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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 17:57

Vendanges d’automne (3)

 

Petite entorse à notre « hiérarchie » alphabétique : après deux premières balades dans les vignobles chansonniers des cépages A à D, retour vers la cuve ou plutôt la cave (là où l’on conserve les crus « hors catégorie » !) du B avec un « spécial Brassens* » (et plus, si affinités, via une envolée aussi rapide que « royale » jusqu’au monde du L), actualité oblige… Aujourd’hui, nous avons en effet rendez-vous avec les Amis de Georges !

 

 

LES AMIS DE GEORGES

Brassens.jpgL’actu, d’abord : ce samedi 25 septembre, le gala annuel de la revue Les Amis de Georges se déroule à La Grande Comédie (40 rue de Clichy), avec de nombreux interprètes qui, non contents de faire comme toujours la fête au Bon Georges, vont également chanter Guy Béart, Jean Ferrat, Léo Ferré et Édith Piaf. Parmi ces artistes, certains de ceux que l’on retrouve sur le disque réalisé à l’initiative de l’association et de la revue éponymes : Valérie Ambroise, Canta U Populu Corsu, André Chiron, Eva Dénia, Sandrine Devienne, Joël Favreau, Goun, Bruno Granier, Guénaëlle, La Mauvaise Réputation, La Rouquinante, Les Étrangers Familiers, Les Z’Embruns d’Comptoirs, Jacques Muñoz, Miquel Pujado, Soul’Sens, Jacques Yvart, Yves Uzureau… et notre Serge Llado à nous (oui, oui, celui de « L’Amusicoscope » de Si ça vous chante), s’offrant tout spécialement La Femme d’Hector.

Au final, un florilège brassénien dans le texte, et dans le respect de la forme originale… ou pas : Tonton Georges en versions hip-hop ou folk, ça vaut le détour, tout comme chanté en provençal (André Chiron), en catalan (Miquel Pujado), en anglais (Les Étrangers Familiers, lire ci-dessous) ou en corse (magnifique adaptation et interprétation de La Prière par le groupe historique Canta U Populu Corsu !). Une belle réussite qui annonce un second volume… En attendant, rendez-vous à la Grande Comédie, ce samedi, où l’on retrouvera aussi avec plaisir Marcel Amont qui chantera Brassens et… Amont. Sinon, ce premier CD vous tend les bras, comme la première fille qu’on a…

• Les Amis de Georges chantent Brassens, 19 titres, 62’06 ; Prod. Les Amis de Georges, distr. : 13 av. Pierre-Brossolette, 94400 Vitry-sur-Seine (Site).

 

LES ÉTRANGERS FAMILIERS

Etrangers.jpgVoilà sans doute le disque (un double album) et le spectacle (une coprod’ de l’association rouennaise Les Musiques à Ouïr et de la Scène Nationale de Sète) réalisés à partir du répertoire brassénien sans doute les plus originaux, inventifs… et dérangeants (pour les partisans de l’ordre établi – contraire même à l’esprit anar de Tonton Georges, faut-il le rappeler ? – et du respect scrupuleux du « dogme » originel) qu’il m’ait été donné d’écouter. Étranges, comme le nom de ce groupe composé sur mesure… et pourtant familiers, vu le répertoire en question que l’on a tous et toutes plus ou moins en mémoire, voire sur le bout des lèvres.

Le groupe ? Sept drôles de garnements au chant et/ou aux instruments : Alexandre Authelain, Denis Charolles, Joseph Doherty, Julien Eil, François Pierron… et puis Loïc Lantoine et Éric Lareine ! Le répertoire ? En français dans le texte, mais aussi en anglais (deux titres adaptés et chantés par Joseph Doherty, dont Saturne), en espagnol (La Juana – Jeanne – par Éric Lareine) et même en c’hti avec une adaptation de J’ai rendez-vous avec vous qui, dans le « parlé-chanté » propre à Loïc Lantoine, devient Mi c’hé vous aut’ que j’attinds !

Étrange, ça l’est indubitablement, au plan du chant, plutôt « à l’arrache » (Lareine et Lantoine le plus souvent, ainsi que Charolles, Doherty et Eil, chacun son morceau ou parfois à deux ou bien en groupe), comme des arrangements musicaux, disons jazzy (pour aller vite !). Parfois cela paraît totalement dépouillé, d’autres fois extrêmement riche avec, il est vrai, une ribambelle d’instruments, qu’ils soient traditionnels (guitares, flûtes, saxophones, clarinettes, trombone, contrebasse, percussions, batterie, harmonica, synthé, accordéon…) ou beaucoup moins (« percutterie » et « graviers »). Au final, on revisite la maison Brassens (et certains des poètes qu’il a mis en musique : Hugo, Richepin, Fort, Pol…) de fond en comble, tant dans l’interprétation (parfois seulement parlée, comme pour Hécatombe) que dans les mélodies.

 

 

Vous l’aurez compris : si vous êtes du genre néo-classique (voire un rien atrabilaire), pour éviter d’en faire une jaunisse, mieux vaut passer votre chemin ; en revanche, si vous appréciez les recréations (qui, réussies, nous font de belles récréations tout en contribuant à maintenir vivant le patrimoine) et… si vous avez un tant soit peu le goût du risque, ce Salut à Georges Brassens est fait pour vous. Même si, sans doute, un tel travail porte davantage ses fruits en scène (à noter que dans la vidéo présentant de brefs extraits de ce spectacle, Éric Lareine porte une moustache de circonstance !) : « Soirée magique, témoigne un spectateur, “inconditionnel du moustachu”, qui m’a fait voguer du rire aux larmes, où mon seul désir fut que cela ne s’arrêtât jamais. Larmes d’émotion en buvant les mots de Loïc Lantoine soulignés par ces traits de contrebasse, […] larmes de rire avec cette interprétation fantastique par le corps et par la voix d’Éric Lareine… »

Mon choix perso dans tout ça ? Sans exclusive, La Supplique… fabuleuse version lantonienne (« Place aux jeunes, en quelque sorte » !), La Religieuse déshabillée par Éric Lareine, à l’aide d’une guitare cristalline puis d’un harmonica orgasmique (« Encore, encore… »), et Le Vieux Léon en chant nord-sud (Lantoine le Lillois, Lareine le Toulousain) mâtiné d’une touche britannique avec Joseph Doherty : émotion garantie ! Mais aussi deux « bonus » apparemment hors sujet : La Romance de la pluie (de Hornez/Stern et Meskiel) par Lareine, et Presque oui de Jean Nohain et Mireille également en duo Lantoine-Lareine. Bref, comme l’indique la première de ces vingt-sept chansons, Il suffit de passer le pont

• Un salut à Georges Brassens, double CD digipack quatre volets, 15 titres, 53’21 + 12 titres, 53’58 ; Prod. Label Ouïe, distr. Anticraft (Site).

