Supplément de programme
Oh ! là, là ! que n’ai-je dit ou fait (en déclarant achevées nos vendanges d’automne) ?! Alors que rares sont les réactions des intéressés suite à la publication d’une chronique (et ce n’est pas un reproche, seulement un constat), j’ai été assailli en revanche (et en privé) de questions ou de demandes d’explications : et moi et moi et moi ? et pourquoi lui ou elle et pas moi ? et le disque d’untel ou d’unetelle que je vous ai adressé, vous ne l’avez pas reçu ? Etc. D’où ce « supplément de programme ». Car : oui, bien des disques arrivés jusqu’à moi ce trimestre auraient également mérité des chroniques spécifiques ; et non, si je ne les ai pas présentés, ça n’a certes pas été par manque d’intérêt ni d’envie… Mais à l’impossible nul n’est tenu. On attend de moi que je continue à faire Chorus (avec un C majuscule), tout seul dans mon coin, ce qui relève à l’évidence de la quête de l’inaccessible étoile…
Quoi de plus normal, me rétorquera-t-on, pour un blog qui a choisi comme « avatar », comme marque de fabrique (et comme distinction pour les albums jugés les meilleurs) un « Don Quichotte » (dessiné par l’excellent Bridenne) ? Certes, mais n’oublions pas que le Chevalier à la triste figure montait à l’assaut de moulins à vent, qu’il luttait contre des géants hautains et indifférents sans espoir aucun de les vaincre. Quitte à y laisser la vie. C’est d’ailleurs toute la beauté de sa quête : n’avoir pas hésité à se colleter à (définitivement) plus fort que lui pour défendre « la veuve et l’orphelin ». « Tenter sans force et sans armure / D’atteindre l’inaccessible étoile / Telle est ma quête / Suivre l’étoile… »
Sans poursuivre le parallèle, tout hidalgo qu’on soit (« Dans un village de la Manche, dont je ne veux pas me rappeler le nom, vivait, il n’y a pas longtemps, un hidalgo avec lance au râtelier, bouclier de cuir à l’ancienne et rosse efflanquée… »), on ajoutera néanmoins à nos récoltes d’automne – pour faire bon poids et se sentir moins coupable d’abandonner les intéressés (même si certains d’entre eux n’ont pas besoin de nous) – une moisson d’albums reçus, écoutés et surtout aimés, appréciés, quel que soit leur genre musical. Ingénieux, l’hidalgo d’un village de l’Hexagone, n’est-il pas ? Précision : les albums recommandés ci-dessous ne sont pas (forcément) ceux des artistes, attachés de presse ou producteurs qui ont manifesté (le plus fort) leur désappointement. Là encore, il s’agit d’une sélection qualitative, car je m’oblige à passer sous silence les productions qui ne sont manifestement pas (ou plus ou pas encore) à la hauteur (voir « État critique » dans ce blog), en l’occurrence plus de cent autres albums reçus (et non sollicités), eh oui ! Pour rester exclusivement à l’affût d’un chant, d’une note, d’un mot qui sortent du lot… « Et puis lutter toujours / Sans questions ni repos / Se damner / Pour l’or d’un mot d’amour. »
L’« échanson de la chanson » vous propose donc un supplément de programme, comme aux beaux jours du music-hall. Seul « effort » demandé : emprunter soi-même le reste du chemin, en allant voir sur le site de l’artiste (quand il existe) à quoi ressemble son album. Dans la plupart des cas, on peut en effet y écouter des chansons, y visionner des vidéos et y glaner les renseignements biographiques élémentaires. Seul classement, comme d’habitude dans Si ça vous chante (l’éclectisme des styles et des générations étant ici une revendication fondamentale) : celui de l’ordre alphabétique. À charge, si ça vous chante, d’y aller chercher sinon la perle rare du moins le petit bonheur qui vous conviendra le mieux.
• Abd Al Malik : Château rouge ; 14 titres (dont l’éponyme et impressionnant Château rouge composé par Gérard Jouannest : 12’05 !) ; prod. Barclay, distr. Universal (site de l’artiste).
• Amipagaille : Pan t’es mort ! ; un duo (Elsa Ferrier et Jean-Luc Bazille) de chanteurs d’histoires et de conteurs de chansons qui ne prend pas les enfants pour des gamins ; le premier CD, Tu peux pas dire, avait reçu le Prix Mino 2008 et un Coup de cœur de l’académie Charles-Cros ; 12 titres, prod. Victorie Music, distr. Universal (site du duo).
