Des vessies pour des lanternes ?
Connaissez-vous les hallucinations auditives de Serge Llado ? On croit écouter des chansons en anglais, par exemple des Beatles, des Kinks, de David Bowie, d’Enya, de Police, en portugais avec Kaoma, etc., et on entend de drôles de choses en français. Mais comme un bon dessin vaut mieux qu’un long discours, voici une première vidéo à titre d’illustration… et à tendance quelque peu érotique. Tendez l’oreille !
Étonnant, non ? se serait exclamé l’irremplaçable Desproges. Salaud d’absent ! Trop, tu nous manques trop, à nous et à cette société qui marche le cul sur la tête… Mais foin de nostalgie, puisqu’on vient de faire dans l’humour piscinois, dixit le Sétois (voir « Méli-mélodie »), en attendant de retrouver nos moutons habituels (broutant les planches ou tournant en rond sur les platines), poursuivons un peu dans ce registre grâce à notre redoutable traqueur de paroles et de musiques, le sieur Llado. On va s’gêner, tiens ! dirait Laurent Ruquier, l’animateur radio-télé bien connu qui met à loisir son grain de sel et du poil à gratter dans le paysage audiovisuel français, entreprise de salubrité publique en ces temps où, comme le chantait Jean Ferrat, « un paf obscène est (souvent) à la Une ».
Pour célébrer les dix ans de son émission quotidienne actuelle (de 16 h à 18 h 30 sur Europe 1), Ruquier s’était retrouvé sur la scène de l’Olympia, avec toute son équipe, dont son « Monsieur Chanson » à lui, venu effectuer en direct et en public (pour diffusion sur France 4) une démonstration d’hallucinations auditives. L’occasion de vous faire découvrir notre « inspecteur DorémifasolLlado » à nous, en chair et en os, en voix et en moustaches…
Troublant, n’est-il pas ? Hallucinations auditives… ou messages subliminaux, d’ailleurs ? Libidineux, dites-vous ? La question est posée avec ce diable d’homme (satyre parfois sur les bords ?) qui sévit chaque jour chez ce trublion de Ruquier… que j’aime bien. Outre ses qualités professionnelles spécifiques, celui-ci adore en effet la chanson (il l’a prouvé en produisant par exemple le retour sur scène de Marie Laforêt en 2005, de Véronique Rivière et de Pauline Ester en 2006, en adaptant en version française en 2004 la comédie musicale américaine Chicago et surtout en écrivant en 2008 J’me voyais déjà, spectacle basé sur le répertoire de Charles Aznavour) et ses proches le louent régulièrement (mieux vaut ça que d’être vendu au grand capital) pour ses qualités humaines. Et la déontologie qui va avec…
« Le journal le plus pillé de France et de Navarre »
Je n’en donnerai qu’un exemple, mais éloquent, parce qu’il concerne Chorus... et donc, indirectement, Si ça vous chante. Flash-back : dans le milieu des années 90, Ruquier est sur France Inter où il anime en direct, le midi, l’émission de grande écoute Rien à cirer. Les chanteurs y sont souvent les bienvenus… et heureux d’en être. Coup de fil de son assistante : « Bonjour, Laurent Ruquier souhaite vous inviter à son émission, il y aura Marc Lavoine avec vous… » Très bien, pourquoi pas, merci. Mais si c’est pour parler de l’interprète des Yeux revolver et du Parking des anges, il y a sans doute quelqu’un de plus connaisseur que moi à trouver ; peut-être qu’un autre jour… ? « Le lendemain, c’est Claude Nougaro qui est invité… » Eh bien voilà, Nougaro, ce serait parfait. Avec ma chère et tendre, nous avons suivi en exclusivité pour Paroles et Musique, en 1986, sa première vraie tournée en Afrique de l’Ouest, d’où allait découler son départ pour New York et, de fil en aiguille, le fameux Nougayork qui relancerait totalement sa carrière phonographique…
L’assistante : « Oui, mais il y aura beaucoup à dire avec Nougaro, et Laurent ne vous invite pas pour réagir aux propos d’un chanteur, ou pour parler de lui, il tient à vous avoir en tant qu’invité spécial de l’émission… » Ah bon ?! Dans ce cas... Arrive alors le jour J. Puis l’heure H. Une grande table sur la scène d’un studio de France Inter, avec tous les animateurs de l’émission, devant une salle en gradins, car Rien à cirer a lieu en public. Ruquier me salue, m’installe au bout de la table, en face de lui ; à ma gauche, le critique culinaire Jean-Pierre Coffe (également expert en chanson, comme il me le prouvera tout au long de l’émission par des commentaires en aparté), et puis, je ne suis plus tout à fait sûr du plan de table, mais Marc Lavoine, Christophe Alévêque, Gérard Miller ou Christine Bravo, s’ils n’étaient pas mes cousins, étaient au moins mes voisins.