 

ÉRIC LAREINE

Lareine.jpgÔ Toulouse ! Ces dernières années, Éric Lareine (grand ami et compagnon de galère de Mano Solo) les a passées loin de sa ville natale. Cinq ans outre-Loire « engagé volontaire dans la “Campagnie” des Musiques à Ouïr » fondée par Denis Charolles (voir ci-dessus). Cinq ans et cent cinquante concerts en trois créations, dont celle consacrée à Brassens. Aujourd’hui, Éric est de retour à la maison où il a trouvé trois musiciens, frais émoulus de l’improvisation jazz, habiles artisans « d’un rock de décharge » : Frédéric Cavallin (batt., percussions), Frédéric Gastard (saxophone basse, claviers), Pascal Maupeu (guitares électriques). Comme ils pourraient être ses fils, Éric (le roi ?) s’est marié avec Lareine pour former un groupe avec « leurs enfants ». Avec un album – de tout premier ordre – à la clé.

Éric Lareine ? Encore un qui se fait bien discret (à son corps défendant) dans les grands médias. Lui aussi est pourtant une pointure, incontestable, de la chanson. Un… enfant de la « Génération Chorus » (vous savez, ce que la télévision a nommé finalement « la nouvelle scène »… à laquelle elle refusait obstinément l’accès à ses plateaux, pendant que Chorus, dans les années 1992 à 2000, remplissait sans faillir et sans relâche sa « mission » de découverte de nouveaux talents). Lareine était en effet au sommaire de Chorus (un « Portrait » d’une double page) dès son n° 1, il y a exactement dix-huit ans, presque jour pour jour ! « Ambulancier en maraude ou danseur de soleils italiens, étrange joueur de mots et rocker réaliste, ce prince de la scène lance de nouvelles pistes, un peu sauvages, pour la chanson », écrivait alors notre excellente amie et collaboratrice Pascale Bigot.

Qui poursuivait ainsi, ayant tout saisi d’emblée du personnage : « Marin perdu en terre, vacillant et fragile, entre un clavier sage et un batteur fou, […] beau, sombre et maigre, visage aigu, voix écorchée, un sourire comme une morsure douce. Dansant son “rock réaliste” dans une transe, confiant à son harmonica une plainte suspendue, passant du cri au chuchotement, il lance des filins ténus, souffle retenu, entre lui et nous. Du grand art ; l’extrême tension d’un déséquilibre apparent et permanent, la réalité maîtrisée d’un long travail complexe et d’une personnalité peu commune, déroutante, dérangeante. »

 

 

Du grand art, oui. Tout était dit dans cet article. Et même pressenti… jusqu’à ce nouvel album (en 1992, le premier, Plaisir d’offrir, joie de recevoir, venait juste de sortir), tellement sa personnalité est apparue insaisissable, tout ce temps, à l’establishment médiatique… Ce disque lui permettra-t-il enfin de se faire connaître à sa juste valeur d’un public autre que celui des (grands) passionnés de chanson ? C’est pour le moins à souhaiter, tant il échappe à la production courante, tant il est original, personnel, émouvant, emballant, enthousiasmant. Pas dans la norme, quoi. Et c’est bien pour ça, hein, hélas… De toute façon, l’artiste s’en moque, qui trace sa route sans se soucier des contingences, en donnant le meilleur de lui-même, ce qu’il a de plus profond en lui et d’« urgent » à exprimer.

En l’occurrence, « une musique de chambre électrisée comme une cage de Faraday, un combo pour le sens et la liberté, pour les mots pour le dire ; des paysages inventés, parcourus de créatures mythiques, mi-pop mi-rock, et de guitares environnementales. Des bois, des fûts, des lames percutés de plein fouet par une voix qui conte, murmure et hurle ». Une voix qui conte, crie et chante comme si elle devait s’éteindre demain, mais surtout, même étouffée, même inaudible au plus grand nombre par la pression de la consommation de masse à tout crin, une voix qui compte depuis longtemps, et pour longtemps encore, dans la chanson française.

(NB. La vidéo de Beauté, chanson que l’on retrouve sur cet album, a été enregistrée lors du « premier jet » de son nouveau spectacle, le 21 février 2009 à l’Espace Croix-Baragnon de Toulouse. Signalons aussi, à l’attention particulière des Parisiens, le concert d’Éric à l’Alhambra ce 29 septembre puis au FestiVal de Marne le 15 octobre. Autres dates de concerts sur son site).

• Éric Lareine et leurs enfants, 10 titres, 40’15 ; Les Productions du Vendredi/Le Chant du Monde, distr. Harmonia Mundi (Myspace).

