellerai enfin qu’un « Chant des artisans » lui fut consacré dans le n° 46 de l’hiver 2003-2004 (avec François Béranger et Lynda Lemay en dossiers) à l’occasion de la sortie d’un double CD intitulé Quarante ans de chansons. C’est pour cet article (signé Daniel Pantchenko) que fut prise (par Francis Vernhet) la photo ci-dessus. Salut l’artiste !

 

 

 

« Où vont les rêves quand on les oublie ? » chante Michel Jonasz qui, lui, fut à la Une du n° 1 de Chorus. « Tous ces désirs inassouvis qui s’amoncellent » ? Réponse : « Ils se baladent au cœur de la nuit / Derrière la lune suspendue / Gardant l’espoir que l’on se souvienne / Entre deux étoiles ils dansent / Et ils attendent qu'une mémoire ancienne / Leur accorde une dernière chance… » La dernière et la « première », à en croire le Grand Jacques saluant le sacre du printemps : « Vois ce miracle / Qui devait arriver / C'est la première chance / La seule de l’année. » 

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

F
J’apprends par mon ami (et ancien collaborateur de “Paroles et Musique” et de “Chorus”) Michel Trihoreau la triste nouvelle de la disparition de CLAUDE DUNETON… J’avais eu la chance de le<br /> rencontrer à plusieurs reprises et de parler chanson avec lui, moi de sa monumentale mais inachevée “Histoire de la chanson française” (il m’avait expliqué qu’il n’aurait jamais le temps d’aller à<br /> son terme…), lui des découvertes qu’il faisait “grâce à Chorus” dont il était un lecteur assidu – car ce grand monsieur à talents multiples (philologue, comédien, écrivain, dramaturge, interprète,<br /> historien, etc.) restait à l’affût des jeunes artistes !<br /> Pour mémoire, en 2008, il s’était lancé dans des “conférences chantées” (avec Catherine Merle) qui nous avaient donné l’occasion de lui consacrer une interview importante de plusieurs pages (c’est<br /> Jacques Vassal qui s’y était collé, le veinard !). Au lendemain de la parution du numéro (c’était le n° 64 de “Chorus”, été 2008), je recevais une lettre manuscrite nous remerciant, Jacques,<br /> Francis Vernhet (“Quand tu verras Vernhet, dis-lui que les photos sont très belles. Vraiment superbes photos !”) et moi : “Je suis ravi, disait-il – et ça me pose, dis donc, un article comme ça<br /> dans Chorus !”<br /> Modeste et formidable Claude, toujours capable d’émerveillement… Adieu, Monsieur Duneton, vous allez nous manquer énormément. (Fred Hidalgo)
Répondre
B
Heureux de te retrouver avec le printemps mon cher Fred...et merci de continuer à nous enchanter.<br /> bien fidèlement à toi<br /> Yves
Répondre
E
Magnifique, le texte de Jacques Brel en exergue de ce nouvel article... Oui, il faudra bientôt sans doute que vous abordiez ce 9ème épisode. La suite nous permettra peut-être de mieux connaître<br /> votre vécu de toutes ces années tissées de chansons.. En tout cas, merci ! Après une période de diète, je m'immerge à nouveau dans la chanson, ce qu'elle a été, ce qu'elle est et ce qu'elle sera.
Répondre
D
Merci de nous faire partager de si beaux rêves et de faire vivre ainsi nos propres rêves . Merci pour Ferrat, deux ans déjà qu'il nous manque, pour Jean Vasca et pour Claude Vinci :<br /> " Au printemps de quoi rêves tu ?<br /> D'une autre fin à la romance,<br /> Au bout du temps qui se balance,<br /> Un chant à peine interrompu<br /> D'autres s'élancent,<br /> Au printemps de quoi rêves tu ?<br /> <br /> D'un printemps ininterrompu ."<br /> <br /> Qu'en ce nouveau printemps d'autres chants fleurissent encore qui prolongent en nous l'espoir .
Répondre
M
Une chanson de Vasca, de circonstance :<br /> <br /> "C'est ce printemps que je dédie<br /> A toutes vos mélancolies<br /> Qui sont aussi un peu les miennes"...<br /> <br /> évidemment !
Répondre