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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 19:42

« Machado dort à Collioure »… depuis 75 ans


Louis Aragon lui rend hommage dans Les Poètes, mis en musique et chanté par Jean Ferrat : « Machado dort à Collioure / Trois pas suffirent hors d’Espagne / Que le ciel pour lui se fit lourd / Il s’assit dans cette campagne / Et ferma les yeux pour toujours... » C’était le 22 février 1939. Soixante-quinze ans plus tard, j’y étais.  

 

 

« Hasard ? Destinée ? Simples coïncidences ? La question est posée… » écrivais-je ici même il y a trois ans à propos de Giuseppe Caliciuri et d’Alfredo Hidalgo. Après avoir survécu aux principales batailles de la guerre d’Espagne, le grand-père de Cali et mon père, l’un combattant des Brigades internationales et l’autre commandant dans l’armée républicaine, allaient en effet se retrouver (sans se connaître) à Vernet-les-Bains, petite cité célébrée par le chanteur catalan dans son dernier album studio. Plus étonnant encore : selon toute vraisemblance, c’est l’arrière-grand-père de Cali, Alexandre – photographe à Prades (et de Pablo Casals en particulier) – qui fixa sur la pellicule le passage de mon père à Vernet (comme de tous les officiers de l’armée républicaine, regroupés d’abord dans ce village au pied du Canigou, en février-mars 1939, avant d’être internés le long du littoral roussillonnais). Mon père fut parqué ainsi au camp d’Argelès avec ceux de Leny Escudero et de Paco Ibañez… Curieuses destinées croisées d’étranges étrangers, comme disait Prévert.

 Après s’être évadé d’Argelès puis du camp de Saint-Cyprien, arrêté une seconde fois par la police, il fut alors mis aux fers (et au pain sec) dans la forteresse de Collioure, l’ancien Château des Rois de Majorque, si chargé d’histoire, où le régime d’alors embastillait les plus « récalcitrants » des républicains espagnols ou membres des Brigades internationales jugés dangereux pour la sécurité nationale… Et c’est à Collioure justement (rendue plus heureusement célèbre dans la première partie du vingtième siècle par les peintres Derain, Matisse et autres inventeurs du fauvisme), que le 28 janvier 1939 était arrivé Antonio Machadol’un des plus grands poètes de langue castillane, parvenu au bout du chagrin et du chemin que jamais plus il nous est donné d’emprunter à nouveau. « Caminante no hay camino / Se hace camino al andar… »

 Là, totalement dépourvu de moyens de subsistance (ayant dû tout abandonner en cours de route, y compris ses derniers manuscrits), des gens de cœur lui proposèrent de s’installer dans une pension de famille, la maison Quintana, avec son frère Jose, sa belle-sœur Matea, sa mère Ana âgée de 88 ans et un ami écrivain, Corpus Barga, qui l’avaient accompagné dans l’exil. Mais épuisé par l’exode, désespéré par l’inhumanité, il s’éteignit quelques semaines plus tard comme on souffle une chandelle... « Les vents du Sud soufflaient / Et l’homme entreprit son voyage / Son orgueil, un peu de foi et un arrière-goût amer pour tout bagage... / Ni prophète ni martyr Antonio ne voulut être / Il fut pourtant un peu des deux, sans l’avoir voulu... / […] Le poète mourut loin de son foyer / Il est recouvert de la poussière d’un pays voisin… » rappelle Joan-Manuel Serrat dans sa magnifique chanson À Collioure.
  

 

 

Ce 22 février 1939, âgé de 64 ans, Antonio Machado léguait à la postérité une œuvre exceptionnelle, et pourtant d’une simplicité sans pareille, n’ayant d’égale que son humanisme. Les non hispanophones l’ignorent peut-être, mais « don Antonio » est l’auteur – entre tant et tant de merveilles (qu’il rassemblait sous le terme générique Cantares – autrement dit « Chansons ») – l’un des plus beaux poèmes du monde, peut-être le plus beau car le plus universel qui puisse être, Caminante no hay camino, d’où sont extraits ces quelques vers : 

Caminante son tus huellas el camino y nada más
[Voyageur, ce sont tes traces le chemin et rien de plus]
Caminante no hay camino, se hace camino al andar
[Voyageur, il n’y a pas de chemin, on trace son chemin en avançant]
Al andar se hace el camino y al volver la vista atrás
[En marchant on trace le chemin et en jetant un regard derrière soi]
Se ve la senda que nunca se ha de volver a pisar
[On voit le sentier que plus jamais on n’aura l’occasion d’emprunter]
Caminante no hay camino sino estelas en la mar…
[Voyageur, il n’y a pas de chemin, seulement un sillage dans la mer...]

