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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 11:47

« C’est pour l’amour, pas pour la gloire »


C’était en juin 2009… À Chorus, sans le savoir, nous venions de publier notre dernier numéro alors qu’en réunion de rédaction nous préparions le suivant… avec un dossier consacré à Romain Didier et Allain Leprest ; à Arras, dans le même temps, celui-ci rendait visite une dernière fois au festival « Faites de la chanson ». C’est pour l’amour, pas pour la gloire, prévenait-il sur la scène du Théâtre… Pareil pour moi qui vous y donne rendez-vous ce dimanche 18 juin à 14h30 pour partager la fabuleuse histoire de Jacques Brel aux Marquises.

JE VIENS VOUS VOIR… À ARRAS

Faites de la chanson ? C’est un superbe festival (dirigé aujourd'hui par Guillaume Defrance) alliant la qualité de la programmation officielle et la volonté de « décloisonner les genres artistiques et de mélanger les publics », tout en impliquant des chanteurs amateurs et même de simples spectateurs amoureux de la chanson à partager la scène avec des professionnels.

Créé en 2005 par l’association « Di Dou Da » à l’occasion de ses dix ans, son coordinateur Jean-Jacques d’Amore confiait alors à Chorus qu’il permettait de prolonger et contenir « tout ce que nous faisons pendant l’année, avec cette imbrication constante entre pratique amateur (grâce en particulier au travail initié à l’époque par le chanteur-interprète Christian Camerlynck et son équipe, avec leurs ateliers « Oser chanter » et « Oser écrire ») et programmation d’artistes professionnels ».

De quoi réjouir un certain Leprest, encore lui, qui consacra une magnifique chanson aux carrières étouffées dans l’œuf : « C’est peut-être Grand Jacques / Le petit au rire bête / Qui pousse dans la flaque / Sa boîte d’allumettes / Jamais on le saura / On le fera maçon / Râpé Bora Bora / Un mur sur l’horizon… »

Cette année, du 17 au 25 juin, c’est une édition originale que propose Faites de la chanson en la dédiant entièrement à la Belgique : Arno, An Pierlé, Vincent Delbushaye, Claude Semal, Claire Spineux, Jules & Jo's, Antoine Henaut et Sages comme des sauvages, etc. Coïncidence, le dernier compte rendu de Chorus consacré à cette manifestation (la quatrième, avec un coup de chapeau à… Allain Leprest en sa présence) le fut dans le cadre d’un numéro spécial Jacques Brel pour les trente ans de sa disparition (cf. n° 65, automne 2008) !

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », disait Éluard : j’espère donc vous y retrouver, en ouverture, ce dimanche 18 juin à 14h30 au Théâtre d’Arras (rens. et réservations, tél. : 09 71 00 56 67), pour revivre ensemble « la vie d’après » (la chanson) de Jacques Brel, la vie méconnue mais exemplaire du Grand Jacques, l’aventurier – navigateur au long cours puis pilote au grand cœur – au service des Marquisiens : « je viens vous voir, c’est pour l’amour pas pour la gloire… »

NB. Puisqu’il est question ici d’Allain Leprest (1954-2011), sachez que le 4 mai dernier, la municipalité de Rouen a décidé de donner son nom à une place de la ville. Elle se trouve à l’intersection des rues des Sapins et Frédéric-Bérat, près de l’ancien café-concert Le Bateau ivre, où il passait à ses débuts.

Présent lors du dévoilement de la plaque (aux côtés notamment de la fille de l’artiste, Fantine Leprest), Romain Didier a rappelé qu’il a travaillé durant vingt-six ans avec lui: « Allain avait ceci de particulier qu’il arrivait à nous piéger à chaque détour d’un vers. Son association des mots est étonnante et détonante. Comme chez tous les grands poètes, les mots étaient chargés. Rien n’était léger. Il faut faire connaître au plus grand nombre cette écriture exceptionnelle. Quand on trouve les bons mots, les chansons ne se démodent pas. Elles sont universelles. »

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10 juin 2017 6 10 /06 /juin /2017 08:38

Ou la relève… en marche !

