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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 17:13

Pour la mémoire et la justice


Ça ne change rien à la tragédie, ça ne ramènera pas les victimes et « los desaparecidos », c’est quand même une nouvelle qui redonne (un peu) foi en l’Homme : formellement identifié par un juge chilien puis retrouvé aux États-Unis où il coulait des jours tranquilles, l’assassin de Victor Jara va être traduit en justice. Une mesure que l’on doit à l’obstination de la famille du grand auteur-compositeur-interprète, emblème de la démocratie de Salvador Allende et défenseur des humbles. Il n’y aura fallu qu’un peu de patience, puisque le procès, s’il se déroule à la rentrée prochaine, aura « seulement » demandé quarante-deux ans : le chanteur fut en effet torturé et exécuté le 16 septembre 1973, douze jours avant qu’il ne fête ses quarante et un ans et cinq jours après le putsch du sanguinaire Pinochet.

VICTOR JARA

En ces temps de tragédie qui semblent aller en s’accélérant, une telle information – pour anecdotique qu’elle puisse paraître, comme un détail de ciel bleu éclairant un océan de grisaille – a valeur de symbole universel. Parce que Victor Jara ne chantait pas pour passer le temps, comme il l’écrivit dans son superbe Manifiesto, son inspiration poétique se doublant d’une indignation sociale, à l’instar de ses compatriotes Pablo Neruda et Violeta Parra. Mais aussi parce que la chanson mondiale lui a rendu hommage au cours des décennies suivantes. Témoin, celle-ci de Julos Beaucarne (1975) qui, tout en rappelant la fin de l’histoire, dénonce le fait qu’Henry Kissinger, alors responsable de la politique américaine étrangère sous la présidence de Nixon, aurait sinon fomenté du moins encouragé et soutenu avec la C.I.A. le coup d’État militaire qui allait faire des milliers de morts au Chili.

VICTOR JARA

Quelque quarante ans plus tard, le 3 janvier 2013, la justice chilienne faisait incarcérer quatre anciens militaires, dont Hugo Sanchez, l’un des deux officiers responsables de l’exécution du chanteur. Le second, identifié depuis 2009 et retrouvé en Floride où il tenait un commerce de voitures d’occasion, faisait déjà l’objet depuis décembre 2012, mais en vain, d’une demande d’extradition de la part du juge chilien Miguel Vázquez. Finalement, à la mi-avril 2015, un juge d’Orlando, Roy Dalton, a ordonné que Pedro Barrientos, c’est le nom de l’assassin, réponde au moins de ses actes devant un tribunal américain. La famille de Victor Jara – en particulier sa veuve Joan et leurs filles Manuela et Amanda – qui s’est battue tout ce temps pour obtenir justice, peut commencer à vivre un peu en paix…

VICTOR JARA

Pedro Pablo Barrientos est le triste individu qui porta le coup de grâce au troubadour, d’une balle à bout portant dans la nuque, après l’avoir torturé en compagnie d’autres militaires. Quand on retrouva le corps de Victor Jara (emmené et abandonné par son assassin dans un coin désert de la capitale, jeté parmi d’autres cadavres), on découvrit qu’il avait été criblé de balles… Quarante-quatre balles de fusil, exactement (outre celle dans la nuque), tirées par deux jeunes soldats aux ordres de Barrientos et Sanchez.

Mais avant cela – les témoignages des compagnons du chanteur, rescapés de l’enfer du stade Chile (aujourd’hui Estadio Victor-Jara) où allaient se dérouler encore tant d’autres horreurs, le montrent aujourd’hui –,  battu, supplicié, Victor Jara eut encore le courage d’écrire un poème, connu sous le titre Estadio Chile, dénonçant le fascisme. Un poème resté inachevé car les bourreaux, pleins de haine, s’en prirent alors aux mains du chanteur-poète... Les versions diffèrent quelque peu, mais qu’importe, la torture, le désir et le plaisir de faire souffrir furent bien réels : les mains massacrées à coups de crosse ou les doigts tranchés par une hache, Victor Jara n’eut que le temps de tracer au crayon sur le carnet d’un de ses compagnons d’infortune (conservé précieusement aujourd’hui à la Fondation Victor-Jara) ces vers aussi éloquent qu’ultimes : « Canto, qué mal me sales / cuando tengo que cantar espanto ! / Espanto como el que vivo / como el que muero, espanto » (« Ma chanson, comme tu es mal faite / quand je dois chanter l’épouvante / L’épouvante comme celle que je suis en train de vivre / L’épouvante, comme celle qui me tue. »)