Le voici, également mis en musique, adapté (la chanson reprend en fait plusieurs strophes de Proverbios y cantares, dont est tiré ce poème, complétées ensuite par le chanteur) et interprété par le même Serrat (dans un album, véritable chef-d’œuvre, entièrement consacré au poète en 1969, Dedicado a Antonio Machado, poeta), l’un des grands ACI espagnols des cinq dernières décennies : 

Nunca perseguí la gloria
[Je n’ai jamais cherché la gloire]
Ni dejar en la memoria
[Ni à laisser dans la mémoire]
De los hombres mi canción
[Des hommes ma chanson…]

Golpe a golpe, verso a verso
[Peu à peu, vers après vers]
Murió el poeta lejos del hogar
[Le poète est mort loin de son foyer]
Le cubre el polvo de un país vecino
[La poussière d’un pays voisin le recouvre]
Al alejarse, le vieron llorar
[Pendant qu’il s’éloignait, on le vit pleurer]
« Caminante, no hay camino, se hace camino al andar »
[Voyageur, il n’y a pas de chemin,
C’est en avançant qu’on trace le chemin]  

 


Quand enfin mon père a pu quitter Collioure, le poète était mort. Il avait été inhumé le 23 février, son cercueil drapé du drapeau républicain, dans le vieux cimetière du village, à deux pas de la Pension Quintana.Tombe Il y repose toujours, auprès de sa mère, Ana Ruiz Machado... qui le suivit à seulement trois jours de distance dans ce dernier voyage. Soixante-quinze ans plus tard, le 22 février 2014 – je l’ai raconté dans l’un de mes sujets précédents, « L’Échappée Brel » –, je donnais à deux pas de Collioure ma conférence sur l’histoire méconnue de Jacques Brel aux Marquises, lui qui s’était réjoui d’apprendre (et de chanter dans son dernier album) que Franco était « tout à fait mort ». Alors qu’un mémorial à la Retirada (l’arrivée des Républicains espagnols sur le sol français) était inauguré ce même jour à Argelès (en présence d’enfants et petits-enfants de combattants antifascistes de la guerre d’Espagne venus des quatre coins de l’Europe), je ne pouvais quitter cette magnifique région sans me rendre à mon tour sur les traces du poète bien-aimé…

      

 

Pour retrouver d’abord la pension Quintana, restée telle quelle depuis l’époque. Un hôtel-pension, aux allures de grande maison bourgeoise, où Antonio Machado vécut les trois dernières semaines de sa vie…

Plaque_Maison2.jpg

Et bien sûr, pour me recueillir sur sa tombe qui, à l’écart des autres, semble accueillir les visiteurs du petit cimetière du centre-ville ; si lourde de symboles… et si chargée d’affection presque palpable. (Mon père eut-il la possibilité, au printemps 1939, de venir lui confier la sienne ? Je ne le saurai jamais...)    

BAL 
Attenante à celle-ci, magnifiquement fleurie aux couleurs de la République espagnole dont la bannière est présente, une boîte à lettres qui a déjà recueilli des milliers de messages personnels (que la Fondation Machado de Collioure dépouille et classe soigneusement). Avec Félix Leclerc à qui l’on dépose des courriers sur sa sépulture de l’Île d’Orléans (ainsi que des souliers...), avec Jacques Brel à Hiva Oa, où les passants laissent des mots émouvants sur des galets ramassés sur la grève, voilà un autre grand personnage de notre belle histoire contemporaine, admiré pour sa bonté, son courage et son œuvre admirable, que l’on ne se résout pas à considérer comme absent. Et l’on continue de converser avec lui par-delà le temps et l’espace (puisque des courriers lui sont postés du monde entier)... 

En février 2009, pour les soixante-dix ans de sa disparition, Paco Ibañez – qui a mis ses Proverbios y Cantares en musique – était là, pour lui rendre hommage et le chanter…
  

PacoCollioure.jpg

 

 

Gravée dans le granit, outre les indications de naissance et de mort pour lui et pour sa mère (avec la précision « Mère du poète »), une simple strophe – la dernière – de son poème Retrato (Portrait) en guise d’épitaphe :
   

datesNM.jpg 

Y cuando llegue el día del último viaje,
[Et quand viendra le jour du dernier voyage,]
Y esté al partir la nave que nunca ha de tornar
[Et que soit prêt à partir le navire qui jamais ne revient]
Me encontraréis a bordo ligero de equipaje,
[Vous me trouverez à bord léger de bagages,]
Casi desnudo, como los hijos de la mar.
[Presque nu, comme les enfants de la mer...]
       

