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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 18:04

L’utopie… ou la mort ?

  

« Si tous les gars du monde » faisaient chorus… Les « Chansons autour du monde » (Songs Around The World) du mouvement Playing For Change : Peace Through Music (« Jouer pour le changement : la paix à travers la musique »)… L’esprit qui anime ces pages (commentaires inclus : allez-y voir, on y parle d’utopie comme seule solution d’avenir, seul remède possible à un monde en déconfiture) est récurrent dans la chanson vivante, quel que soit son langage. Souvenez-vous par exemple de Give Peace A Chance (« Donnez une chance à la paix ») ou bien sûr d’Imagine (« …le monde entier / Vivant le moment présent / Vivant dans la paix / Partageant la planète entière »), d’un certain John Lennon… assassiné il y a exactement trente ans.

 

 

  « John Winston Ono Lennon, dit John Lennon (Liverpool, 9 octobre 1940 ; New York, 8 décembre 1980), auteur-compositeur-interprète. D’abord avec le groupe The Beatles, groupe phare des années 1960 et de la culture pop/rock (voir « Édith et John » dans ce blog avec les séances épiques d’enregistrement de Help…) ; puis en solo, période ponctuée de plusieurs albums (dont le célèbre Imagine) et marquée par ses actions en faveur de la paix avec sa compagne Yoko Ono. » Voilà, de façon (très) succincte, comment l’on pourrait résumer l’histoire professionnelle de cet artiste majeur. L’histoire de l’empreinte qu’il laisse dans la chanson comme dans l’esprit des hommes (et des femmes) de bonne volonté, elle, n’a pas fini de s’écrire.

On se contentera donc de lui rendre hommage à travers quelques vidéos éloquentes. D’abord, l’annonce de sa disparition (ici, au JT d’Antenne 2 du 9 décembre 1980) qui plongeait dans la stupeur des centaines de millions d’amateurs de chanson. Pour notre part, nous venions de sortir le dernier numéro de la première année d’existence de Paroles et Musique, le « mensuel de la chanson vivante » qui, pour se consacrer prioritairement à l’actualité, au patrimoine et aux lendemains qui chantent de l’espace francophone, n’allait pas faire l’économie d’un hommage à cette icône de la chanson anglophone dans le numéro suivant. Mais comment apporter quelque chose d’original, un mois plus tard, après le déferlement médiatique que l’on… imagine ? En choisissant, comme le ferait intelligemment notre ami et collaborateur Jacques Vassal, de relier John Lennon à la tradition du folk-song, pointant précisément en lui un guitar-hero de la classe populaire (cf. sa chanson Working Class Hero de 1970).

 

 

Défendant depuis toujours l’idée que la chanson est une chaîne sans fin, dont chaque artiste est un maillon par définition aussi indispensable que celui qui le précède ou qui le suit (même s’il existe indubitablement des maillons plus brillants que d’autres !), conforté en cela par des conversations sur la chanson avec Jean-Roger Caussimon (la métaphore de la chaîne est de lui) et Gilles Vigneault, la découverte de passerelles entre les artistes (de quelque genre musical, langue, frontière ou époque soient-ils) me réjouit à chaque fois. C’est en effet le signe que la chanson est vraiment l’expression artistique (pour ne pas dire l’art – sacré Gainsbarre ! –, même si pour moi la chose n’a jamais souffert de discussion, ne pouvant en aucun cas être moins qu’un art, étant de fait la synthèse de plusieurs arts reconnus comme majeurs : poésie, musique, théâtre, voire danse… et donc l’art majeur par excellence !) la plus chargée d’humanité immédiate. Capable de faire éprouver simultanément la même émotion (cf. Quand les hommes vivront d’amour, en août 1974, sur les Plaines d’Abraham, à Québec…) ou de relier les hommes entre eux à travers le temps et l’espace.

Autre spécificité insigne : elle n’a quasiment besoin de rien, d’aucun matériel sophistiqué pour exister, à peine d’un instrument (quoi de plus beau et plus émouvant qu’une chanson reprise en chœur et a cappella ?), et se contente le plus souvent, pour sa diffusion, du bouche à oreille. Comme le montre par exemple Le Temps des cerises, sans doute la chanson la plus populaire de l’Histoire de France. Car on ne peut pas dire qu’elle soit le fruit de faiseurs ou de producteurs à but lucratif, ni qu’à sa création elle fut matraquée par des médias intéressés directement (ou indirectement par l’audience suscitée : « ici, m’avait-on expliqué dans les années 80, à l’avènement des FM musicales, on a pour consigne de ne diffuser que ce qui plaît au public » !) aux bénéfices. C’est là toute la définition de la « chanson vivante », celle qui aura guidé toute ma « carrière » comme on part en quête de l’inaccessible étoile. Ainsi, j’aime bien qu’à trois décennies d’intervalle John Lennon et l’équipe de Playing For Change : Peace Through Music aient montré une même prédilection pour cette belle chanson qu’est Stand By Me