(À SUIVRE)

___________

*À noter que « L'Intégrale Brassens », manifestation annuelle organisée à Paris depuis 2006 par l’association « Le Grand Pan » (et qui, comme son nom l’indique, a pour objet la reprise du répertoire de Brassens par différents interprètes), se tiendra cette année du samedi 16 au dimanche 24 octobre, à la salle Rossini de la mairie du 9e arrondissement (6 rue Drouot, Métro Richelieu-Drouot). Avec, en « supplément de programme » samedi 16 à 19 h 30, avant l’ouverture de la manifestation proprement dite (qui a lieu uniquement en soirée à partir de 20 h et le dimanche à 17 h), un spectacle en « Hommage à Jean Ferrat », avec Francesca Solleville. Une exposition de photos de Brassens par son amie Josée Stroobants est présentée dans le hall où auront lieu des signatures de livres. Détail du programme et infos pratiques sur le site de l’association. Précisons enfin que cette 5e édition est dédiée au comédien Pierre Maguelon, dit « Petit-Bobo », qui était un grand ami de Brassens et l’a rejoint, emporté par la Camarde, en juillet dernier.

 

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 20:05

Vendanges d’automne (2)

 

C’est drôle : je voulais vous faire goûter sans tarder au second cru tiré de nos vendanges d’automne et je m’aperçois que celui-ci aura attendu jusqu’au 21 septembre pour se retrouver en bouteille (en ligne si vous préférez)… comme si mon inconscient, allez savoir pourquoi, m’avait poussé à en reculer la dégustation au jour traditionnel de parution de Chorus. Depuis 1992, nos « Cahiers de la chanson » trimestriels étaient en effet publiés le premier jour de chaque nouvelle saison, et sans « l’accident » que l’on sait (et dont il reste beaucoup à dire), nous en serions aujourd’hui même au n° 73… avec son lot habituel de découvertes et de talents confirmés, connus ou méconnus. À l’image même, en fait, de cette livraison de Si ça vous chante qui vous invite à faire chorus… en attendant peut-être de le (re)prendre en mains*.

 

 

Mais chaque chose en son temps. L’ordre du jour chansonnier de ce 21 septembre est à la suite de nos propres vendanges bloguesques d’automne : un jus de la treille issu d’un mélange de primeurs avec des grappes de mots et de notes qu’on gagne à laisser mûrir un peu. Crus du terroir ou grands crus classés… seulement par ordre alphabétique : après une première mise en bouche dans les rayons A à C de la cave de Si ça vous chante, promenons-nous aujourd’hui dans la rangée fort courue et diverse du monde du D. « D » comme Dechaume, Delly’K, Dénicheurs, Deraime, Derien, Donoré et Dudek. Point trop n’en faut à chaque fois.

 

MARIELLE DECHAUME

Dechaume

Interprète, donc artiste de scène avant tout, au métier chevillé à l’âme et au corps, Marielle Dechaume n’avait sorti qu’un album à ce jour, concocté sur mesure par quelques auteurs et compositeurs de la région d’Angers où elle vit (En mon âme et confiance, 2003). Son parcours ne laisse pourtant pas d’être fort dense : repérée par Chorus lors de la 4e Rencontre d’Astaffort en mai 1995, elle remporte haut la main le Trophée Radio France de la 9e Truffe de Périgueux, en août de la même année. « Petit bout de femme haute comme trois pommes, écrit Valérie Lehoux dans Chorus n° 13, la crinière blonde, […] elle a chanté des histoires d’amour très pures et très romantiques entre un piano et une guitare. Marielle a la voix claire, toute en fraîcheur, quelques années de piano-bar derrière elle, et des textes aux sentiments généreux. Elle a décroché la Truffe d’or en écarquillant les yeux comme une enfant devant un sapin de Noël. Une victoire au diapason de l’applaudissement : la salle, archicomble, lui a fait une quasi-ovation. »

Par la suite, elle remportera d’autres prix, créera plusieurs spectacles (notamment autour de Piaf, de Prévert ou du jazz avec un quatuor), ouvrant en 2003 un café-théâtre à Angers, L’Autrement Café, devenu un lieu reconnu de diffusion et de promotion de la chanson. Elle tourne à présent avec son propre répertoire (Je suis comme je suis), accompagnée seulement par Jacques Montembault au piano, comme dans ce second album conçu lui aussi spécialement par des auteurs et/ou compositeurs essentiellement masculins (une seule femme, Cécile Connin) qui se nomment Jean-Louis Bergère, Jacques Livenais, Jean-Victor Nambot, Olivier Ridereau et surtout Lionel Tua. À noter que l’album a été enregistré au Théâtre de l’Avant-Scène de Trélazé dans les conditions du direct (mais sans public).

• Que dire de l’amour ?, 16 titres, 52’26 ; autoproduction et autodistribution (Myspace).

 

DELLY'K

DellyKDelly’K ? Comme délicat ? Sans doute, tellement les arrangements dU guitariste-compositeur Christophe Joubert (cofondateur de ce groupe à géométrie variable : de trois à sept musiciens suivant les lieux et les possibilités) sont fins et intelligents (guitares, piano, violoncelle, percussions, basse, synthé). Bossa nova, rythmes et chœurs hispanisants… pour de la belle et bonne chanson française dont on a autant plaisir à écouter les textes signifiants qu’à se laisser embarquer par les musiques. Delly’K aussi comme Delphine Keryhuel qui formait à l’origine avec Christophe un simple duo et qui signe la plupart des chansons de ce premier album, qu’elle interprète de sa voix chaude et assurée, souvent seule, le reste du temps en duo ou soutenue par des chœurs. Tout comme Marielle Dechaume (voir ci-dessus), Delphine qui a vécu longtemps dans l’univers de la chanson baignant la vie de ses parents (Bernard et Dany Keryhuel, fondateurs du festival Chant’appart) a ouvert à La Roche-sur-Yon un « bar à vin culturel », lieu d’expositions et de spectacles qui doit son nom, L’Art en bar, à un certain Jehan…

 Entre autres titres qui viennent du fond, du tréfonds  de l’âme (mais ne s’intéressent pas, loin de là, qu’à soi-même ou au seul quotidien : cf. J’ai posé mes bagages, jolie chanson sur l’environnement), citons Premier pas, émouvante déclaration d’amour filial en laquelle bien des pères (et des filles entrées dans l’âge adulte) se reconnaîtront sûrement…

• Emmène-moi, 12 titres, 45’26 ; autoproduction et autodistribution : 12 rue Lorieau, 85000 La Roche-sur-Yon (Myspace).