 

Usé par le chagrin et fatigué de n’apercevoir, derrière lui, que des cadavres sur des champs de douleur, la liberté et la fraternité foulées aux pieds par la barbarie, le poète vécut ses dernières heures au bord de la Méditerranée. Il repose parmi les fleurs et les vers qu’on continue de lui apporter dans sa dernière demeure. Comme un panthéon à elle seule des lettres espagnoles. Beaucoup plus en fait : ci-gît, sous une grosse dalle grise, loin des poètes de salon, un frère humain qui veille au songe d’un monde meilleur… et qui, aujourd’hui, a bien besoin d’êtres à sa (dé)mesure. Comme l’avoue Joan Manuel Serrat, de retour à Collioure dans le reportage vidéo que je vous propose de découvrir, il est très émouvant de se retrouver ici…

  

 

Enseignant dévoué, professeur de français, philanthrope, amoureux de la vie, solidaire et porte-parole des gens de peu et de bonne volonté, modeste et lucide (ô combien !), merveilleux auteur de cantares… « don Antonio » fut tout cela à la fois. Juste quelqu’un de bien. Un modèle d’homme. Grâce à ses écrits, que d’autres n’ont pas fini de chanter, il nous accompagne à jamais. « Le vrai tombeau des morts, a dit un autre poète, c’est le cœur des vivants... » 
  

Epitaphe.jpg

__________
NB. Pour en savoir plus, ces liens sur l’histoire du poète jusqu’à sa mort à Collioure et sur la Fondation Antonio Machado qui, installée dans cette même ville, perpétue sa mémoire tout en encourageant les jeunes poètes actuels : 1. Machado à Collioure ; 2. La Fondation Machado de Collioure. Pour mémoire : la vidéo noir et blanc où Serrat chante En Collioure fut enregistrée en 1969 au Chili ; la vidéo où il chante Caminante, en duo avec Joaquin Sabina (et le public !), est relativement récente ; les fortifications que l’on découvre au début du reportage sur Machado à Collioure sont celles du Château Royal où plusieurs centaines de combattants républicains antifascistes furent embastillés sans procès par le gouvernement Daladier.

 

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 18:30

Du faubourg des Minimes à la Cinquième Avenue

 
Jeudi 4 mars 2004 à 13 h, l’info tombait comme un couperet en ouverture des journaux audiovisuels : Claude Nougaro est mort ! La veille au soir, via un courriel, je formulais encore le souhait de lui rendre visite dans les jours prochains. Nous pensions en effet, tout en sachant que son état de santé s’était récemment détérioré, que Claude serait toujours des nôtres pour célébrer la sortie de son nouvel album prévue à la fin du printemps ou le 09/09 suivant, pour ses 75 ans... La Camarde ne le permit pas, fauchant sans état d’âme l’artiste qui était entre tous, de tout l’espace francophone, l’incarnation par excellence de la chanson vivante.
       
 


Stupeur et chagrin mêlés, immenses. Et seulement la possibilité technique, pour la revue Chorus que nous animions alors et dont le numéro de printemps était sous presses, d’arrêter le tirage du cahier en cours et de remplacer une autopub par une photo en hommage à l’auteur de Il faut tourner la page. Avec cette simple citation en légende : « Ta chanson / Ta chanson colle à la peau / Ta chanson / Ta chanson a le cœur gros… » Stupeur, chagrin… et souvenirs. « Cet homme était un géant, l’égal de Brassens, de Brel, de Gainsbourg », dira Michel Legrand, son comparse des débuts et ami pour la vie. Et c’est bien ainsi que nous-mêmes, toujours, l’avions considéré. « Motsicien » génial – ainsi qu’il s’était défini spontanément lors de ma première grande rencontre professionnelle avec lui, le jour de ses 55 ans, pour son dossier de Paroles et Musique (cf. la photo de Jean-Pierre Leloir) –, interprète fabuleux à la voix royale et au swing ravageur. Géant, certes. Mais surtout unique… par ses qualités multiples.
 


FredNougaro-copie-1.jpg
Un chanteur complet en effet, le plus complet de sa génération. Nougaro et son chant incandescent, lave inextinguible qui mettait le feu aux planches. Nougaro et cette langue vivante, vibrante et colorée qui n’appartenait qu’à lui : « J’ai besoin de rendre les mots visibles, charnels et d’exacerber leur puissance musicale, nous confia-t-il. Je tente de restituer la poésie, langue de couleur, à son chant originel total. » Car ce « métèque de l’âme », toujours prompt à défricher de nouvelles galaxies, toujours prêt à repartir de zéro, « comme une Piaf au masculin », ce « Nègre grec » doué d’une étonnante capacité à renaître sans cesse de ses cendres, ne serait sans doute jamais devenu cet auteur singulier dans la chanson française sans le chant qui éclaire et justifie l’œuvre de création : « Mon gueuloir, c’est la scène. Mieux que celui de Flaubert ! Il employait ce mot, cette méthode, parce qu’il savait qu’une langue, c’est aussi du son. Moi, je n’aurais pas écrit s’il n’y avait pas eu le chant. »


J’ai raconté ici même, dans une « Lettre ouverte à Claude Nougaro », toute l’importance, personnelle autant que professionnelle, que le « pygmée occitan » a revêtue dans ma vie. Je n’y reviendrai donc pas. Sauf pour dire que, depuis sa disparition, nous n’avons cessé de marcher sur ses traces jusqu’en pays cathare, dans ce village de cigales qui l’hébergeait souvent l’été, où coulait le Verdouble et soufflait la tramontane. Comme nous l’avions accompagné, mon épouse et moi, seuls aux côtés de ses musiciens, techniciens et de sa compagne, lors d’une longue tournée en Afrique de l’Ouest, durant l’automne 1986.