   

 

Il est d’ailleurs probable que ladite équipe se soit inspirée de la première chanson que Lennon a écrite en solo (en 1969), au moment de mettre en pratique leur gageure à travers le monde (voir « Prends le chorus » du 29 novembre dernier). De Peace Through Music à Give Peace A Chance, il n’y a en effet qu’un pas. Mêmes vibrations humanistes. « Tout ce que nous disons, c’est : donnez une chance à la paix ! » Une autre manière de chanter, à l’instar de Paco Ibañez, que « la poésie est une arme chargée de futur ». C’était la grande époque de « Faites l’amour, pas la guerre ! » Quelle meilleure façon pour John, avec Yoko auprès de lui, de faire passer le message qu’en donnant une conférence de presse dans son lit…

 

   

Dépassé, le mouvement pacifiste ? Périmé le slogan Make Love Not War ? Trop relié à la Guerre du Vietnam ?... Allons donc ! C’est comme si l’on voulait nous faire croire que l’Irak et l’Afghanistan, aujourd’hui, étaient des opérations de maintien de la paix, en oubliant les intérêts financiers sous-jacents… Qui cela trompe-t-il encore ? Baisse la pression (de pétrole ou de gaz), dirait San-Antonio, tu me les gonfles ! Alors que les mêmes laudateurs de la Liberté (de faire du fric) s’assoient gaiement sur les droits de l’homme les plus élémentaires quand il y a des contrats juteux à la clé. Jean Rostand, réveille-toi, ils sont devenus fous !

Trente ans après d’ailleurs, en 2008 plus précisément, Paul McCartney a montré combien le sujet restait d’actualité. Cet été-là, sur les fameuses Plaines d’Abraham, théâtre final du conflit entre troupes royales anglaises et françaises qui scella le sort de la Nouvelle-France (« Je me souviens »…), il donna un concert inoubliable sous les étoiles, le long du Saint-Laurent où à quelques encablures se détachait l’île d’Orléans du roi Félix. Et que croyez-vous qu’il chanta, en hommage à son ami John ? Après A Day In The Life, signée Lennon et McCartney en 1967, ce fut bel et bien Give Peace A Chance, reprise en chœur par cent mille francophones au diapason. Tous et toutes, à ce moment-là, « Citoyens du Monde »… Comme jadis Jean-Roger Caussimon, comme aujourd’hui Gilbert Laffaille et tant d’autres dont votre serviteur.

   

   

Alors, « Imagine qu’il n’y ait pas de paradis / C’est facile si tu essaies / Pas d’enfer en dessous de nous / Au-dessus seulement le ciel / Imagine le monde entier / Vivant le moment présent. » Oui, « Imagine qu’il n'y ait plus de pays / […] Aucun emblème pour lequel tuer ou mourir / Et aucune religion non plus / Imagine le monde entier / Vivant dans la paix. » Imagine un autre monde où quelques centaines de rats du Cac40 et autres valets de la finance assoiffés de pouvoir ne régiraient plus la vie quotidienne de milliards d’être humains : « Plus besoin d’avidité ou de famine / Une fraternité entre hommes… »

   

   

« Imagine le monde entier / Partageant la planète entière ».
Naïveté ? Utopie ? demandé-je dans « Prends le chorus ».
Tu te dis que je suis un rêveur ?... Que je ne suis qu’un rêveur !
Peut-être bien, mais je ne suis pas le seul ; j’espère qu’un jour tu nous rejoindras et que le monde entier ne fera qu’un… « You may say I’m a dreamer / But I’m not the only one / I hope some day you’ll join us / And the world will live as one. »

L’utopie ou la mort ? Non : l’utopie ET la vie !

 

