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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 12:53

Ohé de la mappemonde,
y a-t-il encore du monde ?
 

« Ne te courbe que pour aimer. »
(René Char)
« Il faut toujours connaître les limites du possible. Pas pour s’arrêter,
mais pour tenter l'impossible dans les meilleures conditions. »
(Romain Gary)
« Vivre debout, c’est la dignité. C’est essayer de vivre dignement.
C’est effroyablement difficile et très fatigant,
parce que le monde n’est pas structuré pour défendre la dignité… »
(Jacques Brel)

  

Il y a vingt ans, jour pour jour, naissait Chorus. Une revue qui avait l’ambition d’être à la hauteur du meilleur de la chanson vivante, de son histoire, de son actualité et de son devenir. Dans la forme, avec 196 pages en cahiers cousus et collés à un dos carré, à l’ancienne, pour que jamais ses feuilles ne puissent se détacher. Dans le fond, en s’intéressant aux créations les plus belles ou prometteuses, quels qu’en soient le genre et l’origine ; en faisant se côtoyer les générations, comme dans la vie en vrai ; en jouant à saute-frontières, comme tout citoyen du monde qui se respecte ; bref, en privilégiant la diversité dans la qualité. Mais aussi en choisissant de mettre d’abord en valeur ce qui nous touche de près et mérite d’être préservé, sous peine de voir la richesse culturelle de l’humanité se réduire (puis disparaître ?) comme une peau de chagrin. À l’instar de Claude Nougaro, j’ai toujours été persuadé que la vraie patrie de chacun d’entre nous, c’est sa langue. « Et ma langue, disait le motsicien cathare, c’est la française / Quand on dit qu’elle manque de batterie / C’est des mensonges, des foutaises / Ceux qui veulent lui casser les reins / Je leur braque mes alexandrins ! »

 

Chorus_N1.jpg

 

Que ne ferait-on pas quand on aime ? Quand l’envie d’avoir envie reste un carburant vital. Surtout qu’on a toujours vingt ans quand on aime, avec des réserves de printemps… Dans l’édito du numéro d’automne 2008 de Chorus (toujours aussi qualitativement éclectique : dossier Brel, Souchon en studio, Fersen et Ruiz en duo… et puis Maya Barsony, Michèle Bernard, Christophe, Rémo Gary, Jamait, Mademoiselle K, Abd Al Malik, Rassegna, Claude Semal, Davy Sicard, Carmen Maria Vega, etc.), qui marquait l’entrée de la revue dans sa dix-septième année d’existence, je me projetais à son vingtième anniversaire pour poser la question suivante : « Y aura-t-il encore de la place, dans ce monde de dérive financière où l’homme devient accessoire, pour l’éclectisme, cette diversité indispensable, que nous illustrons à longueur de numéro(s) ? Sur le terrain artisanal sans doute, dans la chanson de proximité, mais au plan international, “industriel” ? Le disque et la scène vivent un tel chambardement qu’on peut craindre à terme d’arriver “à un seul disque pour la planète”, comme le dit dans ce numéro l’une des voix les plus autorisées de la profession. Et devinez en quelle langue, alors, sera ce disque-là… “Voilà que l’on se couche”, disait Brel, “Pour être jusqu’au bout / Notre propre défaite / Serait-il impossible de vivre debout ?

« Déjà, les signes avant-coureurs de “notre propre défaite”, sont légion. Sans parler de la probable hégémonie mondiale, dans un avenir relativement proche, d’une seule compagnie phonographique, nos artistes anticipent le mouvement en choisissant l’anglais pour chanter ! […] Ne comprennent-ils pas qu’en se “couchant” ainsi, ils travaillent à leur propre perte ? Cet été à Québec [pour les 400 ans de la fondation de la ville par Samuel de Champlain], j’ai eu l’occasion de converser avec quelques-uns des trois cents parlementaires francophones venus préparer le douzième sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie. Tous se sont déclaré fort pessimistes quant à l’avenir du français, en perte de vitesse constante. Alors, quand on sait l’importance de la chanson dans l’apprentissage et la circulation d’une langue, si “nos” chanteurs se font complices de sa désaffection… »

Pourtant, notais-je, « défendre la langue de Molière, de Brassens, de Brel et de Félix Leclerc contre quelque impérialisme linguistique que ce soit, c’est participer à la sauvegarde des cultures du monde, comme une condition sine qua non de leur propre survie. Biologiquement, écologiquement comme linguistiquement, sans diversité (et donc sans métissage possible), il n’est pas, il n’est plus, de lendemains qui chantent. » On sait ce qu’il en est aujourd’hui, où l’anglais devient (est devenu en 2012 !) la langue privilégiée des « Découvertes » francophones dans les festivals de l’Hexagone les plus médiatisés ! En français dans le texte, cela s’appelle collusion marchande de la scène et du disque ; collusion puis contagion dans nos villes et nos campagnes…

 

  

