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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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18 novembre 2011 5 18 /11 /novembre /2011 10:00

Le voyage aux Marquises


Si l’on s’accorde assez facilement sur une liste d’artistes ayant marqué l’histoire de la chanson française contemporaine, chacun possède ses petites préférences qui ont plus à voir avec sa sensibilité propre qu’avec la valeur intrinsèque de l’œuvre concernée – à supposer qu’à ces sommets de qualité il soit objectivement possible de comparer l’écriture, la composition, l’interprétation et la teneur respectives des chansons, leur capacité à transcender les chapelles et à dépasser leur époque... Donc, à chacun son artiste, ça ne se discute pas. Ainsi, celui qui aura le plus compté pour moi – homme et créateur confondus, sa vie ayant été aussi admirable que son œuvre –, au point peut-être d’infléchir le cours de la mienne, s’appelle Jacques Brel.

   

 

Autant que je m’en souvienne, j’ai découvert Brel en 1957 – j’avais huit ans – avec Quand on n’a que l’amour. Le choc. Par le fond (« Quand on n’a que l’amour / Pour parler aux canons / Et rien qu’une chanson / Pour convaincre un tambour… », guère éloigné du chef-d’œuvre de Raymond Lévesque, Quand les hommes vivront d’amour, paru un an plus tôt), autant que par la forme, ce fameux et irrésistible crescendo brélien qui deviendrait sa marque de fabrique… La suite ne fit que confirmer cette révélation. Comme si j’étais branché sur le même secteur, d’une intensité (émotionnelle) hors norme. Le discours lucide et généreux de l’homme sur ses semblables (« J’ai mal aux autres », etc., mais aussi, revers obligé de la médaille, « Mort aux cons ! », etc.) enfonça le clou.

Alors, quand le héros de mon enfance, le chevalier à la triste figure, s’incarna en Jacques Brel (j’étais à ce moment-là dans ma vingtième année), la boucle fut bouclée. Ce Grand Jacques-là était bien mon Grand Frère ! Mon aîné de vingt ans, presque jour pour jour, un vrai « bélier » avide d’aventures, débordant de rêves d’enfance. Un frère que j’avais (presque) reconnu comme tel dès 1964 ; souvenez-vous de Jef : « Viens, il me reste ma guitare / Je l’allumerai pour toi / Et on sera espagnols / Comme quand on était mômes… »

  

quichotte

 

Et puis, superbe pied de nez au show-business et plus généralement à l’ordre social qui vous rive d’office sur les rails du conformisme, le voilà qui décide à son apogée professionnelle – alors qu’il aurait pu continuer des décennies durant, et pour le plus grand plaisir du public, à « rentabiliser » ses talents multiples – d’« aller voir » ailleurs si le bonheur s’y trouve ! Il lâche tout quasiment du jour au lendemain et passe son brevet de skipper après sa licence de pilote pour se lancer dans un tour du monde à la voile censé durer cinq ans… Stupéfaction, puis admiration, dirait Souchon. L’esprit de Gerbault, St-Ex et Mermoz souffle en lui. Unique dans l’histoire du showbiz. Et rarissime dans l’absolu.

La maladie le cueillera en cours de route : parti d’Anvers le 24 juillet 1974 sur l’Askoy (un yawl au mât de 22 mètres, de 18 mètres de long et pesant 42 tonnes, beaucoup trop lourd pour un seul homme, fût-il accompagné d’une femme qui n'a pas froid aux yeux), il percevra les premières atteintes de ce « mal mystérieux dont on cache le nom » le 20 octobre lors d’une escale à Tenerife. Auparavant, accostant à Horta, dans les Açores, il avait déjà subi un coup fatal au moral en apprenant la mort, le premier septembre, de son grand ami Georges Pasquier, alias Jojo.

   

 

À celui-ci, dans la chanson éponyme de son dernier album, en 1977, Jacques Brel dira : « Nous savons tous les deux que le monde sommeille par manque d’imprudence ». Une phrase qui résume entièrement l’histoire du Grand Jacques ; et un sentiment partagé sans réserve par ma chère et tendre et moi qui, dans notre propre parcours, privilégierons toujours l’imprudence à la sécurité, la confiance à la méfiance. Avec les déceptions et les trahisons que l’on imagine (« la vie ne fait pas de cadeau… »), mais si dérisoires face aux belles rencontres suscitées par la maîtrise de son destin.

Délesté d’un poumon ou presque le 16 novembre, Brel remontera à bord de son bateau dès le 21 décembre ! Malgré l’épuisement visible, il n’entend pas se reposer davantage. Le 25 décembre est celui du « fameux » réveillon improvisé en compagnie d’Antoine qui vient mouiller dans le même port des Canaries, à Puerto Rico, avec sa première goélette baptisée Om. Un bien mauvais procès lui sera intenté par la suite, dont le simple et authentique exposé des faits (grâce à Chorus et Marc Robine) suffira à montrer l’ignominie. Mais plus tard, bien après, quand le mal sera fait et que la calomnie aura rempli son triste office ; trop tard, surtout, le Grand Jacques étant resté convaincu jusqu’à sa mort, semble-t-il, qu’Antoine avait « vendu » son cancer à la grande presse, alors que rien n’était plus faux. En réalité, la rumeur de la maladie avait filtré depuis Bruxelles où Brel s’était fait opérer, suivie d’échos dans la presse belge et même d’une dépêche de l’AFP, ce que certains proches de Jacques ne pouvaient ignorer...

