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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 11:28

Il était une fois… la chanson russe

   

On célèbre en 2010 « l’Année France-Russie ». L’occasion de multiples manifestations culturelles à travers l’Hexagone (concerts, films, colloques, conférences, etc., le musée du Louvre retraçant pour sa part mille ans d’histoire de la Russie, depuis sa christianisation à la fin du Xe siècle jusqu’à l’époque de Pierre le Grand) ; mais aussi l’opportunité pour Si ça vous chante, via une superbe exposition consacrée à sa littérature, d’évoquer (dans cette nouvelle rubrique « Sans frontières ») sa chanson contemporaine avec Elena Frolova, Boulat Okoudjava et Vladimir Vissotsky.

   

 
On me demande régulièrement des nouvelles des journalistes qui formaient l’équipe de
Chorus. Outre ceux que l’on peut retrouver sur leur propre blog (Bertrand Dicale, Olivier Horner, Michel Kemper, Daniel Pantchenko et Jean Théfaine) ou qui participent à un travail collectif (comme Albert Weber avec le « webzine » Les Déferlantes dédié à l’actualité de la chanson francophone nord-américaine) et dont tous les contacts figurent en liens recommandés sur cette page d’accueil (voir « Le fil nous lie, nous relie » ou « Le fil tendu entre nous » en colonne de gauche), en voici de Jacques Vassal qui assurait notamment la responsabilité de la rubrique « Chansons sans frontières ».

 

 

En effet, après l’exposition à succès Il était une fois la chanson française, écrite par Marc Robine et produite par l’association Dazibao, celle-ci a réalisé l’équivalent sur l’histoire de la littérature russe (dix chapitres en dix panneaux complétés de portraits spécifiques d’écrivains), en demandant à Jacques Vassal d’en concevoir et d’en rédiger le contenu – notre ex-collaborateur étant un éminent spécialiste de la culture russe, autant que de la chanson française ou du folksong américain.  

Même très complète (Il était une fois la littérature russe va de « La genèse d’une langue » à « L’apprentissage de la liberté » après la chute de l’URSS), cette expo – que l’on peut découvrir ici ou là, en centres culturels, médiathèques ou bibliothèques, et que l’on peut louer ou acheter (tous renseignements sur le site spécifique de Dazibao) – ne pouvait donc faire tout à fait l’impasse sur la chanson. C’est ainsi qu’on y retrouve en particulier (dans le chapitre consacré aux années du « dégel ») les deux géants de la chanson russe contemporaine, aujourd’hui disparus, Boulat Okoudjava et Vladimir Vissotsky, qu’on pourrait rapprocher respectivement d’un Brassens et d’un Ferré. Et comme, pour être spécialement amoureux de la chanson francophone, on n’en est pas moins amateur de chanson tout court, voici l’occasion ou jamais de partager de grands moments où la sensibilité de chacun suffit (presque) à compenser l’ignorance de la langue, tant ils sont chargés d’émotion. Même si je vous réserve deux belles surprises avec Vissotsky un peu plus bas. Mais chaque chose en son temps !  

 


Quelques infos élémentaires, tout d’abord, en guise d’introduction à l’univers de ces deux immenses auteurs-compositeurs-interprètes (dont certains albums sont sortis en France au Chant du Monde), que vénéraient de leur vivant des millions de Russes (ou ressortissants de l’URSS), bien qu’étant censurés dans leur propre pays. Un poète qui chante autre chose que les fleurs, les petits oiseaux et l’amour platonique, forcément, c’est gênant pour un régime totalitaire : « Il était le serviteur du style pur / Il lui écrivait des vers sur la neige / Hélas, les neiges fondent / Mais alors la neige tombait encore / Et on était libre d’écrire sur la neige… » (V. Vissotsky, Le Vol arrêté).

 

Le Soldat de papier

Né le 9 mai 1924 à Moscou (mais de parents géorgiens, d’où sans doute sa nature de « Méridional du Nord ») et mort le 12 juin 1997 en région parisienne, lors d’un voyage en France, Boulat Okoudjava était également romancier et nouvelliste : quatre de ses livres sont parus chez Albin Michel en traduction française dans les années 70 et 80. Influencé notamment par Gogol (cf. ses nouvelles « pétersbourgeoises » telles Le Nez ou Le Manteau, mais aussi son théâtre comme la comédie Le Révizor), Okoudjava dressait un portrait sans complaisance, et plein d’humour noir, des travers voire des vices (et de la corruption) des petits et grands fonctionnaires de l’état tsariste, dans la capitale et la province russes.  