L’affaire, hélas, n’est pas nouvelle, « C’est une vieille maladie poisseuse / Un sacré manque d’amour qui creuse / Dans nos villes dans nos campagnes / Ça gagne... » Des mots, des constats, des craintes déjà formulés par nous aux prémices des années 90 : « Comment un pays tel que la France (et au-delà d’elle les pays de l’Espace francophone) peut-il accepter de voir sa chanson (l’expression la plus authentique de son identité) vampirisée à ce point par de vulgaires produits marchands, couleur de bannière étoilée, portés par une grossière (mais efficace) stratégie commerciale, dont la médiocrité générale [“et ce ne sont pas les meilleurs artistes américains qui me contrediront – ajoutais-en note –, qui connaissent les pires difficultés à faire émerger du lot leurs petites merveilles”] se voit occultée par le simple fait que la majorité de leurs vassaux… n’en comprennent pas les textes ! Un comble. Comment un ensemble de pays comme l’Europe, sans même parler du reste du monde, peut-il laisser filer ainsi des pans entiers de son patrimoine culturel (et surtout de sa création contemporaine) au profit de platitudes avérées, qui abaissent chaque fois davantage le niveau collectif, alors que cette période de gestation d’un millénaire nouveau devrait plutôt nous inciter à élever le débat… ? »

Ces lignes sont tirées de mon édito du tout premier numéro de Chorus, sous-titré « Les Cahiers de la chanson », revue dont la parution trimestrielle allait suivre exactement le rythme des saisons ; à commencer par ce 22 septembre d’il y a vingt ans, premier jour de l’automne 1992.

   

  

Trois mois et des broutilles plus tôt, nous étions tous et toutes réunis dans un petit village aux confins de l’Île-de-France, de la Beauce et de la Normandie, pour en arrêter le sommaire. Ce fut l’occasion, comme pour les soixante-huit réunions de rédaction suivantes, de passer un week-end ensemble à la campagne dans cette maison qui servirait dès lors de locaux professionnels (rédaction, technique, administration, documentation et archives). Le routage aussi s’effectuerait sur place, le stock d’exemplaires réservé aux abonnés (plusieurs tonnes…) transitant, dix jours avant la sortie en kiosques, par la poste de Brézolles : un simple chef-lieu de canton d’Eure-et-Loir, qu’un animateur de Radio-Canada, me recevant seize ans plus tard au grand Journal de 8 heures (à l’occasion de notre dossier Québec spécial 400 ans), qualifia d’« adresse mythique de la chanson francophone »... Il faut dire que depuis juin 1980, c’est cette même adresse qui figurait sur chaque numéro de Paroles et Musique, sous-titré « le mensuel de la chanson vivante », dont Chorus serait la suite logique, comme un papillon succède à une chrysalide.

« Tous et toutes », réunis autour des « Fondateurs » du titre (vos serviteurs Fred et Mauricette Hidalgo), c’était d’abord l’équipe première de Paroles et Musique, dans sa quasi-totalité : Pascale Bigot, Marc Legras, Rémy Le Tallec, Marc Robine, Michel Trihoreau, Francis Vernhet (photos) et Albert Weber ; rejoints par la suite par Jacques Vassal, ex-P&M dès ses débuts. C’étaient aussi d’anciens collaborateurs occasionnels du mensuel – François-Régis Barbry, Jean-Jacques Jelot-Blanc, Daniel Pantchenko, Philippe Quinton (dessins) – et puis les « petits nouveaux » : Noël Balen, Michel Bridenne (dessins), Jean-Claude Demari, Serge Dillaz, Annie Morillon et Jean Théfaine. Ainsi que François Blain, Francis Chenot et Jean-Marc Sandoz, correspondants de la revue pour le Québec, la Belgique et la Suisse, la vocation francophone de la revue étant affirmée d’emblée dans son « cahier des charges » public… et par son « comité éditorial », composé de personnalités « parmi les plus représentatives du monde de la chanson francophone – ou, plus précisément, des paroles et musiques de l’espace francophone. »

 

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Il y avait là, qui avaient donc accordé leur confiance totale au projet de Chorus, destiné à transformer l’essai de Paroles et Musique (dix ans quand même et des ventes multipliées par quinze entre le n° 1 et le n° 60, jusqu’à atteindre 130 000 exemplaires fin 1987) : « Jean-Michel Boris, qui préside aux destinées de l’Olympia (sans doute la salle de spectacles la plus fameuse au monde) depuis la disparition de Bruno Coquatrix ; Marcel Dallaire, le responsable de l’aîné des festivals francophones, celui de Québec ; Jacques Favart, le président national de l’Association des délégués départementaux à la musique, directeur fondateur de “Chorus des Hauts-de-Seine” ; Jean-Louis Foulquier, qu’on ne présente plus, dont les Francofolies s’exportent à présent jusqu’à l’extérieur des frontières francophones ; Christian Mousset, patron de “Musiques Métisses” d’Angoulême, un pionnier entre tous s’agissant de la découverte des meilleurs artistes de la francophonie ensoleillée (Antilles, Afrique, océan Indien…) ; Patrick Printz, qui représente à la fois les artistes de la “Communauté française de Belgique” et le Conseil francophone de la chanson ; Daniel Rossellat, enfin, le créateur du “Paléo Festival” de Nyon, le plus important de Suisse romande. »

Mais revenons à notre première réunion de rédaction. La formule éditoriale, la forme et le fond de la revue ayant été soigneusement déterminés au cours des mois précédents, restait « seulement » à remplir les cases des neuf parties et de la vingtaine de rubriques d’un numéro type de… 196 pages. Une paille ! Ce fut pourtant fait au terme de vingt-quatre heures de travail et une nuit, déjà, à faire la fête (la tradition sera maintenue à chaque réunion estivale de juin, avec la participation amicale de nombreux artistes, parmi lesquels un « pensionnaire attitré » du nom d’Allain Leprest). Et ce qui fut décidé fut tenu, à ceci près qu’un accident dramatique nous obligea à remodeler une partie du sommaire en pleine réalisation du numéro : le départ aussi précipité que prématuré de Michel Berger, pour son « Paradis blanc », le 3 août, à l’âge de 44 ans…