• Anne-Flore : Mélangés ; premier album, chanson française mélangée d’accents ibériques et de vagues méditerranéennes ; 12 titres ; L.P. Prod, distr. Rue Stendhal (site de l’artiste).
• Valérie Barrier : Béni ; second album d’une enfant de la balle, fille d’Anne Lefébure (Les Parisiennes) et de Ricet Barrier ; 13 titres ; Mistiroux Productions, L’Autre Distribution (site de l’artiste).
• Batignolles : Y a pas de problème… ; premier album du nouveau groupe d’Olivier Leite, ex-La Rue Kétanou ; 14 titres ; autoproduit, L’Autre Distribution (site du groupe).
• Mathieu Boogaerts : À la Java ; CD enregistré en public entre octobre 2009 et juin 2010, en duo avec le bassiste Zaf Zapha ; 16 titres ; Tôt ou tard, distr. Wagram Music (site de l’artiste).
• Candide : Et si… ; premier album ; 12 titres et CD-Rom : paroles + vidéoclip ; autoproduit (site de l’artiste).
• Caracol : L’Arbre aux parfums ; second album en solo, après celui du duo DobaCaracol : 13 titres, Indica Records, Québec, L’Autre Distribution (site de l’artiste).
• Louis Chedid : On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime ; album réalisé de concert par Louis et Matthieu Chedid (site du disque).
• Eva : À Marlène ; dans cet album paru initialement au Québec, Eva interprète tour à tour en français, en anglais et en allemand « les plus belles chansons » de Marlène Dietrich, avec Pierre Grimard au piano solo ; 15 titres, autoproduit, Le Chant du Monde, distr. Harmonia Mundi (site de l’artiste).
• Fergessen : Les Accords tacites ; premier album, 10 titres, MVS Records, Anticraft distribution (site du duo).
• Catherine Fontaine & Marie : Les Histoires de Zoé ; troisième opus jeune public du duo (paroles, musiques et chant de Catherine ; voix, accordéon, percus, etc., de Marie) ; 12 chansons « pour faire rêver la marmaille » en disque ou sur scène ; prod. et distr. Blue Velvet (site du duo).
• Hamon Martin Quintet : Du silence et du temps ; troisième album du quintet (après un en quartet) ; 12 titres ; prod et distr. Coop Breizh (site du groupe).
• Alexis HK et Liz Cherhal : Ronchonchon et compagnie ; au départ, La Maison Ronchonchon était une chanson dans le dernier album d’Alexis HK (voir « Les Affranchis de Chant’Appart » notamment), c’est devenu une aventure musicale pour le jeune public écrite et composée pour l’essentiel par le sus-nommé et Liz Cherhal, et interprétée avec Laurent Deschamps, Jehan, Juliette et Loïc Lantoine. 23 titres, Formulette production & La Familia, L’Autre Distribution (sites de Liz et d’Alexis, extraits en écoute ici).
• La Clouée : Décousus ; premier album (plutôt jazz) d’une ancienne élève de Michèle Bernard et Xavier Lacouture qui a fait ses classes comme chanteuse d’orchestre et leader d’un groupe de reprises rock dans l’est de la France ; 12 titres, autoproduit et autodistribué (site de l’artiste).
• Geneviève Laloy : Hirondelles ; c’est la révélation (belge) de la chanson jeune public de ces deux dernières années (après un premier opus, Si la Terre, grand prix Mino et Coup de cœur 2009 de l’académie Charles-Cros, et le spectacle éponyme, prix Mino 2010) ; 12 chansons qui traduisent « l’envie d’envol de l’hirondelle, indocile », symbole du voyage et de la liberté… Prod. Polyson, Victorie Music/Universal (site de l’artiste).
• Bernard Lavilliers : Causes perdues et musiques tropicales ; 11 titres ; prod. Barclay, distr. Universal (site de l’artiste).
• L’Espoir Williams : Les Rongeurs ; premier album de l’auteur-compositeur accordéoniste Dominique Bouchery, ex-Entre 2 Caisses, en duo avec Emmanuel Gaillard. 15 chansons qualifiées « de vertes et de pas mûres », à la moralité de saison : « Mieux vaut lever le coude / Que baisser les bras », où, pour le prouver, il est question par exemple d’Écrivains et spiritueux : « Pour résumer on peut conclure / Que si l’on veut vivre en gourmet / Tous les goûts sont dans la lecture / Tout est possible, tout s’admet / Une exception, je vous adjure / De n’y désobéir jamais / Règle d’or et vérité pure / C’est : “Mieux vaut nectar que gamay” » ! Autoproduit et autodistribué (site du groupe).
