La rose, le livre, la lettre, la chanson... et Roda-Gil !
À l’occasion de la Sant Jordi, la fête catalane du livre et de la rose, on a célébré en Roussillon la mémoire de Jordi Barre, disparu il y a cinq ans, et fait l’éloge de la lettre dans la chanson française. Émouvante cohabitation entre la voix du peuple nord-catalan (attention, scoop audio inattendu !) et celles de Barbara, Brel, Duteil, Goldman, Juliette, Leprest, Nougaro, Sheller, Anne Sylvestre, etc., revisitées avec bonheur par le duo féminin Rim’Elles...
Jordi ? C’est le saint patron de la Catalogne, de part et d’autre des Pyrénées. La Sant Jordi ? C’est, chaque 23 avril, la fête catalane par excellence qui veut que l’on offre une rose à sa bien-aimée et un livre à celui qu’on aime. Ça, c’est la (jolie) coutume et une réalité bien vivace. La légende, elle, remonte au quinzième siècle, à l’époque où Sant Jordi (saint Georges) affronta le « drac », le dragon cracheur de feu. En coulant sur le sol, le sang du dragon donna naissance à un rosier à fleurs rouge… sang.
Jordi Barre ? C’était un personnage étonnant, généreux et authentique, un chanteur à la voix émouvante, qui consacra la majeure partie de sa vie, jusqu’à 90 ans bien tassés, à défendre l’identité catalane mais hors toute revendication politique, à travers l’art de la chanson. Reconnu par ses pairs d’outre-Pyrénées, il fut accueilli avec enthousiasme lors d’un grand spectacle collectif au somptueux Palau de la Musica de Barcelone par les fondateurs de la Nova Canço catalane, Raimon et Pi de la Serra en tête. En France, l’Olympia lui ouvrit ses portes en 1983 pour un concert à jamais mémorable pour les Catalans de Paris. Louis Amade, le poète et grand parolier de Gilbert Bécaud (natif d’Ille-sur-Têt, pas bien loin du Canigou, où Prosper Mérimée avait écrit et situé sa Vénus…) était dans la salle, enchanté, subjugué… Vingt ans plus tard, Jordi mettra en musique et enregistrera l’un de ses poèmes, Ta mà (Ta main)…
Mais Jordi Barre n’a jamais ambitionné ni même songé à faire carrière dans le métier, car cela l’aurait obligé à quitter trop souvent son « país catala ». Alors, il a passé sa vie à composer et à chanter « ses » poètes (avec Joan Tocabens en auteur de prédilection). Ce faisant il a créé un répertoire entré de son vivant dans la mémoire collective du Roussillon, tout en continuant à exercer à Perpignan ses fonctions de responsable de l’atelier de typographie du quotidien L’Indépendant. Finalement, cas unique peut-être dans l’histoire de la chanson contemporaine, on peut dire que Jordi est vraiment rentré dans la carrière à l’âge de la retraite…
La mémoire collective ? Loin d’être une figure de style, c’est une réalité bien actuelle. À la radio, sur France Bleu Roussillon où l’on a entendu témoigner ses proches ce week-end (sa fille Virginie, notamment), l’émotion restait palpable chez les auditeurs intervenants. Il faut dire que Jordi Barre était devenu l’incarnation même de ce que Michel Trihoreau appellerait un chanteur de proximité (voir ici « La Chanson de proximité ») : un artiste évoluant et créant dans sa région natale, sans la moindre frustration, pour son bonheur, même, et celui de tous ses « compatriotes » pour lesquels il était plus que le chantre du pays, presque le père ou le grand-père de tous et toutes… Il fallait le voir pour le croire, mais encore aujourd’hui, il suscite l’émotion à sa seule évocation ou à la diffusion de ses chansons…
Car Jordi ne s’économisait jamais. Au contraire, il se faisait un devoir (et un plaisir) de répondre à toutes les sollicitations en dehors de ses concerts ; il allait chanter dans les écoles, lors de baptêmes, de mariages, de fêtes, partout où on l’invitait… Il était de toutes les circonstances de la vie où il fait bon partager le pain, le vin et l’amitié.
