Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
  • Contact

Profil

  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

Site de Fred Hidalgo

Journaliste, éditeur, auteur
À consulter ICI

Recherche

Facebook

La Maison de la chanson vivante
   (groupe associé au blog)
 

Jean-Jacques Goldman, confidentiel
  (page dédiée au livre)

 

Fred Hidalgo
  (page personnelle)

Archives

Livres

 

 

17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 14:00

Collection d’hiver – 7


Second album solo du Nordiste Thibaud Defever (à la ville) qui a choisi de conserver à la scène le nom du duo qu’il avait formé en 1998 avec Marie-Hélène Picard, prématurément décédée en novembre 2006. Les ingrédients qui ont fait le succès du duo (un album, Sauvez les meubles, en 2005) puis de Thibaud auprès des professionnels (lauréats de prix, tremplins et concours à tire-larigot) sont toujours là, plus affirmés et affinés que jamais. Presque Oui, c’est sûr, a l’art de raconter des histoires, drôles ou tragiques, l’air de rien, façon Trenet, Souchon, Laffaille, sur des mélodies légères et variées.

CD.jpg

 

• MA BANDE ORIGINALE. Et j’aime bien – Séquoia – L’Autobus – J’étais vieux – Le Feu sous la toque – Le Capitaine du firmament – Mi-clos – L’Eau de l’aurore – Mancini – Top movie – Nina – Tchou tchou – Rossignol – Bande originale. (47’15 ; co-prod. Sostenuto-Absilone-Ass. Presque Oui ; distr. L’Autre Distribution ; disques et tournées : Sostenuto sostenuto1@free.fr ; site de l’artiste.)

Présentant dans Chorus (n° 66) son premier album en solo, Peau neuve, paru à l’automne 2008, Serge Dillaz notait que Thibaud avait eu d’autant plus raison de conserver ce nom, Presque Oui (hommage à Marie-Hélène… ainsi qu’à Mireille et Jean Nohain), qu’il résume « assez bien le personnage : drôle, sentimental, timide, grave, futile… Toujours entre retenue et excentricité ». En scène, ajoutait notre collaborateur, seul à la guitare ou à la mandoline (dont il joue en… presque virtuose), le jeune homme montre en tout cas un punch pas commun, capable d’emballer « vite fait un public sidéré de voir comment l’artiste reste lui-même en faisant Peau neuve ».


Et Yannick Delneste, à l’issue du festival Alors… Chante ! 2008 de Montauban où Thibaud fut lauréat des Bravos des professionnels (et deuxième des Bravos du public), estimait que « la tragédie du décès prématuré de sa compagne, le chanteur la porte artistiquement, sans l’ombre aucune d’un exhibitionnisme douteux mais en filigrane d’un répertoire comique et (ou) bouleversant. […] Ou comment faire pleurer en souriant. » Tout est dit : loin des chansons rentre-dedans qui assènent, Presque Oui propose des chansons « en filigrane », sur le fil ; empreintes de douceur et de délicatesse. Des chansons tout en finesse, tant dans l’écriture que dans les mélodies, avec des musiques de genre (tango, etc.) qui n’hésitent pas à emprunter aux rythmes ensoleillés, pour rire, façon Lavilliers qui ne se la jouerait pas.

 

 

Autre caractéristique de Presque Oui : la remise au goût du jour d’une chanson qui raconte, au lieu de se complaire dans l’introspection nombrilesque aux antipodes de l’universalité qui caractérise les grandes chansons. Si certains représentants de la « nouvelle scène » font penser à cette littérature « moderne » aussi falote que pâlotte, sans intérêt aucun pour le lecteur, la manière de faire de Defever renvoie à la meilleure tradition de la chanson française. Celle qui raconte des histoires et nous emporte sans coup férir là où on ne s’y attend pas. On l’a compris, plutôt qu’à ces littératés à la mode qui s’écoutent écrire pour mieux se pavaner sur les plateaux qui font l’opinion, Presque Oui s’apparente à un Pennac ou un Vautrin. Pour la qualité de l’écriture, l’humour et l’intrigue. Voyez, ou plutôt écoutez, la triste histoire du commissaire Mancini…

 

Une inspiration devenue assez rare en la matière (mais qui semble reprendre du poil de la bête grâce à des Alexis HK, Bénabar, Agnès Bihl et autre Renan Luce) qui n’exclut pas pour autant, traités avec une infime pudeur, les sujets graves. L’Autobus, par exemple (voir vidéo ci-dessus, en guitare-voix), ne vous fait-il pas songer à l’immigration tunisienne qui touche massivement les côtes italiennes ces jours-ci ? « Une place pour mes fesses dans cet autobus / Où qu’il aille, je me taille, je m’expulse / […] Ce radeau, ce rafiot, ce pousse-pousse / Même à l’étroit, même sur le toit / Je veux du vent dans ma voilure… » Allez Thibaud, tiens bon la vague et tiens bon le vent, hisse et ho !