 

Eglise-Paziol.jpg 

Merveilleux souvenir, à bien des titres que cette étape de transition intervenant juste après son licenciement brutal de chez Barclay (déclaré coupable de ne pas vendre assez de vinyles, lui qui ne vivait que pour les planches et la communion avec le public…), mais annonçant son départ pour New York… L’idée même en fut lancée un soir d’octobre à Brazzaville, chez mon ami Bernard Baños-Robles, directeur du centre culturel français et organisateur de cette tournée.

Avec-BBR-copie-2.jpg 

Non seulement elle nous valut à la ville comme à la scène des moments particulièrement intenses à vivre – d’autant qu’il s’agissait pour ce précurseur de la musique africaine en France, comme il le fut aussi de la musique brésilienne, de sa découverte de ce continent noir cher à son cœur et à son corps –, mais elle se révélerait en outre le prélude indispensable à sa formidable histoire nougayorkaise. On le sait, celle-ci allait bientôt redonner un nouveau souffle à sa carrière de Phénix de la chanson française. Ô combien ! En pulvérisant à la rentrée suivante ses records de vente de disques, Nougayork lui permettrait de toucher un nouveau et tout jeune public…

Nougaro-Abidjan.jpg 

Autre souvenir gravé dans notre disque dur personnel, ce conseil (impérieux !) donné deux ans plus tôt à Bernard Baños-Robles, alors responsable du centre culturel Arthur Rimbaud de Djibouti, qui cherchait « le » chanteur francophone le plus en adéquation possible avec son budget matériel (limité) et son ambition artistique (illimitée) pour ouvrir un réseau de diffusion régional : « Nougaro, Nougaro et encore Nougaro ! » Autrement dit, Nougaro Trio, avec Bernard Lubat à la batterie, Pierre Michelot à la contrebasse et Maurice Vander au piano. Formation légère en soute, mais inégalable en scène. Le conseil aussitôt retenu (après que j’eus préparé le terrain auprès de l’intéressé), notre ami « vendait » le spectacle à ses collègues de l’océan Indien, pour permettre à Nougaro Trio de se produire à six reprises : une à l’île Maurice, deux à Djibouti et trois à la Réunion… où Claude allait rencontrer son « Île Hélène », qui exerçait sur place comme kiné.

 

Octobre 1986 : en veine de confidences, après un récital hors catégorie et un dîner festif en plein air, sous la voûte étoilée et dans la touffeur tropicale, Claude se penchera vers moi pour me glisser à l’oreille : « Tu sais Fred, j’en ai eu, des femmes, dans ma vie… Mais Hélène, elle, c’est la femme de ma mort… » Admirable formule, toute d’amour et de confiance en l’avenir… que celui-ci ne démentira pas. 1984-2004, vingt ans d’amour et un mariage dans l’intervalle.

 

On le sait maintenant, la vie ne m’a pas donné la possibilité de rencontrer Jacques Brel. En revanche, elle m’a gratifié, comme un immense privilège, de l’amitié du Grand Claude. De tous les artistes de sa génération, Claude Nougaro est sans aucun doute l’un de ceux que j’ai fréquenté le plus, avec qui j’ai partagé le plus de choses, échangé le plus d’idées et de confidences. Dix ans d’absence déjà... Comme Jacky le Bruxellois, son aîné de cinq mois, le Toulousain aurait eu 85 ans en 2014, étant nés l’un et l’autre en 1929.
  

 

Le rapprochement n’est pas gratuit car, trop longtemps considéré en marge des Trenet, Brassens, Brel, Ferré, Leclerc, Barbara, Gainsbourg, Ferrat, Vigneault, Aznavour et autres Béart ou Bécaud, alors qu’à sa façon il réunissait à lui seul l’ensemble de leurs immenses qualités, Nougaro était à juste titre porté au pinacle par le Grand Jacques. « C’est le meilleur chanteur de notre génération, assurait celui-ci à l’un de ses amis de Polynésie en 1976. Il a le rythme dans le sang, la voix dans le cœur, le texte fidèle et ingénieux, généreux. […] Nougaro, c’est la Cinquième Avenue ! » Bluffant ! De Toulouse à New York, jolie prescience...