Passons... pour le moment, et reprenons le fil. Le 30 décembre 1974, Brel, sa compagne Maddly et sa fille France, entreprennent la traversée de l’Atlantique. Deux représentantes du « sexe faible » et un homme physiquement diminué, incapable de s’atteler aux tâches les plus dures : dans ces conditions et avec un tel bateau, c’est une véritable gageure. Don Quichotte à l’assaut des moulins à houle… Et pourtant ! Telle une cathédrale de voile (écoutez – et voyez ! – cette extraordinaire chanson écrite aux Marquises et restée inédite jusqu’en 2003, La Cathédrale, où Brel retrace son propre trajet par le détail, quasiment du départ d’Anvers au mouillage d’Hiva Oa), L’Askoy arrive le 26 janvier dans la baie de Fort-de-France.

   

 

Après plusieurs mois de cabotage aux Antilles, au cours desquels les paparazzi tentent par tous les moyens de photographier le mort en sursis, Jacques et Maddly poursuivent seuls le voyage jusqu’au Venezuela. Le temps d’un aller-retour Caracas-Bruxelles en avion pour un contrôle médical six mois après l’opération, ils mettent les voiles jusqu’au canal de Panama. L’objectif est de traverser le Pacifique, via les Marquises, Tahiti, les îles Sous-le-Vent et les Fidji, puis de gagner l’océan Indien, les Seychelles, la mer Rouge et le canal de Suez pour regagner enfin l’Europe par la Méditerranée.

Le 22 septembre, l’Askoy se lance à l’assaut de l’immense océan. Cap sur les Marquises : 7 500 kilomètres sans escale ! Et le 19 novembre 1975, un an et trois jours après l’ablation partielle de son poumon gauche, Jacques Brel parvient avec Maddly Bamy en vue de la baie de Taaoa, dite baie des Traîtres, derrière laquelle s’étale la petite ville d’Atuona, au pied d’un pic impressionnant d’un vert sombre de plus de mille mètres. C’est la baie voisine de Tahauku, aménagée sommairement en mouillage, qu’ils choisissent pour ancrer leur bateau. Il n’en bougera quasiment plus, en dépit des projets de navigation que nourrissait encore le couple.

 

Baie-Tahauku.jpg

 

À cette époque-là, ma chère et tendre et moi vivons au Gabon où, après y avoir créé le journal L’Union, hebdomadaire national d’information générale, nous nous apprêtons, quelques semaines après l’arrivée de Brel aux Marquises, à le transformer en quotidien. Ce sera chose faite le 30 décembre 1975, non sans avoir formé au préalable une équipe d’aspirants journalistes, avec le concours de collègues gabonais et d’un trio d’excellents confrères polyvalents de nos amis. Dont Louis Bresson… dont on reparlera.

Coïncidence : je me rendrai en monomoteur à Lambaréné pour réaliser un reportage sur l’hôpital Schweitzer, « à l’orée de la forêt vierge », pendant qu’un certain Antoine voguait sur l’Ogooué (le grand fleuve gabonais que Gainsbourg immortalisera plus tard dans son film Équateur), vers le village du grand docteur musicien. Qui a parlé de hasard ?! Mais surtout, entre-temps, le 20 novembre, à Hiva Oa comme à Libreville, on sablera le champagne parce qu’enfin « Franco est tout à fait mort » !

   

 

L’imprudence... On n’était plus au temps où Bruxelles bruxellait dans l’insouciance, mais à celui des valises et des mallettes, des corrompus et des corrupteurs… Il était temps pour nous de quitter ce marigot pour une autre aventure, en repartant de zéro. Pour continuer à vivre debout, à vivre nos rêves. Comme Brel avait quitté la scène pour le cinéma, puis le cinéma pour la navigation hauturière avant de s’atteler à son dernier disque dans un archipel des antipodes. Les Marquises passeront en boucle, sur notre Uher à bandes, dans une République naissante de la Corne de l’Afrique, aux premiers pas de laquelle nous essaierons de contribuer au mieux (malgré l’engeance représentée par certains néo-coopérants mais ex-vrais colons à la – grave – mentalité inchangée). C’est là, à Djibouti, que nous apprendrons avant tout le monde sur place, par une dépêche AFP tombant sur le téléscripteur de mon bureau, la mort de notre héros survenue à l’Hôpital franco-musulman de Bobigny, le lundi 9 octobre 1978 à 4 h 30 du matin. Moins d’un demi-siècle – quarante-neuf ans et six mois seulement – après sa naissance, le 8 avril 1929 à Schaerbeek (Bruxelles).

Le vendredi 13 octobre en fin de matinée, Jacques Brel était inhumé à Hiva Oa, à l’endroit précis choisi par lui : non loin de la tombe de Paul Gauguin, à la droite d’un grand Christ blanc de cinq mètres de haut : « Pour qu’il soit entouré de ses deux larrons ! », avait-il lancé comme une boutade, lui le bouffeur de curés, l’anticlérical notoire. À ses obsèques : les amis d’Atuona dont les sœurs du collège Sainte-Anne et nombre d’enfants marquisiens ; parmi les proches d’avant les Marquises, seul son ancien imprésario et fidèle ami Charley Marouani a fait le voyage, convoyant la dépouille de Jacques aux côtés de Maddly.

   

 

Le sait-on ? Douze ans plus tôt, en avril 1966, six mois avant ses adieux à l’Olympia, Brel était à l’affiche à Djibouti, accompagné par quatre musiciens, dont Jean Corti et Gérard Jouannest (voir le document vidéo d’Une île, tourné pour l'essentiel sur place). C’était dans le cadre de sa tournée dans l’océan Indien (du 21 avril à Djibouti au 3 mai à l’île Maurice en passant par Madagascar et la Réunion). L’organisateur de sa venue, Guy Arnaud, me confia que le Grand Jacques, ayant constaté que son hôtel-restaurant de La Siesta où il devait se produire ne roulait pas sur l’or, lui fit cadeau de son cachet : « Spontanément et intégralement ! » Par la suite, on apprendrait que le chanteur, qui ne s’en vantait pas, était coutumier du fait, ou plus exactement qu’il offrait plus souvent qu’à son tour, à l’issue de son spectacle, l’enveloppe contenant son cachet à des gens qu’il jugeait dans le besoin… Quand je le rencontrai, après l’indépendance de Djibouti, Arnaud avait vendu La Siesta pour ouvrir une enseigne culturelle que Brel aurait aimée, la Librairie Omar-Khayyâm, du nom du grand poète et savant perse qui se répandait en éloges épicuriens.