• Monsieur Melon : Le Trou du chapeau ; second album après avoir fait ses gammes (Même en hiver, 2007) dans le métro parisien ; label (maison) 5’OP production, L’Autre Distribution (site de l’artiste).
• Serge Ménard : Bulles de savon ; « les mots que j’écris, me dit-il, sont des bulles de savon, des petites bulles d’amour qui flottent au gré du vent. Rien de bien grave en somme ; ce ne sont que des mots, que des bulles de savon… et puis, il y a un peu de musique aussi » ; 11 titres, autoproduit et autodistribué (site de l’artiste).
• Papet-J. Rit : Point ; en provenance de la cité phocéenne, rencontre entre le « Papet » des Massilia Sound System et « Rit », homme orchestre faussement naïf, fusionnant dans un style « dub, reggae, électro, blues » ; 12 titres, prod. Roker Promocion, distr. Wagram Music (site du duo).
• Peppermoon : Les Moissons d’ambre ; un second album (du duo Iris Koshlev et Pierre Faa) qui débute là où le premier (Nos ballades, 2009) s’achevait, sur la plage de piano Lonelunaire, où des paroles sont venues se poser entre-temps, et annonce déjà le dernier d’une trilogie cohérente ; 14 titres, prod. Peppermoon Music, distr. Discograph (site du groupe).
• Le Pied de la Pompe : Ici ou là ; 14 titres paroles et musiques de Gérome Briard (avec la participation sur la chanson éponyme de membres de Tryo, de Karpatt, de Oaistar, de la Rue Kétanou, de Coup d’Marron, de Mon Côté Punk, de la Ruda, et puis de Batlik, Jamait… !), prod. Sakabouger, L’Autre Distribution (site du groupe).
• Loïc Rabache : Orange ; un premier album « d’un artiste d’invitation, écrit son confrère Gildas Thomas : ses musiques et textes vous invitent à entrer dans son univers, son interprétation douce mais affirmée vous donne les clés de la porte d’entrée. Il faut accepter cette invitation car on découvre alors un ton et un rapport fond/forme très originaux. Finalement, Loïc Rabache n’a qu’un seul défaut : son nom… » ; 12 titres, prod. Là-bas dans ton chant, autodistribué (site de l’artiste).
• Christophe Sarale : Chants lointains ; septième album d’un ACI niçois qui assure « presque toujours l’ensemble de la réalisation, de l’écriture au mixage, en passant par l’instrumentation » – jusqu’à l’objet CD qui se présente vierge avec un simple livret de 4 pages proposant les textes des 11 titres. Mais qu’importe le flacon s’il procure l’ivresse… aux amateurs de chansons minimalistes, « volontiers perçues comme poétiques et intemporelles », sachant que « c’est en concert, dans l’intimité des petites salles, qu’elles trouvent leur juste place » ; autoproduit et autodistribué (site de l’artiste).
• Dominique Scheder (& Alexandre Cellier) : La Farandole des bagnoles ; 19 chansons thématiques autour du moteur à explosion (et des dizaines de marques citées !), de la valse du mécano au disco des chapeaux de roues en passant par le charleston des pistons, le blues du volant, le rap des manettes, le funk à mille tours, la reine de la boîte à gants, etc. ! Textes et chant de Scheder, musiques et arrangements (piano, trompette, accordéon, percussions, harmonica et clarinette) d’Alexandre Cellier. Un exploit en la matière que cette « ballade des dingues du volant », véritable album-concept qui, au passage, effectue une Virée chez Brassens. Humour, nostalgie et poésie naïve mêlés. « Ressuscité » l’an dernier (voir « Helvétiquement vôtre » sur ce blog), Dominique Scheder est ici au meilleur de sa forme. Prod. La Brouette à chanson (site de l’artiste).
• Siam : L’Amour à trois ; premier album d’un duo formé de Bruno Leroux et Fanny Labiaux dont Miossec dit : « Guitares, voix, bandonéon, machines, des parfums de valse à l’arrière-goût argentin, Siam s’est trouvé une patte, un style, une atmosphère… » ; 13 titres, L’Oz Production, distr. Avel Ouest (site du duo).