   

  

Dans l’éditorial intitulé Paroles et musiques de l’espace francophone, après trois colonnes à dresser l’état des lieux de « ce qu’il est convenu d’appeler “la chanson française” », j’annonçais sans barguigner nos objectifs : « Donner à la chanson vivante (francophone surtout) la tribune publique qui, à l’évidence, lui fait défaut ; lui insuffler toute l’énergie possible pour faciliter sa “renaissance” ; rassembler, solidairement, ses innombrables fidèles, éparpillés à travers le monde (pour que demain nous ne soyons “plus jamais seuls“, comme le chantait Yves Simon) ; chercher enfin à décupler sa portée avec le souci constant d’effectuer un travail de promotion critique et l’ambition de réaliser une œuvre de référence qui s’inscrive dans la durée et la continuité.

« Nous plaçons délibérément la barre aussi haut que possible, poursuivais-je plus loin, pour réaliser la démonstration que “populaire” et “qualité” ne sont pas des termes antinomiques… et qu’une revue pareille correspond à un besoin primordial, qui touche à la nature même de l’homme en marche, vivant protagoniste d’une culture qui l’ennoblit et non victime consentante et passive d’un merchandising (ouh ! le vilain mot…) qui le soumet et le fait se fondre dans une masse d’individus incapables de prendre en mains leur destinée. » On était loin, on le voit, des habituelles lignes racoleuses qui, en France, accompagnent presque toujours le lancement d’un nouveau titre de presse musicale depuis l’avènement du yéyé.

D’où ces spécificités de Chorus : « Voilà pourquoi, nous avons opté pour une revue (et non un magazine), dont la périodicité soit trimestrielle (plutôt que mensuelle), et choisi (au lieu d’utiliser la couleur, c’est-à-dire de jouer la facilité) de l’imprimer en noir et blanc.

   

 

« Une revue trimestrielle plutôt qu’un magazine mensuel, parce que le futile et l’éphémère ne régissent déjà que par trop notre vie au jour le jour. La périodicité trimestrielle est la mieux adaptée à notre époque de fébrilité et de faux-semblants, de scoops à tout prix et d’intox en tout genre ; elle offre le recul nécessaire, voire indispensable, pour effectuer le tri entre l’anecdote et l’essentiel et présenter un panorama aussi riche et diversifié que possible des créations et manifestations les plus dignes d’intérêt. Sans préjudice aucun pour le lecteur, soit dit au passage, puisqu’un numéro de Chorus équivaut largement à trois numéros d’un quelconque périodique mensuel

« Le noir et blanc choisi de préférence à la couleur ? N’y voyez aucune recherche masochiste d’austérité, bien au contraire, c’est un souci d’esthétique qui nous a guidés ; la classe d’une maquette élégante, sobre et lisible à la fois – le parti pris de Chorus – étant incomparablement supérieure en noir et blanc.

« Le format, quant à lui, a été spécialement conçu pour que la revue trouve immédiatement sa place dans la bibliothèque après lecture… en attendant de la ressortir pour tout autre usage (recherche de contacts, de précisions discographiques, de renseignements biographiques, etc.) : une façon de traduire d’emblée, concrètement, à la simple prise en mains, la vocation de Chorus à devenir une revue de référence, la revue musicale de référence de l’Espace francophone. »

On sait ce qu’il en adviendra : très vite, les lecteurs de Chorus, quels qu’ils soient et où qu’ils soient – amateur de chanson accroché aux brumes de Saint-Pierre et Miquelon comme journaliste parisien responsable de l’actualité musicale à l’AFP – prendront spontanément l’habitude de l’appeler « la bible »…

   

  

Ce jour de juin 1992, on arrêta donc le sommaire du n° 1, en fonction à la fois de l’actualité – pour être toujours le plus utile possible à l’artiste concerné – et du sceau qualitatif dont nous voulions le marquer, à commencer par le dossier principal « À la Une » offert à Michel Jonasz (vingt-quatre pages faisant le tour de l’artiste et de son œuvre) à l’occasion de son opus n° 11, Où est la source ?, et d’un nouveau spectacle ponctué par une rentrée parisienne au Zénith.

Et puis des Rencontres « À l’affiche » avec Léo Ferré, Nilda Fernandez, Maurane, Jean Sommer et Richard Desjardins (pour l’un de ses premiers entretiens dans la presse française) ; une importante partie « Actualité » avec de nombreuses critiques de disques et de livres ; une autre vouée aux « Scènes », avec les comptes rendus des principaux festivals francophones de l’été (des plus connus et plus courus au petit nouveau, celui de Barjac, qui connaîtra ainsi son premier article national) ; un deuxième dossier, d’ouverture au « Monde » celui-ci, avec « Chanson(s) d’Espagne(s) » ; les « Coulisses », avec des sujets sur le métier, les salles, l’économie et un premier « Autour d’un thème » sur... la chanson française, comme de bien entendu pour un premier numéro, mais intitulé French Song, j’te forwarde, j’te play plus… ; dans la partie « Mémoire », un hommage à Michel Berger, donc, une « Mémoire en chantant » réalisée sur et avec Robert Doisneau (excusez du peu pour lancer cette rubrique qui sera rebaptisée « La mémoire qui chante »…) et un « Chanson et Histoire » autour de Christophe Colomb, cinq siècles exactement après sa découverte de l’Amérique ; enfin, les deux dernières parties, « À suivre » et « À la Coda » avec les portraits des découvertes de l’équipe et/ou artistes en voie de confirmation (Arthur H, Angélique Kidjo, MC Solaar, Catherine Boulanger, Éric Lareine… c’était il y a vingt ans, ne l’oublions pas) et l’annonce aussi éclectique que détaillée de l’actualité chansonnière de la saison à venir (en l’occurrence l’hiver 92-93) et des informations brèves en tout genre, mêlées à des mini-interviews et de rapides comptes rendus.