Antoine1979C’est encore à Djibouti, enfin, que nous ferons la connaissance d’Antoine, de passage dans la Corne de l’Afrique sur Om. Il m’invita à plusieurs reprises à son bord comme nous l’invitâmes chez nous. Six mois d’escale, le temps d’écrire un nouvel album (Quel beau voyage !, Barclay, 1980), avec un titre décoiffant sur la coopération mal comprise : Le Blues des coopérants.

Deux souvenirs marquants à son sujet : un, celui du plaisir de lui faire découvrir le premier 30 cm d’un jeune chanteur français qui parlait de lui et de Dylan (cf. notre photo) : « Y a eu Antoine avant moi / Y a eu Dylan avant lui / Après moi qui viendra ? / Après moi, c’est pas fini / On les a récupérés / Oui, mais moi on m’aura pas ! » Je revois la réaction amusée du globe-flotteur, toute de tendresse envers Renaud – puisqu’il s’agissait bien sûr de lui –, bien qu’il eût mis totalement à côté de la plaque : qui mieux qu’Antoine, justement, avait réussi à prendre de telles distances avec la société, ou plutôt à se jouer d’elle ? Oui, qui d’autre dans le showbiz… à part Brel ?

Brel évidemment, Brel infiniment. Second souvenir marquant de nos conversations djiboutiennes. Avec tout le tact possible, j’interrogeai Antoine sur ce Noël 74 passé sur l’Askoy à Puerto Rico de Gran Canaria… et les suites que l’on sait. L’auteur de Pourquoi ces canons ? en était terriblement meurtri. Pas tant de la cabale, d’ailleurs, que de penser que Brel était à tort resté persuadé de sa « trahison »… Je lui expliquai alors combien celui-ci avait compté pour moi au moment, crucial, auquel tout un chacun est tôt ou tard confronté, entre tenter d’accomplir ses rêves d’enfance et chercher à « réussir dans la vie » ; combien j’avais adhéré à sa définition du talent : rien d’autre, avec le travail rigoureux qu’il suppose en aval, que d’« avoir envie », vraiment envie ! Et combien j’aurais aimé pouvoir lui dire tout ça, en tête à tête…

   

 

Et me voilà, seul, tout seul, trente-trois ans (33 tours !) presque jour pour jour après qu’il eût été porté en terre, à méditer cette histoire, dans l’aube naissante, devant la tombe modeste et fleurie du Grand Jacques. Tel un paumé du petit matin, pendant que ma moitié boucle les bagages dans notre chambre de passage, avant que l’on regagne l’aéroport Jacques-Brel… Quarante ans après nos épousailles, impossible pour nous de ne pas songer dans cet archipel où le temps s’immobilise, à dix-huit mille kilomètres du Plat Pays, à La Chanson des vieux amants. « Finalement, finalement / Il nous fallut bien du talent / Pour être vieux sans être adultes. »

 

 

Cela se passait, il y a seulement quelques semaines, aux Marquises, île d’Hiva Oa, commune d’Atuona... Si ce « prologue » vous parle, je vous convie à me suivre, à nous suivre (et à faire chorus, peut-être, car nous rapportons quelques informations et documents étonnants, voire plus) jusqu’à cette île, « au large de l’amour / Posée sur l’autel de la mer / Satin couché sur le velours / Une île / Chaude comme la tendresse / Espérante comme un désert / Qu’un nuage de pluie caresse… » Oui, si ça vous chante, suivez-nous sur les traces de Jacques Brel.

(À SUIVRE)

___________ 

NB. Cet article, cent-seizième du nom, est aussi celui qui marque le second anniversaire de Si ça vous chante, puisque ce blog de promotion de la chanson, ouvert à tous et à toutes, a été lancé le 18 novembre 2009. Répétons-le : il ne s’use que si l’on ne s’en sert pas…

 
 
Texte et photos : tous droits réservés
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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 11:00

Ami, remplis mon verre

 

Suite et fin de notre cuvée automnale, avec vingt autres fruits de la treille 2011, tous fort goûteux et à conseiller urbi et orbi, dont certains sont appelés à prendre place dans la grande cave des meilleurs crus de la chanson française et/ou de l’espace francophone. Remplissez votre verre à votre convenance, suivez le guide… et ne ratez pas la marche !

 


 


• JOFROI : Cabiac sur terre
quichote_3.jpgEt un de plus, un de mieux pour le plus français des chanteurs belges. Installé à Cabiac, dans le Gard, près de Barjac dont il est l’âme du festival Chansons de Parole, Jofroi trouve les mots justes pour dire l’humain à travers la terre : « Je n’ai de carte identitaire que citoyen, que citoyen de l’univers / Et s’il faut être de quelque part, ça m’indiffère, mais je choisis ce coin de terre / Cet entrelacs de murs de pierre, ce cul-de-sac où j’ai hier posé mon sac / Cabiac sur terre. » La révolte et l’indignation, l’amour et la générosité sont chez lui les deux faces d’une même médaille : « Dire qu’on a marché sur la lune / Égaré Pierrot et sa plume / Un pas de géant mais pourquoi ? / Tous les chemins mènent à .com / Mais l’homme reste un loup pour l’homme / Le temps passe, les chiens aboient / Le temps passe, qu’est-ce qu’on attend ? » Le reste de l’album est à l’avenant, synthèse sensible des univers de Félix Leclerc, François Béranger et Jean-Pierre Chabrol, les « pères nourriciers » de Jofroi. Cabiac sur terre ? Un « Quichotte » à l’assaut des maux du temps présent. 14 titres, 48’20 ; Productions du Soleil, distr. EPM-Socadisc (site de l’artiste).

