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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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24 février 2010 3 24 /02 /février /2010 11:03

Les passerelles de l’hiver

Je suis de toutes les couleurs
Et surtout de celle qui pleure
La couleur que je porte c’est
Surtout celle qu’on veut effacer
(Guy Béart, Les Couleurs du temps, 1973)

Hiver 1979-1980 : nous travaillons d’arrache-pied à la création prochaine de Paroles et Musique pour donner à la chanson de l’espace francophone le témoin, le haut-parleur (voire le porte-parole) qui lui fait alors défaut de façon criante. Ce sera bientôt le début d’une complicité aussi formidable que durable : trente ans plus tard, en effet, vous continuez à faire chorus avec nous. Belle fidélité, malgré nos changements de « format », du magazine mensuel au blog via la revue trimestrielle, vu la propension malheureuse du monde marchand à vouloir effacer nos couleurs. L’important est de ne jamais baisser les bras, de faire face et d’aller de l’avant, toujours.

 


Voilà pourquoi, après notre Chanson d’automne (cf. « Actu disques et DVD »), nous allons vous proposer d’emprunter des Passerelles de l’hiver pour achever aussi chaleureusement que possible la traversée de cette saison où la nature se fige afin de mieux renaître. La nature, certes, pas la création chantée, toujours aussi pléthorique et diversifiée, vivante et intéressante… comme on va bientôt le voir dans cette revue critique d’actualité.

Des ratés sympathiques
Encore faut-il s’entendre sur le rôle de la critique, tant celle-ci a été détournée, voire dévoyée au fil du temps, de son sens initial (jusqu’à frôler les règlements de compte personnels ou le calcul commercial – en démolissant par exemple ce que l’on a précédemment encensé –, sans parler des périodes les plus sombres de notre histoire où elle se confondait avec la dénonciation haineuse et raciste). Être critique, contrairement à ce que pensent trop de lecteurs, d’auditeurs ou de spectateurs – d’artistes aussi qui aiment bien qu’on se montre « libre et sans concession » envers leurs confrères… pourvu, bien sûr, qu’on n’use pas de la même liberté à leur encontre –, ce n’est pas se hisser soi-même sur un piédestal pour mieux descendre en flammes un artiste et/ou une œuvre à forte notoriété avec le seul risque de caresser son propre ego (en contribuant paradoxalement à augmenter encore la popularité du sujet concerné). Ce n’est pas non plus chercher à tuer dans l’œuf, sans regret ni remords, un artiste en herbe, une création en germe, comme on l’a trop vu par le passé ; en « oubliant » le fait que chacun a le droit d’errer avant de mourir (artistiquement parlant)… ou de mûrir. Tel Aznavour auquel s’adressait ainsi, à ses tout-débuts, un critique parisien : « Vous feriez mieux de faire de la comptabilité, vous pourriez chanter en comptant, mais ne comptez pas chanter ! » Ou Brel que l’on raillait après ses premières prestations aux Trois-Baudets : « Il faudrait dire à ce pauvre Brel qu’il existe d’excellents trains pour Bruxelles… »


Non, personne n’a jamais dit que la critique (fût-elle musicale) devait être synonyme d’onanisme ou de cynisme. Façon aussi de masquer ses propres carences ? « Ce sont des ratés sympathiques », chante Charlebois, pour dire aimablement de ces critiques-là qu’il s’agit souvent de frustrés aux rêves d’enfant inassouvis. Comme l’indique sa racine grecque, faire preuve d’esprit critique, c’est simplement « séparer, choisir, juger comme décisif ». Autrement dit, c’est avoir le talent de distinguer le bon grain de l’ivraie pour le mettre à la portée de toutes les bouches (et oreilles). Si possible avec enthousiasme (voir Chanson d’automne) : le poète a bien raison qui voit plus loin que l’horizon...

Pour ma part, je ne sais pas faire autrement que tenter de partager le meilleur (serait-ce la différence fondamentale entre le critique et le passeur ?). Ou plus exactement j’aurais honte de tirer sur une ambulance ou de hurler avec les loups pour faire rigoler les imbéciles et les moutons. Et plus encore d’ironiser sur une création naissante et forcément inaboutie : à part Brassens – en raison d’ailleurs de circonstances extérieures tout à fait exceptionnelles –, il n’y a pas un seul grand de la chanson qui ait donné d’emblée la pleine mesure de son talent. Au demeurant, les vrais critiques le savent, ceux qui font leur travail en conscience et avec humilité, il est beaucoup plus difficile de faire valoir ce qui mérite de l’être, avec ou sans réserves, que de démolir ce qui demande de la patience ou ne mérite qu’indifférence.