   

 

« Un mot encore, ajoutais-je dans l’édito, à propos de ce premier numéro qui, pour être aussi proche que possible de ce que sera un numéro-type de Chorus, n’en demeure pas moins un numéro de lancement, avec ses impasses (courrier des lecteurs, rubrique médias, dossier patrimoine…), mais aussi ses particularités : entre autres une table ronde exceptionnelle sur le métier de la chanson réalisée avec quatre des artistes les plus autorisés à en parler, puisqu’il s’agit de… Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman, Yves Simon et Alain Souchon. »

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Vingt-quatre pages exclusives qui font écho, bien sûr, à la seule et unique table ronde de ce genre ayant précédé celle-ci, qui avait réuni Brassens, Brel et Ferré, en janvier 69, à l’initiative d’un jeune journaliste indépendant, François-René Cristiani, appuyé voire cautionné par l’un de ses aînés qui, lui, connaissait déjà ces artistes, et pour cause, puisqu’il s’agissait du photographe Jean-Pierre Leloir (futur collaborateur de Paroles et Musique...). Volonté de s’inscrire dans la durée, disais-je dans l’édito, et la continuité… dans une certaine continuité, du moins. Pas plus que Brel, Brassens et Ferré, ces quatre artistes-là – considérés dès lors comme les « parrains » de Chorus – n’auraient accepté pareil exercice dans d’autres circonstances. Histoire de confiance et de fidélité après dix ans de Paroles et Musique. Chanson d’amour, aurait dit JJG, un brin de nostalgie utopique dans la voix…

     

 

À la parution du numéro, d’ailleurs, nous fûmes assaillis de demandes des plus grands médias, désireux de nous accueillir en direct – à notre convenance ! – si nous arrivions avec au moins trois de ces artistes-là. La demande la plus « sérieuse » en l’occurrence émana d’une célèbre chaîne de télévision cryptée qui se déclara prête à nous dérouler le tapis rouge… Pensez donc, quel scoop ! Inutile de préciser que ces propositions ne connurent pas de suite… livre-CGSS.jpgsauf pour nos lecteurs, puisque Cabrel, Goldman, Simon et Souchon se firent une joie de refaire chorus par deux fois, en 1995 chez Cabrel et en 2002 chez JJG, ce qui donna lieu finalement – grâce à ces quatre « Chansonniers de la table ronde » – à un « beau livre » chez Fayard/Chorus.

Deux autres précisions a posteriori, c’est-à-dire vingt ans après l’événement. La première : si nous savions, bien avant de créer Chorus, que Léo Ferré, le grand Léo, le Vieux Lion, serait forcément au sommaire de son premier numéro, jamais nous n’aurions imaginé que cette rencontre qui ouvrait la partie « À l’affiche » (Léo annonçait une prochaine rentrée parisienne au Grand Rex) serait la toute dernière interview qu’il donnerait. L’ultime entretien de Léo Ferré dans le premier numéro de Chorus... Propos recueillis par Marc Robine, photos exclusives de Francis Vernhet. À une question de Marc sur l’anglicisation constante du français, de la banalisation du « franglais » (comme disait déjà Etiemble dans les années soixante), Léo se faisait péremptoire : « J’en ai marre de cette langue revue et corrigée par les Américains. Marre de ces mots qui ne veulent rien dire et qui ne sont là que pour faire du genre. Je ne pense pas que le français soit vraiment menacé, mais tout cela est tellement réducteur. On ne fait que réduire… C’est comme pour ces chansons que l’on entend à la radio. Rien que des trucs américains que les gens écoutent sans comprendre. Ça ne leur dit plus rien, ça n’est plus qu’une question de commerce. Vous me parlez de poètes, de musiciens, mais écoutez ce qui passe à la radio… »

 

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Peu après la sortie du numéro, on diagnostiqua à Léo, déjà très fatigué pendant l’entretien (qui, de ce fait, dut se poursuivre au téléphone début septembre), la maladie qui l’emporterait en quelques mois. Il n’eut d’autre choix que d’annuler ses concerts d’octobre et le Grand Rex (prévu du 18 au 24 novembre) pour se réfugier chez lui, en Toscane, jusqu’au 14 juillet 1993, avant de rejoindre finalement sa dernière demeure. Ah ! Léo, je t’aimais bien, tu sais…



 

Plus gaie, cette dernière précision, simple anecdote. Retour en juin 1992, près de Brézolles : alors que nous étions en train de plancher sur le sommaire du premier numéro, le téléphone sonne. Ma chère et tendre nous quitte un instant pour répondre à l’appel, puis me prie de la rejoindre : « Je n’ai pas su quoi répondre », me souffle-t-elle, en me tendant le combiné. Je décroche : « Salut Fred ! me lance une voie enjouée, c’est Barouh ! »

