Rencontres Marc-Robine, dixième...
Il y a les festivals qui jouent correctement leur rôle de diffusion d’une chanson intergénérationnelle et de promotion des talents émergents, et puis il y a les festivals qui surfent seulement sur la vague de l’air du temps et du succès éphémère (mais aussitôt rentable) ; il y a les festivals grand public à œillères qui occultent presque totalement la chanson de proximité, comme dirait Michel Trihoreau, celle qui pourtant constitue l’essentiel de notre création, et puis il y a les festivals sourds et aveugles à tout ce qui ne ressort pas d’un genre donné dans lequel ils s’enferment et se sclérosent. Et puis, il y a les festivals qui ouvrent des portes, dans la fraternité artistique et le partage convivial. Parmi ceux-ci – comment aurait-il pu en être autrement sans usurper leur appellation ? –, les « Rencontres Marc-Robine » qui célébraient déjà pour la dixième fois, du 16 au 19 juillet, la mémoire de notre ami…
Blanzat (département du Puy-de-Dôme, région Auvergne), 3400 habitants seulement… mais une commune mue d’une belle volonté politique qui lui a permis de se doter d’infrastructures culturelles que nombre de villes moyennes lui envieraient : un complexe ouvert aux spectacles, expositions et conférences, la salle Muscade, et un grand bâtiment avec étage, la médiathèque (d’agglomération) Aimé-Césaire, qui, ouverte en 2013, s’associait pour la première fois aux Rencontres Marc-Robine, organisées par l’association « On connaît la chanson ». J’ai d’ailleurs eu le plaisir d’être le tout premier à inaugurer cette collaboration avec ma conférence sur la fabuleuse histoire du Grand Jacques aux Marquises. Et – le croirez-vous ? – la salle était comble, il a fallu rajouter au dernier moment plusieurs rangées de chaises…
L’Auvergne et la chanson, c’est toute une histoire que nous vous avons régulièrement contée dans la revue Chorus au long des années 90 et 2000. Blanzat, donc, avec son association et ses actions permanentes de diffusion, de promotion et d’accompagnement de la chanson dans les différents départements de la région (notamment, depuis 2004, avec ses « Rencontres Marc-Robine », nées à St-Bonnet-près-Riom). Et puis Cébazat, tout à côté, avec le Sémaphore, une grande salle conventionnée, sa saison culturelle et son festival « Sémaphore en chanson » (la prochaine édition, quatorzième du nom, s’y déroulera du 7 au 14 novembre). Enfin, à Clermont-Ferrand, les « Rencontres de la chanson française » dues au tenace et passionné Claude Mercier qui ont permis, durant un bon quart de siècle, de mettre en évidence l’essentiel de la relève française voire francophone. Sans oublier, à Cournon d’Auvergne, la Baie des singes, le « petit haut lieu » de l’humoriste Chraz dédié aux one-man-shows et à la chanson. Bref, terreau particulièrement fertile (voire volcanique) pour la chanson vivante que cette vallée de la Limagne, surplombée par la chaîne des puys, avec le Puy-de-Dôme en point d’orgue.