Je rigole, c’est juste histoire de faire un clin d’œil à l’actu. En revanche, même si l’homme ne manque pas d’humour (voir plus bas son clip Non, j’peux pas), je suis des plus sérieux au moment d’accrocher Donoré aux cimaises de Si ça vous chante

Vous le savez, un jour, j’ai arrêté tout net d’écrire des critiques de disques. Pas tant par lassitude, malgré quelques centaines au compteur en l'espace d'une trentaine d'années, qu’en raison de leur multitude croissante (quoique anarchique) sur le Net et surtout de la certitude que d’aucuns ne pourraient que se montrer plus réguliers et complets que moi ; comme c’est le cas désormais avec NosEnchanteurs, « le quotidien de la chanson », par exemple, mais aussi sur papier avec le bimestriel FrancoFans et le tout récent trimestriel Hexagone. De là à en déduire que l’envie a disparu comme on fuirait le bonheur de peur qu’il ne se sauve, ce serait mal me connaître.

La preuve avec le nouvel album de Donoré, L’Amour en deux. Le deuxième en six ans après Je viens à toi (2010) ; avec un EP 5 titres entre deux, Maintenant (2014) et un tout premier en 2007, Donoré. Pour le premier album, je vous renvoie à la critique que j’avais publiée ici même le 21 septembre 2010 (« Prends le chorus – Vendanges d’automne 2 »), intercalée entre celles de Bill Deraime, Thibault Derien et Romain Dudek.

« Musicalement et dans l’inspiration textuelle, notais-je, Donoré se situe plutôt dans la famille du folksong à la française (Cabrel, Le Forestier…), vocalement aussi, avec parfois quelques inflexions sympathiques à la Goldman. […] de la chanson légère en apparence mais qui dit, mine de rien, façon Souchon, la difficulté qu’on a parfois à se comprendre et à vivre ensemble. »

Dans l’intervalle, Donoré a continué de creuser son sillon, d’approfondir sa thématique, si vous préférez. Le résultat en est une chanson qui fait du bien au cœur et à l’âme, sans manquer de lucidité pour autant, et ma foi, c’est bien agréable d’écouter quelqu’un d’éminemment sympathique vous montrer le bon côté des choses plutôt que de vous enfoncer encore plus dans ce marasme moral dont la France détient, semble-t-il, le record mondial. Écoutez et voyez donc ce petit clip « volé » dans le métro, en janvier 2012, où Donoré redonne le sourire aux usagers, remplis de bonne humeur pour la journée, avec son adaptation toute personnelle de Don't worry be happy

C’est précisément ce que j’imaginais en 2010 : « Quand Donoré aura pris un peu de “bouteille”, qu’il sera tout à fait venu à nous, il ne sera plus un artiste “à suivre” (qui fait déjà de jolies chansons), mais un artiste dans les pas duquel d’autres auront envie de marcher. » À commencer par le public, si celui-ci a la chance (et vice-versa) d’aller à sa rencontre ; un mouvement, à vrai dire, qui me paraît irréversiblement en marche !

Pierre « Donoré » (c’est un pseudo), né en 1978, orphelin à vingt ans… d’Honoré Chatard, adore la nature, les arbres (vous ai-je dit qu’il était de Grenoble ?), la peinture, la guitare, les impressionnistes, Modigliani, Picasso, Matisse, la danse et la musique ; il rêve de voyages et de Barcelone… Il prône la résistance au conformisme autant qu’au terrorisme (« J’irai sentir les sons, les modes, les traditions / Les langues et les croyances qui font nos différences / Mais je n’aurai de cesse d’affirmer qui je suis / Contre ceux qui condamnent les couleurs de la vie… ») et lance un appel à rester debout, unis, même et surtout si la mort rôde (Qui me tiendra la main ?) :

Qui pourra me faire voir
Qu’avant la fin du sursis
Y a d’la place pour l’espoir
Et aussi pour l’envie

[…] Qui me tiendra la main
Au matin du jour sans lendemain
Demain…

J’aime et je partage cette conception des choses, de l'amour et des roses, comme j’aime la façon qu’il a de nous en faire part – je peux bien vous l’avouer puisqu’il ne s’agit pas ici d’un exercice doctement professionnel mais d’un sentiment tout ce qu’il y a de plus personnel. J’aime Donoré parce qu’il fait de la chanson populaire de la plus belle eau. Parce qu’il possède l’art des mélodies, qui pétillent comme de jolies bulles de joie. Et subsidiairement parce qu’il dégage une empathie naturelle.