 

Partager cet article
Repost0
16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 14:00

Collection d’hiver – 6

 

Au départ, rappelait Marc Legras dans son Portrait de Chorus (n° 62) « la voix, la présence, le charisme de Fabiola, sa passion de tous les instants, lui valent de passer au Québec comme l’interprète idéale d’Édith Piaf ». C’était dire combien la native de Trois-Rivières est douée : « Un bijou d’artiste » pour Lynda Lemay qui en fera sans hésiter l’héroïne de son opéra-folk Un éternel hiver. Puis Fabiola se lance en solo, avec son propre répertoire de chansons poétiques, et ne cesse dès lors de tourner de part et d’autre de l’Atlantique. Quand l’amour bascule, récemment paru dans la Belle Province, est ce que l’on appelle « l’album de la maturité ».

CD.jpg


• QUAND L’AMOUR BASCULE. Le cœur à marée haute – Neige – Plus de haine – Tout ce qu’il fallait – Attends-moi – On s’est pris un appart – Petite braise – Libertia – Parfois – Y a pas d’amour qui m’aime – Mon requiem – Le Vent. (37’35 ; coproduction Fabiola Toupin & À l’infini Communications ; distr. Québec : Sélect, France : seulement à la Librairie du Québec à Paris ; disponible par correspondance via le label ou la page spéciale de l’artiste ; site de la chanteuse ; page spécifique pour l’écoute de l’album.)

Naissance à Trois-Rivières (Québec) en 1975, premier spectacle, Brel valse avec Piaf, à 19 ans ; interprète le rôle de Fantine dans Les Misérables puis le rôle-titre d’Un éternel hiver (2005-2006) de et avec Lynda Lemay ; premier album en 2007, Je reviens d’ici, dont Manu Trudel, son complice de toujours, compose la musique de la plupart des chansons. Aujourd’hui, Quand l’amour bascule, tout en se voulant une sorte d’ouvrage thématique, élargit son inspiration, en même temps que son panel d’auteurs (dont elle-même pour Le Cœur à marée haute et Tout ce qu’il fallait). L’amour dans tous ses états, déclinés par Lili Cros (Neige), Catherine et Claude Lemesle (Plus de haine), Lynda Lemay (Parfois)… et le groupe Blou (superbe Mon requiem, en écoute ici) qui signe la réalisation du disque avec Réjean Bouchard. 

 

Fabiola Toupin – Mon requiem

Mais c’est surtout dans l’interprétation que Fabiola atteint des sommets. Dotée d’une voix qui semble capable de tout, elle échappe aux canons habituels de « la gueularde québécoise », comme dirait William Sheller pour qualifier des performances sans âme, apportant à ses chansons des nuances que seule permet une sensibilité hors pair. Bref, un disque idéal pour la semaine de la Saint-Valentin, pour les amoureux de la « bonne chanson » (notion chère à la Belle Province d’antan) et plus généralement pour qui espère qu’un jour les soldats seront troubadours…

 

   

Pour le plaisir, je vous propose notamment une vidéo de Fabiola (interprétant Brel) dans une émission de Bernard Pivot qui célébrait en public, en 2004, les « Trophées de la langue française » : un concours de haut vol, à l’échelle francophone, qui a duré plusieurs années (et dont le final était retransmis sur France 3 et TV5 Monde). Pour la catégorie « Chanson-poésie », le jury, assez restreint, était notamment composé de Jean-Michel Boris (L’Olympia), Françoise Dost (Radios Francophones Publiques), Claude Lemesle (auteur)… et votre serviteur au titre d’une certaine « revue de référence de la chanson francophone ». Parmi les lauréats et révélations de ce Trophée : Lynda Lemay, Thomas Fersen, JP Nataf, Jeanne Cherhal, Alexis HK, Aldebert, Loïc Lantoine, Amadou et Mariam, Ridan… et Fabiola Toupin.
 