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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 15:39

La reconnaissance du cœur

 

« La vraie générosité envers l’avenir
consiste à tout donner au présent. »
(Albert Camus)
 

 

« Auteur-compositeur-interprète, il chante depuis vingt ans avec la même foi aujourd’hui, la même flamme, le même amour pour la chanson et les gens, qu’à ses débuts quand d’illustres “inconnus” l’accompagnaient à la guitare : Moustaki, Le Forestier, Paco Ibañez… » Ces mots datent de 1981, je les avais écrits en introduction d’un article destiné à convaincre le lectorat de Paroles et Musique de financer le nouvel album de Luc Romann, en rupture de producteur depuis près de dix ans et même de distributeur depuis 1979…

 

Portrait1-herville

 

Cela me rappelle une anecdote : un jour du printemps 1981, je crois, me promenant dans le quartier de l’Hôtel de Ville, à Paris, je suis entré par hasard (non, Pas par hasard, chanterait plus tard Romann…) chez un soldeur de disques et quelle ne fut pas ma surprise d’y découvrir son tout dernier album… dont je savais qu’il faisait défaut à son auteur (surtout à la fin de ses concerts), le label Lyrion qui l’avait pris en licence et en distribution ne répondant plus à ses demandes de réassorts. Le « disque vert », en solde, déjà !? Oui, celui des « Oumpapas », un véritable florilège romannien à lui seul : Les P’tites Roulottes, En vérité, D’autres jours s’en viennent… 15 F l’exemplaire, neuf (j’ai encore l’étiquette collée sur la pochette), le quart de son prix normal ; six ou sept exemplaires dans le bac, j’achète ! Au moment de régler, j’ai le réflexe de demander si « par hasard » il n’y en aurait pas d’autres en réserve. « Attendez, je vais voir… »

 


Il y en avait d’autres ! Et même tout un stock de Lyrion ! Dont un album de la grande Hélène Martin (avec Le Condamné à mort de Jean Genet) et un autre (Les Chiens) d’un artiste, Jean-Louis Caillat, pour lequel j’avais beaucoup d’affection, que je m’empressai de prendre aussi. Et celui de Romann ? « Oh, il y en a beaucoup ! » Combien exactement ? Va-et-vient du vendeur : « Plus de cinquante… » Moi : « Cinquante ? J’achète ! » Ce jour-là, il y en eut un qui fut bien embêté, c’est votre serviteur obligé de faire plusieurs allers-retours jusqu’à sa voiture pour transporter le tout… Mais un autre, au bout du pays, fort aise et même plus d’apprendre par mon coup de fil que son album n’était pas tout à fait mort-né. Enquête faite par la suite, nous découvririons que Lyrion, en faillite, avait revendu tous ses stocks de disques sans en informer les artistes… Charmant, vraiment. Et aujourd’hui, parmi vous tous qui lisez ces lignes, il en est peut-être qui, ayant acheté « l’album vert » à la fin d’un concert de Luc en 81-82 (accompagné alors par deux excellents musiciens malgaches, Solo et Yves, également accompagnateurs de Graeme Allwright), seront surpris, à trente ans de distance, de connaître leur chance… car jamais à ce jour ce magnifique opus n’a été réédité.

 

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Ma première rencontre avec Luc avait eu lieu en juillet 1980, un mois après la création de Paroles et Musique, mais je le connaissais et appréciais comme artiste depuis plusieurs années déjà, ses deux albums de 1969 (« Le Voleur »…) et 1972 (« La Liberté »…) nous ayant même suivi dans nos pérégrinations africaines des années 70. Simplement, cet été-là, j’avais tenu à faire sa connaissance sans tarder pour lui présenter un ami mien, alors en congés en France, qui dirigeait le Centre culturel français Arthur Rimbaud de Djibouti. Avec lui (Dominique Chantaraud) et son adjoint (Bernard Baños-Robles), nous avions fait venir en 78-79 plusieurs artistes que nous aimions beaucoup, comme Graeme Allwright, Francis Bebey, Henri Dès, Leny Escudero, Marc Ogeret, Jacques Serizier…

 

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D’autres suivraient bientôt au pays des secrets de la mer Rouge : Anne Sylvestre et Claude Nougaro par exemple… mais d’abord, dès le premier semestre 1981 (car la rencontre de l’été 80 ne pouvait engendrer qu’une vive admiration pour l’artiste et l’envie de l’aider à tourner, outre la naissance d’une amitié au long cours), Luc Romann ! « Romann en concert » à Djibouti, c’était bien… mais c’est plutôt à l’affiche de l’Olympia que ce « petit grand homme » aurait dû être alors, vingt ans après ses débuts remarqués par Gréco à l’ABC (1962) ou Brassens à Bobino (1963).