Peut-être aussi et enfin parce qu’un jour tout s’envolera, « même toi et moi » comme le chante ce jeune homme en or. Parce que la vie, somme toute, n’est qu’« une brindille qui siffle dans le vent »… et que la bienveillance envers autrui, dont sa chanson est nourrie, n’est jamais superflue avant le vacarme infini de l’absence.

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 16:19

À bras-le-cœur, à bras-le-corps 

Qu’on se le dise : Cali tourne depuis quelques jours en solo (mais attention : seulement jusqu’à la fin avril), revisitant ses chansons en piano et guitare-voix et c’est un bonheur. Elle m’a dit, Roberta, Mille cœurs debout, Giuseppe et Maria, Je m’en vais… Deux heures et demie en toute complicité et humanité. C’est beau et ça fait un bien fou !

CALI INTIME

On se retrouve entre nous dans la chambre d’adolescent de Bruno Caliciuri, où traînent des 33 tours et où s’affichent des posters (Joe Strummer, Springsteen en 1975, La Vie de bohème d’Aris Kaurismäki, James Stewart dans La vie est belle…), histoire d’instaurer encore plus de proximité de part et d’autre de la scène. Et l’artiste d’aujourd’hui – quasiment assis tout le temps (bon, il s’offre quand même une petite chorégraphie sur fond de symphonie et le plaisir de descendre dans la salle…) ! – de se confier à nous en paroles et en musiques.

Les premiers émois amou-reux ; le père adoré, trop tôt enfui, qui ne jurait que par Léo Ferré et Paco Ibañez ; la maman qui avait un faible pour Gilbert Bécaud (Et maintenant…) ; Vernet-les-Bains et les camps du Roussillon : « Les camps… de… concentration », rap-pelle-t-il en laissant un temps suspendu entre les mots pour qu’on saisisse bien leur portée – l’occasion de rechanter cette merveille qu’est L’Exil, faisant tragiquement écho, presque quatre-vingts ans plus tard, au quotidien bien actuel de centaines de milliers de « migrants ». Il reste cependant L’Espoir du Grand Léo, le Grand Ferré (« le plus grand… »), sur un poème duquel s’achèvera d’ailleurs la soirée : « Je t’aime, Christie, je t’aime… »

« La soirée » : concert ? spectacle ? récital ? veillée ? On ne sait trop, tant on est plongés de façon intime dans l’univers du petit Bruno, de l’ado révolté, de l’adulte en quête permanente d’utopie à réaliser… et du chanteur qui nous raconte ses débuts, ses étonnements, ses mésaventures… et puis qui, sans cracher dans la soupe, nous révèle quelques facettes cachées du show-biz, l’envers du décor télévisuel…

Son parcours semé d’anecdotes pleines d’humour (et l’on comprend pourquoi l’artiste s’est essayé au théâtre) et de rencontres (Daniel Darc, Miossec, Moustaki, Olivia Ruiz, Thiéfaine…) servent de fil rouge à l’essentiel : à comprendre que la vie est un engagement de tous les instants. Qu’on ne peut prétendre aimer en restant indifférent aux drames de l’Histoire qui balbutie, passifs devant ces réfugiés qui fuient la guerre, la torture, le viol… Il fait froid subitement dans la salle, mais le jeune homme (c’est du moins l’illusion que laisse sa silhouette) nous recouvre aussitôt d’un manteau de tendresse, et l’harmonica, allié à la guitare, enveloppe le public comme un seul homme de ses nappes voluptueuses.

En ouverture, entre autres chansons du nouvel album (Les Choses défendues, paru en novembre), un texte émouvant et magnifique à peine souligné par sa six-cordes acoustique : À cet instant…

CALI INTIME

La mémoire qui chante : la vie, le rêve, la littérature (107 ans, de Diastème : « Quelle chance vous avez… si vous ne l’avez pas encore lu ! ») et le cinéma… Dans un spectacle précédent, Cali avait convoqué Jeanne Moreau, cette fois c’est Annie Girardot, après le clap du lever de rideau sur l’inoubliable dialogue prévertien entre Baptiste/Jean-Louis Barrault et Garance/Arletty dans le plus beau film, peut-être, de l’histoire du Septième Art. En tout cas, selon l’Académie des Césars, « le meilleur film de l’histoire du cinéma français » (« Je donnerais tous mes films pour avoir réalisé Les Enfants du paradis », assurait François Truffaut) :