 

Écoutez-la, Fabiola : elle tire de son chant des sentiments aussi divers qu’inattendus, ce qui n’est ni courant ni aisé quand on chante essentiellement l’amour. Musicalement, batterie et percus, piano et accordéon, guitares et basse sonnent comme un orchestre symphonique. Comme celui de Trois-Rivières, comme l’Orchestre national des Pays de la Loire qui ont déjà eu le bonheur de poser leurs notes sur sa voix. En attendant de la retrouver ici ou là en pareille compagnie, contentez-vous de poser son disque sur votre platine. Vous verrez : c’est un diamant à l’état brut. 

 

Partager cet article
Repost0
15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 14:10

Collection d’hiver – 5


Annegarn, Kanche, Lapointe, Mélissmell… Des artistes en « solo », de styles non formatés (c’est le moins qu’on puisse dire) et de générations différentes. Histoire de diversifier encore cette collection d’hiver, passons à un groupe : AU groupe ! LE groupe de la chanson française de ces vingt dernières années (et même davantage, un bon quart de siècle, si l’on remonte à l’époque des « Red Ted » : remember ?). De fait, les Têtes Raides ont engendré une filiation innombrable, comme autant de rameaux d’une branche nouvelle de l’arbre à chansons.

 

 RetesRaides.jpg

 

À l’instar des Garçons Bouchers à leurs débuts, inventant le rock musette en réhabilitant l’accordéon, Christian Olivier et ses garçons ont créé un genre, de poésie et de musiques festives mêlées, très orchestrées, souvent imité (avec plus ou moins de bonheur)… mais jamais égalé. Leur nouvel album, qui plus est, constitue une manière d’apogée dans leur œuvre.
   

 

• L’AN DEMAIN. L’An demain – Fulgurance – Emma (avec Jeanne Moreau) – Angata – Marteau-piqueur – J’m’en fous – Météo – Gérard – So free – Pas à pas – Olé – Maquis – Je voudrais. (43’51 ; prod. tôt Ou tard, distr. Wagram Music ; Têtes Raides sur le site du label ; site du groupe.)

Oui, une œuvre, forte déjà d’une quinzaine de galettes toutes plus riches les unes que les autres : formation des Red Ted en 1984 avec, déjà, Christian Olivier (chant et accordéon) et Grégoire Simon (sax ténor) ; premier album des Têtes Raides (un 25 cm autoproduit !), Not dead but bien raides, en 1989. Suivront Mange tes morts, Les Oiseaux, Fleur de yeux, Le Bout du toit, Viens ! (live), Chamboultou, Gratte poil, Qu’est-ce qu’on s’fait chier !, Fragile, 28.05.04 (live), puis Banco fin 2007. Voici poindre à présent L’An demain, celui de tous les possibles : « À l’infini des infinis / Posé là sur une seconde / On refait le monde / […] Ode à la nuit qui me remplit / Ode au matin qui me retient / J’irai demain en l’an demain… »

 

« Cet album, note Christian Olivier, auteur-interprète du groupe à sept têtes (la musique étant œuvre collective), est plus personnel dans l’écriture, moins frontal politiquement, plus poétique. » La participation de Jeanne Moreau, véritable « retour » à la chanson de la grande dame depuis Le Tourbillon d’inoubliable mémoire, dans Emma ? « J’avais beaucoup avancé sur Emma quand il m’est apparu évident que j’entendais Jeanne Moreau dans la chanson. Il y a quelque chose dans la mélodie et dans le texte qui est absolument elle. Comme nous travaillions aussi sur l’adaptation du Condamné à mort de Genet, j’ai demandé au théâtre de l’Odéon de lui soumettre la chanson. Deux jours plus tard, elle était d’accord. » Lendemains qui chantent ? « Au départ, l’équilibre des Têtes Raides était proche du cirque : un coup ça penche à droite, un coup ça penche à gauche. Cette fois-ci, nous avons pris le risque de vraiment épurer. » Pari gagnant.

   


________________
 
CouvChorus
.
.
NB. Il nous reste quelques exemplaires collectors du numéro TÊTES RAIDES de Chorus (n° 49, automne 2004) comportant un dossier de 24 pages abondamment illustré de photos inédites et d’un dessin pleine page des Chats Pelés (avec biographie, œuvre, interview, discographie, témoignages de Jean Corti, Loïc Lantoine…). Si intéressé(e), nous adresser un courriel en cliquant sur sicavouschante.info@orange.fr.

Partager cet article
Repost0