« C’était un monument, notre monument… » a déclaré ce samedi 23 avril 2016 le maire d’Argelès, où il était né le 7 avril 1920, en dévoilant devant tous les représentants de la région, les membres de sa famille, dont sa femme Danièle, et une foule importante, une plaque d’une avenue désormais baptisée « avenue Jordi-Barre ». Celle-ci aboutit à la jolie plage du Racou qui est à Jordi ce que la plage de Sète était à Brassens…
Ce samedi, jour de la Sant Jordi, avec le ciel bleu du pays catalan, la sardane et les chansons de Jordi étaient de sortie : entre autres Parlem catala (Parlons catalan) et La Torre d’en Sorra du nom de la tour (détruite par les nazis) d’un ancien moulin qui surplombait le Racou ; point de départ, à présent, d’un sentier pédestre menant le long de la côte Vermeille à Collioure, Port-Vendres puis Banyuls, lieux imprégnés des souvenirs de Matisse, Derain, Terrus, Monfreid (Georges-Daniel, le père d’Henry et ami privilégié de Gauguin), Maillol, Machado et autre Walter Benjamin… Désormais il faudra emprunter l’avenue (ou l’avinguda) Jordi-Barre pour parvenir jusqu’à ce site splendide.
« Les Affranchies »
La veille déjà, comme autant de roses, on avait eu droit à un superbe florilège de titres faisant l’éloge de la lettre dans la chanson française ; un spectacle conçu et monté par le duo Rim’Elles – autrement dit la chanteuse Dalila (du groupe Soham avec l’excellent Christian Laborde, guitariste-compositeur et « homme à tout faire » de la chanson) et la pianiste Fabienne Balancie-Argiro (également de L’Échappée Brel). Cela se passait dans un joli petit village, au pied des Albères, le massif qui relie la France et l’Espagne à cet endroit-là… un peu à l’image de Jean-Pierre Lacombe-Massot, habitant du lieu, historien de la région et trait d’union entre Jordi Barre et Rim’Elles.
Car tout se recoupe et se complète pour le mieux : Dalila enregistra et chanta sur scène avec Jordi (cf. vidéo ci-dessus, au Théâtre municipal de Perpignan, en avril 2005), dont Jean-Pierre Lacombe fut l’ami et le metteur en scène durant un quart de siècle, jusqu’à un formidable et ambitieux oratorio nommé O Món (Ô ! Monde). Christian Laborde composa et travailla également avec Jordi. Il faut dire aussi que ces deux-là, Dalila et Christian, originaires du Gers, ont collaboré très tôt avec un certain Francis Cabrel (qui les a pris en première partie et fait appel régulièrement à Dalila pour ses chœurs – et à nouveau pour son dernier album), pour qui Jean-Pierre Lacombe n’est pas un inconnu. Bref…
C’est ce dernier, en effet, qui a eu la bonne idée de proposer la venue de Rim’Elles à l’association Laroque Arts et Culture dans le cadre de la Sant Jordi. Et, cerise sur le gâteau qui bouclait la boucle de la fête de la rose, du livre et de la chanson, après les trésors exhumés d’un joli coffre à souvenirs dont elle extrait des lettres au fur et à mesure, Dalila a interprété en duo tout à fait exceptionnel avec Jean-Pierre l’émouvante chanson en hommage à l’ami (Tu, l’Amic Jordi), dont il est l’auteur… et Christian Laborde le compositeur ! Une chanson qui figure dans le dernier album à ce jour de Soham, Absoluble…
Auparavant, on avait effectué avec bonheur une balade rare dans le jardin extraordinaire des « lettres » françaises enmusiquées : « les Affranchies » de Barbara à Jacques Brel (« Je signe Léonie, tu sauras qui je suis… »), d’Anne Sylvestre à Élise, Le Carnet à spirale de William Sheller, la Petite écriture grise de Marie-Paule Belle, L’Écritoire d’Yves Duteil, Arrose les fleurs d’Allain Leprest ; et puis presque vingt autres, comme la Lettre oubliée de Juliette qu’elle avait enregistrée avec Guillaume Depardieu, Les Séparés de Marceline Desbordes-Valmore mise en musique et créée par Julien Clerc, Espoir Benjamin et La Marge de Rémo Gary, Les Mots de La Rue Kétanou puis de Nougaro...