Générique… et à ma grande surprise, rien n’ayant été précisé en amont de l’émission, l’animateur en chef ouvre les « hostilités » en s’adressant à moi. Et de quelle façon ! « Alors, Fred Hidalgo, vous qui avez fondé et dirigez Chorus, quel effet cela vous fait-il de voir que votre journal est le plus pillé de France et de Navarre ? » Pillé, ajoute-t-il, mais jamais ou très rarement cité par ceux qui en usent et en abusent… Tel quel. Pour démarrer fort, ça démarrait fort ! De mémoire, je crois lui avoir répondu que j’en étais plutôt fier, forcément, car cette reconnaissance implicite de la fiabilité de la revue justifiait amplement son existence, nonobstant son faible tirage, en décuplant son action à l’infini. Et donc en s’avérant aussi utile que possible à la chanson. Je passe les détails, mais à l’usage de l’auditeur, Ruquier précisait ensuite qu’il avait voulu m’inviter pour rendre hommage à Chorus, outil principal chez lui aussi en matière de chanson : « Tous vos dossiers, en particulier, souligna-t-il en substance, constituent la base principale de notre documentation dès qu’un chanteur est pressenti. Alors, c’est la moindre des choses de vous tirer publiquement un coup de chapeau. Et de rendre à Chorus ce qui n’appartient pas à César… »
Plus d’une corde à rire
Bref. Le sieur Llado, disais-je avant cette digression, a plus d’une corde à rire (ou à pince-sans-rire) à son arc. En chansons qui se ressemblent, ou en cousinages musicaux comme on l’a déjà entendu dans cet « Amusicoscope » à propos notamment de Dvorak et de Gainsbourg et que l’on peut voir ici, sur scène, avec une nouvelle déclinaison encore plus angoissante de la musique des Dents de la mer (inspirée, on s’en souvient, de La Symphonie du Nouveau Monde d’Anton Dvorak), dans l’exercice de ses fonctions d’humoriste très spécial.
Mais pour en revenir à nos hallucinations auditives, on a beau écrire en anglais, en espagnol ou en portugais, s’appeler Prince, Pet Shop Boys, Scorpions, Police, Red Hot Chili Peppers, Shakira, Gipsy Kings… ou même Ray Charles, nul n’échappe à la sagacité du beau Serge.
Autre démonstration avec la participation (involontaire) de Skippy le kangourou, Ugly Kid Joe, Alice Cooper, Bryan Adams, Avril Lavigne, Nirvana, Zucchero, Florent Pagny, Céline Dion… ou bien Johnny Clegg & Savuka.
Ou, en dernière vidéo pour la route (car on pourrait continuer ad libitum), avec Andrea Bocelli, Luz Casal, Procol Harum, Jennifer Lopez, Iron Maiden, Gipsy Kings, Lou Reed, Olivia Newton-John, Eurythmics, la BO de Ghostbusters…
Convaincus ? Bon, d’accord. Tout cela n’est pas bien sérieux, Maître Llado n’ayant d’autre but dans ce monde de brutes que de faire rire ou sourire un instant… via nos oreilles complices qui s’amusent aussi à nous jouer des tours pendables. Un clin d’œil, enfin, toujours histoire de rigoler un brin : une jolie critique du spectacle de l’intéressé, publiée dans un quotidien régional à fort tirage, avec cette description en ouverture : « Sous des moustaches façon Joe Dassin »... Nous ne citerons pas le nom du signataire de cet article par confraternité et parce que sa teneur est par ailleurs assez juste. Mais cela en dit fort long, poil au menton, sur la connaissance de la chanson ou simplement de la pilosité des chanteurs en France… Dassin-Brassens-Llado, même combat poilant ! « Virtuose et populaire. Maître dans l’art de chanter ou tout simplement maître-chanteur ? Sous des moustaches façon Joe Dassin, Serge Llado pourrait bien être l’un et l’autre. Généalogiste de la chanson, docteur Frankenstein de la musique, l’artiste joue avec les mélodies comme avec les mots. Et l’Entrepôt se transforme cette semaine grâce à lui en un théâtre de chansons-flash jumelées avec finesse et intelligence. “Sous les plagiats, les tubes” : un nouveau spectacle qui instruit autant qu'il distrait, le talent en bémol... »
Prochainement… si ça vous chante
À venir prochainement dans Si ça vous chante, dans l’ordre ou pas – en attendant de « faire le plein » de lecteurs, vous allez comprendre pourquoi –, des sujets concernant les catégories suivantes : Concerts et festivals ; Actu Disques et DVD ; Livres ; Hommage ; Reportage ; En bref et en vrac… Et bien sûr la suite de « l’Amusicoscope » avec un quiz très culturel (si, si !) dont Serge Llado, toujours lui, a le secret et qui donnera lieu à une distribution de disques… à la condition d’être parmi les premiers à dégoter les solutions (tout en étant inscrit à notre « newsletter »).
Et puis, nous ferons aussi une communication importante destinée prioritairement aux anciens abonnés de Chorus. Qu’on se le dise, SVP, car il est fort probable que l’existence de ce blog reste encore ignorée de la moitié au moins d’entre eux (sans parler des lecteurs en kiosques). Alors, merci d’avance de passer le mot : si d’aventure vous en connaissez ou côtoyez autour de vous, conseillez-leur de se relier sans tarder au fil de Si ça vous chante et de rester à notre écoute… Il y aura bientôt du neuf, et pour le coup il ne s’agira pas de faire passer des vessies pour des lanternes.