 

LES DÉNICHEURS  

DenicheursSi, en scène, c’est une œuvre de salubrité patrimoniale (et sans doute un spectacle jubilatoire), on peut s’interroger sur l’intérêt de reprendre en disque des chansons du répertoire qu’on pourrait écouter en versions originales. D’abord, il n’est pas sûr du tout que celles de ce double album (le premier de ce trio voix-accordéon-guitare) aient toutes été rééditées en CD, Les Dénicheurs en question s’étant fait une spécialité de traîner leurs guêtres dans les vide-greniers pour chiner de vieux disques poussiéreux, rayés et bon marché, qui réservent parfois de bonnes surprises. Ensuite, c’est justement le fait de rassembler toutes ces « perles de la chanson rétro » qui confère de la valeur à l’entreprise, prenant alors la tournure d’un florilège chansonnier d’avant-guerres, au pluriel (en gros, de 1906 – La Petite Tonkinoise – à 1939 – Ça fait d’excellents Français – avec quatre ou cinq exceptions de 1944 à 1947 – Attends-moi sous l’obélisque, C’est si bon, Le Dénicheur, Le P’tit Bal du samedi soir – et même une de 1966, signée Trenet : Le Chinois).

Les Dénicheurs (Valéry Dekowski au chant, Olivier Riquart au piano à bretelles, Manu Constant à la guitare) n’ont plus, dès lors, qu’à trouver la gouaille nécessaire pour clamer haut et fort des mots et des notes qui sont un témoignage unique de la mentalité collective – et des mœurs – de l’époque. Ces chansons mélodiques (qui, parfois, n’ont pas tellement vieilli), nous en apprennent en effet beaucoup en la matière, peut-être mieux qu’un manuel d’histoire, tout en nous réjouissant les esgourdes. Entre deux rengaines peu connues mais qui valent le détour, on effectue en deux tours de CD une bien agréable balade au pays des Ouvrard, Chevalier, Fréhel, Georgius et autres Scotto, Van Parys, Misraki, Guitry, Dréjac ou Willemetz. Et ça devient carrément du bonheur, avec Julien Duvivier aux paroles et Maurice Yvain à la musique, Quand on s’promène au bord de l’eau

• Saucissons zé raretés de la chanson rétro, 2 CD digipack : 13 titres, 39’42 + 13 titres, 38’26 ; autoproduction, distr. Rue Stendhal Diffusion (Site).

 

BILL DERAIME  

Pour ses quarante ans (révolus) de carrière, en 2008, le Monsieur Blues de la chanson française avait sorti un albDeraimeum dense (le dix-septième !) intitulé Bouge encore. Cette fois, le grand Bill nous propose un double CD composant, écrit-il, « une sorte de compilation de mes dix dernières années d’enregistrements pour donner une nouvelle chance à des chansons qui ont été “enterrées vivantes” dans les “bas-fonds du star-système” (monde cruel !) ». Victime lui-même de la précarité et de la maladie dans cette période, il dédie son répertoire à tous ceux, « de plus en plus nombreux, qui vivent dans la rue, et qui y meurent de solitude et de désespoir plus que de froid ou de faim ». Et pour mettre ses paroles et ses actes en accord, Bill Deraime a rejoint une association, « Les Morts de la Rue », qui est « comme un petit îlot d’humanité lumineux qui fait se relever la confiance. C’est en pensant à ce collectif qui m’est cher que je vous propose d’écouter ces chansons… » Des chansons qu’il a réenregistrées, « non pas pour faire du neuf à tout prix mais du “meilleur” et du “plus beau” », précisant que s’il a conscience d’avoir « diminué physiquement », il croit « avoir beaucoup reçu au niveau du feeling et de la voix », ce qui est l’évidence même à l’écoute de ce Brailleur de fond (titre à entendre dans le sens où Nougaro parlait de « mineurs de fond » à propos des auteurs-chanteurs).

 

 

Du Chanteur maudit (qu’on peut visionner ici en clip) aux versions inédites du Révérend Gary Davis (« pour rendre hommage à ce “Gospel Bluesman” qui chantait aux coins des rues et qui m’a beaucoup influencé »), on retrouve l’incontournable Babylone tu déconnes, quelques versions en public mais remixées « pour vous donner “le best of myself” » et plein de textes forts qui sonnent musicalement du feu de Dieu (avec des incursions vers le reggae ou le gospel) : « Quand j’écris dans la marge / J’oublie toutes les blessures du temps / Dans un étroit passage / Où tous les futurs sont présents… » Côté orchestral, tout y est (notamment la présence du complice Mauro Serri aux guitares) ; vocalement, c’est imparable. Et « philosophiquement », jugez-en vous-mêmes : « Il est bon en période de crise, écrit d’emblée l’artiste, de retourner à la source et de communier avec ce qui avait fait l’essence de cette extraordinaire musique noire. En plongeant dans sa source profonde on peut trouver l’Energie Positive, nécessaire à la création et à la lutte salutaire contre l’inertie. » Chapeau (ou plutôt béret), Mister Bill !

• Brailleur de fond, 2 CD digipack 4 volets avec livret de 40 pages : 14 titres, 59’03 + 12 titres, 59’26, et bonus vidéo de 10’50 ; Prod. Bill Deraime/Nueva Onda, Licence Dixiefrog Records, Harmonia Mundi distribution (Site).

 

 THIBAUT DERIEN 

quichote_3.jpgAprès Instants fanés repéré par Chorus (n° 52) et Yannick Delneste en 2003 (« Dès la fin du premier titre de ce premier album, on sait que l’on a sous l’oreille un vrai nouveau talent… ») et L’Éphéméride en 2005 avec le groupe De Rien, le Breton Thibaut Derien prend son envol d’auteur-interprète en recouvrant son véritable patronyme avec un troisième album placé sous le signe du détachement classieux, du sourire en coin et de l’énergie musicale. En l’occurrence, cinq compositeurs de choix se sont emparés de sa poésie nonchalante et ironique (Bertrand Louis, Cyril Giroux…), alors que Clarika et François Hadji-Lazaro lui donnent la réplique dans deux duos enlevés et doux-amers.