• Spi & la Gaudriole : Le Bal des hérétiques ; nouvel album qui traduit « le virage musical trad’ à fond » (écrivait Hélène Triomphe dans Chorus n° 27 à propos de son premier opus en 2004) de Spi, alias Jean-Michel Poisson, poète-troubadour et ex-auteur-chanteur du groupe OTH : « J’ai reçu de mes ancêtres le plus précieux des héritages / Un caractère de rebelle et le goût des terres sauvages / Qu’on me donne des musicos prêts à jouer partout à la ronde / Une poignée de danseurs et je soulèverai le monde… » ; 11 titres, prod. Label de Mai, autodistribué (site de l’artiste).
• André Stocchetti : Flûturiste ; des flûtes de toutes sortes, « à la fois contrebasses, hautbois ou guitares électriques saturées, au service de textes poétiques et métaphysiques hilarants, cyniques ou poignants » signés Michaux, Claude Roy, Cioran, Marot, plus quelques aïkus japonais ; 14 titres, Tempo Productions, distr. Socadisc (site de l’artiste).
• Syrano : À la fin de l’envoi ; troisième opus au style résolument urbain, « entre hip hop et musique sociale, dans la lignée du blues et du punk », et au propos radical contre le sexisme, la manipulation, le consumérisme… 16 titres, prod. Les Doigts dans l’Zen, L’Autre Distribution (site de l’artiste).
• Rony Théophile : Cœur Karaïbes ; second album de cet ACI guadeloupéen (le premier, Lakaz, est sorti en 2008), défenseur de la biguine et des traditions antillaises, qui élargit son horizon en visitant les principales îles de la Caraïbe : salsa, compas, reggae... Des standards mais aussi des titres inédits, comme le premier de l’album, Fanm, en hommage « aux femmes qui travaillent, à celles qui se sacrifient… ». 14 titres, prod. Aztec Musique, distr. DJ Flo (site de l’artiste ou en écoute sur celui-ci).
• Tierce Majeure : Demain, peut-être… ; nouvel album d’un trio de Marseille devenu duo (Denis Salfati et Gilles Trimont), mais « comme le nom nous plaisait bien, on l’a gardé. Nous sommes entrés dans le monde de la chanson française par la petite porte, en amateurs, et nous en sortirons sûrement par la même, mais ça n’a aucune importance : l’important, c’est que ces chansons continuent à vivre tant que vous voudrez bien les écouter… et surtout sur scène, car c’est là que les chansons existent le mieux… Alors, demain, peut-être ? » 14 titres, autoproduit et autodistribué (site du groupe).
• Jean-Louis Viñolo : De la Garonne au Saint-Laurent ; un album un peu plus ancien mais qui nous est parvenu tout récemment, d’un artiste venu du froid aux origines sudistes qui revendique ses influences, de Nougaro au Québec… en passant par Saint-Pierre et Miquelon où il vit depuis 2003 et où a été enregistré le CD : « …La marée éblouit / Le phare de Pointe aux Pères / Et chante que son pays / Ce n’est pas que l’hiver. » 14 titres, autoproduit et autodistribué (lire la chronique d’Henri Lafitte sur le site Mathurin.com, « le magazine de St-Pierre et Miquelon », ou e-mail : jlvinolo@hotmail.com).
Enfin, deux coffrets de compilation à signaler en particulier :
• Les Disques Motors ; ce coffret retrace l’aventure phonographique du label indépendant créé par Francis Dreyfus, grand éditeur récemment disparu (le 24 juin dernier). Plus de trente ans au service d’une chanson et d’une musique sans frontières de styles, où se croisent Jean-Michel Jarre, Christophe, Larry Greco, Vince Taylor, François de Roubaix, Mounsi, Ferré Grignard, Louis Deprestige, Jean-Claude Vannier… et autre Bernard Lavilliers. 3 CD (digipack 4 volets), 54 titres, prod. Disques Motors, distr. Sony Music (site du label).