VICTOR JARA

Deux jours plus tard, le 18 septembre 1973, sa dépouille était enterrée semi-clandestinement dans l’espoir que l’oubli efface jusqu’au souvenir de son nom… C’était compter sans la chanson, sa force émotionnelle et son pouvoir d’évocation plus durables que tous les fascismes. Deux ans plus tard, en 1975, Jean Ferrat rappelait dans Le Bruit des bottes (album La femme est l’avenir de l’homme) ce drame chilien sans savoir encore que la dictature de Pinochet verrouillerait le pays jusqu’en 1990 :  « Quand un Pinochet rapplique / C'est toujours en général / Pour sauver la République / Pour sauver l’ordre moral / On sait comment ils opèrent / Pour transformer les esprits / Les citoyens bien pépères / En citoyens vert-de-gris / Il se peut qu'on me fusille / […] À moins qu’avec un hachoir / Ils me coupent les dix doigts / Pour m'apprendre la guitare / Comme ils ont fait à Jara… »

Victor Jara ! Rien que l’énoncé de son nom fait frémir d’émotion… et de bonheur pour ceux qui, comme moi, l’écoutaient déjà dans la seconde moitié des années soixante. Comme on écoutait l’Argentin (et grand « maestro » de la chanson latino-américaine) Atahualpa Yupanqui. Avec bonheur et ferveur, pour leur poésie d’autant plus belle qu’accessible à tous, pour leurs mélodies inoubliables… et pour leur révolte contre l’injustice. Au Chili, la misère et l’exclusion étaient alors le lot commun de la majorité de la population, le pouvoir et la richesse aux mains d’une toute petite caste.

VICTOR JARA

Dans le domaine de la musique, deux voix essentielles s’élevaient dans le silence, fondatrices du mouvement de la Nueva canción chilena, pour contester cet état de fait et chanter la beauté du monde : celle de Victor bien sûr mais aussi de Violeta Parra, l’auteur de Gracias a la vida – l’une des plus belles chansons qu’on ait jamais écrites –, qui connaîtra elle aussi un destin funeste ; Violeta se suicidera de désespoir en 1967, un an seulement après avoir rendu grâce à la vie avec cette chanson immortelle, hymne absolu à la vie sous toutes ses formes.

La même année que Violeta Parra enregistre Gracias a la vida, Victor Jara – qui a bien d’autres cordes à son arc que celle de chanteur – prend la direction du collectif Quilapayun... dont les membres, on le sait, seront contraints en 1973 de s’exiler en France. Au cours des sept dernières années de sa vie, il multiplie les succès populaires et devient une véritable icône, mais une icône aussi humble et accessible que le commun des mortels. Te recuerdo Amanda (Je me souviens de toi, Amanda), El Derecho de vivir en paz (Le droit de vivre en paix), Canto libre, Abre tu ventana (Ouvre ta fenêtre), Plegaria para un labrador (Prière pour un laboureur), Ni chicha ni limona… Tant et tant d’autres jusqu’à son manifeste en chanson, où, au passage, il fait référence à son amie disparue : « Aquí se encajó mi canto / como dijera Violeta / Guitarra trabajadora / con olor a primavera… »

Je ne chante pas pour chanter
Ni pour montrer ma belle voix
Je chante parce que la guitare
Contient de l’amour et du bon sens

Elle a un cœur terrestre
Et des ailes de colombe
Elle est comme l’eau bénite
Qui sanctifie joies et peines

Là se situe ma chanson
Comme l’aurait dit Violeta :
Guitare au travail
Au parfum de printemps

Ce n’est pas une guitare de riches
Ni quoi que ce soit qui lui ressemble
Ma chanson est de ces tremplins
Qui permettent d’atteindre les étoiles

Car le chant a un sens
Quand il palpite dans les veines
De celui qui mourra en chantant
Les vérités véritables

Pas les flatteries éphémères
Ni les célébrités étrangères
Mais le chant d’une alouette
Qui atteindra le bout de la terre

Là où tout parvient
Et où tout commence
Le chant qui a montré du courage
Sera toujours une chanson nouvelle
…toujours une chanson nouvelle…

Je l’ai dit, nombreuses sont les chansons à travers le monde qui ont rendu hommage au troubadour chilien… ou continuent de le faire. C’est ainsi qu’un grand chanteur argentin, Leon Gieco, évoque les mains tranchées du guitariste dans Chacareros de dragones. En France, on peut notamment citer Gilles Servat avec une chanson en breton, Gwerz Victor C'hara, d’après le récit de l’écrivain chilien Miguel Cabezas, témoin oculaire des événements ; Pierre Chêne avec Qui était cet homme ? (« “Maintenant chante encore” / a dit un officier / En levant ses mains rouges / il s’est mis à chanter / Et la foule a repris / le chant du supplicié / Alors pour qu’il se taise / les soldats ont tiré / Qui donc était cet homme / égaré parmi nous / qu’on entendait chanter / lorsque grondaient les loups ?… »), ou encore le Sétois Angel Girones avec la méconnue Les Mains.