 

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Cela dit pour introduire une fois pour toutes la rubrique phonographique de Si ça vous chante, face à l’abondance de parutions dont nous allons essayer d’extraire la substantifique moelle, en tenant compte de la diversité indispensable des goûts et des couleurs. Rien de plus triste et de moins porteur d’avenir que l’uniformité, si ce n’est la conformité. « Je suis de toutes les couleurs », chante Guy Béart... Simplement, pour mettre un peu de « lisibilité » dans cet Everest de productions, nous rassemblerons nos sélections non pas dans des cases – la chanson, pas plus que la vie, ne se met en boîte – mais par tranches d’âge : Génération Chorus pour les artistes découverts et accompagnés par nos « Cahiers de la chanson » avant que d’être médiatisés sous le nom impropre de « nouvelle scène » ; Les Années Paroles et Musique pour leurs aînés de la « nouvelle chanson française » qui s’incarna dans ce « mensuel de la chanson vivante » ; Les Lendemains qui chantent, enfin, pour les talents les plus récents. Et puis, on continuera (en mettant tout le monde dans le même sac de nouveautés)… à la seule condition – retours indispensables pour un blog par définition réalisé gracieusement et sans obligation aucune de consultation – que cela vous chante et que vous le fassiez largement savoir.

Le temps ne fait rien à l’affaire
Au fait, Les Passerelles de l’hiver, c’est un titre en forme de berceuse de Claire, magnifique voix féminine de l’après-Mai 68, ACI développant une poésie subtile dans un écrin classieux de musique jazz, et femme soucieuse de solidarité sociale. Les Passerelles de l’hiver, chanson de 1979 (neuf albums, hors jeune public, parus entre 1972 et 1999 : voir sa « Rencontre » du printemps 99 dans Chorus n° 27, juste après celle de… Guy Béart), « c’est ce qui permet de tenir, explique alors la chanteuse, quand le froid et le gris nous étouffent et nous saignent. Engourdis, un peu sourds, quand tout vous pousse à laisser aller, lâcher le volant, céder au sommeil. »

Claire – Les Passerelles de l'hiver

Pour nous, trente ans après nous être lancés sans filet dans cette fabuleuse aventure de presse musicale francophone (que d’aucuns nous prédisaient vouée aussitôt à l’échec), et guère plus de six mois après avoir tenté de nous réduire définitivement au silence, comme pour Claire (qui, depuis sa Franche-Comté natale, chante toujours ici ou là, surtout à destination du jeune public), « c’est ce qui permet de tenir jusqu’au dégel, et peut-être de n’être pas détruit par les crues du printemps – quand la vie se réveille, c’est parfois violent... Dans ce grand hiver où nous sommes entrés pour un moment, les chansons qui portent les nouvelles de la vie, chansons de rire, de pleurs et de désir, sont comme des passerelles entre les gens, pour tenir jusqu’au printemps ». CQFD.

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Rien à ajouter ni à retrancher à ces propos, plus que jamais d’actualité. Seulement vous annoncer, pour lancer concrètement ces passerelles entre nous, quelques « gros morceaux » hors saison dans le prochain sujet « Disques et DVD ». En paroles, en musiques et en images. Avant de vous présenter quelques jolies perles découvertes ces derniers temps : il suffit pour cela d’être à l’affût, de préserver (et de prendre la peine de les cultiver) le capital de curiosité, le goût du beau dont chacun d’entre nous est pareillement doté à la naissance (du moins je veux le croire). Condition sine qua non pour ne pas vivre et mourir « vieux con » avant l’heure, quel que soit l’âge de ses artères : « Ah, c’est nul, tout est nul maintenant chez ces jeunes ! », que de fois au cours de ces trois dernières décennies n’ai-je entendu, déploré, ce discours passéiste (ou son contraire : « Marre des vieux chanteurs, ils sont démodés, ils ne valent plus un clou ! »), aussi triste et stérile que dénué de vérité. Car si le talent n’a pas d’âge, on sait depuis longtemps qu’« aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années »… et que la postérité, alors, est souvent au rendez-vous.


Traduisant seulement l’état critique de celui qui l’émet, con débutant ou con des neiges d’antan (« Le temps ne fait rien à l’affaire / Quand on est con on est con / Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père / Quand on est con on est con… »), ce genre de jugement péremptoire se situe aux antipodes du véritable esprit critique qui requiert, c’est vrai, un certain effort d’écoute et une ouverture d’esprit certaine. Voire du talent, comme le constatait le Grand Jacques, une fois que nous sommes devenus de vieux amants (de la chanson ou de toute autre chose) : « Finalement, finalement / Il nous fallut bien du talent / Pour être vieux sans être adultes. » La clé de ce talent ? Continuer sans cesse à faire chorus avec la vie. Avec les couleurs du temps, les couleurs du monde, « Le soleil levant / La rose des vents / Et l’eau d’une larme et tout l’océan qui gronde »
________
NB. Voir ici la
discographie complète de Claire, albums jeune public inclus. 

