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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 12:41

La désespérance

 

L’année commence aussi mal que la précédente a fini pour les amoureux de la chanson vivante : après Alain Féral – le « chantauteur » des Enfants Terribles, groupe aussi brillant qu’atypique qui connut son heure de gloire à la fin des années soixante –, disparu le 24 décembre dernier, c’est Luc Romann qui vient brusquement de nous quitter. Un poète de la chanson, ignoré par la plupart des médias, sa vie durant, alors que ses chansons auraient dû fleurir sur toutes les lèvres...

 

Portrait.jpg

 

Je viens juste d’apprendre la nouvelle : Luc Romann est décédé hier lundi 6 janvier, des suites d’une intervention chirurgicale... alors que rien n’annonçait une telle issue. Terrible choc pour ceux et celles qui l’aimaient personnellement, mais aussi chagrin profond pour tous ceux qui ont suivi avec admiration l’évolution de son répertoire et de sa carrière, malgré son retrait de la « compétition » médiatico-showbiztique (il avait quitté Paris pour s’installer dans le Gers, au plus près de la nature qu’il chantait à merveille).

 

 

J’en connais plus d’un, hélas, qui vont se sentir effondrés à la lecture de ces lignes… J’avais moi-même le bonheur de le connaître depuis 1980 (cf. la photo ci-dessus prise chez lui, à Salles d’Armagnac, en 1981, qu’il appréciait tout particulièrement) et, avec Paroles et Musique, nous avions même permis le financement (suite à une souscription auprès de nos lecteurs) de son magnifique album Le Ciel dans la tête, la Terre dans le cœur (1982). Un 33 tours où l’on trouvait notamment cette chanson éloquente, avec cet art qu’il avait de savoir passer du personnel à l’universel (qui est la marque des grands), Ceux qui n’ont pas la parole :

Je fais partie de ceux qui n’ont pas la parole
De ceux qu’on a trahis, de ceux qu’on a jugés
Dans toutes les églises, dans toutes les écoles
Sur tous les Golgothas, en toutes Galilées

Je fais partie de ceux qui s’étonnent de vivre
Je fais partie de ceux qui furent tant tués
Qui justifient les hommes enterrés dans les livres
Les prophètes maudits, les justes assassinés…

Je fais partie de ceux qui n’ont pas la parole
De ceux qu’on a trahis, de ceux qu’on a jugés
Dans toutes les églises, dans toutes les écoles
Sur tous les Golgothas en toutes Galilées

Qui justifient les hommes enterrés dans les livres
Les prophètes maudits, les justes assassinés…

On m’excusera de n’être pas plus disert cette fois, mais je n'ai vraiment pas le courage d’en dire plus ici ; simplement le devoir de rappeler que, le découvrant à ses débuts, Léo Ferré disait qu’il était « de la famille des grands », que Brassens le prenait en première partie de ses récitals, que Brel ne tarissait pas d’éloges à son sujet… et que Barbara – encore interprète alors – confiait au producteur de Luc qu’elle serait « comblée pour toujours » si elle arrivait un jour à écrire une chanson comme Amours de mes dix ans...

 

 

Je pense non seulement à ses proches mais aussi à d’autres amis communs, à Georges Moustaki qui adorait Luc Romann et l’avait même accompagné à la guitare dans ses tours de chant, qui étaient comme un pansement sur le cœur, velours-velours, ainsi que Paco Ibañez et Graeme Allwright. Salut l’artiste ! Et salut mon cher Luc, tu sais combien Mauricette et moi – et tous les autres – on t’aimait... Au moins, vas-tu retrouver d’autres amis, là-bas, là-haut, je ne sais où, là où tout le monde ça s’met ensemble et ça chante de belles chansons, au paradis des musiciens : plein d’amis qui s’mettent en rond autour d’un joueur d’accordéon, comme Danielle Messia et puis Marc Robine qui t’aimait tant aussi et avait repris sur scène et sur disque ton inoubliable Temps des chevaux…

 

 

Il y a quelques jours, nous formulions le vœu que 2014 nous apporte aux uns et aux autres, hommes et femmes de bonne volonté, tout en mieux et surtout rien en moins bien que 2013 ; il semble hélas que ce nouveau millésime ait voulu se charger sans tarder de remettre les pendules à l’heure… « Qu’est-ce qu’il y a au bout du chemin ? / Qu’est-ce qu’il y a au bout de la vie ? »

 

 

NB. Le reportage sur Luc Romann a été réalisé par France 3 Bordeaux en septembre 1978. Les chansons Amours de mes dix ans et La Désespérance datent respectivement de 1963 et 1972. Enfin, la vidéo en noir et blanc où l’on découvre un Luc Romann débutant est extraite de l’émission Âge tendre et tête de bois d’Albert Raisner, diffusée le 17 février 1962.