Les Rencontres Marc-Robine ? Elles sont nées de l’admiration que lui professait Alain Vannaire, l’âme et la cheville ouvrière d’« On connaît la chanson », et des liens qui s’étaient tissés entre lui et Marc lors de venues de celui-ci dans son festival. Pour leur dixième édition, ma présence avait été requise pour parler de celui qui nous accompagna vingt-trois ans durant, dans l’amitié et le travail étroitement mêlés. Une première pour moi, que de retracer ainsi, en public, pendant près de deux heures (avec ma chère et tendre aux manettes, pour illustrer le tout en son et lumière sur grand écran), la vie et l’œuvre de celui qui se définissait comme « un colporteur de chansons ». Moment d’émotion intense, forcément, et de partage (visiblement) nécessaire. « …Et nous savons tous, à ce moment précis – écrit Claude Fèvre sur le site « NosEnchanteurs » qui a couvert la manifestation – que nous vivons à l’écouter un moment rare. »
C’était en début d’après-midi dans la grande salle d’expositions de La Muscade, où Radio Arverne ouvrait ensuite ses micros aux Rencontres, chaque jour de 17h à 19h, en particulier aux artistes à l’affiche ou seulement de passage qui venaient en outre chanter une chanson ou deux en public ; comme Rémo Gary, qu’on écoute toujours avec bonheur, ou Coline Malice, la régionale de l’étape. Le lendemain, même heure, même chaleur (au propre et au figuré) mais à la Médiathèque cette fois, c’est de Brel l’aventurier magnifique que j’allais parler. Comme un « bonus » à la plus belle et sensible biographie qui lui ait été consacrée… par Marc Robine. Tout se tient, tout s’enchaîne comme je l’ai montré lors de cette causerie (une synthèse, en fait, de ma conférence)… et tout continue, car Jacques Brel reste vivant auprès de ses amis des Marquises (qui sont désormais les miens).
C’est à la Muscade que tout le monde se donne rendez-vous dans la matinée. C’est au restau du festival (la cantine de l’école maternelle) que festivaliers, artistes et organisateurs se retrouvent pour papoter en liberté. C’est aux conférences qu’on accourt (le lendemain de mon départ, hélas obligé, Jacques Bertin présentait la sienne sur Félix Leclerc dont on célèbrera le 2 août le centenaire de la naissance). C’est à la salle d’expos qu’on assiste ou participe aux deux heures quotidiennes de radio en direct, coanimées par Alain Vannaire, qu’on découvre une belle exposition (de Serge Féchet et Jacqueline Girodet) sur « les paysages de Jacques Bertin », une autre sur les dix ans des Rencontres (photos d’André Hébrard) ou qu’on fouille dans les bacs de disques vinyles et CD, de livres et de revues aussi, à la recherche de petits bonheurs (tirés de la collection de Jean-Yves Coissard : troc à volonté !).
C’est ici aussi qu’on se rencontre, qu’on se retrouve, qu’on se reconnaît. Entre « usagers » d’Internet et familiers de « Si ça vous chante » (ou de « La maison de la chanson vivante ») comme les passionnées Martine F. ou Danièle S. Entre anciens « toujours orphelins » de Paroles et Musique et/ou de Chorus, comme Gérard S. (qui organisa le dernier concert de Francis Lemarque) ou Serge J., président d’une association de chanson située en Lorraine. Plein d’autres comme Arturo González Martín, ami des poètes de la chanson et poète lui-même, venu spécialement de la région de Madrid (et auteur d’un superbe pregón* sur la manifestation, ci-dessous en post-scriptum pour l’introduction et en castillan dans le texte pour la partie qui me concerne… que je ne résiste pas au plaisir de reprendre, sans aller jusqu’à oser la traduire), ou Christian Landrain, venu lui d’Ivry, du Picardie plus précisément dont les murs restent imprégnés du souvenir d’Allain Leprest… dont les Rencontres Marc-Robine accueillirent l’ultime récital, un soir d’été 2011.
À Blanzat, où tout se fait à pied, on est du matin au soir comme immergés dans un bain, de chansons bien sûr mais aussi et surtout de fraternité et d’ouverture. Et resurgissent spontanément en moi les vers de Jean Vasca : « Un jour la vie sera comme une main ouverte… », « Fraternité à la fenêtre… », « J’ouvre des portes… », « Amis soyez toujours… » Ici, on incarne la chanson telle qu’on l’aime, c’est-à-dire attisant la curiosité et le dialogue, jouant le rôle de trait d’union, rassemblant les énergies éparpillées, tissant du lien social et jetant des passerelles entre les êtres et les situations.