« Pierre ?! Comment vas-tu ? » Et avant même que je puisse lui demander quel bon vent l’amène…
« Je rentre sur Paris et je ne suis pas loin de chez toi, je me proposais de passer…
« Euh… Bonne idée, mais tu sais, le moment n’est peut-être pas idéal, car nous sommes en réunion de rédaction pour notre premier numéro [je l’avais prévenu de notre intention, lors de rencontres précédentes]…
« Qu’à cela ne tienne, me dit-il, je dois connaître tout le monde ou presque, ça sera un plaisir, j’arrive ! »

Je passe les détails, notamment sur le fait que Pierre était accompagné de toute sa famille – femme, enfants… et (gros) chien y compris ! – pour en arriver à l’essentiel : outre le plaisir des retrouvailles communes (car chacun se félicita en effet de sa venue impromptue), comment ne pas voir en cette visite surprise un signe du destin ? Un chanteur, un découvreur qui plus est, fondateur du label mythique Saravah (Akendengue, Areski et Fontaine, Caussimon, Higelin, Maurane, McNeil…), déboulant inopinément en pleine gestation d’une revue sur la chanson et faisant chorus avec son équipe… Sympathique, mais fort curieuse « synchronicité », aurait dit Jung, à propos des coïncidences qui ont du sens. « Il y a ceux qui rêvent les yeux ouverts et ceux qui vivent les yeux fermés », comme au Kabaret de la dernière chance…

 

Et que croyez-vous donc que fit Pierre Barouh ce samedi après-midi, pendant que les enfants et les animaux, les siens et les nôtres, s’ébattaient dans le jardin ? Ceux qui le connaissent, qui savent que jamais il ne se sépare de sa caméra, laquelle forme chez lui comme un appendice complémentaire naturel, ont gagné : il ne cessa de nous filmer, il enregistra le son et l’image d’une partie de la réunion fondatrice des « Cahiers de la chanson » !

   

 

Vingt ans après, comme dirait Alexandre Dumas, nous attendons toujours le plaisir, voire plus, de découvrir nos débats, chabadabada, fixés sur la pellicule… Débats aujourd’hui « historiques » – pour nous – à plus d’un titre. Parce que (comme le disait certaine lectrice aussi attentive que fidèle de Paroles et Musique et de Chorus), le temps qui passe ne se rattrape guère ; parce que ce jour-là nos regrettés François-Régis Barbry, Marc Robine et Jean Théfaine s’engagèrent à faire Chorus avec nous, jusqu’au bout de leur vie (« Au rendez-vous des bons copains / Y avait pas souvent de lapins / Quand l’un d’entre eux manquait à bord / C’est qu’il était mort »)... Vingt ans après, que sont nos amis devenus ? Hein, Pierrot... et tous ceux qui lisaient « la bible » à travers l’Espace francophone et ailleurs ? « Ohé de la mappemonde, chantait le merveilleux Bernard Haillant (qui lui aussi fut des nôtres un jour de réunion estivale), y a-t-il encore du monde ? »

 

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23 août 2012 4 23 /08 /août /2012 21:00

Petit matin, 3.10, heure d’été

 

Nous savions – IL savait – l’issue inéluctable. On se prenait toutefois à espérer qu’elle serait aussi lointaine et tardive que possible, car notre ami Jean faisait tout pour la repousser et ne montrait rien ou presque de ses inquiétudes quant à lui-même. Mais la Camarde n’a pas voulu patienter davantage : Jean Théfaine est mort samedi 18 août à Rennes, au petit matin, non pas à 4 h 10 comme le chante Hubert-Félix Thiéfaine, son presque homonyme dont il était aussi le biographe, mais une heure plus tôt, à 3.10, heure d’été…

 

Jean-portrait.jpg

 

L’heure, justement, n’est pas venue pour l’hommage qu’il nous incombe de lui rendre ici. Trop tôt, trop dur, car Jean Théfaine – outre qu’il fut l’un des principaux piliers de Chorus, membre de son comité de rédaction dès l’origine – était un ami, un vrai de vrai, lui-même grand ami de Marc Robine qui nous avait vivement conseillé de lui proposer d’intégrer notre équipe première ; Marc dont jamais il ne s’était vraiment remis de la disparition lors d’un sale mois d’août, déjà… Mais le jour viendra, très prochainement. Non pas que le chagrin aura fui d’ici là – bien au contraire son départ, comme une plaie ouverte, une amputation dans nos propres vies, va immanquablement engendrer un manque chaque jour plus… présent –, mais parce que le temps de l’écriture (et, je l’espère, de sa lecture, pour les gens qui l’aimaient et/ou ceux qui aimaient le lire), Jean Théfaine sera à nouveau à nos côtés, bien vivant.

Pour l’instant, il s’agit surtout de saluer sa mémoire, quitte à en peiner plus d’un, plus d’une, dans la sphère francophone en particulier, de la Bretagne au Québec en passant par les Antilles, l’Afrique et l’océan Indien… où d’innombrables artistes ont compté pour lui, dont certains lui doivent parfois beaucoup. Jean Théfaine a rejoint mardi 21 août à midi sa dernière demeure à Pancé, une petite commune de la région de Rennes, à moins de trois kilomètres de sa maison villageoise, ce « petit paradis » où il était le plus heureux des hommes avec son épouse Anne-Françoise.