• SANDRA LE COUTEUR : Terre natale
Originaire de l’île de Miscou en Acadie, Sandra, d’abord comédienne, s’est mise sur le tard à la chanson (premier album, La Demoiselle du traversier – « Cœur Chorus » n° 56 – en 2006) ; elle n’en est pas moins devenue une interprète d’exception, y compris dans le choix de son répertoire. Ici, Jamait (Caresse-moi), Brel (Ne me quitte pas), Vian (Les Joyeux Bouchers), mais surtout d’excellents auteurs québécois : Valéry Robichaud (superbe Terre natale), Bruno Roy, Yves Savard, Georgette Leblanc, Francis Covan, Gaston Miron… De l’émotion à l’état pur. 13 titres, 46’19 ; prod. Île Miscou, distr. Plages (site de l’artiste).

• DAVY KILEMBÉ : Citoyen !!!
Dans son « Portrait » de Chorus 63 (printemps 2008), à l’occasion de son deuxième album, il était ainsi présenté par Michel Trihoreau : « Citoyen naturellement impliqué, chanteur-musicien à la voix chaleureuse portée par les rythmes percussifs de sa guitare et de sa calebasse… » Bien vu, puisque ce troisième opus du Perpignanais au père zaïrois et à la mère espagnole (voir « Mille cœurs debout ») s’intitule précisément Citoyen. Citoyen français et citoyen du monde. À noter en bonus une reprise très personnelle de La Mauvaise Réputation et, en morceau caché, Poulaillers’ Song de Souchon, toujours d’actualité trente-cinq ans plus tard ! 15 titres, 60’44 ; autoproduction (site de l’artiste).

• L : Initiale
Un premier album prometteur, teinté de fortes influences barbariennes, qui rend d’autant plus attendu l’opus suivant et nécessaire l’émancipation artistique de cette jeune femme des plus douée. 11 titres, 41’25 ; prod. tôt Ou tard, distr. Wagram (site de l’artiste).

LA MATHILDE : Équilibriste
Second album d’un quintette masculin, famille Têtes Raides (Grégoire Simon participe d’ailleurs à trois titres), à l’écriture et aux mélodies soignées, en phase avec l’air du temps. 13 titres, 42’27 ; autoproduction (site du groupe). 

• LA MEUTE RIEUSE : Les Yeux des fesses
Pour son second opus, le duo formé de Camille Simeray (chant, accordéon, percussions) et Morgan Astruc (guitare, pandeiro, percussions, chœurs) a bénéficié de bien belles collaborations, de l’écriture jusqu’à la réalisation : Fredo et Sam Burguière des Ogres de Barback, Blu de Moussu T e Lei Jovents… Un univers personnel à l’image de la recréation d’À mourir pour mourir (Barbara). 12 titres, 43’55 ; autoproduction, distr. Irfan (site du groupe).

• RENÉ LACAILLE (èk marmaille) : Poksina
Chanteur-accordéoniste emblématique de la Réunion, René Lacaille est accompagné ici de sa « marmaille » de fils, de fille et de neveu, pour un retour aux sources du séga et du maloya à travers la reprise de classiques signés Jules Arlanda, Georges Fourcade, Jules Joron, Alain Peters… ou René Lacaille. Un travail salutaire pour la préservation du patrimoine et une œuvre jouissive pour l’auditeur. 17 titres, 51’32 ; prod. Daqui, distr. Harmonia Mundi (site de l’artiste). 

• BEN MAZUÉ : éponyme
Repéré en « Découvertes » 2010 du festival Alors… Chante ! de Montauban, on disait de ce « grand garçon blond sympathique » qu’il naviguait étrangement « entre le rap américain, le slam, la musique humaniste, la soul en plus vocal, le verbe français, le sens des mots et la musique noire américaine en général ». Le voici signé par une major, entouré d’une quinzaine de musiciens autour de Régis Ceccarelli. 13 titres, 44’24 ; prod. Columbia/Sony Music (site de l’artiste).

• MeLL : Western spaghetti
Sauf erreur il s’agit du quatrième album de cette jeune chanteuse aussi atypique que sympathique. Certains la revendiqueront rock pour l’énergie déployée, d’autres mettront en avant son Prix Félix-Leclerc (2007) : en fait, c’est une artiste jusqu’au bout des ongles, tout-terrain, capable de tirer son épingle du jeu des situations les moins favorables (telle sa prestation au festival de Tadoussac 2009 : cf. le compte rendu qui aurait dû figurer dans le n° 69 de Chorus en cliquant dans « Coulisses » puis « Festival »).  Inclassable, MeLL se joue de tout et on aime ! 12 titres, 43’07 ; prod. Mon Slip/tôt Ou tard, distr. Wagram (site de l’artiste).

• MON CÔTÉ PUNK : Passeport
Troisième album déjà pour ce groupe (cinq garçons et une fille) dont le ramage humaniste se rapporte au plumage festif, avec un vrai souci d’écriture poétique et de mélodie sensible. N’ont-ils pas convoqué Bernard Dimey et Allain Leprest pour deux textes mis en musique par eux-mêmes (Seigneurs et Brussel) et invité entre autres à la voix et aux instruments Loïc Lantoine, Olivier Leite, Florent Vintrigner (La Rue Kétanou) et Madjid Ziouane… 14 titres, 43’53 ; prod. Mon point de côté, distr. L’Autre Distribution (site du groupe).