Pour ce qui est de lancer des ponts, le Grenoblois Laurent Berger est un orfèvre en la matière. Aussi imposant à la scène par le physique que réservé à la ville, ce grand gaillard tricote l’écriture et la musique de ses chansons (accompagné par la délicate et virtuose Nathalie Fortin au piano) comme un artisan amoureux de son métier. En provenance directe du pont (et du festival !) d’Avignon, Laurent Berger allait d’emblée nous entraîner sous d’autres ponts, ceux de Paris d’où l’on finit par s’élancer, sans un rond mais pour de bon, « dans son dernier voyage / de ce bateau sans voiles / vers son ultime étoile » :
Car si j’ai de la veine
Si les vents me comprennent
Je veux que mon radeau
Ma galère, mon berceau
Tout chargé de mes doutes
Sache trouver sa route
Où l’amour vaut encore
Un peu plus cher que l’or…
Et qu’il s’immobilise
Enfin aux Marquises. »
Me revient alors en mémoire ce que Marc Robine, justement, écrivait à son sujet (dans le n° 37 de Chorus) en 2001 : « Écriture remarquable, accompagnement musical limpide et intelligent, jeu de guitare assuré et voix d’une subtile sensualité métallique. Prenons date : funambule sur le fil incertain qui va de Brel à Leprest en passant par Dimey, ce type ira loin. Ou alors les amateurs de chanson n’ont plus que des curiosités frileuses… » Pas un mot à changer treize ans plus tard ! Sauf bien sûr à s’inquiéter sur ce qui pousse le grand public et surtout les grands médias (faute d’une véritable mission de service public) à ignorer systématiquement de tels artistes.
Plein chant dans l’esprit et la forme (superbe voix, profonde et chaude), chanson de haute tenue et cependant à hauteur d’homme (un alliage d’autant plus beau qu’il est rare). Famille Brel, Leprest, Dimey, c’est sûr, Vasca, Bertin et Bruno Ruiz aussi, mais sans ostentation. Tout juste une référence soudaine, un clin d’œil pour initiés. Ainsi, le Grand Jacques qui avait « mal aux autres » et professait toujours la nécessité d’« aller voir », aurait-il été heureux de constater que les graines d’avenir et d’altruisme qu’il avait semées ne l’ont pas été en vain : « Aller voir / Juste en bas de chez soi / Il suffit d’une fois / Pour que son regard change / Aller voir / Sur le trottoir d’en face / Là où la vie se passe / Et se fait plus étrange… »
C’est dans un véritable écrin qu’on se presse au concert – deux récitals par soir ; une salle en gradins de 200 places, à l’acoustique parfaite. Ici, la tradition l’oblige, un projecteur braqué dans le noir sur un portrait dessiné de Marc Robine au-dessus de la scène (avec, en légende, cette citation de La Peur et la Fatigue, tirée de son album L’Errance : « On m’avait prévenu qu’il y aurait toujours un morceau de chemin que je ne ferais pas »), on commence chaque soirée par une de ses chansons enregistrées. Les Terre-Neuvas, Les Aventuriers…
Marc Robine – La peur et la Fatigue
À l’entracte et à la fin, on se retrouve pour échanger. Les avis, même concordants, ne sont jamais définitifs ; même dans la discordance, ils restent ouverts à la discussion. Comme avec le Québécois Moran, qui développe un univers intime sur fond de batterie et de riffs de guitares. Comme avec le groupe Musiques à ouïr dans un spectacle concept autour du répertoire de… Brigitte Fontaine : des chansons déjantées, un groupe qui ne craint pas d’aller encore plus loin, cela peut surprendre. Pour ma part, j’ai adoré ! Mené par le « percuteur »-arrangeur Denis Charolles, Musiques à ouïr (ex-Étrangers familiers qui revisitèrent naguère, avec Éric Lareine, les chansons de Brassens) c’est aujourd’hui un collectif de cinq musiciens multi-instrumentistes de haut vol (harpe, cuivres, batterie, claviers et cordes), dont trois au chant en complément de ou en alternance avec Oriane Lacaille (la fille de René, oui) et… Loïc Lantoine.