Enfin, à l’occasion des trente ans de cette tragédie, nous est venue de Suisse romande cette Chanson pour Victor Jara de Michel Bühler qui, au-delà du rappel des faits, dresse un constat terrible : celui de la mémoire refoulée, du pardon refusé et qui pose la question de l’honneur bafoué…

VICTOR JARA

Il fallut attendre le 5 décembre 2009 pour que la dépouille de Victor Jara fût exhumée puis transférée au Cimetière Général de Santiago, après trois jours d’hommage populaire. La cérémonie se déroula en présence de sa veuve Joan, de ses deux filles Manuela et Amanda, ainsi que de l’ancienne présidente du Chili Michelle Bachelet. Une page se tournait, celle de l’oubli délibérément entretenu. Une autre s’ouvrait, celle de la reconnaissance. Entre autres nouvelles chansons consacrées dès lors à Victor dans le monde entier par de jeunes artistes et groupes, sans parler des reprises (comme celle du Manifiesto, sur scène et en version originale, par Bruce Springsteen !), le Québécois Jean-François Lessard, dans Victor, a tiré la morale de cette abomination : « C’est pas une fable / C’est pas un conte / C’est une histoire / pour mes enfants / Afin qu’ils sachent / Qu’un vrai héros / Ça peut n’avoir / Comme armes / Qu’un tour de chant… »

L’ordre implacable venu de Washington, rappelle Michel Bühler… La lettre de Julos Beaucarne à Kissinger… Que croyez-vous qu’il soit arrivé à celui-ci ? Que des « honneurs » qui sonnent comme autant de déshonneurs. Car il n’y a pas que dans les états-majors que « l’honneur, on connaît pas », dans les salons de Washington aussi… N’est-ce pas, madame Hillary Clinton, peut-être future présidente des États-Unis, qui vous permettez de voir en ce « grand Américain » non seulement « un ami » personnel mais surtout de louer en lui son « attachement à la démocratie » ?!

VICTOR JARA

Juste histoire de rafraîchir un minimum les mémoires courtes : Salvador Allende fut élu démocratiquement et renversé par un militaire félon (qui devait avoir l’assassin par procuration de Federico Garcia Lorca pour idole, car le putsch de Pinochet ne fut qu’une redite de celui de Franco… dont les États-Unis d’Amérique furent ensuite le premier pays à reconnaître le régime – no comment…), et l’avocate de la famille Jara a déposé plainte pour délits de « torture, assassinat et crimes contre l’humanité », rappelant que la dictature de Pinochet avait causé bien d’autres victimes, accompli bien d’autres exactions, se comptant par milliers…

J’eus l’occasion d’en parler de vive voix (et avec l’émotion que vous imaginez) avec Joan Jara, la veuve de Victor (née Joan Turner, citoyenne britannique), un jour de chagrin mais aussi d’incommensurable amitié partagée. Le jour où l’on organisa avec Paroles et Musique, c’était en octobre 1983, une grande soirée au Casino de Paris en hommage à notre collaboratrice Régine Mellac, brusquement disparue au cours de l’été précédent. Prof d’université, journaliste, Régine – qui n’arrêtait pas de bourlinguer en Amérique latine, parfois à ses risques et périls – incarnait l’adresse parisienne par excellence de tous les chanteurs latino-américains contraints à l’exil.

VICTOR JARA

Ce soir-là (il en reste heureusement un double 33 tours, La Mémoire chantée de Régine Mellac – notre photo – que Paroles et Musique diffusa ensuite par correspondance), le Casino de Paris était archicomble. Non seulement la salle mais aussi la scène car (grâce en particulier à nos collaborateurs Jacques Erwan, Marc Legras et Jacques Vassal) jamais il n’y eut en France pareil rassemblement d’artistes et groupes espagnols et latino-américains, tous venus chanter ou jouer pour notre amie, qui était aussi la leur : Pajaro Canzani, Cuarteto Cedron, Paco Ibañez, Illapu, Lluis Llach, Francisco Montaner, Isabel et Angel Parra (les enfants de Violeta), Quilapayun, Uña Ramos, Osvaldo Rodriguez, Pedro Soler, Mercedes Sosa, Daniel Viglietti, etc.