• Trois poètes : Brel, Brassens, Ferré ; 3 CD (digipack 4 volets) et un livret des textes rassemblant une sélection pertinente de 18 chansons de chacun de ces trois géants ; prod. Mercury, distr. Universal. L’occasion de rappeler, à la veille de « l’année Brassens », l’existence sous forme de beau livre de la seule et unique table ronde ayant jamais réuni le Grand Jacques, Tonton Georges et le Vieux Lion : rencontre organisée à l’initiative de (et propos recueillis par) François-René Cristiani, photos inédites (outre celle du fameux poster) en n&b et en couleur du grand Jean-Pierre Leloir. Un document définitivement de référence, indispensable à tout amateur de chanson, à (s’)offrir, si ce n’est déjà fait, pour les fêtes : Brel, Brassens, Ferré, trois hommes dans un salon, 80 pages, reliure cartonnée et toilée, grand format ; chez Fayard (en commande par correspondance à la Fnac ou chez Amazon).
Voilà. C’était le contenu (loin d’être exhaustif…) de ma hotte de Noël. Faites-en bon usage, car je ne peux moi-même faire davantage : imagine-t-on le travail que cela représenterait pour un individu seul (pourvu déjà qu’il trouve le temps nécessaire) de chroniquer dans le détail chacun de ces albums ? Pourquoi croyez-vous qu’avec ma chère et tendre, amateurs de chanson tombés l’un et l’autre dans la marmite et frustrés à l’époque de n’être informés que d’un tout petit pan de la création, nous ayons pris le risque professionnel (mais aussi personnel, avec nos seuls moyens) de lancer un magazine mensuel de « chanson vivante » en 1980, transformé (amélioré) en « Cahiers de la chanson » en 1992 (et jusqu’à la création de ce blog fin 2009 pour tenter de continuer à faire chorus aussi peu que ce soit) ? Parce qu’il fallait – parce qu’il faut toujours – une équipe importante, compétente et passionnée pour parvenir à rendre compte du meilleur de l’ensemble de la création francophone.
Cela dit, je me propose d’effectuer encore deux ou trois visites guidées de « vins et spiritueux » millésimés 2010 de châteaux que j’apprécie tout spécialement (et ne figurent pas dans ce « supplément de programme »). Peut-être dans les jours suivants, sinon aux premières lueurs du prochain millésime. En attendant, je vous souhaite – je te souhaite, amie lectrice, ami lecteur (si fidèles pour certains : trente ans révolus !) – un joyeux Noël et d’ores et déjà une bonne et heureuse année 2011 (si le grand méchant loup ne vient pas souffler encore plus fort sur nos maisons d’amour).
Ensuite, c’est promis, je continuerai à faire chorus, mais plus comme au cours de l’année écoulée. Peut-être moins en « échanson de la chanson » (comme m’a surnommé une bien aimable lectrice) qu’en « veilleur » (comme m’appelle toujours, ici, l’excellent « chantauteur » Jean-Louis Bergère) de la plus haute tour, si je peux me permettre cette évocation rimbaldienne (« Qu’il vienne, qu’il vienne / Le temps dont on s’éprenne »), histoire de faire un clin d’œil à la grande Colette Magny. Ce qu’en d’autres termes un (autre) grand Jacques de la chanson traduisait ainsi : « Il nous faut des porteurs de parole avec des chenilles d’acier dans la tête / La vérité, la vérité comme si la vie en dépendait / Je vous dis qu’il est temps… Que se lèvent ici ceux qui ont de l’esprit pionnier dans la tête / Il va falloir dès ce soir tout recommencer. »
Un conseil encore, après ces mots incandescents d’un rare « porteur de parole » (bel et bien vivant, mais ô combien occulté médiatiquement), ami(e) de Paroles et Musique, de Chorus et de Si ça vous chante (successivement ou séparément), en un mot ami(e) de la chanson ? Plutôt un vœu pour l’année nouvelle, extrait du titre éponyme de l’album d’un autre grand poète (vivant !) de la chanson, distingué en 1976 (par le « Prix des Critiques de Variétés ») : « Astique-nous donc tous tes cuivres / Et que ça flambe en tes châteaux / Fous ton minerai ciel ouvert / Et fais-lui cracher ses pépites » ; bref, Rêve ou meurs ! Le même cri du cœur, la même espérance folle, là encore (les grands artistes n’ayant fait que filer au fil du temps la même métaphore de la chaîne aux maillons solidaires dont on a déjà parlé et reparlé ici), de l’Homme de la Mancha de la chanson française : « Brûle encore, bien qu’ayant tout brûlé / Brûle encore, même trop, même mal / Pour atteindre à s’en écarteler / Pour atteindre l’inaccessible étoile. »