  

Derien

 

Les textes, littéraires, qui jouent avec les mots, font mouche avec élégance. « J’écris avec les pieds », s’amuse Thibaut le flâneur, qui aime chercher l’inspiration dans la marche. Les musiques font penser à Ennio Morricone ou Tarantino : « J’avais envie de musiques de films… » Les arrangements, réussissent ce tour de force de paraître dépouillés malgré un superbe foisonnement instrumental (cordes en tout genre, cuivres idem, piano, batterie…). Et mon tout forme un ensemble des plus cohérent, « une œuvre mature, presque apaisée », note son ami Eric La Blanche (déjà chroniqué ici en « Actu Disques et DVD »).

 

 

Au final, Le Comte d’Apothicaire (« J’ai acquis un titre de noblesse / Sans aucun palmarès / Sur un coup de chance / Mon seul diplôme c’est mon extrait de naissance… ») semble être un album hors du temps, « ancien et moderne à la fois », poursuit à juste titre La Blanche, « un peu comme la bande-son d’une bande dessinée de Schuiten et Peeters ». Il a d’ailleurs été écrit à Bruxelles, où Thibaut Derien a vécu ces dernières années. Croyez-m’en sur parole (et musique), c’est du tout bon, à l’évidence un « Quichotte » de Si ça vous chante, dans la forme comme dans le fond.

• Le Comte d’Apothicaire, 12 titres, 42’22 ; Kiui Prod., L’Autre Distribution (Myspace).

 

DONORÉ  

DonoréPremier album d’un jeune artiste « à suivre », comme on disait à Chorus. Fruit de deux ans de travail, il a été coécrit avec Marie-Florence Gros (qui a notamment collaboré avec Isabelle Boulay et Patrick Bruel) et enregistré avec des musiciens prestigieux, comme Denis Bennarosh et Hervé Brault (Cabrel, Nougaro…). Musicalement et dans l’inspiration textuelle, Donoré se situe plutôt dans la famille du folksong à la française (Cabrel justement, Le Forestier…), vocalement aussi, avec parfois quelques inflexions sympathiques à la Goldman. Histoires d’amitié amoureuse, de jalousie, de vengeance, de mariage qui foire (« Premier anniversaire, les noces de coton / Celui de notre lit s’effiloche, pardon / J‘ai voulu la mariée, Venise, l’amour parfait / Et l’amour justement, où l’avais-je rangé ? ») ou qui tourne à la foire (« C‘est sous l’regard de Jésus-Christ / Impassible sur son crucifix / Que Cendrillon a dérapé / Telle une sirène, elle l’a appelé / Son p’tit témoin, son “je doute de rien” / Dans le presbytère, elle l’a happé / Et brusquement, l’a culbuté / C’est le jour J qu’elle a dit oui / De son point G qu’il témoignait… ») ; bref, de la chanson légère en apparence mais qui dit, mine de rien, façon Souchon, la difficulté qu’on a parfois à se comprendre et à vivre ensemble.

Qui dit aussi l’importance de la croisée des chemins (« La peur du vide m’a joué des tours / Aujourd’hui / Dis, on va où ? ») et la nécessité de sauter le pas dans la bonne direction : « Faudrait passer la frontière / Aller au-delà / Sans faux pas / Voir ce qui se cache derrière / Ce qui nous libère… » Quand ce sera fait, quand Donoré aura pris un peu de « bouteille », qu’il sera tout à fait venu à nous, il ne sera plus un artiste « à suivre » (qui fait déjà de jolies chansons), mais un artiste dans les pas duquel d’autres auront envie de marcher.

• Je viens à toi, 10 titres, 46’45 ; Donoprod, distr. Mosaic Music (Site ou Myspace).

   

ROMAIN DUDEK 

quichote_3.jpg

Il dit que sa mère écoutait Ferré et Béranger à fond quand elle était enceinte de lui. Il en garde en tout cas de beaux restes. Le contenu et le titre de cet album (qui paraît le 7 octobre) jouent sur le paradoxe et la provocation, car J’veux qu’on m’aime est tout sauf un recueil de chansons formatées, tout sauf la traduction d’un chanteur en quête de public lui-même en mal d’idole. En 2006, après trois albums autoproduits (Le Marchand de sable, 1997 ; Choucroute tous les jours, 2001 ; Le Bon à rien, 2003), Romain sortait un extraordinaire double CD, Poésie des usines, encensé doublement par Chorus : « Rien que les photos, épatantes, du livret nous délivrent à leur manière une authentique poésie des usines, écrivait Michel Kemper dans sa critique du CD. Qui, en l’occurrence, rime à l’imparfait dans la chanson-titre. Délocalisation sauvage. Et désarroi, regrets… Cette chanson résume à merveille ce superbe disque de Romain Dudek, empreint de saines colères, de “réactions cutanées” selon l’expression même du chanteur. » Et Daniel Pantchenko enfonçait le clou dans le Portrait « à suivre » : « En ces temps de nombrilisme sécurisant, le trentenaire Romain Dudek jette un pavé dans la mare au fil d’une démarche créatrice ambitieuse et sans concession. À preuve, son quatrième album, chant citoyen et humaniste qui constitue l’une des meilleures surprises discographiques de l’automne 2006. »

 

Dudek

 

On retrouve ici la même inspiration, où affleure parfois un zeste de Brassens (formidable Tous morts, tous égaux !), le même rock, « précis, tranchant, économe et efficace », mais aussi des rythmiques et un son électronique façon Massive Attack (cf. la reprise de C’est comme ça, des Rita Mitsouko ; dans Le Bon à rien, c‘était Baudelaire et Brel qu’il revisitait). À son sujet, on cite aussi Desproges pour la verve, Mano Solo pour l’aspect citoyen, Arno pour le côté arraché, déjanté… Artiste engagé ? Enragé ? Peut-être bien les deux, mon capitaine ! Dérangeant, ça c’est sûr. Artiste, en somme, avec un A majuscule, qui n’a que faire de plaire à la ménagère de moins de 50 ans ou de complaire à l’animateur télé. Mais qui trace sa route, coûte que coûte, vaille que vaille. J’veux qu’on m’aime est déjà le cinquième album de Dudek, le premier produit par un label ayant pignon sur rue : aviez-vous seulement entendu, sinon l’une de ses chansons, au moins prononcer son nom ?