Il n’y avait alors que dix ans d’écoulés, depuis le coup d’État au Chili, mais je me souviens d’avoir évoqué avec Joan Jara la nécessité, pour la mémoire collective, qu’elle s’attelât un jour à l’écriture de cette tragique histoire mais aussi de la sienne propre avec Victor… Vingt-cinq ans plus tard, en 2008, le livre, son livre, traduit en français, parut en Belgique sous le titre Victor Jara, un chant inachevé. Un récit pathétique où Joan fait découvrir son mari à travers l’homme et l’artiste. « Près de 400 pages d’émotion, soulignait Serge Dillaz dans Chorus, d’admiration et de colère où la conscience politique affleure à chaque sentiment. »

VICTOR JARA

L’histoire d’une passion amoureuse se conjuguant à une vision commune du monde. « L’amour sert ici de révélateur, poursuivait Dillaz : il est le levier d’une révolte, d’un engagement qui vont faire basculer le couple dans l’Histoire. Car l’œuvre de Victor Jara a valeur de symbole : les couplets de ce chanteur assassiné par les soldats de Pinochet témoignent du combat contre l’arbitraire. Ils ont inspiré toute une génération de chanteurs latino-américains. » Son œuvre, sa chanson, c’est-à-dire « le condensé d’un patrimoine populaire placé au service de la lutte sociale. Édifiant, à un moment où l’on veut nous faire croire que l’art chansonnier est à jamais synonyme de divertissement puéril… Victor Jara, en tout cas, était persuadé du contraire. On l’a fait taire. »

Victor Jara, 28 septembre 1932-16 septembre 1973 ; pas même 41 ans. Aujourd’hui, quatre décennies ans après son exécution par des « barbares casqués » qui n’avaient rien à envier à ceux d’aujourd’hui, par exemple aux auteurs masqués des attentats parisiens de janvier dernier, fascistes de tous bords qui n’ont dans la tête et le cœur que la haine de l’autre et de ce que l’humanité peut créer de meilleur, ennemis communs de la démocratie et de la liberté, ses anciens camarades de Quilapayun entretiennent la flamme de la mémoire. Et du rêve d’un monde enfin libéré de la barbarie. On le verra à la fin de cette vidéo, après leur chanson si emblématique de la lutte contre l’oppression, El pueblo unido jamas sera vencido, quand ils expliquent que « le rêve existe. Et comme tous les rêves, il se construit de ce que nous avons vécu. Notre rêve à nous est un pays démocratique qui respecte les droits humains, où il y ait de la justice, de la réconciliation, où il y ait du respect et de la vénération pour les héros tombés… »

VICTOR JARA

Je déplorais récemment la grève du rêve de notre société de consommation passive. Mais, même si on n’a pas assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens (et empêcher les tragédies de se produire), avec l’identification de l’assassin de Victor Jara et le procès qui se profile enfin à l’horizon, on avance, on avance... « Hasta la victoria, siempre » ? En tout cas, « hasta la justicia », la plus élémentaire des justices, seule condition du pardon sinon de l’oubli. Le poète n’écrivait-il pas dans El derecho de vivir en paz, que notre chanson est « feu de pur amour, c’est une colombe du colombier, c’est une olive de l’olivier, c’est le chant universel, la chaîne humaine qui fera triompher le droit de vivre en paix. » Viva Jara !

 

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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 16:21

Pas vieillir, pas mourir…


L’air  de rien – chi va piano va lontano –, voici l’opus numéro 200 de « Si ça vous chante ». À vrai dire, je pensais prendre mon temps pour concocter un texte aux petits oignons, truffé de chansons et d’illustrations belles à mourir… et puis l’occasion faisant le larron, histoire aussi de s’éviter un jour de plus à vieillir, ce sera court comme une lettre d’amour. Car… hier soir j’ai revu, à la scène comme à la ville, mon ami Henri Tachan (on s’est connus en 1979) et ça n’a été que du bonheur… que je me dois – vous m’connaissez ! – de vous offrir un peu en partage… et en exclusivité.

JAMAIT CHANTE TACHAN

Tenez, cette photo d’Henri sur scène prise par votre serviteur : eh oui, c’était hier soir ! Mercredi 15 avril 2015 à Paris (9e), dans une magnifique petite salle à chansons (140 places) qui accueillait ses premiers spectateurs. Soirée privée… de recettes commerciales (puisque uniquement sur invitations), mais non privée d’émotion. Comment cela se fait-ce ? rétorqueront les admirateurs de Tachan, qui n’ignorent pas que l’auteur de La Vie a décidé de s’y vouer totalement à l’issue, le 29 mars 2008, de son tout dernier concert au Théâtre Musical de Besançon ?!