Cela commence de façon très classique avec Cet enfant que je t’avais fait (Higelin-Fontaine), sur les notes cristallines de la harpiste, et puis ça dérape dans la provocation et l’humour absurde. Quelle jubilation ! Pensez : Conne, Le Nougat, Brigitte, La Symphonie pastorale, La Viande, Kékéland… avec un sommet himalayesque au centre du motif : un dialogue joué-chanté entre Areski et Fontaine, autrement dit Aurélie (la harpiste) et Loïc (car lui fait la fille et elle le garçon…). L’Incendie ! Un morceau d’anthologie, entre impassibilité (la description quasi-scientifique de la catastrophe en cours) et inquiétude (avec un Loïc Lantoine grandiose, masquant ses craintes au départ, l’air détaché, pour finir totalement frénétique) devant le désastre grandissant jusqu’à la chute finale de l’immeuble en flammes, après une explosion de gaz. Dix bonnes minutes de fou rire irrésistible, la salle écroulée, hurlant et pleurant de rire, n’en pouvant plus devant les mimiques et la gestuelle de Lantoine, dansant sur lui-même comme un Leprest mâtiné du meilleur Bourvil. Cocktail détonant ! Colossal. Grand moment.
Pour Loïc Lantoine, ce spectacle n’est pourtant qu’« une parenthèse, en forme de récréation ». Alors ne le manquez pas s’il vient à passer près de chez vous et que « la » Fontaine revue et corrigée vous incite à l’ouïr plutôt qu’à la fuir. Mais souvenez-vous, de toute façon, que Loïc Lantoine, le spécialiste de « la chanson non chantée » (voir « Alors... chante ! 2 » vers la fin du sujet), est l’un de nos meilleurs auteurs francophones. Et quelle présence ! Quel charisme ! Quand Lantoine paraît, le public, aux anges, est captivé.
Un mot encore, car je n’étais pas parti pour un compte rendu, d’autant plus que j’ai manqué les prestations notamment de Kent, de Michel Bühler et de Jacques Bertin (avec ses propres chansons mais aussi dans une création autour du répertoire de Jacques Douai, disparu il y a dix ans), pour évoquer un des talents les plus prometteurs (et déjà bien connus) de la relève, j’ai nommé Frédéric Bobin.
À la guitare, avec l’excellent Mikaël Cointepas à la contrebasse, il nous enveloppe de chansons tendres sans faire l’impasse, à travers des cas d’espèce, sur les préoccupations sociales et la dérive sociétale. Les textes sont écrits en symbiose avec son frère aîné, ses musiques font la part belle aux mélodies, la voix est chaleureuse et l’homme aussi attachant à la ville qu’à la scène. Que demander de plus ? Une distinction ? C’est fait : l’an dernier il a été lauréat du premier Prix Marc-Robine. Sûr que celui-ci aurait été particulièrement fier de voir son nom associé aux chansons de Frédéric Bobin. Reste maintenant à espérer que l’artiste saura creuser son sillon jusqu’à toucher l’ensemble du public qu’il mérite.
Amis soyez toujours, chante Jean Vasca. À Blanzat, même sans se connaître forcément, on se sent déjà amis, en tout cas de totale connivence. D’ailleurs, on y rencontre ou retrouve aussi des artistes venus pour le plaisir : Dominique Cista (album Portes éphémères), Marc Gicquel (album Reggianissimo), Coline Malice (nouvel album Les Nouveaux Riches), Gérard Mayen (double album Encore Intime-idée), Jean-Michel Piton (album Le cœur se sert de tout…). D’autres sans doute que je n’ai pas reconnus ou qui ne se sont pas présentés à moi.