Baptiste : Quand j’étais malheureux… je dormais… je rêvais… Mais les gens n’aiment pas qu’on rêve… Alors ils vous cognent dessus, histoire de vous réveiller un peu… Heureusement, j’avais le sommeil “dur”, plus dur que les coups, et je leur échappais en dormant, en rêvant… Oui je rêvais… j’espérais, j’attendais… C’est peut-être vous que j’attendais !
Garance (ironique) : Déjà !
Baptiste (très grave) : Pourquoi pas… Je vous voyais peut-être déjà dans mes rêves, ne souriez pas… nous ne savons rien de ces choses-là et peut-être qu’aujourd’hui en me jetant cette fleur… peut-être m’avez-vous réveillé pour toujours !
Garance (surprise et touchée) – Quel drôle de garçon vous faites !
Baptiste : Comme vous êtes belle…
Garance (haussant les épaules) : Je ne suis pas belle… Je suis vivante… c’est tout !
Baptiste : Vous êtes la plus vivante… Jamais je n’oublierai cette nuit… et la lumière de vos yeux.
Garance : Oh la lumière !... Une petite lueur comme tout le monde… Vous parlez comme un enfant, c’est dans les rêves que l’on aime comme ça…
Baptiste : La vie, les rêves, c’est pareil… Sinon ça ne vaut pas la peine de vivre. »

Vous l’avez compris, Cali seul en scène, Cali intime, c’est tout pareil : la vie, le rêve, l’utopie. Et le bonheur… c’est maintenant ! De la grande formation au quatuor, au trio ou accompagné d’un seul piano (Steve Nieve pour Cali comme jadis Maurice Vander pour Nougaro, cf. « Une voix, dix doigts », ou Ferré avec Popaul Castanier), jusqu’au récital en solo (« La première fois, m’a-t-il confié dans un grand sourire, je me suis dit : Mais je suis fou, qu’est-ce que je fais là, tout seul, sans les copains à côté… et puis… voilà ! »). Passer ainsi des salles aux plateaux géants, à l’affluence multitudinaire, à la solitude et à la sobriété extrêmes, sans béquille aucune pour se rattraper en cas de besoin, c’est le propre des « grands ».

PS. Pas loin de mille personnes, « mille cœurs debout » spontanément ont assisté à ce concert, vendredi 3 février à l’Atelier à Spectacle de Vernouillet (superbe salle de l’agglomération drouaise qui a épaté Cali… et où nous avons fêté depuis 1985 tous les «quinquennats » de Paroles et Musique puis de Chorus jusqu’en 2002) ; c’était la quatrième représentation de ce rendez-vous qui prendra fin le 21 avril prochain (voir ici), en prélude à un an de tournée en formation musicale habituelle.

CALI INTIME

Quant à la « troisième mi-temps », dans la nuit du 3 au 4, permettez-moi d'en garder la teneur par-devers moi. Histoire de « famille », « bien plus que celle du sang, celle que j’ai choisie, celle que je ressens » (J.-J. Goldman). Mais je peux quand même vous dire que si c’était déjà « à bras-le-cœur » entre nous depuis longtemps, cette fois le Catalan citoyen du monde (qui n’a rien oublié de ses racines ni de Jordi Barre, le chantre de la Catalogne Nord), petit-fils d’un brigadiste italien aux côtés duquel, en Espagne, s'est peut-être battu mon père (lequel nous a légué une photo de lui prise en 1939 à Vernet-les-Bains par le photographe personnel de Pablo Casals… et arrière-grand-père de Cali !), a voulu aussi que ça soit à bras-le-corps ! Comme pour prendre date fraternellement en vue d’un projet évoqué avec enthousiasme qui se traduira peut-être en lendemains communs qui chantent…

CALI INTIME

NB. À Paris, on retrouvera Cali « intime » le 13 mars… au Bataclan, une salle familière à l’artiste. L’occasion de mettre ici en ligne On ne se lâchera pas la main, chanson née au lendemain de l’attentat alors qu’il se trouvait en studio : « On était si tristes au studio cette nuit... Alors j’ai écrit quelques mots et nous avons enregistré cette petite chanson. Julien Lebart est au piano et Mélody Giot au violoncelle ». Que disait Baptiste, encore, dans Les Enfants du paradis, sous la plume de Jacques Prévert ? Que « si tous les gens qui vivent ensemble s’aimaient, la terre brillerait comme un soleil ».

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