Et ils auront raison de ne pas y croire, au retour de Tachan, car s’il est remonté exceptionnellement sur les planches, ça n’était évidemment pas, malheureusement pas pour chanter lui-même (« Ne vous en déplaise, nous a-t-il confié, je suis fort aise d’avoir arrêté la scène… »), mais pour présenter Yves Jamait qui a eu la plus que bonne idée l’automne dernier (il nous en avait parlé lors de son séjour aux Nuits de Champagne) de créer un concert autour du répertoire d’Henri. La création officielle aura lieu en septembre prochain dans la capitale, mais l’affaire est d’ores et déjà entendue (après quelques premières représentations de rodage en province) : Au revoir Tachan est un formidable spectacle qui doit autant à la qualité géniale d’inspiration, à la finesse d’une œuvre oscillant sans cesse de la tendresse à la révolte, qu’à l’interprétation tant vocale que gestuelle, mimiques incluses, de Jamait. Avec de superbes trouvailles comme celle de dessiner des deux mains un cœur qui bat sur fond de percussions, avec des liaisons pertinentes, de l’humour permanent… et deux musiciens au diapason, c’est-à-dire étonnants, enthousiastes, enthousiasmants : Samuel Garcia, piano-clavier-accordéon, et Didier Grebot, batterie-percussions.

J’ai prévenu que je ferais court. Alors, je vous le dis sans ambages et vous pouvez en croire quelqu’un qui connaît son Tachan par cœur (mon Brel, mon Amérique à moi… Celui avec qui je conversais déjà depuis l’Afrique avant de rentrer en France pour créer Paroles et Musique en 1980), dont j’aimais les chansons depuis toujours et que j’ai vu et revu sur scène avec un bonheur sans cesse renouvelé (du Théâtre Renaud-Barrault à celui de la Roquette, de Bobino à l’Olympia, de la Fête de l’Huma à un peu partout en tournée, y compris à deux pas de chez moi, en mai 1978... pour un concert à l'organisation duquel j'avais même contribué avec Forum, mon journal hebdomadaire de l'époque !) : Ce « Jamait chante Tachan » est un régal ! Et le public d’invités qui, pour une large part hier soir, ne connaissait Tachan et Jamait ni d’Ève ni d’Adam, ne s’y est pas trompé en leur réservant, l’un assis discrètement dans la salle et l’autre sous la lumière, une ovation debout. Alors, voilà, l’info est donnée. Organisateurs, à vos agendas ; spectateurs, à vos marques. Spectacle à faire tourner, à recommander et à ne pas manquer ! Faites passer…

JAMAIT CHANTE TACHAN

L’occasion fait le larron, disais-je plus haut à propos de ce deux centième sujet. Pas de hasard en fait. Ou, si vous préférez, c’est du hasard qui fait bien les choses. Henri et moi, c’est plus qu’une vieille histoire, et à coup sûr une histoire d’amour et d’amitié. Quelle joie de le retrouver hier dans de telles circonstances ! Car dans la salle, si côté cour, le maître (exemplaire) des lieux (Alain Wicker, lui aussi un fondu de chanson et ami de Tachan) avait invité de non initiés pour leur faire découvrir, via Jamait, celui en lequel Brel voyait un lion rugissant et Frédéric Dard un pudique à la tendresse hargneuse pour « éveiller des échos fraternels dans les consciences neutres » ; côté jardin, il y avait des connaisseurs, éditeurs, auteurs, musiciens, journalistes… et chanteurs. Tous admirateurs de Tachan, toutes générations confondues, d’Agnès Bihl à Marcel Amont !

JAMAIT CHANTE TACHAN

Je ne vous en ai pas encore parlé ici, mais un double DVD intitulé Henri Tachan, 40 ans de chanson, réalisé par Christophe Régnier, sera officiellement présenté lors de la création parisienne d’Au revoir Tachan, à la rentrée. D’ores et déjà disponible par correspondance, il propose l’intégrale du dernier concert d’Henri Tachan à Besançon (22 titres) et un documentaire sur l’artiste, Le Prix de la révolte, présenté par le réalisateur comme « une enquête palpitante, tendre, drôle et pudique, avec de nombreux témoignages passionnants » : Marcel Amont, Guy Béart, Juliette Gréco, Yves Jamait, Gérard Jouannest, Antoine-Marie Millet (le pianiste de Tachan, présent lui aussi hier soir), Danielle Oddéra, Pierre Perret, Alain Souchon, Patrick Poivre d’Arvor, Jean-Claude Vannier… outre votre serviteur et, surtout, les regrettés José Artur, Cabu et Cavanna. Pas la peine de vous en dire plus ni de vous faire un dessin

Ça commence à ne plus faire aussi court qu’annoncé, alors juste pour relier ce sujet à la tonalité des deux précédents, découlant eux-mêmes du massacre de Charlie, ces propos de Tachan dans l’un des nombreux articles et dossiers qu’on lui consacra de son vivant de chanteur, si j’ose dire, dans Paroles et Musique et Chorus. En l’occurrence dans le n° 34 (novembre 1983) du « mensuel de la chanson vivante ». Nous parlions, Henri et moi, du désenchantement politique (déjà), de la désespérance et, néanmoins, de notre foi en l’Homme, quitte à ce que ce soit, comme il l’a écrit, dans nos « seuls moments de fièvre ».