Autant de mots d’amour, tendres, malicieux ou déchirants, qui ont la particularité d’être revisités de telle sorte qu’on les redécouvre totalement, en particulier Je voudrais vous revoir de Jean-Jacques Goldman ou Au fur et à mesure que Liane Foly popularisa. D’autres encore que l’on découvre tout simplement, telle J’écris cette lettre que Line Renaud a enregistrée en 2010 (paroles et musique de Flavien Compagnon et Fabien Marsaud), qui symbolise bien ce concert concept et sa fin ouverte :
Et puisque rien ne vaut les gens, j’écris cette lettre à mes rencontres
On n’est pas riche que d’argent, j’ai des amis, je m’en rends compte
À tous ceux qui m’ont fait grandir, tous ces regards épanouissants
Ceux qui sont là, et puis les autres, j’écris cette lettre à mes absents
Et si ma plume parlait d’avenir, car il n’est pas l’heure de se taire
Je n’ai pas fini d’en finir, pour moi, souvent, tout reste à faire
J’écris cette lettre à mon présent, j’ai les deux pieds sur mon chemin
Je regarde droit devant, j’écris cette lettre aux lendemains
Je sais comment finir cette lettre, puisqu'elle ne fait que débuter
Je vais trouver d’autres histoires, d’autres espoirs à raconter
J’écris cette lettre à la vie comme un remerciement
J’écris cette lettre à mes envies comme un commencement.
Il y a l’harmonisation, les arrangements nouveaux, bien sûr, de Fabienne dont le piano joue à lui seul comme un petit orchestre, il y a sa complicité scénique qui déclenche les rires, et puis le charisme et le charme de Dalila, son aisance sur scène, assise ou debout, comédienne ou chanteuse ou tout à la fois, avec une gestuelle et des mimiques qui vous embarquent sans coup férir dans ce voyage épistolaire.
Quant à sa voix, hein, pas besoin de vous faire un dessin, depuis le temps… Si ?! Alors, disons qu’au-delà de ses qualités techniques, de son large registre, c’est aujourd’hui l’une des plus belles de la chanson francophone, une voix rare parce que contrairement à nombre d’interprètes dont l’organe en airain semble être la résultante d’un encéphalogramme plat (William Sheller les appelle les gueulardes…), il y a une âme qui apparaît derrière et ne cherche pas à se dissimuler. Comme dans ce formidable montage, à pleurer de tendresse, entre Gauguin, Dis quand reviendras-tu et Voir un ami pleurer, summum de la complicité piano-voix de ces rimes féminines…
Frémissante, bouleversante, la voix de Dalila, c’est du frisson à la Danielle Messia, c’est du sourire à la Sylvestre, c’est du miel et du piment à la Catherine Ribeiro, c’est Violeta Parra qui aurait fait un détour par chez Oum Kalsoum pour fraterniser avec Anne et Barbara… Et chanter avec elles qu’on ne devrait écrire, toujours, que des lettres d’amour…
Camins d’amor
Sur mon chemin de mots, chante Dalila sur les pas d’Anne Sylvestre… Jordi Barre, lui, arpentait ses Camins d’amor, du titre d’un album et de son spectacle éponyme auquel assista en 2003, à la salle Charles-Trenet de Perpignan, un certain Étienne Roda-Gil, sous le charme…
L’auteur de Julien Clerc, l’un des grands écrivains de chanson française, n’était-il pas lui-même d’origine catalane ? Né à Montauban, fils de républicains espagnols, ses parents originaires de Badalona, dans la banlieue de Barcelone, avaient connu le camp d’Argelès-sur-Mer – où, après la Retirada, avaient été parqués aussi nos pères à nous, à Leny Escudero, Paco Ibañez et moi, comme mon oncle Lamolla au Barcarès, bienvenue au club !
C’est un journaliste-écrivain ami des deux hommes, Henri Fabre, qui avait mis Étienne et Jordi en relation en 2001. En janvier 2002, photographiés côte à côte, ils faisaient la Une de L’Indépendant. Au contact de Jordi, la fièvre catalane remontait en Étienne comme une tendresse d’enfance. Mais Roda-Gil, s’il parlait catalan (« le catalan de Badalona d’avant 1939 »), n’a jamais écrit dans cette langue, alors, disait-il, « apprivoiser deux vers pour la bonne rime, j’aimerais vous y voir… »
Mais l’envie, très forte, est là… « Jordi, tu as été typographe ? Mon père, tu sais, l’était aussi. » Alors, entre deux moments d’écriture de son oratorio sur le Che, il pense aussi à ce projet qui lui tient à cœur... Un beau jour de la fin de l’été 2003, il atterrit à Perpignan avec deux textes : Tinta negra (Encre noire) et Animà, no tinguis por (Alma, n’aie pas peur). Le premier est dédié à son père et à Jordi (« artistes de la vie quotidienne »), le second à sa fille… Le temps pour le compositeur-interprète de les mettre en musique et naissent deux chefs-d’œuvre… restés méconnus à ce jour, puisque non commercialisés !