• GÉRARD MOREL : Le Régime de l’amour
Mon premier est un CD de nouveautés oscillant comme toujours chez Morel (Gérard) entre humour et tendresse, révérence aussi (Les Pâquerettes de Roger Riffard, en duo avec Anne Sylvestre ; La Marche nuptiale de Brassens dans la version transalpine de Fabrizio De André, avec Joël Favreau à la guitare). Mon second est un CD en public qui éclaire et complète le travail de studio. Mon tout est un Flot de paroles qui réconcilie avec le genre humain : « Parole fri-frissons / Parole fri-frivole / Paroles de chansons / Chanson de parole »… CD1 : En studio, 11 titres, 38’41 ; CD2 : En public, 14 titres, 54’44 ; prod. Archipel Chanson, distr. L’Autre Distribution (site de l’artiste).

• JEAN-MICHEL PITON : J’me régale…
quichote_3.jpgNouvelle cuvée d’un artisan au long cours, la dixième depuis 1979 en comptant une compil CD, où la puissance du chant (ah ! Piton a cappella…) n’a d’égale que l’intensité émotionnelle, où l’écriture classique se fond dans des mélodies intemporelles, orchestrées avec bonheur. Le tout au service d’un humanisme en forme de Geste d’amour (titre du 30 cm et de la superbe chanson éponyme grâce auxquels Paroles et Musique l’avait repéré en 1982). Un de ces grands talents méconnus de la chanson, sans lesquels l’envie de se battre pour elle serait moins irrépressible. Même si Piton est plus proche, physiquement, de Sancho Pança que du chevalier à la triste figure, ce nouveau cru mérite un « Quichotte » de Si ça vous chante (le précédent, L’homme qui avait fait fuir ses rêves, en 2008, lui avait déjà valu un « Cœur Chorus »). 12 titres, 57’59 ; autoproduction (site de l’artiste et myspace).  

• LISA PORTELLI : Le Régal
Décidément, la chanson est un plat qui suscite le régal (voir Piton) ! Vingt-cinq ans, guitariste ACI, dix ans de scène (premier passage public à 15 ans en scène ouverte à la Goutte d’Or), programmée en « Découvertes » au Printemps de Bourges 2006, premier album autoproduit en 2007, lauréate du Prix « Paris Jeunes Talents » 2010, Lisa Portelli est ce que l’on appelle un talent prometteur. Sur scène elle s’éclate, sur disque elle revendique l’héritage d’un Dominique A ou d’un Rodolphe Burger, il y a pire comme parrains… 12 titres, 40’05 ; prod. et distr. Wagram Music (site de l’artiste).

 

dessinVerre.jpg

 

• PPFC : Entre les ondes
PPFC (pour Petit parc football club !), c’est une voix masculine posée sur des orchestrations riches et acoustiques, des textes évoquant « un univers bigarré, miroir de nos intérieurs, reflet de nos craintes », écrivait Stéphanie Thonnet dans Chorus 68 à l’occasion du précédent opus, La Valse des enragés. Celui-ci est déjà le quatrième de cette bande francilienne de six garçons et une fille, famille Louise Attaque ou autres Ogres de Barback. 14 titres, 53’25 ; autoproduction, distr. L’Autre Distribution (site du groupe).

• DAMIEN ROBITAILLE : Homme autonome
Quatrième album d’un jeune Canadien francophone de l’Ontario (30 ans), lauréat de nombreux prix et tremplins. « Timide et réservé dans la vie, notait Albert Weber en 2006 dans son Portrait de Chorus n° 58, il apparaît faussement confus, expansif et maladroit sur scène. Un sacré rigolo et un drôle de phénomène. » Musicalement, ce disque (qui aura attendu fin octobre 2011 pour être enfin distribué en France, deux ans après sa sortie canadienne), lorgne du côté du meilleur des années 60 et 70, soul en particulier, genre Nino Ferrer, James Brown ou Otis Redding, et c’est jubilatoire. 12 titres, 42’41 ; prod. Disques Audiogramme, distr. Rue Stendhal (site de l’artiste).

• VALENTIN SPOEB : Existentiel
Un enfant du rock anglo-saxon (Bowie, Lou Reed…) qui, après plusieurs groupes (dont Dark Memories, lauréat des « Découvertes » du Printemps de Bourges), retrouve ses racines dans la lignée d’une chanson-rock famille Gainsbourg-Bashung-Couture-Burger-Dominique A… 10 titres, 44’58 ; autoproduction (site de l’artiste).

• TRI YANN : Rummadou (Générations)
quichote_3.jpg« Quarante ans, toutes ses dents » en ce millésime 2011 pour le groupe breton par excellence, celui des Trois Jean de Nantes (Jean Chocun, Jean-Paul Corbineau et Jean-Louis Jossic, auxquels se sont progressivement adjoints Gérard Goron, Fred Bourgeois, Konan Mevel, Christophe Peloil et Jean-Luc Chevalier). Chronique d’une famille bretonne, avec ses joies et ses peines, ses rires et ses larmes, cet album est pour Tri Yann prétexte à aborder l’évolution de l’écriture linguistique et musicale à travers les âges, des « temps barbares » à aujourd’hui. D’une ampleur musicale et vocale superbe, ce qui n’exclut pas l’intimisme quand c’est nécessaire, Rummadou est un grand cru – un « Quichotte » évident de Si ça vous chante – et le spectacle actuel, entièrement renouvelé, à recommander vivement. 15 titres, 60’56 ; prod. Marzelle, distr. Coop Breizh (site du groupe).