JAMAIT CHANTE TACHAN

Et voilà comment il concluait cette rencontre à la veille de passer un mois à Bobino (le vrai !) : « Moi, j’ai de l’espoir quand j’écoute un disque de Souchon ou de Vannier, j’ai de l’espoir quand je vais voir Laurel et Hardy ou un film de Bergman ou de Fellini, j’ai de l’espoir quand je lis San-Antonio ou le dernier livre de Cavanna ; j’avais de l’espoir quand je lisais Charlie-Hebdo... Ce n’est pas un gouvernement de gauche ou de droite qui va me donner de l’espoir ! S’il y a eu des chanteurs de gauche qui escomptaient un changement, c’est qu’ils n’étaient pas libres. Moi, je suis un chanteur, point final. Un chanteur avec un “c” minuscule, je fais des petites chansons dans mon coin et en toute liberté. C’est tout. Je n’attends rien d’un régime, je n’attends que du public. Mon parti, c’est le public.

» La vie de tous les jours est désespérante, c’est vrai, mais elle devient “espérante” dans la mesure où il y a des gens comme Souchon ou Vannier qui la racontent, d’une façon désespérante car elle l’est, mais en mettant, comme le disait Brassens, “des petites fleurs à l’alphabet”. Seuls les artistes peuvent te toucher, te faire pleurer, te faire du bien avec des larmes. Des gens d’une terrible lucidité, mais qui rendent le désespoir “espérant”. Ce n’est pas un P.D.-G., un général, un politicien ou un curé qui pourront te donner ça, mais seulement un artiste, un peintre, un musicien, un chanteur, un poète, un écrivain, un sculpteur…

» L’art est la seule chose positive au monde. Et la seule capable de le sauver, c’est qu’il y ait de plus en plus d’artistes, professionnels ou non. C’est mon seul espoir. Vive Shakespeare, nom de dieu, vivent Mozart, Beethoven, Schubert et Rossini, et vive Reiser, vive Vannier, vive Lluis Llach ! C’est pareil, c’est le même combat. »

Et vive Jamait, ajouterai-je de concert avec Henri qui l’a en quelque sorte adoubé. Et on le comprend : au-delà de la qualité de l’interprète, se voir ainsi réincarné, rajeuni de son vivant, sans attendre d’être (éventuellement) passé à la postérité… et de n’être plus là pour le savoir, c’est fantastique et ça ne peut que vous réconcilier un peu avec le genre humain. Un Jamait comme on le connaît, mais aussi impressionnant (voire plus) au service d’un grand aîné que dans son propre répertoire (il m’a soufflé qu’il allait bientôt entrer en studio pour son prochain album à paraître a priori en novembre) : un digne héritier sous les feux de la rampe, dans cette lignée d’interprètes hors du commun, de Brel, de Tachan et autre Leprest (que j’eus la chance de connaître dès 1982 grâce à… mon ami Henri !). La démonstration que la chanson est une chaîne sans fin, d’une génération l’autre... et que tant qu’il y a des artistes pour s’en souvenir et rester solidaires, il y a de l’espoir. L’espoir de ne pas vieillir, à défaut de celui de ne pas mourir. CQFD.

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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 08:55

« Alors… Chante ! »… au Café du Canal

 

C’est l’histoire d’un impossible rêve devenu réalité… ou en passe de le devenir. J’avais conté ici la façon dont une certaine politique ennemie de la culture vivante avait mis fin au rêve du festival Alors… Chante ! de Montauban de fêter cette année sa trentième édition. Finalement, ça ne sera que partie remise, mais ailleurs, en d’autres terres plus aimables pour la chanson. À Castelsarrasin, sous-préfecture du Tarn-et-Garonne. À Castelsarrasin, où selon Pierre Perret y a du tabac, y a du raisin : « C’est pas du havane il s’en faut / Et le vin c’est pas du bordeaux / Mais les gens y sont accueillants / Et j’en connais de bien vaillants… » La preuve !