 


 

Il situe généralement son action et ses personnages au milieu du XIXe siècle, soit au temps de Gogol, mais écrit vers 1960-70 et la transposition ne trompe alors personne en Union Soviétique, où ses livres sont pourtant publiés (Boulat est membre de l’Union des Écrivains et touche ses droits d’auteur), tandis qu'il ne peut pas chanter en public dans son pays (ou de façon tout à fait exceptionnelle), n’enregistrant qu’un ou deux rares 33 tours chez Melodia, la marque d’État en URSS. « Il était une fois un soldat / Beau et valeureux / Il voulait refaire le monde / Pour que chacun soit heureux / Mais lui-même ne tenait qu’à un fil / Car c’était un soldat de papier… »

 

La Fin du bal

Quant à Vissotsky (mort le 25 juillet 1980 à l’âge de 42 ans), il est cité dans cette exposition comme poète et comédien autant que chanteur. Il gagne sa vie en URSS avec le théâtre et le cinéma mais ne peut pas non plus chanter en public chez lui. Comme Okoudjava, il enregistre certains de ses disques lors de voyages à l'étranger (dont un album en France, chez Polydor, intitulé La Corde raide).  

 Jacques Vassal mentionne le livre de Marina Vlady, Vladimir ou le vol arrêté (Fayard), qui relate la vie de couple de cette grande comédienne française d’origine russe avec cet artiste hors du commun mais aussi et même surtout les difficultés du chanteur : censuré en URSS où ses cassettes circulent sous le manteau, interdit de concert, il est aux prises avec l’alcoolisme, probablement en partie aggravé par ce mal-être à la fois artistique et affectif.  

« Sa voix, écrit Marina Vlady (in Le Vol arrêté, CD Le Chant du Monde LDX 274762, avec traduction des textes dans le livret), continue à fouiller notre âme […] : nous rions, derrière le chagrin, car l’humour est là, provoquant. Nous découvrons, comme dans une chronique, la vie quotidienne, les joies, les peines, les espoirs de ses contemporains. […] Il est passé parmi nous comme un météore, mais il a laissé une somme énorme d’informations sur son époque, il a tout pressenti, vécu, souffert, et retransmis, par son art. […] Cette voix que l’on ne peut confondre avec aucune autre. Poète violent et rare, les consonances des mots s’entrechoquent et donnent encore plus de force au cri. […] Les caractères des personnages qui vivent, se battent et luttent, le lyrisme, l’envol de ses textes sont uniques. Il compose une musique qui souligne et colore sa poésie. Ses mélodies s’accrochent à la mémoire et ne la quittent plus. Tout son génie de tragédien, sa verve de comédien, ses dons d’imitation transforment chaque chanson en spectacle complet.  

« Il peut hurler comme un loup blessé, puis chanter l’amour avec douceur et tendresse, crier son indignation, sa colère, son désespoir en s’arrachant la glotte, ou passer du ton gouailleur des faubourgs au lyrisme le plus pur. Ceux qui l’ont entendu chanter, qui l’ont vu jouer ne peuvent oublier l’émotion ressentie. Il est là, et il chante au présent ! »  

 Cerise(s) sur le gâteau des différentes archives audiovisuelles illustrant cet article, voici deux autres chansons de Vladimir Vissotsky (alias Volodia) chantées en français ! D’abord Rien ne va, plus rien ne va, d’une force et d’une intensité bouleversantes…

 

 

Sommeillant, je vois la nuit des crimes lourds où l’on saigne
Pauvre de moi, pauvre de moi, l’outre est pleine à craquer
Au matin, comme il est âcre le goût du vin maudit !
Va, dépense tout mon crédit car j’aurai soif aujourd'hui  

[Refrain]

Rien ne va, plus rien ne va
Pour vivre comme un homme
Comme un homme, comme un homme droit
Plus rien ne va

Pour vivre comme un homme doit !
Dans tous les cabarets sans fond où je m’enterre chaque nuit

Je suis l’empereur des bouffons, le frère de n’importe qui
Je vais vomir mon repentir au pied des tabernacles
Mais comment prier dans la fumée de l’encens des diacres ?  

Et puis La Fin du bal, qui parle d’elle-même. Un chef-d’œuvre de la chanson mondiale : « Pourquoi, j’voudrais savoir pourquoi / Pourquoi elle vient trop tôt, la fin du bal / C’est les oiseaux, jamais les balles / Qu’on arrête en plein vol… »

   

   

Un talent de haut vol

Enfin, histoire de relier ce sujet à la chanson russe actuelle et de contribuer à la découverte d’une extraordinaire compositrice-interprète, une jeune femme bien vivante (dont trois albums sont déjà sortis en France sur le label marseillais L’Empreinte Digitale), voici deux vidéos d’Elena Frolova. Il était une fois la littérature russe l’évoque en effet à propos de Marina Tsvétaïeva – immense poète et écrivain, qui a droit à l’un des « portraits » spéciaux de l’exposition –, aux poèmes de laquelle Elena a consacré un album entier.