 

avec-Bourvil-Brassens.jpg

Quelques mois plus tard, Luc nous ayant offert la primeur de ses nouvelles chansons (Le Ciel dans la tête, la Terre dans le cœur, Quand on voyage, Le Petit Singe, Ceux qui n’ont pas la parole, Paris sépia, La Fin du monde, Gamin gamine, La Berceuse, ainsi que deux superbes instrumentaux*, Les Gambades de Grisette et La Marche triomphale du chat Messie, car Romann, entre autres qualités d’auteur-compositeur-interprète, possédait le don des mélodies populaires), nous nous lançâmes un défi, d’un commun accord. Celui de nous substituer au producteur traditionnel (brillant en l’occurrence par son absence) en tentant de convaincre nos lecteurs de financer l’enregistrement et la fabrication « du nouvel album » de Luc Romann.

 

 

Voici comment je l’expliquais dans le numéro 14 de novembre 1981 (avec Higelin en dossier principal), obligé d’emblée d’apporter un minimum d’éléments informatifs sur notre artiste dénué de tout esprit de compétition (vous l’ai-je dit ? si le chanteur à la voix envoûtante était un enchantement sur scène, entre sourire et mélancolie, dans le privé il était d’une tendresse contagieuse, la bonté faite homme – amoureux impénitent des femmes ! –, avec un regard de rêveur céleste aussi bienveillant et malicieux que perçant) :

« La notion de “carrière” lui est totalement inconnue : Luc Romann se contente d’écrire des chansons et de les chanter en province et à l’étranger (il effectue actuellement sa deuxième tournée des universités américaines, dans le sillage de son ami et collègue Jacques Yvart)**, en vivant à l’écart de toute compromission et surtout de la grande ville tentaculaire. Ses chansons, des petites merveilles de simplicité, de tendresse et d’humour, sont d’ailleurs profondément empreintes des choses de la nature au contact de laquelle il vit (au cœur du Gers) tout au long de l’année.

 

 

» Bref, Luc Romann fait de la chanson vivante et cela ne se sait pas assez, car ce petit bonhomme est un naïf qui s’attache mordicus à privilégier la qualité des rapports humains au détriment, forcément (?), d’une carrière qui selon lui l’aurait “immanquablement broyé quelque part”. Il est persuadé qu’il n’est nul besoin pour chanter, et vivre de la chanson, de subir le processus imposé par le système, de passer par la route habituelle […] : il préfère penser qu’il existe d’autres chemins, des sentiers de traverse “fleurant la menthe et le thym”, même s’ils sont jonchés de ronces. Il en fait d’ailleurs la démonstration depuis deux bonnes décennies. »

Le ciel dans la tête
La terre dans le cœur

 Je vis un rêve de campagne
De vents, de vignes et de forêts
J’entends les chants les plus secrets
Ceux de la mer, ceux des montagnes…

 

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Au fil des mois, comme annoncé, nous tiendrons notre lectorat informé de l’évolution du projet – choix des chansons, des musiciens, des répétitions, arrangements, enregistrement, définition de la pochette – qui sera finalement couronné de succès en moins d’un an. Ce sera le sixième album de Luc Romann en l’espace de vingt ans : Disqueaprès deux 25 cm chez Fontana en 1962 et 1963, suivirent en effet deux 30 cm chez Moshé Naïm en 1969 et 1972, puis le fameux « album vert » des « Oumpapas » en 1979. Un dernier paraîtra en 1992, Solitudes et compagnie, mais seulement sous forme de cassette. Dans les années 90, j’essaierais bien de convaincre un producteur phonographique d’accompagner Luc dans l’enregistrement de ses nouvelles chansons*** (comme j’avais réussi à le faire notamment pour Leny Escudero et Gilbert Laffaille chez Déclic), mais en vain. Dans les maisons de disques, déjà, l’heure n’était plus au risque artistique, mais à l’équilibre économique. Société dominante de « merchandisers » et de « marketingers » comme nous le confiait Léo Ferré en 1992 : « Ces boîtes-là sont dirigées par de jeunes gens de 35 ans qui sont bien contents de vendre encore mes disques, mais qui se fichent de savoir ce qu’il y a dedans. Pour ces gens-là, tout ça n’est rien d’autre que du commerce. Et je suis même plutôt mal vu par eux… » Léo Ferré ! Alors, pensez, Luc Romann…

 

Cheminee

C’est dire, en tout cas, que des occasions de rencontres et de partage, avec Luc, il y en eut à foison. Dont il reste heureusement quelques traces dans Paroles et Musique et Chorus : d’une première interview importante, signée Marc Robine, dès le numéro d’avril 1981 (avec Julos Beaucarne à la Une et Francis Lemarque et Andrée Simons entre autres rencontres principales), jusqu’au compte rendu par votre serviteur (paru dans le numéro du printemps 99 de Chorus, avec Gréco et Maurane en dossiers) de « la Fête à Luc Romann ». Un bel hommage organisé, de son vivant, par (et avec) des amis communs le 22 janvier 1999 au Théâtre des Chalands de Val-de-Reuil, dans l’Eure. « Deux heures et demie d’amitié et d’émotion autour de Luc Romann », promettait le petit programme remis au public qui ce soir-là emplissait totalement la jolie salle en gradins. Chose promise, chose due... et même un peu plus : trois heures durant en effet, l’amitié fut présente sur la scène et l’émotion dans la salle. Et vice-versa ! Pour la mémoire du héros d’un soir (et peut-être aussi, un peu, pour les futurs historiens de la chanson française, le nom de Romann étant trop souvent oublié de ses dictionnaires et autres encyclopédies), voici l’article que j’écrivis alors.

