Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
« C’est pour l’amour, pas pour la gloire »
C’était en juin 2009… À Chorus, sans le savoir, nous venions de publier notre dernier numéro alors qu’en réunion de rédaction nous préparions le suivant… avec un dossier consacré à Romain Didier et Allain Leprest ; à Arras, dans le même temps, celui-ci rendait visite une dernière fois au festival « Faites de la chanson ». C’est pour l’amour, pas pour la gloire, prévenait-il sur la scène du Théâtre… Pareil pour moi qui vous y donne rendez-vous ce dimanche 18 juin à 14h30 pour partager la fabuleuse histoire de Jacques Brel aux Marquises.
Faites de la chanson ? C’est un superbe festival (dirigé aujourd'hui par Guillaume Defrance) alliant la qualité de la programmation officielle et la volonté de « décloisonner les genres artistiques et de mélanger les publics », tout en impliquant des chanteurs amateurs et même de simples spectateurs amoureux de la chanson à partager la scène avec des professionnels.
Créé en 2005 par l’association « Di Dou Da » à l’occasion de ses dix ans, son coordinateur Jean-Jacques d’Amore confiait alors à Chorus qu’il permettait de prolonger et contenir « tout ce que nous faisons pendant l’année, avec cette imbrication constante entre pratique amateur (grâce en particulier au travail initié à l’époque par le chanteur-interprète Christian Camerlynck et son équipe, avec leurs ateliers « Oser chanter » et « Oser écrire ») et programmation d’artistes professionnels ».
De quoi réjouir un certain Leprest, encore lui, qui consacra une magnifique chanson aux carrières étouffées dans l’œuf : « C’est peut-être Grand Jacques / Le petit au rire bête / Qui pousse dans la flaque / Sa boîte d’allumettes / Jamais on le saura / On le fera maçon / Râpé Bora Bora / Un mur sur l’horizon… »
Cette année, du 17 au 25 juin, c’est une édition originale que propose Faites de la chanson en la dédiant entièrement à la Belgique : Arno, An Pierlé, Vincent Delbushaye, Claude Semal, Claire Spineux, Jules & Jo's, Antoine Henaut et Sages comme des sauvages, etc. Coïncidence, le dernier compte rendu de Chorus consacré à cette manifestation (la quatrième, avec un coup de chapeau à… Allain Leprest en sa présence) le fut dans le cadre d’un numéro spécial Jacques Brel pour les trente ans de sa disparition (cf. n° 65, automne 2008) !
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », disait Éluard : j’espère donc vous y retrouver, en ouverture, ce dimanche 18 juin à 14h30 au Théâtre d’Arras (rens. et réservations, tél. : 09 71 00 56 67), pour revivre ensemble « la vie d’après » (la chanson) de Jacques Brel, la vie méconnue mais exemplaire du Grand Jacques, l’aventurier – navigateur au long cours puis pilote au grand cœur – au service des Marquisiens : « je viens vous voir, c’est pour l’amour pas pour la gloire… »
NB. Puisqu’il est question ici d’Allain Leprest (1954-2011), sachez que le 4 mai dernier, la municipalité de Rouen a décidé de donner son nom à une place de la ville. Elle se trouve à l’intersection des rues des Sapins et Frédéric-Bérat, près de l’ancien café-concert Le Bateau ivre, où il passait à ses débuts.
Présent lors du dévoilement de la plaque (aux côtés notamment de la fille de l’artiste, Fantine Leprest), Romain Didier a rappelé qu’il a travaillé durant vingt-six ans avec lui: « Allain avait ceci de particulier qu’il arrivait à nous piéger à chaque détour d’un vers. Son association des mots est étonnante et détonante. Comme chez tous les grands poètes, les mots étaient chargés. Rien n’était léger. Il faut faire connaître au plus grand nombre cette écriture exceptionnelle. Quand on trouve les bons mots, les chansons ne se démodent pas. Elles sont universelles. »