 

Interprète des grands poètes russes du XXe siècle qu’elle met en musique, tels Serge Essenine, Joseph Brodsky, Vladimir Nabokov, Arseni Tarkovksy (le père d’Andreï le cinéaste), « poètes d’une indicible souffrance et au destin souvent tragique », notait Jacques Vassal dans Chorus n° 47, Elena Frolova s’accompagne à la guitare et à la cithare, parfois soutenue par un piano, une flûte et des percussions. C’est « une merveille de bout en bout », concluait-il à propos de son album Zerkalo (2004), définissant la chanteuse comme « un talent de haut vol ».

     


 

À vous de juger, à présent, avec ces images d’Elena Frolova, pour le moins inhabituelles dans nos écrans formatés… De quoi vous donner l’envie, pour peu que l’artiste y soit à l’affiche, de prendre aussitôt un billet pour Moscou !

 

 

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 17:40

J’ai la... qui me démange

 

(L’Amusicoscope de Serge Llado, n° 3)

 

Après ses bons vœux en paroles et musiques et l’improbable (mais bien réel) combat des titans entre Beethoven et Brel à propos d’Amsterdam, l’Amusicoscope de Serge Llado – que celui-ci (qui possède des archives audiovisuelles uniques tant en matière de détournements de chansons que de ressemblances entre elles) a proposé à Si ça vous chante d’héberger épisodiquement en guise de récréation ludique – s’amuse aujourd’hui à censurer à sa façon une chanson célèbre, pour en tirer des conclusions aussi drôles qu’inattendues...

 

Honni soit qui mal y pense ! Il suffit d’escamoter quelques mots-clés dans une chanson d’apparence anodine pour qu’on ait l’impression qu’il s’agit d’un texte pour le moins libertin. Ce qui aurait tendance à prouver que ce qu’on cache est plus excitant que ce qu’on montre…  

En voici un exemple avec cette célèbre chanson d’Yves Duteil, J’ai la guitare qui me démange, bien innocente… a priori. Mais écoutez ce qui suit et, en remplissant les « blancs » de vous-même, vous découvrirez sans doute une toute nouvelle chanson, sans grand rapport dans le fond avec celui de la version originale : 

 

Yves Duteil – J'ai la guitare qui me démange

 

Après la diffusion de ce montage à l’antenne, le chanteur, hilare, m’avait appelé : « J’apprécie, parce qu’on sent qu’il y a derrière ce gag un véritable amour de la chanson. » Grâces lui soient rendues. Tout le monde n’a pas cet humour.

   

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4 avril 2010 7 04 /04 /avril /2010 13:46

Chansons des rues, des bois… et du métropolitain 

   

Voici une nouvelle rubrique de Si ça vous chante, histoire de montrer que la chanson fait intrinsèquement partie de nos vies, que nous baignons tous et toutes dedans, qu’on le veuille ou non. La chanson est vivante non seulement quand elle s’exprime sur scène, devant un public, mais partout ailleurs où elle rencontre le regard ou l’écoute des gens. Dans les rues et les bois, comme disait Victor Hugo, mais aussi dans le métro !  

 

affiche-metro.jpg

 

La preuve ? Cette photo de Francis Vernhet prise ces jours-ci dans le métro parisien : s’étant autoproclamé reporter sur le vif de Si ça vous chante, Francis (qui fut vingt-cinq ans durant l’œil de Paroles et Musique puis de Chorus et qui reste l’un des photographes de scène les plus sensibles et techniquement les meilleurs qui soient de sa génération) a eu le réflexe – l’appareil réflex toujours en bandoulière ! – d’immortaliser cet emplacement publicitaire, récupéré par les militants de l’anti-consommation effrénée.  

Où l’on découvre d’une part que la contestation du capitalisme devenu essentiellement financier, au détriment de l’homme, gagne (aussi) du terrain, fût-il sous la surface (« Et nous dans tout ça ? »). Et d’autre part que le rejet de l’utilisation abusive de l’image de la femme dans la publicité s’inspire ici, d’une façon détournée, de l’hymne de l’Unité populaire chilienne, du temps du putsch de Pinochet : « El pueblo unido jamas sera vencido » (le peuple uni jamais ne sera vaincu), chanté et enregistré notamment par le célèbre groupe Quilapayun. Mais surtout, surtout (« Nous sommes toutes des sorcières comme les autres »), d’une chanson emblématique de la grande (et si méconnue) Anne Sylvestre... interprétée ici par la « frangine » québécoise Pauline Julien.

 

   

Quand la chanson investit à ce point la société, quand elle court ainsi dans ou sous les rues, son auteur a beau être tricard (ou tricarde, en l’occurrence) dans les médias, le grand public a beau en ignorer le nom, il (ou elle) n’est pas loin de l’immortalité, habit vert ou pas... Et nous devenons tous et toutes, qui formons le « pueblo unido », des sorcières comme les autres. C’est l’âme des poètes : la chanson vivante.

En attendant d’autres exemples, quel qu’en soit le genre, envoyés par nos lecteurs-reporters, témoins de l’imbrication de la chanson dans notre quotidien… si ça vous chante ?

 

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