 

 

 

• J’veux qu’on m’aime, 12 titres, 42’17 ; Le Chant du Monde, Harmonia Mundi distribution (Myspace) 

(À SUIVRE)

___________

 *Pour mémoire, rappelons aux anciens abonnés de la revue que – depuis la fin du printemps où, pour éviter leur destruction pure et simple, nous avons obtenu le droit de récupérer officiellement les stocks de Chorus – nous « remplaçons » volontiers et gracieusement les numéros qu’ils n’ont pas reçus de leur abonnement en cours par d’anciens numéros : voir C’était menti, publié le 22 juin sur ce blog.

 

 

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 09:20

Le trou dans le seau

 

Peuchère ! Quelle galère ! Misère de misère ! Mieux vaut en rire qu’en pleurer. Le « mythique Chorus » (j’ai encore lu ça tout récemment dans un hebdo de la presse nationale) a beau ne plus exister depuis un an et les patrons de labels s’en déclarer « orphelins », les disques ne cessent d’affluer dans ma boîte à lettres. Quasiment par pelletées… Et souvent de bons, voire d’excellents crus ! Et je ne parle pas de ces lettres et courriels (fort sympathiques au demeurant) quémandant une petite place au soleil de Si ça vous chante… C’est dire si le créateur est en quête (en manque ?) de débouchés médiatiques, d’intermédiaires crédibles entre lui et son public potentiel.

 

Alors, pauvre misère, pauvre de moi, pauvre passeur qui, à l’inverse d’un fossoyeur – vous me connaissez, j’ai plutôt l’âme d’un Martin-pêcheur (de talents) –, n’a d’autre objectif que de mettre en lumière les meilleurs d’entre nous (salut Sommer !), je culpabilise à l’idée de contribuer à enterrer toutes ces belles créations, faute de n’avoir ni le temps ni les moyens de remplir à moi seul la fonction unique qu’occupait Chorus naguère dans l’espace francophone. Comment faire, misère de misère ?! « Avec une bêche à l’épaule / Avec à la lèvre un doux chant / Avec à l’âme un grand courage / Il s’en allait trimer aux champs / Pauvre Martin, pauvre misère / Creuse la terre, creuse le temps… »

 

 

Même si, de leur côté, mes camarades et ex-confrères de la revue font un beau travail d’écrémage dans leurs propres blogs (voir colonne de gauche « Le fil nous lie, nous relie » et « Le fil tendu entre nous »), pour ma part je ne peux m’empêcher de ressentir la désagréable impression de jouer les porteurs d’eau… à l’aide d’un seau percé. Comme dans la chanson (de Béart, du grand Guy Béart) : « “Jacques ! Va chercher de l’eau !” / De l’eau ? On y va chère Lise, on y va / Y a un trou dans le seau / Chère Lise, y a un trou ! / “Cher Jacques bouche-le / Cher Jacques bouche-le” / Avec quoi le boucher / Chère Lise, le boucher ?… »

   

Guy Béart (avec Dominique Grange) – Le Trou dans le seau

 

Impossible en effet à quiconque voudrait présenter l’essentiel de la création (surtout francophone et non exclusivement française), sans faire d’impasses criantes et injustes, de consacrer, seul dans son coin, une chronique véritable à chaque album qui le mériterait. Mais conscient (ô combien !) de l’attente légitime des artistes (d’autant que je me garde bien de les solliciter…), je ne vois pas d’autre façon de procéder qu’en publiant, de loin en loin (comme au printemps dernier), un florilège purement informatif ou presque. Mon florilège. Une sélection subjective, donc (et puis je ne reçois pas non plus – ni ne suis informé de – toute la création, loin s’en faut), mais une sélection dont je revendique la qualité et l’éclectisme, sans autre jugement de valeur. Priorité à l’info. Dans l’espoir de me montrer utile à tout le monde, aux créateurs et aux amateurs de chanson. Bref, d’être aussi efficace que possible.

À vous ensuite, si ça vous chante, d’aller plus loin avec l’album et l’artiste (ou le groupe) concerné, sur les sites (où l’on peut souvent écouter des chansons et visionner des clips) dont je donne systématiquement les liens directs. D’accord ? Alors, c’est parti pour plusieurs séries d’albums recommandés et recommandables (ne manquez pas de contribuer à leur partage), sans hiérarchie autre que celle de l’ordre alphabétique.

dessinRaisin.jpg

Dernière chose : vous apprendrez en écoutant les radios nationales, en lisant la « grande » presse que la production française a subi une baisse notable depuis un an, en parallèle à un coup d’arrêt brutal de nouvelles signatures. C’est absolument exact et on ne peut que le déplorer. Sauf… sauf que cela ne concerne que les « majors » du disque, la production phonographique de talent existant toujours bel et bien, et peut-être même de façon plus florissante que jamais : la différence (mais il y a longtemps déjà que le glissement avait commencé de se produire), c’est que celle-ci se développe aujourd’hui plus souvent à travers des labels indépendants et l’autoproduction… auxquels les grands médias, prisonniers des indices d’audience, se montrent assez rétifs, soit qu’on juge les artistes trop éloignés de la norme grand public, soit que leurs albums ne bénéficient pas d’une large distribution nationale. Et c’est bien ça le plus regrettable, qui empêche le public d’être réellement informé. « Dans regrettable / Il y a regret / Il y a table / Il y a blé / Est-ce le nom / De ceux qui n’ont / Rien à se mettre dans le râble ? / […] Dans regrettable / Il y a râler / Dressons la table / Pour bramer… »

 

 

ALDEBERT

aldebertPour fêter ses dix ans de carrière (dont cinq albums en studio : le dernier, Enfantillages, est paru en 2008), Aldebert a monté un formidable spectacle mêlant cirque et chanson dont j’ai dit, à propos de sa création au dernier festival de Montauban (voir « Alors… Chante ! » dans ce blog), tout le bien (sans réserve) qu’on en a pensé, tout le bonheur (palpable) qu’en ont ressenti les spectateurs. À votre tour d’en profiter : en tournée à partir du 2 octobre, on pourra notamment le voir aux Nuits de Champagne de Troyes le 26 octobre et au Zénith de Paris le 20 novembre. Cet album-anniversaire, qui sort le 11 octobre, en reprend les chansons enregistrées en public lors des premières représentations, outre trois inédits en studio et plusieurs « incontournables » de son répertoire revisités en jazz manouche.