 


« La Fête au Petit Prince »

« Ah ! la belle soirée ! Comme d’habitude, les absents ont eu tort. Il faut dire que, suite à l'info parue dans notre numéro précédent, beaucoup n'ont pas eu le choix, les réservations affichant très vite salle comble. Alors, pour mémoire et pour les absents, ce témoignage...

 

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» Jouant de ses deux casquettes (de journaliste et de chanteur), c’est Marc Robine qui ouvrait le ban en rappelant sa propre découverte de Luc Romann, à travers “l’une des plus belles chansons du monde” : Le Temps des chevaux ; sentiment d’admiration qu’il allait aussitôt s’employer à faire partager au public, accompagné par Hélène Triomphe à la guitare et Patrice Lacaud à l’accordéon diatonique. Suivait La Liberté, autre grande chanson de Romann, choisie et interprétée, celle-ci, par l’Israélienne Sara Alexander, jouant elle-même de l’accordéon. Gérard Pierron lui succédait avec deux titres de Gaston Couté et Eugène Bizeau, poètes qu’il a mis en musique et qu’il sait chanter comme personne, porté par les notes subtiles de l’accordina de Francis Jauvain et de la guitare de Pierrick Hardy.

 

Marc Robine – Le Temps des chevaux
   

» Enfin, l’invité d’honneur de la soirée entrait en scène sous les applaudissements pour chanter L’Homme de lune (judicieusement amené au préalable par le poème de Bernard Dimey, La Crucifixion, dit avec grand bonheur par le poète Jean-René Rouzé), avant d’être rejoint, au refrain, par le chœur des artistes présents.

» Après un mini-récital (qui voyait Romann, débarrassé désormais de sa guitare, se mouvoir en toute liberté, accompagné par trois jeunes musiciens à la guitare, à l’accordéon, à la batterie et aux percussions), la soirée allait se poursuivre ainsi, sans aucun temps mort, les différents invités se croisant pour chanter des titres du héros du jour, de leur propre répertoire ou d’autres auteurs : le Nantais Michel Boutet, par exemple, interprétant avec beaucoup de sensibilité L’Homme de Brive, une grande chanson de Jean-Max Brua (hélas absent pour cause de maladie). Le Mariage insolite de Marie la Bretonne****, En vérité, Chronique tsigane, La Berceuse, Le Ciel dans la tête, la terre dans le cœur et autres incontournables “romanneries” plus loin, c'est Pierron qui faisait reprendre en chœur et à l’envi Les Mangeux d’terre (Couté) et son immortel refrain : “Y avait dans l’temps un bieau grand ch’min / Chemineau, chemineau, chemine...”

 

 

» Et puis, c’était au tour de Pierre Barouh de faire une apparition surprise (remplaçant au pied levé l’irremplaçable Graeme Allwright, hospitalisé la veille [pour une fracture de la jambe]), apportant, sur scène, sa bonhomie, sa spontanéité et son amour de la chanson ; émouvante Lili tirée de son nouvel album : « Que m'excuse l’ami Perret / Mais je ne l’ai pas fait exprès / Ce n’est ni Zoé ni Julie / Pour tout le quartier c'est Lili... » Une prestation accompagnée, improvisée même – avec quel brio ! – par les musiciens de Pierron.

» Mais LE moment d’émotion de la soirée intervint pendant que Luc Romann chantait trois nouvelles chansons, dont Le Clown et la Jongleuse, acrobatiquement illustrée par la démonstration, aussi technique que poétique, de... sa jongleuse de fille ; laquelle faillit bien lui faire oublier toutes les paroles de sa chanson lorsqu’il la vit arriver – ô surprise ! – costumée et grimée en clown. Un moment magique qui mit à nu le fragile équilibre régissant l’art de la chanson vivante : un moment de merveilleux funambulisme, la fille et le père, Luce et Luc se tenant par les yeux et le sourire, rayonnants d'un bonheur éphémère...