• VENDEURS D’ENCLUMES : Décadrant
On a dit ici tout le bien qu’on pense de ce groupe aussi chevronné qu’original (voir « Alors… Chante ! » 2010 de Montauban), qui fête ses dix ans d’existence avec ce troisième opus. Ces six garçons originaires d’Orléans échappent en effet à toute classification étroite pour faire de la « chanson maximaliste », résultante d’un creuset d’influences allant « du théâtre et de la musique classique au jazz pour arriver enfin au rock et à la chanson torturée », portée par la voix sensuelle de Valérian Renault, interprète charismatique et auteur-compositeur de la plupart des morceaux. 10 titres, 46’37 ; prod. Macabane, distr. L’Autre Distribution (site du groupe).

• ÉRIC VINCENT : L’Or de l’instant
Il faudrait lui consacrer un sujet à part, et un long sujet, tant son parcours est particulier. Cela fait plus de trente-cinq ans en effet qu’il vit confortablement de son métier en chantant un peu partout autour du monde (140 pays l’ont déjà accueilli). Rien qu’aux USA, il rassemble chaque automne, à chaque nouvelle tournée, un public de vingt à trente mille personnes… Mais pour faire synthétique et vous donner envie de prolonger la découverte (s’il vous est encore inconnu), voici simplement quelques lignes aussi récentes qu’éloquentes signées Georges Moustaki : « Éric Vincent, chanteur universel. Cet infatigable voyageur dispense ses mots et ses mélodies dans les deux tiers de la planète. Il est temps que le public français connaisse et reconnaisse son talent à travers les chansons de ce nouvel album. » Des chansons, soit dit au passage, enregistrées avec de grandes pointures : Roland Romanelli, Manu Lacordaire, Pierre Chérèze, Sylvin Marc, Tony Rabeson, etc. 10 titres, 41’15 ; prod. Bémol Productions, distr. Pluriel (site de l’artiste). 

• WEEPERS CIRCUS : N’importe où, hors du monde
quichote_3.jpgC’était déjà l’un des groupes français les plus intéressants. Le nouvel album (le huitième si je ne m’abuse) de ces six musiciens strasbourgeois (qui se décline soit en CD-livre soit en livre-CD selon qu’on le cherche chez les disquaires ou en librairie) en fait l’un des plus novateurs. Vibrant « dans un espace-temps étrangement sombre et coloré, d’où surgissent des galaxies encore inconnues », il propose une alchimie subtile entre le rock’n’roll et le trip hop et cela reste de l’excellente chanson française. Une démarche qui m’a fait penser, à sa première écoute, à La Mort d’Orion de Gérard Manset… Les voix s’entrecroisent, les arrangements surprennent, le rythme omniprésent n’exclut pas le sens mélodique, et les invités, excusez du peu, s’appellent Cali, Eddy (la) Gooyatsh, Jean-Claude Carrière, Jean Fauque et Jean Rochefort. Le titre ? Il fait référence au poème Anywhere out of the world d’un certain Baudelaire… Tout cela vaut bien un « Quichotte » de Si ça vous chante, sans doute. 13 titres, 55’57 ; prod. Baz Productions, distr. L’Autre Distribution (site du groupe). 

 

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Pour en finir (provisoirement) avec cette rubrique disques, j’insiste sur le fait que Si ça vous chante cherche notamment à susciter le dialogue pour mieux remplir ses objectifs de promotion de la chanson vivante. À quoi cela rimerait-il que « l’échanson de la chanson » continuât à se décarcasser si cela ne devait susciter que de l’indifférence ?! Nous attendons – nous espérons ! – vos propres appréciations sur l’un ou l’autre des disques retenus ici ou, mieux encore, sur d’autres nouveautés auxquelles, faute d’avoir été informés de leur existence ou d’avoir pu les écouter, nous avons hélas « échappé ». Cette « maison d’amour » est la vôtre, elle est même grande ouverte aux amoureux des bancs publics (ceux des salles de spectacles) depuis 1980. Ai-je besoin de le répéter encore et encore ? Oui ? Ah bon ! Alors, you’re welcome at home, fellows ; bienvenidos a casa, amigos… mais rien que si ça vous chante !

 

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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 11:11

Tri sélectif… à consommer sans modération

   

Déjà des centaines de disques proposés à votre attention par « l’échanson de la chanson », à travers quarante-cinq sujets publiés dans cette rubrique. En voici quatre dizaines supplémentaires en deux cuvées d’affilée : autant de crus recommandables, fruits d'une sélection aussi nécessaire que difficile à opérer. Pour le simple plaisir de continuer à s’abreuver à la dive bouteille de la chanson francophone. Pour l’amour de la chanson.

   

 

À mettre entre toutes les oreilles, c’est l’objectif. La méthode, elle, est tout aussi radicale, tant sont nombreuses les sorties remarquables, avec une liste de disques le plus souvent sans commentaires ou presque (sauf à y consacrer tout son temps, impossible pour un seul homme de les chroniquer tous en détail), mais avec un lien systématique vers le site de l’artiste, du groupe ou de l’album conseillé. Vous connaissez la musique (voir notre série des « Vendanges d’automne » 2010) : nous essayons de susciter votre intérêt à l’égard d’albums pour le moins dignes d’être écoutés, et vous faites le reste du chemin en allant picorer l’une ou l’autre chanson (voire plus si affinités) chez l’intéressé(e) en question.