 

 

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21 février 2010 7 21 /02 /février /2010 12:46

L’âme des poètes

C’est une exclu, que le festival de Montauban Alors… Chante ! a tenu à réserver à Si ça vous chante… Parce que, oui, bien sûr, que ça nous chante ! Et comment ! Même que ça promet d’être particulièrement mémorable : pour célébrer comme il se doit sa vingt-cinquième édition, du 11 au 16 mai 2010, Alors… Chante ! convoque l’âme des poètes en bouclant la boucle intergénérationnelle des artistes auxquels il a fait la fête ou qu’il a révélés…

 



Souvenirs, souvenirs : en 1985, Jo Masure, lecteur de Paroles et Musique en lequel il voit un modèle d’affiche à transposer sur le terrain, crée à Montauban avec une équipe de bénévoles réunis dans l’association Chants Libres le festival qui faisait encore défaut à la moitié sud de la France. Très vite, il séduit les amateurs de chanson vivante par sa programmation faite de locomotives et de découvertes, mais des locomotives pas toujours médiatisées auprès du grand public bien que possédant un public fidèle, et des découvertes qui feront florès. Celles-ci, « Les Bravos » (du public et des professionnels), deviendront en effet la marque de fabrique d’Alors… Chante ! et la raison essentielle de la venue, chaque année à Montauban, des responsables d’une vingtaine de festivals français, belges, suisses ou québécois (quelle que soit leur taille) – démarche individuelle dont naîtra d’ailleurs, après l’établissement d’une « charte » en 2005, la création du « collectif » et aujourd’hui de la « fédération » des festivals francophones.

 

Avec le temps, c’est plus qu’un pan exceptionnel de la chanson française que Montauban a mis en valeur, c’est son panthéon vivant auquel il a rendu hommage. Un jardin extraordinaire : Léo Ferré, Serge Reggiani, Charles Trenet, Francis Lemarque, Claude Nougaro, Juliette Gréco, Georges Moustaki, Pierre Perret, Hugues Aufray, etc. Et puis, renouvellement des générations aidant, Francis Cabrel, Louis Chedid, Renaud, Laurent Voulzy... jusqu’à Sanseverino, Bénabar ou Renan Luce (anciens lauréats des « Bravos » d’Alors… Chante !). Sans parler des habitués – quasiment des pensionnaires du festival – que sont les Juliette, Allain Leprest, Nilda Fernandez ou, parmi ses découvertes les plus notables, un certain Yves Jamait. 

 

montauban-2005.jpg
Côté découvertes justement, la liste est tellement longue qu’elle se confond désormais avec le meilleur, tous genres musicaux confondus, de la chanson francophone actuelle : Jeanne Cherhal, La Rue Kétanou, Orly Chap’, Camille, Thierry Romanens, Aldebert, Agnès Bihl, Travis Bürki, Olivia Ruiz, Ariane Moffatt, Imbert Imbert et tant d’autres (pour le détail, voir chaque numéro d’été de la collection de Chorus, du n° 4 avec Clarika en 1993 au n° 68 avec Carmen Maria Vega et Karimouche en 2009).

La soirée anniversaire (avec Aldebert et le Cirque Plume en première partie) sera donc l’occasion de réentendre un florilège des invités d’honneur du festival, en particulier de ceux qui nous ont quittés au long de ce dernier quart de siècle : Ferré le Monégasque, Nougaro le Toulousain, Trenet le Narbonnais… Belle affiche et jolie façon de montrer, à travers l’interprétation des lauréats des « Bravos » de Montauban depuis l’an 2000 (dont Carmen Maria Vega, Nicolas Jules, Presque Oui, Manu Galure, Amélie-les-Crayons… ou encore Jamait), que la chanson est une chaîne sans fin, un fil qui lie et relie les générations entre elles, mais surtout que « longtemps, longtemps, longtemps / Après que les poètes ont disparu / Leurs chansons courent encore dans les rues ».

L’occasion pour Alors… Chante ! d’une complainte montalbanaise plus folle que jamais, et pour Si ça vous chante, de vous offrir ici une version assez méconnue, en piano-voix, de cette Folle complainte du Fou Chantant qui, titre bouleversant s’il en est (mine de rien !), constitue l’un des chefs-d’œuvre absolus de l’histoire de la chanson française : gageons qu’elle résonnera bien fort dans les corps et les cœurs et en fera frissonner plus d’un, plus d’une, le 16 mai prochain, sur les rives du Tarn… et dans les rues de Montauban.

 


Pour le reste de l’affiche 2010 (Arthur H, Jacques Dutronc, Renan Luce, Mickey 3d, Raphael, Olivia Ruiz…), je vous renvoie ausite d’Alors… Chante !sur lequel sont également annoncées les découvertes du millésime. Précision pour qui n’aurait pas encore mis à l’épreuve la dimension obstinément humaine de ce festival, il propose un « passeport » à tarif démocratique donnant droit à tous les spectacles : avis aux amateurs qui voudraient prendre une semaine de congés au moment de l’Ascension… pour faire chorus avec l’âme des poètes. 

 

 

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18 février 2010 4 18 /02 /février /2010 19:00
   
Guy Béart – Ô Jehova
   
Marc Robine – Le Temps des chevaux
   
Yves Montand – Les Feuilles mortes
   
Serge Reggiani– Si tu me payes un verre
   
Europe 1 – Fred Hidalgo
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