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commentaires

A
Romann, l'homme en or...<br /> Romann l' indien<br /> Romann l' ami de tous les voyages<br /> Romann tout en perles distillées dans ses chansons,<br /> Romann et l'intensité extrême de son regard<br /> Romann le fêtard, le révolté, l' insoumis intègre, le colérique légendaire, l' abominable, comme il disait avec son humour inaltérable, le solitaire,l' amoureux...<br /> <br /> Romann l' enchanteur<br /> <br /> Romann libre dans un monde trop souvent soumis,<br /> Romann, présent dans chacune des respirations de la Nature, dans chacun des souffles du vent,dans nos coeurs marqués de son amour brûlant...<br /> et la liste est trop longue...<br /> Romann au présent:car il est, Romann, tout simplement!<br /> avec amour, oui...<br /> Alicia
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C
Cher Fred,<br /> J'ai beaucoup aimé votre hommage à Luc Romann. Je vous remercie, et je vous appelle cher Fred, parce qu'à travers les mots, il me semble que je vous connais bien. Aussi les photos prises de lui<br /> sont si variées, il me semble que je peux lui parler<br /> et il va me répondre. Je connais Romann depuis ma jeunesse, vers 1955, c'était mon premier amour, et pendant toute ma vie, il a été présent en moi. En 1990, nous avons repris une correspondance, et<br /> on se parlait souvent au téléphone. Je suis venue le voir après une absence de plus de 43 ans, dans sa vieille maison en 2003.<br /> Il est venu me chercher à l'aéroport de Bordeaux et nous avons passé 4 jours à parler comme si on ne s’était jamais quittés. C'était si facile de lui parler, de raconter… Comme lui, j'adore mon<br /> jardin et ma maison, ici, aux USA. Je ne suis pas du cercle de la chanson, mais il y a pas mal d'artistes dans la famille, mon père était peintre et auteur, moi-même voulant devenir une danseuse.<br /> On se comprenait si bien…<br /> Bien sûr, j'ai ses chansons et j'ai de la peine à les écouter pour le moment, mais cela reviendra. Tant de souvenirs d'enfance avec lui dans ce petit village de Rougemont, en Suisse. Ces lettres à<br /> relire. etc.<br /> Voila, mon meilleur ami a disparu, mais je le sens tout près quand même.... peut-être il sera là en colibri ou papillon au<br /> printemps ?<br /> Merci cher Fred pour tout.<br /> Claudie
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É
Un petit article sur mon site : j'y évoque le site des voleurs qui a emprunté son titre à une chanson de Luc Romann, sans le mentionner.<br /> <br /> Au plaisir de partager des chansons<br /> <br /> éliane daphy
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C
Luc, pourquoi nous as-tu quitté si vite,alors que nous n'avions pas fini de nous dire....et que tu avais encore plein de projets dans ta tête de vieux rêveur idéaliste et têtu !On parle déjà de toi<br /> à l'imparfait alors que tu n'as pas encore été assez présent auprès de ces milliers de gens qui n'ont pas eu la chance d'entendre tes chansons et de se nourrir du "sacré" de ta poésie au sens où<br /> elle touchait en chacun de nous quelque chose d'essentiel et de peu définissable : peut-être le trait que l'on retrouve dans toute véritable oeuvre d'art.<br /> Tu as déserté "la Brauze" ce lieu où tu t'étais réfugié et où tu vivais en ermite avec ta guitare et tes mots mais aussi tes poules ,tes chats, tes souris, tes herbes de toutes sortes qu'il ne<br /> fallait surtout pas couper n'importe comment car chacune avait une place et une fonction dans ton environnement ."La Brauze" sans toi, sans ton regard,sans ta voix, sans tes colères,ce sera vide<br /> ....mais resteront tes chansons , alors chante encore pour nous Romann,(tu n'aimais pas trop que l'on t'appelle Luc ) et longtemps résonneront tes belles et vraies paroles.<br /> Bon vent pour là où tu vas..que la route soit douce Chris
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B
Oui les amoureux de la belle chanson sont tristes...<br /> que dire de plus...
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