Autrement dit, le travail de Si ça vous chante (important et délicat travail de « tri sélectif », comme dit Yvon Étienne – voir ci-dessous –, avec le risque à l’erreur qu’il suppose) se situe en amont ; le vôtre en aval. OK ? Alors, c’est (re)parti pour ces nouvelles « Vendanges d’automne », plus quelques rattrapages des mois précédents, un disque n’étant pas un produit périssable d’une saison à l’autre. Bien au contraire, il s’apprécie parfois davantage en prenant de la bouteille. « Dans ma maison, quand tu viendras, chante Gérard Morel (cf. le second volet), On t’accueillera / À cœur ouvert à tour de bras / Tu s’ras reçu comme un pacha / […] On goûtera / À mes meilleurs vins de syrah… » Allez, entrez, entrez dans ma maison d’amour et trinquons ensemble encore une fois à l’amitié, l’amour, la joie. Tchin !

 

• ALDEBERT : Les Meilleurs Amis
En 2010, Aldebert a célébré ses dix ans de carrière (voir « Alors... Chante ! »). Ce sixième album studio s’accompagnera à partir de février 2012 d’une tournée d’une centaine de dates qui passera le 31 mars par le Casino de Paris. Aldebert ? L’un des artistes les plus brillants et représentatifs – des plus sympathiques et solidaires aussi, ce qui ne gâche rien ! – de la « Génération Chorus ». 13 titres, 42’38 ; prod. Warner (site de l’artiste). 

 FRED ALPI : J’y croyais pas
Quatrième album d’un artiste rock aux convictions libertaires et au parcours atypique, qui montre qu’on peut très bien mettre en harmonie ses paroles (et musiques) avec ses actes. 15 titres, 55’44 ; prod. Nidstang, distr. Sed et Believe Digital (site de l’artiste).

 WLADIMIR ANSELME : Les Heures courtes
ACI mais aussi « dessinateur, vidéaste, truqueur et feuilletoniste », il signe là son troisième opus, sept ans après Deuxième round (et onze après Mauvaises herbes). 10 titres, 33’51 ; coprod. W.A./Atlas Crocodiles/Klakson, distr. L’Autre Distribution (site de l’artiste).

 ARCHIMÈDE : Trafalgar
Premier album d’un « groupe » formé des jeunes frères Boisnard (Nicolas aux textes et au chant, Frédéric à la musique et aux guitares). Affaire d’indignés bien dans l’air du temps, au plan musical y compris (ils étaient récemment en première partie de Thiéfaine à Bercy). 11 titres, 37’09 ; prod. Sony Music (site du groupe).

 DOMINIQUE BABILOTTE : En public…
Double CD et DVD d’un artiste au long cours, hélas trop peu connu. Interprète convaincant dans le CD1, Chante Reggiani, il redevient ACI tout de tendresse dans le second, Pianoviolonissimo, accompagné par trois excellents musiciens. Le DVD, lui, propose l’intégrale de ces deux spectacles. CD1 : 15 titres, 53’25 ; CD2, 12 titres, 54’49 ; prod. On tour un prod, distr. Coop Breizh (site de l’artiste). 

 DIDIER BARBELIVIEN : Mes préférences
Après tout un album dédié à Ferré (Léo, 2003), place à Barbara, Brassens, Ferrat (Jean de France), Nougaro et Trenet. Des hommages « à la manière de », que chacun appréciera comme il l’entend, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout. Côté anglo-saxon, Barbelivien donne un coup de chapeau à Lennon, Elton John, Michael Jackson et Bob Dylan. Un DVD proposant une interview exclusive et des extraits d’émissions de TV et de clips complète cette espèce d’album concept. 16 titres, 57’42 + DVD ; prod. Sony Music (site de l’artiste)

 LIZ CHERHAL : Il est arrivé quelque chose
Quelle famille ! Après Jeanne, que Chorus accompagna avec constance dès ses premiers pas sur scène, voici Liz, la petite sœur dont on a déjà signalé ici le talent à suivre (voir « Les Affranchis de Chant’Appart ») depuis ses débuts avec le groupe Uztaglote. Dans ce premier album, qui est un petit bijou de bout en bout, elle signe quasiment tout : les paroles, les musiques, les programmations, elle fait les chœurs, assure la réalisation, la production… Ce qui ne l’empêche pas d’être entourée par une douzaine de musiciens et même une chorale. Un petit bijou, vous dis-je, un régal de premier album que bien des majors regretteront à son écoute de n’avoir pas signé ! 14 titres, 46’27 ; prod. Kalmia, distr. L’Autre Distribution (site de l’artiste).

 CRISTINI : Tenir debout
Troisième album « résolument folk et épique » d’un artiste « libre et définitivement engagé » à suivre de près. 10 titres (dont Bella ciao en v.o. à la coda), 35’10 ; autoproduit, distr. Dadii/SED (site de l’artiste).

 LILI CROS & THIERRY CHAZELLE : Voyager léger
Un duo d’amour et d’humour, farceur et charmeur, habitué à Voyager léger (voir leur vidéo « en cuisine » dans « Étoiles des neiges »). Guitares-voix, sax, clarinettes et autres « ustensiles de cuisine, guimbarde et légères bidouilles ». Leur tube ? Le Client d’Érotika (anciennement – puis à nouveau – Théâtre des Trois Baudets) où Gréco, Gainsbourg, Brassens, Vian, Brel et Leclerc se muent en vrais polissons de la chanson… Irrésistible. 10 titres, 37’22 ; autoproduction (site du duo).

 JAMES DELLECK : L’Impoli
Second album d’un presque quadragénaire qui s’éloigne des chapelles électro hip-hop de ses débuts pour « un ailleurs inventé » d’amour, d’humour et de colère. 13 titres, 44’29 ; prod. tôt Ou tard, distr. Wagram Music (site de l’artiste).

 JEAN-PAUL DEN : En harmonie
Un ACI belge au long cours, « un de ces artisans, soucieux de bel ouvrage, qui poursuivent leur petit bonhomme de chemin en dehors des modes et des pressions du show-business » (cf. Francis Chenot, Une autre chanson). 12 titres, 44’07 ; autoproduction (site de l’artiste). 