Dans la foule venue accompagner sa dépouille, une large majorité de parents et d’amis bretons bien sûr, compte tenu de la période estivale, trois jours seulement après son décès, dont quelques artistes et journalistes : de ses jeunes confrères Philippe Richard et Michel Troadec, auxquels il avait fait la courte échelle à Ouest-France (où il a effectué l’essentiel de sa carrière) mais aussi à Chorus (où son talent s'est totalement épanoui), à Dan Ar Braz, Gérard Delahaye ou Melaine Favennec qui, s’accompagnant à la guitare et à l’harmonica, ont interprété trois chansons, l’une de Gérard (Si mon bien-aimé s’en venait, d’après Le Cantique des cantiques), les deux autres de Bob Dylan, l’un des artistes de prédilection de Jean (Dan Ar Braz clôturant la cérémonie d’adieu par Blowin’ in the wind).

Sans chercher aucunement à dresser une liste des présents, je citerai encore Jean-Louis Jossic, leader de Tri Yann auquel Jean avait consacré un superbe dossier dans Chorus puis un « beau livre » (et qui, en tant qu’adjoint à la Culture, représentait aussi la municipalité de Nantes et son désormais ex-maire Jean-Marc Ayrault, vieil ami de Jean qui était d’ailleurs venu le saluer et discuter longuement avec lui un jour que nous tenions ensemble un stand de Chorus…), Jean-Pierre Riou, leader du groupe quimpérois Red Cardell dont le nouvel album aura fait l’objet de l’ultime article de son blog, éloquemment intitulé « Toutes les musiques que j’aime », ou encore Alan Simon et Guy Demaysoncel, représentatifs des chanteurs plus ou moins médiatisés que Jean pouvait apprécier autant que les pointures les plus célèbres et qui venaient d’apprendre la triste nouvelle par le quotidien régional.  

 

 

Et puis, outre ses amis et ex-collègues de Chorus, un certain Hubert-Félix Thiéfaine, parti de la région de Dijon vers trois heures du matin pour être à l’heure aux obsèques de son biographe, devenu ami. Un Thiéfaine aussi chagriné que discret. Jean m’avait conté par le menu les deux spectacles d’Hubert donnés récemment à Rennes et à Nantes, car il continuait de vivre sa passion avec la même intensité (son dernier concert aura été celui de Bob Dylan, le 23 juillet, aux Vieilles Charrues…). Ce furent aussi leurs ultimes rencontres. À paraître à la rentrée, l’album CD-DVD de la tournée Homo Plebis Ultimae Tour, enregistré justement et en totalité à Nantes, lui sera spécialement dédié… La décision a été prise devant nous, en notre compagnie et celle d’un « ancien » de Paroles et Musique et de Chorus, Rémy Le Tallec, vieil ami aussi de Jean Théfaine, au moment où le cortège s’ébranlait en direction du cimetière de Pancé.

 

Araucaria.jpg

 

Là, à quelques pas seulement de l’endroit où Jean repose désormais, un magnifique araucaria s’élance avec majesté comme pour rivaliser avec le clocher de l’église. Un signe ? Jean Théfaine tout comme Marc Robine n’a-t-il pas cheminé de concert avec nous, fraternellement et si fidèlement, sous le sceau symbolique de l’araucaria, l’arbre de vie cher à Pablo Neruda (voir « Y a rien qui s’passe ») ? « Nous perdons là, m’a écrit Jean-Michel Boris, directeur historique de l’Olympia, un amoureux sincère de cette chanson à laquelle nous sommes tant attachés et un homme admirable, d’une grande valeur morale. » Quant à Francis Cabrel que j’avais alerté de l’hospitalisation en urgence de notre ami, fin juillet (et dont le dernier dossier paru dans Chorus fut cosigné par Jean et votre serviteur), il m’a répondu : « Aïe… je m’étonnais de son silence après le passage de Dylan à Carhaix, dont nous devions longuement parler. Quelle triste nouvelle… » Et puis le choc, samedi 18, l’indicible chagrin et des mots, quand même, qui peinent à dire l’essentiel : « Vraiment, un bon garçon qui s’en va. Quelqu’un de bien... »

Jean-Louis Murat pour sa part, prévenu par Michel Troadec qui savait les liens de complicité l’unissant à Jean (en particulier depuis que l’auteur-compositeur l’avait reçu chez lui en vue d’un dossier dans Chorus, resté sans équivalent à ce jour), a envoyé un message extrêmement émouvant qui a été lu en public et dont voici la fin : « Jean, tu savais si bien être exigeant et sévère que tu es devenu mon ami. Dorénavant, le meilleur de mon chant portera aussi ton souvenir. »  

 

 

Si Dieu n’est pas vraiment mort, ou pas tout à fait, si quelque part existe le paradis des musiciens et des artistes (dont Jean Théfaine, journaliste et tout modeste qu’il fût, faisait indéniablement partie par sa sensibilité et son art de l’exprimer), tous ces bons mots, ça doit le faire rougir… de plaisir. Allez, Jean, un dernier pour la route ! À la tienne, à la nôtre… buvons une dernière fois (?) à l’amitié, l’amour, la joie comme nous l’avons fait tout récemment encore, chez toi (cf. photo ci-dessus) et avec ta belle, que nous enveloppons de notre tendresse. C’est elle qui, pour ta dernière sortie, a choisi de passer cette chanson de Leonard Cohen, dans la version sublime – que tu appréciais tant – de Jeff Buckley. Hallelujah, my friend !