• J’ai dix ans, 17 titres, 70’39 ; Prod. et distr. Warner Music (site de l’artiste ; ou Myspace).

 

BARCELLA

barcella.jpgOn l’a vu et apprécié en début d’année à Risoul (voir « Étoiles des neiges »), puis à Chant’Appart (cf. « Les Affranchis de Chant’Appart ») pour son art de manier le verbe, son côté pince-sans-rire et son éclectisme qui se moque des barrières musicales : Barcella, « avec deux ailes pour vous faire voyager », est aussi inclassable qu’impayable. Renouant avec la tradition des chanteurs de cabaret, il alterne aussi bien valse et hip-hop qu’humour et désarroi. Innovant mais héritier à la fois de la chanson française d’auteur. Un personnage jubilatoire sur scène (en solo ou accompagné d’un seul instrumentiste) auquel ce troisième album (après L’Air du temps en 2005, avec la superbe chanson Mademoiselle qu’on retrouve ici avec bonheur, et Le Manège enchanté en 2006), enregistré au studio de la Cartonnerie de Reims avec une vingtaine de musiciens (piano, accordéon, cuivres, percussions et une belle section de cordes !), fait indéniablement passer un cap.

• La Boîte à musiques, 14 titres + 2 bonus vidéo, 43’54 ; Ulysse Productions, distr. L’Autre Distribution (Myspace).

 

LES BLAIREAUX

Blaireaux.jpgDix ans déjà et maintenant quatre albums pour nos six Blaireaux préférés ! Dix ans que ces copains de William Schotte, Jeff Kino et autres Marcel et son orchestre jouent les bêtes de scène… « Le blaireau est un animal fouisseur : il construit patiemment de longues galeries souterraines, observe l’ami Philippe Meyer. Les Blaireaux ont fait leur trou en une dizaine d’années. D’abord à Lille, chez eux, avant de conquérir les six coins de l’Hexagone, et aussi son centre et même ses départements les plus retirés… Le blaireau ne fiche rien de toute la sainte journée. Il ne sort que le soir, pour chercher sa nourriture. Les Blaireaux en fichent-ils une rame de plus ? Peut-on appeler en ficher quelque chose l’écriture de chansons divertissantes ou énergétiques, sentimentales ou chroniqueuses, moqueuses ou oniriques ?... Une fois réveillés, ils viennent raconter sur scène leurs songeries de la nuit avant d’aller assurer la fermeture des bars. Les Blaireaux, dix ans après leurs premiers pas, c’est toujours le même plaisir. Simplement, nous sommes plus nombreux à le partager. » Bien vu, Philippe : je confirme et cosigne des deux mains, d’autant plus que ce Bouquet d’orties, avant-goût de leur prochain festin collectif, est un plat de « chansons swing à textes » qui se déguste intrinsèquement !

• Bouquet d’orties, 15 chansons, 51’24 ; Prod. At(h)ome, distr. Wagram (site ; Myspace).

 

FABIEN BŒUF

boeuf.jpgIl y a trois ans, Yannick Delneste soulignait dans Chorus la « belle surprise » que représentait le premier album de celui qui se faisait alors appeler tout simplement « Bœuf ». On l’avait découvert en première partie de Dick Annegarn, des Ogres de Barback ou, plus tôt, au sein de P.O.C., un groupe landais. « Notre auteur-compositeur, notait Yannick, fait preuve à la fois d’éclectisme et de cohérence dans les textes comme dans les musiques. Une voix douce et précise, des cordes boisées de contrebasse et de violoncelle, des machines pertinentes, un folk chaud. » L’homme persiste et signe, creusant son sillon avec ce troisième opus, au point que Valérie Lehoux (autre ex-plume sensible de Chorus) écrit maintenant dans Télérama qu’il déroule « un joli collier de chansons mélodiques », metttant à juste titre l’accent sur « la finesse, la souplesse et la tendresse d’une écriture pas démonstrative, souvent même assez touchante » ; relevant enfin (et je crois Valérie sur parole, n’ayant pas encore vu cet artiste sur scène) que cet album ne reflète pas « du tout la force d’interprétation dont le jeune homme est capable en public ». On ne cesse de le dire : pour réussi qu’il soit, un album ne remplacera jamais la performance d’un (véritable) artiste sur scène.

• Les Premiers Papillons, 13 titres, 43’12 ; Prod. Jaba, distr. Differ-ant (site ; Myspace).