 

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 ROMAIN DIDIER : De loin on aurait cru des oies…
Paru au printemps dernier, trente ans exactement après son premier album, voici le nouveau Romain Didier concocté entre autres avec le fidèle complice Thierry Garcia à la guitare, David Venitucci à l’accordéon... et Allain Leprest pour le texte de quatre chansons (Mademoiselle sur le pont, Dans de beaux draps, Dieu existe-t-elle, Mon Monk). L’opus s’achève sur une superbe valse lente, « douce, comme un câlin de l’enfance / Pour ceux qui sur la pente / Glissent en silence » : « À ceux qu’la vie assigne / Au bas-côté / J’ai cet air-là, cette mélodie frangine / À chanter. » Et à reprendre en chœur… 13 titres, 39’21 ; prod. Le Chant du Monde (site de l’artiste). 

 DORIAND : Lieu-dit
Sollicité par des interprètes, il avait mis sa carrière d’ACI entre parenthèses. Le voici de retour (son premier album, Contact, date de 1997) avec de jolies chansons mélodiques, dans une famille d’esprit proche d’Étienne Daho. 11 titres, 38’40 ; prod. Doriand/Kwaidan, distr. Discograph (site de l’artiste). 

 YVON ÉTIENNE : Mes 68 chansons indomptables
En presque quarante ans de carrière, il a publié quinze albums pour la plupart épuisés aujourd’hui. Ce triple CD opère un « tri sélectif » parmi ses deux cents chansons enregistrées, en versions originales remastérisées. Avec « la seule chanson de Brassens traduite en breton » : An disclavierig (Le Parapluie). CD1 : Une dose de Bretagne, 24 titres, 76’28 ; CD2 : Une dose d’exotisme, 23 titres, 76’52 ; CD3 : Triple dose (« 50% de chansons d’amour, 50% de nostalgie, 50% de chansons à messages » !), 21 titres, 75’21 ; prod. Coop Breizh (site de l’artiste). 

 ÉVASION : Du vent dans les voix
Sixième album de ce quintette de jeunes femmes complices depuis l’enfance, d’origines culturelles et de langues diverses, qui vient de fêter ses vingt ans de spectacles. 13 titres, 37’41 + DVD du spectacle ; prod. Vocal 26 (site du label), distr. L’Autre Distribution. 

 EWEN, DELAHAYE, FAVENNEC : Kan tri men
Visage emblématique de la scène bretonne, ce trio composé de Patrick Ewen, Gérard Delahaye et Melaine Favennec achève avec ce nouvel album une trilogie folk, « drôle, surprenante et émouvante ». Acoustique explosive, répertoire trilingue et textes imprégnés de l’actualité. 13 titres, 55’36 ; prod. Dylie productions (site du label), distr. Coop Breih. 

 ZAZA FOURNIER : Regarde-moi
Second album de cette chanteuse ACI accordéoniste qui délaisse la gouaille des trottoirs parisiens de ses débuts pour évoluer vers un répertoire lorgnant sur le pop-rock. 12 titres, 45’36 ; prod. et distr. Warner Music (site de l’artiste). 

 ÉVELYNE GALLET : It’s my live !
Après deux albums autodistribués (Les Confitures en 2005 et Infidèle en 2009), voici le premier opus en distribution commerciale de cette chanteuse « volcanique » de la région lyonnaise. Un live intimiste qui reflète cinq ans de tournées et de chansons au vitriol, aux textes pour la plupart signés Patrick Font. 18 titres, 62’02 ; autoproduction, distr. MVS-Anticraft (site de l’artiste). 

 JEAN HUMENRY : Sans doute
On a rappelé dans ce blog (et dans le tout dernier numéro de Chorus) la carrière au long cours de cet artiste chaleureux que résume bien l’anthologie Aussi loin qu’ici (84 titres en 4CD) parue en 2009 à l’occasion de ses 45 ans de chanson. L’homme qui court dans sa tête poursuit donc sa route enchantée, contre vents et médias, bien qu’il assure rêver la fin de l’histoire : « Mais comment finira mon rêve / Est-il une fin dans l’au-delà / Se peut-il que je me relève / Dans le cri d’un harmonica ? » 15 titres, 63’19 ; prod. ADF-Studio SM (site de l’artiste).

 YVES JAMAIT : Saison 4
quichote_3.jpgDix ans de carrière, trois albums (le premier, De verre en vers, aussitôt repéré par Chorus en 2001), plus de cinq cents concerts pour quelque 400 000 spectateurs (voir « Génération Chorus »). Mais bien plus qu’à des chiffres, c’est à une tendresse à fleur de peau envers les « petites gens » que se résume le parcours de cet ex-stagiaire des Rencontres d’Astaffort. Cet opus n° 4, toujours réalisé par la même équipe artistique, offre une ampleur musicale nouvelle à la voix écorchée et à l’énergie brute de Jamait. Et la jonction s’opère totalement entre le fond et la forme. Sans hésiter, cette Saison 4 mérite un « Quichotte » de Si ça vous chante. 13 titres, 45’28, prod. Par Hasard Productions, distr. Wagram (site de l’artiste). 

 

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En attendant le second volet de ce sujet, rappelons que l’un des buts de Si ça vous chante est de provoquer le dialogue afin de compléter l’information apportée. Ne manquez donc pas de nous faire part – dans l’intérêt général – de vos appréciations sur l’un ou l’autre des disques retenus ici. Cette « maison d’amour » se veut la vôtre, pour autant qu’on partage le même amour – désintéressé et aussi éclectique que possible – de la chanson. Si c’est le cas, bienvenue chez vous… et faites chorus !

   

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