 

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» Ephémère ? Pas sûr... ainsi que le constata Gérard Pierron à l’adresse du public, à l’issue de cette mémorable soirée : “Avez-vous remarqué que Luc, en vieillissant, ressemble de plus en plus au Petit Prince ?!” Ce fut le mot de la fin... sur scène, en tout cas : en coulisses (et en présence notamment de Moshé Naïm, le producteur historique de Luc Romann), les très sympathiques (et compétents) organisateurs de la soirée, Pascal Michel, Yves-Marie Denniel et leurs camarades de l’association rouennaise “A Travers Chants” (parrainée par Allain Leprest) avaient prévu de faire la fête [et nous avec] jusqu’à l’aube... » (Fred Hidalgo)

 

 

Quinze ans après, presque jour pour jour, Luc Romann s’en est allé rejoindre ses amis du voyage et retrouver Sara Alexander, Jean-Max Brua, Allain Leprest, Georges Moustaki et Marc Robine, Yves-Marie Denniel aussi, partis dans l’intervalle. Que nous reste-t-il aujourd’hui, à nous tous qui participions à ce moment d’exception de la vie d’un artiste pas (tout à fait) comme les autres ? Quoi ? Hormis la peine, et les chansons, bien sûr… Une chose, indestructible et transmissible : il nous reste la mémoire, qui est la reconnaissance du cœur.


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Or, si une joie partagée, à l’en croire le sens commun, est une double joie, une peine partagée devient (presque) une demi-peine… En vérité, il faut le dire, Luc Romann était un artisan de la chanson aussi doué que ses qualités personnelles étaient rares : lucide et malheureux devant l’état du monde, en empathie totale avec les victimes, révolté et indigné face à l’injustice mais sans aucun parti pris, ni personnel ni communautaire ni politique, autre que celui de l’humanisme. Et puis, c’était presque sa « marque de fabrique » qui me rendait admiratif à son égard, c’était un homme jamais amer ni aigri (et pourtant, hein…), que je n’ai jamais entendu dire du mal de ses semblables et de ses collègues en particulier (alors que la jalousie et la médisance ne sont que trop répandues dans ce milieu), toujours positif, amoureux de la vie, la porte définitivement grande ouverte : « Il y a des terres promises / Au bout de chaque chemin / En chaque maison / On tire le vin / Et les tables sont déjà mises / Toute porte reste ouverte / Au voyageur qui viendra… » (Il y a de l’amour).

 


Plein d’enthousiasme, l’homme de La Braoze, et confiant, toujours, en l’avenir. Inébranlable dans cette conviction intimement ancrée en lui. Demain, nous disait-il, l’œil vif et le sourire à fleur de lèvres, demain, répétait-il, il fera beau. Forcément plus beau qu’aujourd’hui. Demain... Né le 5 décembre 1937 à Paris, Luc Romann est mort le 6 janvier 2014 de complications cardio-vasculaires post-opératoires. Il venait d’avoir 76 ans. Sa dépouille sera incinérée à Mont-de-Marsan. Demain.

 

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NOTES : (*)Deux instrumentaux joués à la guitare et au banjo par son ami Jack Treese. (**)Un réseau auquel participait Brian Thompson, en tant que directeur du Centre de la chanson (française) et du festival L’Air du temps à Boston-USA. (***)Ces dernières années, Romann m’adressa nombre de nouvelles chansons, toujours aussi belles et encore inédites ; il faudra bien, un jour, que quelqu’un quelque part réédite ses albums, enregistre ses nouveaux titres et/ou se décide à le chanter sur scène… (****)Une chanson dont le groupe Tri Yann fera un grand succès populaire et l’un des titres emblématiques de son répertoire.

ILLUSTRATIONS : Le portrait de Romann dessiné spécialement pour son premier entretien avec Paroles et Musique (avril 1981) est l’œuvre de Philippe Quinton. Les photos de la « Fête à Luc Romann » sont de Hugo Miserey. Toutes les autres sont de votre serviteur ou de Mauricette Hidalgo, prises dans les années 1980 soit chez Romann, à « La Braoze », soit chez nous, à « L’Araucaria ».

DISCOGRAPHIE & BIBLIOGRAPHIE : La discographie de Luc Romann est composée de cinq 45 tours 4 titres (trois chez Fontana et deux chez Riviera) parus entre 1962 et 1965 ; trois 45t 2 titres (chez Moshé Naïm) entre 1970 et 1973 ; deux 25 cm 10 titres (Luc Romann chante… Luc Romann) et 8 titres (Fille de rien) chez Fontana en 1962 et 1963 ; deux 30 cm chez Moshé Naïm : Le Voleur (13 titres) en 1969 et La Liberté (11 titres) en 1973 ; deux 30 cm autoproduits : « Les Oumpapas » en 1979 (11 titres mais 17 plages avec les histoires brèves, distr. Lyrion), Le Ciel dans la tête, la Terre dans le cœur en 1982 (10 titres, distr. Jam) ; une cassette autoproduite, Solitudes et compagnie, en 1992 (10 titres, autodistribution). Luc Romann a également publié en 1985 un livre sur les Tziganes et les gens du voyage, La Pancarte, coécrit avec Jacques Coustals.
  

 

 

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