 

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22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 20:08

Le beau voyage… et le temps qui reste

 

C’était aujourd’hui l’arrivée du Tour de France, le jour de l’étape ultime de la Grande Boucle. Pour nous, c’était aussi le jour anniversaire, ô combien funeste, de l’acte de décès de Chorus (Les Cahiers de la chanson) – il y a trois ans précisément, le 22 juillet 2009. L’occasion de boucler (définitivement) la boucle avec quelques rappels concernant la revue mais aussi ce blog, la disparition de l’une ayant été indirectement à l’origine de la création de l’autre. Le moment ou jamais, aussi, de faire chorus par vos commentaires… si ça vous chante !

 

  

Dans le précédent sujet, j’annonçais la création du groupe « Si ça vous chante » lié à ma page Facebook, auquel contribuent déjà plusieurs centaines d’artistes, de professionnels et d’amoureux de la chanson (plus de mille six cents à ce jour) qui incarnent la fine fleur de la chanson francophone. Aujourd’hui, je me contenterais de relancer l’invitation à rejoindre ce groupe, car – véritable auberge espagnole où chacun se nourrit de ce que son voisin de table veut bien apporter – il devient, pierre après pierre, une Maison bien vivante de la chanson francophone, où des liens se nouent quotidiennement, où l’on réfléchit à voix haute à la place actuelle de ladite chanson, où l’on se souvient du patrimoine et où l’on œuvre, tout à la fois, à ses lendemains qui chantent.

 

 LE GROUPE

 Rejoignez-nous dans la confrérie des amis et compagnons de la chanson, le groupe « Si ça vous chante » ouvert en complément de ce blog éponyme pour servir la chanson. Rejoignez ceux et celles qui créent ou font vivre la chanson à travers la francophonie, pour la faire mieux connaître et l’aider à vivre mieux. Artistes, parlez-nous de vous et de vos collègues, de vos concerts, de vos albums, de vos envies et de vos projets ; professionnels, journalistes et amoureux de la chanson, parlez-nous des festivals, des salles, des disques, des spectacles, des émissions, etc., que vous organisez, animez, produisez, distribuez, éditez... Faites-nous part de vos conseils, partagez vos connaissances et votre expérience, présentez-nous vos engouements, vos coups de cœur d’hier et d’aujourd’hui voire de demain… Bref, parlez-nous de la chanson et tous ensemble nous ferons chorus.

C’est ICI (et maintenant) que cela se passe.

 

• LE BLOG

Comment consulter à tout moment un article mis en ligne depuis la création du blog ? Je reçois régulièrement des courriels regrettant que les articles de Si ça vous chante disparaissent au fur et à mesure que d’autres sont mis en ligne. Faux, bien sûr. Car, si les quatre derniers sujets seulement sont visibles à l’écran lorsqu’on se rend sur le blog, tous les autres publiés depuis sa création (le 18 novembre 2009) restent accessibles d’un seul clic de souris à partir de la colonne de gauche de la page d’accueil.

On peut les consulter de diverses façons ; soit par ordre chronologique, un mois après l’autre (voir « Archives »), soit par rubriques (il y en a douze : Concerts et festivals, Éditoriaux, Actu disques et DVD, Chant libre, Reportages… Voir « Catégories »), soit en cliquant sur « Liste complète » sous le rappel des dix derniers articles publiés (« Articles récents ») : on parvient alors à une liste détaillée sur quatre pages où il suffit de cliquer sur le sujet recherché pour le voir apparaître. Mais le plus simple est peut-être encore de donner ici le lien direct vers cette « liste complète ».

Pour mémoire, je m’étais amusé à concocter une « Leçon de blog sommaire », sur les pas de l’ami Boby, en conseillant de ne surtout pas hésiter à laisser des commentaires en fin de sujet (quelle que soit sa date de publication, car chaque commentaire nouveau est aussitôt mentionné en colonne de gauche de la page d’accueil – voir « Derniers commentaires » –, ce qui permet à qui le veut bien d’aller le lire derechef et, si ça lui chante, d’y répondre ou de le compléter). Allez-y voir pour devenir féru en blogologie (voir… ou revoir, pour le plaisir de retrouver notre Piscénois préféré).

 

• LE SITE

Depuis la création du groupe sur Facebook, j’ai reçu quantité de courriels me disant en substance : « Heureux de vous retrouver, car depuis la disparition de Chorus je n’avais plus de nouvelles… » Nombre d’anciens lecteurs de « la revue de référence de la chanson francophone » ne l’ont jamais su, mais justement, la Rédaction de Chorus dans son ensemble (du chroniqueur qu’était Jean-Michel Boris au rédacteur en chef que j’étais encore, en passant par nos illustrateurs Bridenne et Glez, notre photographe Francis Vernhet ou nos correspondants permanents en Belgique, en Suisse et au Québec), placée devant le fait accompli, avait décidé de créer un site ponctuel au moment même, le 22 septembre, où aurait dû paraître le nouveau numéro. Son but : mettre gracieusement en ligne – par respect envers les lecteurs et bien sûr les artistes rencontrés pour ce numéro – les articles déjà écrits (et illustrés) avant la date fatidique du 22 juillet.