Et puis Rémo Gary bien sûr, venu à Blanzat cette fois pour diriger avec Frédéric Bobin la chorale des spectateurs (« Chanter sur un volcan »), et qui s’interroge de plus en plus – au point de douter du pouvoir de la chanson – non seulement sur l’adéquation, parfois déficiente on le sait, entre l’homme et l’œuvre, mais surtout sur l’osmose ressentie par un certain public avec certaines idées chantées… sans entraîner pour autant quelque retombée positive que ce soit sur la marche du monde. Il en a d’ailleurs fait une chanson, paroles et musique, sur son nouvel album, Idées reçues…
Une chanson – interprétée en direct à Radio Arverne, seul à la guitare – qui résume cette question de la plus simple et belle des façons : en énumérant, en guise de couplets, les membres d’un panthéon à faire figurer au fronton de toutes les écoles (républicaines) de France (et d’ailleurs, car on y retrouve aussi bien Machado que Van Gogh, Neruda que George Orwell, etc.), avec ce refrain aussi sobre qu’éloquent : « On devrait être / Ce que ceux-là / Voulaient pour nous / On devrait être / Ce que ceux-là / Voulaient pour nous. » Paroles et musique : Rémo Gary. À la guitare Frédéric Bobin, à la contrebasse Mikaël Cointepas, au piano Joël Clément. Et aux chœurs, je l’espère : tous les fidèles de Paroles et Musique puis de Chorus – déraciné sans préavis comme de la mauvaise herbe il y a cinq ans, jour pour jour, au moment où j’écris ces lignes –, et désormais de « Si ça vous chante ».
Amis soyez toujours ces veilleuses qui tremblent
Cette fièvre dans l'air comme une onde passant
Laissez fumer longtemps la cendre des paroles
Ne verrouillez jamais la vie à double tour…
* « PREGÓN PARA 10 AÑOS DE MÚSICA SOBRE UN VOLCÁN LLAMADO MARC ROBINE »
(Qu’est-ce qu’un pregón ? Pensez à un marché où l’on vend de tout, du neuf et du vieux, et où les vendeurs présentent leur marchandise à tue-tête… Le pregón est devenu aussi un genre littéraire qui se pratique lors des fêtes populaires et qui a été repris par des poètes comme Rafael Alberti, Gloria Fuertes, etc.)
« Manifeste pour 10 ans de musique sur un volcan nommé Marc Robine »
(par Arturo González Martín)
« Entrez, messieurs, mesdames, entrez ! Entrez, vous tous, chers mammifères, dans ce haut lieu de rencontre autour de Marc Robine, notre père à tous pendant bien des années, et passé au rang de fils de “On connaît la chanson”. Entrez, entrez dans ce marché cordial où l’on vend les meilleurs produits du monde, et où l’on vous en offre d’autres venus de planètes à venir…
Je vous vends les quatre vents,
L’air de la liberté,
Le cyclone de l’imagination,
Les zéphyrs de la joie,
Les alizés de l’espérance et de la paix.
Entrez, et achetez mes grimpeurs bénévoles qui escaladent pas à pas les sommets de la vérité blessée par la foudre de toutes les guerres…
« VENDO Hidalgos, con sus profundas y precisas historias sobre Jacques Brel y sobre los cantos y cantantes de casi todo el mundo, en alas de libros, revistas y encuentros horizontales… VENDO palabras vestidas de fiesta y pasión… VENDO Hidalgos con lujos de Altamira, escuchador de músicas nacidas en mil y un puertos de Francia, novelas con guitarra… ¡Canta, Hidalgo, canta! ¿ Dónde canta Hidalgo? ¿Cuándo canta? Su voz ilumina las costas de la Africa oscura, de la América más ignota como navío perdido… o excita, incita y forma círculos con el arco íris de voces de Brel, Brassens, Ferré o Marc Robine… y la suya, mascarón de proa hacia lo cierto… una voz navegante, serena, que absorbe el viento de los cuatro que viven… y en Francia se remansa sobre papel y lechos digitales. »