Attention scoop !
Grâce à Balzac Éditeur et à Robert Triquère en particulier, un excellent éditeur « régional » installé à Baixas, qui a publié Jordi Barre l’enchanteur, la bio de référence de l’artiste (signée Jacques Quéralt et Christine Lavaill) – et qui a initié une grande exposition éponyme qui vaut le détour –, nous pouvons vous offrir ici une petite merveille.
Rien de moins que la primeur de Tinta negra ! Cet enregistrement effectué par Jordi en pays catalan (et arrangé et réalisé par Laurent Marimbert en 2003) a en effet été ajouté au livre, et seulement à celui-ci. Vous savez donc quoi faire si vous souhaitez vous procurer ces deux perles… Les deux seuls titres jamais écrits en catalan par Étienne Roda-Gil, l’homme qui voulait des chansons « utiles à vivre et à rêver », et qui nous a quittés trop tôt, le 28 mai 2004, à l’âge de 62 ans.
Voici une traduction partielle (et très approximative, traduttore traditore, n'est-ce pas ?) de Tinta negra :
Père, qui m’as appris la vie et l’amour de l’encre noire
Père, qui nous as prouvé qu’aucun croquemitaine
Ne nous emporterait par surprise
Que si nous parlions catalans nous aurions toujours un refuge
Derrière cette dernière barricade
Père, qui m’as appris que défendre la langue est un devoir
Comme de défendre sa mère, un arbre, une rivière, la terre…
Ce catalan « pauvret » de la rue, que tu m’as ouvert
Dans l’encre noire, dit que respecter tout ce qui vit
Est un devoir et un droit, une possible chimère
Que tu as défendue, et vous étiez nombreux
Quand tombaient sur les berceaux
Les bombes de l’Empire, de tous, tous les empires…
Père, qui m’a appris qu’il y a des fleurs rouges qui ont raison
Et qu’il n’y aura jamais de fleurs noires car le noir est une couleur
Celle de l’encre et de l’amour, de l’amour et de la guerre
Celle de l’encre qui crie, l’encre qui crie à la paix
De l’imprimerie au Palais, à l’honneur et au courage
D’inventer une autre vie…
Jordi Barre, écrivent ses biographes, n’est pas de la tribu des pieds enflés ni de la secte des grosses têtes. Il est du côté des gens, de ces gens simples, chers au sociologue poète Pierre Sansot, « qui ont l’âme paisible et qui ne frétillent pas sous l’effet de l’ambition ». En guise de postface à l’ouvrage, figure une Petite histoire de la musique et de la chanson nord-catalanes qui situe avec pertinence la vie de Jordi Barre dans le contexte, car celui-ci « n’est pas une création ex-nihilo. Son existence et son développement sont liés à la culture locale dont il est l’un des fécondateurs. Certains ont beau le minimiser, l’occulter ou n’y voir qu’une “retombée” du retour politique catalan au sud des Pyrénées, il n’en demeure pas moins que le phénomène Jordi Barre coïncide avec une “conscientisation catalane” et l’accompagne durant trente ans. Conscience qui va bien au-delà du “cœur” […] et s’alimente d’une critique plus raisonnée du centralisme. »
La préface, elle (forte de deux pages), est signée Roda-Gil et son introduction ne manque pas d’éloquence en faisant référence à deux « patrons » : « …Georges, dans la chanson française, est un mot magique. Jordi est le patron de la terre catalane. Pas le patron qui exploite, celui qui libère du monstre, du “Drac”, du mal. Jordi, un jour, a choisi de chanter en catalan. Il est devenu presque sans le vouloir un Ange souriant qui nous a protégés de tout ce qui voulait nous détruire : l’oubli, le mépris, l’oppression, la réduction et la tentative de la négation de l’espérance…
« Je l’aime pour cette vie. Pour cet engagement qui proclame que nous ne sommes pas un passé facile à abolir, de mauvais souvenirs liés aux vies des gens simples et à leurs souffrances qui n’avaient pas d’autres armes que leur langue. “Ici, chez nous, nous parlons catalan…” C’est ce que chante Jordi modestement et sans affirmation sectaire.