DU RÊVE À LA RÉALITÉ

Il faudra toutefois patienter un an, le week-end de l’Ascension 2016, pour que l’aventure reprenne son cours normal – si tant est qu’on puisse parler de normalité en l’occurrence –, mais d’ores et déjà, le samedi 12 septembre prochain, c’est le trentième anniversaire du festival… de Montauban qu’on célébrera… à Castelsarrasin, à vingt-deux kilomètres seulement de distance. Nous avions eu vent, il y a pas mal de temps déjà, de ce déménagement possible. Espoir… Et puis, l’affaire avait capoté. Dissensions internes... Passons. Il a fallu réorganiser l’association Chants Libres, maître d’œuvre de la manifestation de 1986 à 2014, et attendre simultanément l’invitation officielle des élus de Castelsarrasin. C’est désormais chose faite : Alors… Chante ! s’installera bientôt à demeure dans la ville natale de l’ami (Pierrot) public n° 1, celle de la jolie Rosette aussi, du Café du Canal…

En attendant donc la trentième édition, si tout va bien d’ici là, le rendez-vous de septembre se prépare activement : une grande soirée en plein air à laquelle devraient participer la plupart des artistes qui ont marqué l’histoire du festival (comme ceux de la vidéo ci-dessus). Un événement dans tous les sens du terme. Nul doute que Léo Ferré, Georges Moustaki, Claude Nougaro, Serge Reggiani et autres Allain Leprest ou Maurice Fanon (dont la chanson Mon fils, chante ! inspira le nom du festival), se seraient réjouis à l’idée d’être de la fête. Marquez donc cette date d’une croix blanche dans vos agendas : elle vaudra le déplacement.

Du rêve à la réalité… il n’y a parfois qu’un pas, contrairement à ce que pensent tant et tant de politiciens formatés (et déshumanisés) par l’Ena (…« Et quand ils seront grands, chante Gilbert Laffaille en langage éléphant, ils iront à l’Ena, ils seront présidents ») et sa pensée unique. J’aime à citer Paco Ibañez qui, un jour qu’on parlait de cela, de « l’impossible rêve », de la quête de Don Quichotte et de la triste évolution du monde, répondit tout de go à son interlocuteur d’hidalgo : « L’utopie, c’est tout ce qu’il nous reste à réaliser. » De fait, « les gens assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde – au premier rang desquels les artistes, les poètes, les musiciens, les écrivains, les peintres… – sont ceux qui le changent ! »

DU RÊVE À LA RÉALITÉ

Cela sous-tend bien sûr la présence de l’humain au centre du motif, l’obligation en politique de se mettre au service de la collectivité et non de ses seules ambitions individuelles, comme on a pu le constater à Montauban. « Ceux qui voudront traiter séparément la politique et la morale n’entendront jamais rien à aucune des deux », disait Rousseau. Et dans L’Espoir, Malraux renchérissait à sa façon : « On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n’en fait pas davantage sans. »

Rien de nouveau sous le soleil ? Ben non… C’est simplement qu’avec le temps, les progrès de la science, la fin des mythes religieux (qu’on croyait…), on pouvait espérer une amélioration, oh légère, très légère, de la mentalité humaine avec sa traduction dans la vie de la cité. Mais non, rien de rien, et du coup, comme le notait déjà Albert Camus à propos de « la société politique contemporaine », celle-ci reste en 2015 « une machine à désespérer les hommes. »

D’autres pensées de ce type ? Tenez, ce constat de Montherlant qui ne se berçait pas d’illusions et se payait encore moins de mots : « La politique est l’art de se servir des gens », ajoutant, avec la sombre lucidité qui le caractérisait : « Je préfère en être victime que complice. » Et un dernier pour la route, à méditer quand on voit « la société politique contemporaine », tous pays confondus, pencher de plus en plus vers la démagogie… et ses dangers extrêmes. « Je regarde la nécessité politique d’exploiter tout ce qui est dans l’homme de plus bas, dans l’ordre psychique, comme le plus grand danger de l’heure actuelle. » Signé Paul Valéry, du haut de son cimetière marin.

DU RÊVE À LA RÉALITÉ

C’est sans doute ce que l’on appelle la Realpolitik, appliquée partout, dans le seul intérêt national (chacun le sien et au diable les autres !), la mise en œuvre d’un seul et même réalisme matériel faisant fi de l’éthique et de la morale évoquées ci-dessus. L’aboutissement d’une leçon qui n’était finalement que de la realpolitik avant l’heure, développée par un certain Machiavel (1469-1527) dans Le Prince. Un « grand œuvre » auquel on sera toujours nombreux à préférer, quitte à se faire taxer de naïveté et d’utopie, ceux de Saint-Exupéry et Cervantès.