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commentaires

L
<br /> Bien sur que c'est un art majeur. On dit toujours que Gainsbourg disait le contraire, on oublie de rajouter la suite de la phrase "... car elle (la chanson) ne nécessite pas une initiation".<br /> <br /> Il y a le long article où il expliquait son idée:<br /> <br /> ------------------------------------------------<br /> Il fut un temps où j'avais sur la chanson cette phrase acidulée :<br /> <br /> "Un art mineur destiné aux mineures".<br /> <br /> Qu'on le prenne comme l'on veut, quant à moi qui ne trouve dans cette définition absolument rien de blessant pour qui que ce soit, exception faite pour moi-même, je resterai sur ma position, car<br /> a-t-on besoin d'être initié dans une discipline qui n'en connaît aucune ? Je dis que tout art qui se peut aborder sans initiation préalable ne peut être qu'un art mineur, et se pourrait-il que l'on<br /> puisse approcher et décrypter Paul Klee sans avoir connu et compris ("comprendre, c'est egaler", disait Raphaël) Fra Angelico, Mantegna, Delacroix, Manet, Cézanne, Juan Gris et Max Ernst ?<br /> <br /> Et comment comprendrait-on Francis Bacon sans avoir étudié Paul Klee ?<br /> <br /> Une fois subie l'initiation, à chacun de trouver son style et sa voie et de s'assurer s'il y a lieu de son génie. Il en est de même pour l'approche de Rimbaud, Alban Berg et Le Corbusier. Or, dans<br /> un art mineur comme le mien, il nous suffira de viser juste de l'oeil qui nous reste, roi chez les aveugles, bien sûr, que sont les autres, et faire mouche. Ainsi voulais-je dire que les tireurs<br /> d'élite n'auront jamais que du talent tandis que le génie visionnaire, ignorant les cibles immediates et autres disques d'or et pointant son arc vers le ciel selon les lois d'une balistique<br /> implacable, ira percer au coeur les générations futures.<br /> <br /> Je me suis laissé dire que Marlon Brando se mettait des boules Quiès pour ne point entendre les répliques de ses partenaires et qu'ainsi, totalement isolé et tétanisé par son auto-admiration, son<br /> jeu y gagnait en intensité dramatique.<br /> <br /> Peut-être devrais-je en faire autant.<br /> <br /> <br /> Mais comment savoir alors si je plais toujours aux mineures ?<br /> --------------------------------------<br /> <br /> Outre l'aphorisme facile, son idée ne se résume pas à "Art et art", mais à une initiation. Et je pense que là aussi il se plante. Escudéro ne serait pas Escudéro s'il n'avait pas été initié par la<br /> lecture de Céline ou d'Artaud, Ferré s'il n'avait pas lu Apollinaire, Baudelaire et ... Aragon.Et puis qu'est-ce que l'initiation ? Elle ne se fait pas QUE dans les bouquins et dans les<br /> universités, elle se fait aussi dans la rue, sur un zinc ou dans la vie. La musique d'une chanson est-elle mineure ? Souvent,oui ... Parfois, non ! Il y a d'excellent mélodistes et qui sont variés<br /> (Bécaud est un bel exemple, Ferré, Clerc).<br /> <br /> La chanson est comme toute forme d'expression: cela va d'un produit manufacturé à la chaîne à une œuvre d'art. Gainsbourg a écrit des choses musicalement, stylistiquement et même graphiquement<br /> magnifiques; ce qu'il en pense est SON jugement. Je préfère un ACI talentueux à un peintre raté. L'un fait de l'Art, l'autre regrette de ne pas en faire ...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonsoir<br /> "<br /> 'J'avoue que monologuer sans que cela ne suscite de réactions (sauf bien sûr des fidèles comme vous) me donne plus que l'impression de "prêcher dans le désert" (comme l'a écrit un autre lecteur),<br /> celle de ne servir à rien, de me "défoncer" pour rien. A quoi bon continuer si, dans les faits (sinon dans les intentions), personne ou presque ne fait chorus"<br /> <br /> Vous ne préchez pas dans le désert. NON Fred, nous sommes là, fidèles, reconnaissants. Ce blog est une véritable encyclopédie à consommer sans modération. Je le transmets aux amis, j'en parle sur<br /> mon blog. Je ne serais pas étonnée que tous ceux qui vous lisent régulièrement comme moi, fassent Chorus eux aussi.<br /> Ce travail considérable mériterait aussi que certains artistes qui ont été à l'honneur dans les pages de Chorus, écrivent aussi un commentaire de temps en temps.<br /> <br /> Je suis d'accord avec vous que la chanson est un art MAJEUR. Elle vient de loin. C'est l'expression des humains depuis très longtemps, sur tous les évènements de la vie, la société , l'histoire, la<br /> géographie: écoutez "Syracuse" d'Henri SALVADOR; une véritable concentration de lieux à découvrir dans une chanson aussi courte.<br /> Et puis il y ces chansons qui font du bien, un baume sur nos blessures, quand nos grands poètes expriment si bien ce que l'on ressent; et que l'on se reconnait dans le texte comme si elle avait été<br /> faite pour nous. Et ces chansons pour les grandes causes: " les enfants du monde entier", " la femme grillagée"<br /> ART MAJEUR je persiste et signe<br /> Annie<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Herbie Hancock a sorti un album récemment, "The Imagine Project", qui reprend (à sa façon) "Imagine". L'album est aussi un appel à la compréhension, avec des invités des quatre coins du monde.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Dans "Combat" en 1963 Michel Pérez concluait sa chronique sur Barbara (au théâtre des Capucines); ...[A entendre Barbara, on se dit qu'il est impossible que la chanson soit un art mineur....]<br /> Et d'"autres" aussi ...également<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci Fred de si bien montrer que "LA" chanson vivante (sans guillemets) est bien un art éminemment populaire inscrit profondément dans le quotidien des gens puisqu'elle (la chanson) franchit les<br /> générations grâce aux maillons de cette chaîne que tu évoques, entretenue par les artistes, le public, des associations, quelques élus, une goutte de journalistes (heu...), etc. qui s'escriment à<br /> la faire vivre et peut-être prospérer ?...<br /> Bravo !<br /> <br /> <br />
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