« Vivre, travailler et chanter au pays, ces mots pourraient être la devise de l’éternel jeune homme qu’est resté Jordi. De la fabrication d’un journal à l’élaboration d’une chanson, il n’y a pas de très grande différence. Il faut du caractère et aussi l’idée précise de ce qui peut plaire, interroger, indigner ou séduire. Séduire n’est pas la bonne solution. Au risque de déplaire, il faut savoir que le sens d’une terre n’est pas le sens du poil de n’importe quels puissants de tout acabit… De l’imprimerie à la scène, Jordi a vécu cette expérience. Les chansons sont des journaux d’hier et de demain…
« Ces quelques lignes n’ajoutent rien à ce livre qui raconte tendrement l’histoire d’une vie : une Iliade et une Odyssée en même temps. J’ai vu chanter Jordi dans une église avec des chœurs populaires et dans une simple maison au bord de la mer qui se souvenait des anciens mas. C’était devant une famille presque recueillie et en même temps heureuse d’entendre son passé et son futur possible. Pas de nostalgie, Jordi exprime de la fidélité. »
Fidèle, fidèle à son pays catalan, à Collioure, à Perpignan, comme un autre catalan qui, lui, avait choisi de monter à la capitale, l’était à « un Castillet tout neuf, un Canigou », Jordi Barre est mort le 16 février 2011, dix ans après Charles Trenet (19 février 2001). Celui-ci avait 87 ans, et Jordi, qui avait encore donné en mai précédent un concert resté localement dans toutes les mémoires, presque 91 ans.
À Perpignan, dans la loge de mer, le patio intérieur de la mairie où, entourée d’eau, se trouve la fameuse statue d’Aristide Maillol, La Méditerranée, celle-ci comme toutes les fontaines de la ville a été fleurie de roses rouge sang. Au-dessus un étendard aux couleurs catalanes représentant la lutte de Sant Jordi contre le « Drac ». En bas, sur le socle de l'oeuvre du maître de Banyuls-sur-Mer, un écriteau en forme de livre ouvert : à gauche la légende de la Sant Jordi, à droite Amb la força de l’amor, la chanson de Jordi Barre (paroles de Joan Tocabens) :
Je veux effacer les frontières
Qui nous privent du trésor
De tant de nouveaux printemps
Avec la force de l’amour
Je veux inonder ma terre
De tous les chants de mon cœur
Pour que tombent les barrières
Pour effacer la rancœur
Par la force de l’amour.
PS. Mes remerciements à Martine Caplanne, délicate interprète-compositrice des grands poètes (Cadou, Desnos, Lorca, etc.), originaire du pays Basque français, amie de Luc Romann, de Dalila, Christian Laborde et de… Jordi Barre (le monde est petit !), grâce à qui j’ai pu rencontrer Jean-Pierre Lacombe. Comme par hasard (…chantait Luc Romann), Martine Caplanne était dans la salle ce soir de la Sant Jordi, pour le spectacle de Rim’Elles. Si vous êtes un(e) adepte du Beau et de l’authentique (et sinon, que feriez-vous ici ?), je vous recommande son site pour en savoir plus sur elle, ou pour le plaisir de réentendre sa voix chaude au service des poètes.
Et si vous voulez savoir ce qu’elle a pensé des « Affranchies » et de Rim’Elles, voici un petit mot glané chez elle : « Elles avaient le trac à Laroque-des-Albères vendredi dernier avant de jouer. Et ça, c’est plutôt bon signe non ?! Elles nous ont emmenés dans le coffre des souvenirs du répertoire de la chanson française et nous y avons découvert des trésors de textes souvent mal connus. Dalila a atteint une maturité de voix superbe. Fabienne l’accompagne au piano avec un respect rare. La construction du spectacle est fine, fluide. La mise en lumières bien travaillée (merci Christian !). Si elles passent par chez vous, ne les manquez pas. Certains de vos amis présents, eux, pourraient vous “faire bisquer” de n’avoir pas été de la fête ! Oui, un grand bravo, les filles et merci. » CQFD, non ?