Mais revenons… à nos moutons. De Castelsarrasin. Si, là, le Petit Prince semble prendre le meilleur sur son aîné machiavélique, avec la fête du trentième anniversaire, rien n’est encore acquis pour la suite. D’autant plus que les membres du bureau de Chants Libres (photo ci-dessous), avec sa nouvelle présidente Dominique Janin et l’ancien directeur historique du festival (et cofondateur de l’association) Jo Masure, ont décidé de ne pas déposer le bilan pour tenter de rembourser les dettes et ne léser personne avant de s’atteler à la trentième édition. Ce qui est tout à leur honneur.

DU RÊVE À LA RÉALITÉ

Un appel à dons (déductible des impôts) vient d’être lancé… Si ça vous chante d’en être, il suffit de suivre ce lien vers le site du festival où tout est expliqué. Quant à la soirée anniversaire, voici la page Facebook qui l’annonce officiellement. Une fois les finances renflouées ou en passe de l’être, Alors… Chante ! (100% francophone, respectueux de la charte de la Fédération des festivals francophones dont il est à l’origine) pourra vraiment faire sienne la chanson de l’ami Pierrot : « Je suis de Castelsarrasin »…

Y a quelque chose qui cloche là-dedans…

Avant de conclure ce cent quatre-vingt-dix-neuvième sujet de « Si ça vous chante » (!), permettez-moi un petit aparté suite aux commentaires qu’a aussitôt suscité mon article précédent. Tous fort aimables (merci)… mais dans une seule et même tonalité qui, je dois l’avouer, m’a fort surpris. Comme s’il fallait à tout prix me remonter le moral, comme si j’étais au fond du fond, prêt à « lâcher »… Après la surprise, ma première réaction a été de me dire : « Ils ont lu trop vite ! » Je croyais dresser un simple constat général (certes assez désespérant), et il a été pris – vous l’avez pris – pour l’expression, avant tout, d’un coup de blues individuel. Alors, l’ami Boris et son copain Serge m’ont susurré à l’oreille : « Y a quelque chose qui cloche là-dedans », et moi d’acquiescer : « J’y retourne immédiatement ! »

Y aurait-il eu « plantage » ? Pas possible en effet que tout le monde ait saisi mes propos (un peu) de travers. Je dénonçais la grève du rêve généralisé, avec les résultats que l’on sait, mais en aucun cas la mienne ! Maldonne. Je l’ai dit (en réponse à un commentaire) et je le répète ici : le jour où je ferai moi aussi la grève du rêve, c’est que je mangerai les pissenlits par la racine… Et même, alors, qui sait, je continuerai peut-être de rêver encore…

DU RÊVE À LA RÉALITÉ

Bref, je me suis relu et puis j’ai relu mes classiques et notamment ce Chant de Boileau que je n’avais plus « écouté » (en détail) depuis le secondaire… et j’ai compris. Que ce soit sur un air de tango, de valse ou de java (…des bombes atomiques), ce sont des choses qui arrivent : parfois les paroles ne sont pas à la hauteur de la musique. Alors, ce « repentir », comme disent les peintres : texte écrit trop vite sans doute, dans mon empressement à vous redonner des nouvelles après trois mois de silence et plein de petits mots doux, inquiets, reçus dans l’intervalle. Colère et confusion, aussi, suite au massacre des amis de Charlie… dont on n’arrive pas à se remettre.

 

DU RÊVE À LA RÉALITÉ

Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d’une folle vitesse :
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d’esprit que peu de jugement.

J’aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu’un torrent débordé qui, d’un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.

Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Dont acte. La prochaine fois je ne me piquerai point d’une folle vitesse et, sans perdre courage – tout comme l’équipe d’Alors… Chante ! – je remettrai vingt fois mon métier sur l’ouvrage... Boileau ? Ça m’va ! Vauvenargues ne voyait-il pas en lui quelqu’un « chez qui la raison n’était pas distincte du sentiment » ? De la politique et de la morale évoquées plus haut. Quand les deux font chorus, tout devient possible, y compris l’impossible rêve. Y compris la renaissance d’un festival qui semblait blessé à mort.

ConcertPS. C’est un essai : nous venons de changer la bannière de mon blog avec une photo prise sur une île lointaine du Pacifique visitée par Stevenson, Melville, Gauguin puis, trois quarts de siècle plus tard, par Jacques Brel… sur les traces duquel j’étais alors parti. Le but n’est pas de faire dépliant touristique mais d’inviter au voyage poétique, au rêve d’un monde meilleur, là où tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté, là où l’on aime à loisir… Qu’en pensez-vous ?

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