 

dessin

 

Il n’est donc pas inutile, fût-ce trois ans plus tard, de rappeler l’existence de ce site, passé inaperçu, semble-t-il, de la majorité de nos lecteurs, abonnés ou pas : on y découvrira nombre d’articles des différentes parties et rubriques qui composaient un numéro normal (Actualité, À l’affiche, Scènes, Dossier, Coulisses, À suivre : portraits-découvertes, etc.). Certes, cela ne remplaçait pas une revue-papier de 196 pages, mais c’était déjà ça, aurait dit notre ami Souchon…

Pour la petite histoire (puisque cela appartient désormais à l’histoire de la presse musicale), en cliquant sur « Sommaire », en colonne de gauche de la page d’accueil du site « La Rédaction de Chorus », on accède à ce qu’aurait été le sommaire définitif (tel qu’arrêté lors de notre réunion de rédaction du 20 juin 2009) de ce n° 69 mort-né, dix-huitième numéro d’automne de Chorus. Sans jamais avoir failli à cette règle, ces « Cahiers de la chanson » trimestriels sortaient en effet le premier jour de chaque nouvelle saison depuis l’automne 1992 (toujours sur 196 pages, avec un dos carré et des cahiers cousus, à l’ancienne, pour en garantir la totale durabilité).

On constatera ainsi, en particulier, que l’un des dossiers principaux « À l’affiche » du numéro nous aurait valu ce que l’on appelait un « Duo d’artistes » – à savoir une rencontre exclusive entre deux chanteurs ayant bien des choses en commun – avec Romain Didier et Allain Leprest… Petite histoire, certes, mais immense regret, aujourd’hui, d’avoir été contraints de renoncer à cette rencontre dont la date avait été arrêtée avec les intéressés à la fin juillet…

Information importante, puisque c’est le seul et unique endroit où l’on puisse le trouver : l’index alphabétique complet des principaux articles consacrés nominativement à des artistes (quelques milliers...), du n° 1 de l’automne 1992 au n° 68 de l’été 2009, est disponible sur ce même site. Il est consultable en cliquant, en colonne de gauche de la page d’accueil, sur « Index ». Apparaissent alors trois parties successives, allant respectivement des lettres A à J, K à Q et R à Z avec à côté de chaque nom d’artiste le (ou les) numéro(s) concerné(s) et l’indication abrégée des rubriques correspondantes.

Cela dit pour les heureux possesseurs de la collection complète de la revue, bien sûr (le dernier index paru dans celle-ci s’arrêtant un an plus tôt, au n° 64 de l’été 2008), mais surtout (la collection complète restant disponible dans des dizaines voire des centaines de bibliothèques, médiathèques, Alliances françaises, instituts et autres centres culturels à travers le monde, sans même parler des radios, télévisions, associations de chanson, festivals, etc., ou encore de la Bibliothèque Nationale de France) pour les futurs historiens de la chanson française et de l’espace francophone (non, ce n’est pas un pléonasme, puisque Chorus rendait compte également des créations en langues vernaculaires de la francophonie). Qu’on se le dise… À noter que cet index étant nominatif, il exclut par définition les sujets collectifs d’actualité, où bien d’autres artistes pouvaient être cités voire interviewés (comme les comptes rendus de festivals), mais également d’ordre historique ou thématique.

Tant qu’on en est au chapitre des souvenirs, bons et moins bons, je me permets dans ce sommaire (au sommet duquel se trouvait un dossier de Une consacré à Manu Chao, avec entretien exclusif) de mettre l’accent sur une nouvelle rubrique que j’avais inaugurée, pour jeter justement un coup d’œil rapide, une fois par trimestre, dans le rétroviseur – en vertu du principe selon lequel pour aller de l’avant, il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. J’y relatais quelques souvenirs vécus à travers Paroles et Musique, « le mensuel de la chanson vivante » (voire plus tôt, à l’époque de sa gestation) et/ou Chorus, trente ans auparavant, vingt ans, dix ans… Si ça vous chante – quel beau voyage, en tout cas ! – c’est ICI, en paroles et en images.

L’occasion aussi, à propos de voyage, de vous proposer cette magnifique chanson de Claude Gauthier, Le Plus Beau Voyage, qui date, elle, de quarante ans (de 1972 et non 1977 comme indiqué par erreur à la fin de ce beau clip), en hommage – après les « événements » sociaux qui ont secoué le Québec ce printemps (et risquent de reprendre de plus belle après l’été) – à nos amis et cousins de la Belle Province…  

 

 

Quel beau voyage, oui ! Dix ans de Paroles et Musique, près de vingt ans de Chorus, bientôt trois ans de Si ça vous chante… Avant d’envisager la suite (éventuelle), vous comprendrez qu’on s’interroge quelque peu, qu’on prenne le temps de réfléchir… De peser le pour et le contre. D’écarter l’impossible (faute de temps) et de mesurer le possible. Bref, d’établir des priorités.  

 

 

Certains, d’ailleurs, le comprendront mieux que d’autres, vu qu’ils nous font l’amitié de nous accompagner depuis toujours ou presque. On s’ra jamais vieux, dit la chanson (de Bernard Joyet). Certes, on la connaît, la chanson : quand on aime on a toujours vingt ans, et quand on aime c’est pour toute la vie…  

 

 

C’est sûr. Mais la vie ne ménage pas pour autant les artères et à un certain degré d’usure, le temps qui passe devient inéluctablement le temps qui reste. Sur ce thème, Jean-Loup Dabadie a écrit un texte sublime qui, mis en musique par Alain Goraguer, fut la toute dernière chanson que Serge Reggiani enregistra… À méditer (et apprécier) comme il convient.

Combien de temps
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j’y pense, mon cœur bat si fort
Mon pays c’est la vie
Combien de temps encore
Combien ?

Je l’aime tant, le temps qui reste
Je veux rire, courir, pleurer, parler
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir, désobéir
J’ai pas fini, j’ai pas fini
Voler, chanter, partir, repartir,
Souffrir, aimer
Je l’aime tant, le temps qui reste…

 

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