 

BORI

bori.jpgACI québécois, Egard Bori a sorti son premier album, Vire et valse, en 1994. En 1997, alors qu’il se présentait masqué sur scène (comme dans les médias), ou en ombre chinoise derrière un paravent, il reçut le Prix Miroir de la Révélation du Festival d’été de Québec, dont le jury présidé cette année-là par François Cousineau (et auquel participait, subjuguée par ledit Bori, ma chère et tendre « Blonde ») releva « le bonheur de l’imagination, de l’étonnement continuel : du rire aux larmes, du théâtre qui ensemence la chanson et vice-versa ». Depuis, c’est une œuvre qui s’est bâtie, qui ne  ressemble à aucune autre au Québec (tout au plus pourrait-on dire qu’elle a préparé la venue d’un Pierre Lapointe, y compris dans le chant « à la française »), faite de chansons d’auteur tendre qui demandent parfois à être apprivoisées au fil d’écoutes successives. Ici encore, comme dans certains des six albums précédents, on apprécie la complicité de Michel Rivard, cette fois pour une jolie ballade écrite ensemble (Toute ta lettre) et interprétée par « le duo Borivard » ! Finalement, après dix ans à s’avancer masqué, Bori a levé le voile ; profitez-en pour le découvrir (si ce n’est déjà fait) : il sera en tournée en France pour une dizaine de concerts du 12 octobre (au FestiVal de Marne) au 5 novembre (Les Oreilles en pointe, dans la Loire) en passant par Rennes, Nantes, Roubaix…

• Fous les canards, 12 titres, 48’17 ; Productions de l’onde ; distr. Canada : Sélect (site de l'artiste).

 

STÉPHANE CADÉ

cade.jpgIl a cosigné des chansons avec Allain Leprest, Florent Marchet, Florent Vintrigner, Suzy Firth… Auteur-compositeur, ses chansons ont été interprétées par Bernard Joyet, Dikès… Comme ACI, ce Cityrama est son troisième album : une sorte de carnet de voyage égrenant des chansons nées lors d’une tournée avec La Rue Kétanou. Neuilly, Charleville-Mézières, Strasbourg, Metz, Mulhouse… et jusqu’à Taïwan ! Si la voix est du genre minimaliste, l’univers musical, lui, est pop et acoustique : guitare, clarinette, violon, basse électrique, batterie, trompette, claviers… et scratchs. Pas commercial pour un sou, personnel, planant… Atmosphère, atmosphère ! Certains y seront sensibles, d’autres pas du tout. Envoûter les uns, dérouter les autres, tel est peut-être le destin de l’artiste ?

• Cityrama, 12 titres, 49’49 ; Prod. Stylenouille, distr. Musicast (site et Myspace de l'artiste).

 

ANNICK CISARUK

Cizaruk.jpgEnfance dans la région de Roanne, découverte du théâtre à Tours : elle joue Brecht qui, avec Kurt Weill, la mène inévitablement à la chanson. « C’est avec les atouts de son double parcours, vocal et dramatique, écrit Michel Trihoreau dans son “Portrait” de Chorus, qu’Annick Cisaruk mène le combat pour l’émotion naturelle des mots avec l’intelligence du cœur. Ce genre d’interprète est pourtant une espèce en grand danger de disparition. À côté des stars que l’on habille d’un répertoire sur mesure, combien sont-ils aujourd’hui qui – comme naguère Catherine Sauvage, Cora Vaucaire ou Yves Montand – savent choisir dans le prêt-à-chanter le meilleur de la création, pour lui apporter leur propre style ? Annick Cisaruk, elle, possède ces atouts, qualités de ceux, comme disait Léo Ferré, qui “sont d’une autre race” ? » Tout est dit : avec cet album entièrement consacré à Ferré, justement, la chanteuse parvient à un superbe travail de recréation. Superbe et sobre à la fois, puisque ce troisième opus, après un premier CD en piano-voix en 2001 (du Vian et Aragon, surtout), bénéficie comme le précédent (un spécial « Barbara » en 2005) du seul accompagnement de l’excellent David Venitucci à l’accordéon. Comme un remake de la formule scénique d’un Léo avec un Popaul (Castanier) désormais au piano du pauvre…

• Léo Ferré, l’âge d’or, 20 titres, 61’45 ; Le Chant du Monde, distr. Harmonia Mundi (site de l'artiste).

 

PETITE SÉLECTION D’AUTRES PARUTIONS :

• ADISSABEBA : Sous la Lune, 13 titres ; Eben Prod., Mosaic Music distr. (site).
• ALEX TOUCOURT : StudiOrange,15 titres ; La Prod Toucourt (site).
• ALLO CAROLINE : Pincez-moi, 13 titres ; Coquelicot Prod, L’Autre Distribution (site).
• AURÈLE & LUDOVIC HELLET : Vocalcordes, 13 titres, Coprod. Lapin Lapin Prod. & Service Compris (site).
• LES BECS BIEN ZEN : À la force du vent, 13 titres ; Azai.d Productions (site).
• LES BERTHES : Chroniques amères, 13 titres ; Trollsprod (site).
• CHRISTOPHE BOURDOISEAU : Constellation périphérique, 15 titres, livret de 24 pages ; autoproduction (site).
• FLORIAN BRINKER : Filer à l’anglaise, 10 titres ; Atlantis Productions, Anticraft distr. (site).
• MILTON ÉDOUARD : Foto di Milton, 10 titres ; Toschuss Prod. (site).
• FRANÇOISE HAUTFENNE : Palimpseste, 14 titres ; Prod. Clair de Mer (site).
• JEAN-MARIE KOLTÈS : 1974-2009, 2 CD, 24 et 22 titres ; et Jean-Marie Koltès par Jean-Baptiste Mersiol, 25 titres ; Akoufène Productions/Five Lights Records (site du premier et du second).
• LA GOUAILLE : éponyme, 12 titres ; autoproduction (site).
• PIERRE MARGOT : Kamaïeu, en public, 15 titres ; Édito Musiques, distr. Rue Stendhal (site)
• (Collection) « POÈTES & CHANSONS » : La Poésie érotique, anthologie, 2 CD, 50 titres ; Couleur femme, 25 titres, anthologie avec Bernard Ascal, Julos Beaucarne, Michèle Bernard, Martine Caplanne, Georges Chelon, Chantal Grimm, Catherine Sauvage… (site).
• LE P’TIT SON : En cavale…, 14 titres ; Sur Ta Tête Prod., distr. Avel Ouest (site).
• VERBEKE & FILS : La P’tite Ceinture, 13 titres, Coprod. Adima/Frémeaux & Associés (site de Frémeaux).
• RAPHA DE WARNING : Rêveries marines, 14 titres ; autoproduction (site).

À suivre…

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