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Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…

GILLES ELBAZ

L'été meurtrier 

Le 21 juillet dernier de sinistre mémoire, funeste conjonction, on nous informait à la fois de l’acte de décès de Chorus (alors que la réalisation du numéro d’automne battait son plein) et de la mort, trois jours plus tôt, de l’auteur-compositeur-interprète Gilles Elbaz (qui formait avec Jacques Bertin, Jean-Max Brua, Jean-Luc Juvin et Jean Vasca une famille poétique qui a beaucoup compté dans la « Fine Fleur de la chanson française » des années 70). Nous le savions victime de la maladie depuis deux ans, de « ce mal mystérieux dont on cache le nom », et cependant Gilles continuait de vaquer presque normalement à ses activités d’artiste (et accessoirement de conférencier-chanteur sur l’histoire de la chanson française – il avait d’ailleurs participé en son temps à l’enregistrement de la fameuse, que dis-je, de l’exceptionnelle Anthologie de la chanson française traditionnelle imaginée et produite chez EPM par François Dacla sous la houlette artistique de notre si regretté Marc Robine).



Il nous avait appelés au début du printemps pour nous annoncer quelques concerts prochains, une série de conférences chantées à la Manufacture Chanson, à Paris, et surtout qu’il mettait avec bonheur la dernière main au travail de réédition d’un de ses albums majeurs, un 33 tours de 1976, Les mots sont de la musique. Nous avions convenu d’en parler avec lui une fois sorti des presses… dans notre numéro d’automne. Mais la maladie l’a rattrapé et dépassé avant même qu’il puisse découvrir le fruit de son labeur. Il est décédé à Lorient où il habitait depuis bien des années le 18 juillet 2009 à l’âge de 63 ans (il était né à Castres le 14 juin 1946).

 

 


Pour mémoire, on trouvera dans le n° 20 (été 1997) de Chorus une « Rencontre » (signée Daniel Pantchenko) récapitulant la vie et l’œuvre de Gilles Elbaz, commentées par l’intéressé. Y figurait également le détail de sa discographie composée de huit albums : Les Quatre Éléments, 1970 ; Le Miroir de l’arbre, 1972 ; Le Vent aux ailes, 1974 ; Les mots sont de la musique, 1976 (dont on peut désormais commander le CD sur son site officiel) ; Paradis terrestre ou la condamnation d’Ève, 2x30 cm, 1979 ; Le Reflet dans la vitrine, 1984 ; Rue des Envierges, 1988 ; Ici (Ballades, sonnets, sonnailles et autres villanelles…), 1996.

 

Aujourd’hui, ses amis se préparent à le chanter et à chanter pour lui. D’abord à Paris les 18 et 19 décembre à l’Espace Christian-Dente (124 av. de la République, 11e – tél. 01 43 58 19 94), puis à Lorient, les 30 et 31 janvier, à la P’tite Chimère (12 rue Colbert, tél. 02 97 64 38 65) où il donna, à la mi-mai, ses deux derniers concerts. À Paris comme à Lorient, l’entrée est libre mais sur réservation obligatoire, car il n’y aura évidemment pas de place pour tout le monde. Mais d’ores et déjà, Jean Vasca, l’auteur-compositeur d’Amis soyez toujours (en écoute sur « Le Joli Fil ») et d’une vingtaine d’albums parus entre 1964 et 2007 (dernier en date : Un aller simple pour Mars), a tenu à lui rendre l’hommage qui suit.

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Chant libre – 2

FRAGILE ELBAZ

Par Jean Vasca

 

Triste privilège que vieillir et survivre, voir les amis quitter la scène avant terme. C’est ainsi, le fleuve obstinément continue sa course, avec ses remous, ses tourbillons, son inexorable flot charrieur de boues et d’étoiles. C’est ainsi…

Le 18 juillet dernier, c’est notre Gilou qui s’est barré en douce, un accroc de plus dans la vieille tapisserie des fraternités. C’est le troisième mousquetaire de la bande des cinq qui s’en va, sale affaire, après Brua et Juvin.
Gilles avait trouvé son frère musical en la complicité de Siegfried Kessler, pianiste de génie s’il en fut, qui lui aussi s’est éclipsé, il y a quelques années.

Un CD vient juste de sortir (Les mots sont de la musique) qui fut un 30 cm BAM important à l’époque quant à l’originalité de la démarche autant pour le texte que pour l’accompagnement musical.

Quelques images me reviennent.

Un concert dans une MJC en Normandie dans les années 70 où il assura ma première partie (régional de l’étape). Tout de suite, l’oreille aux aguets, et le poil qui se lève : enfin, il se passait quelque chose, une façon originale d’aborder la chanson, un lyrisme étrange porté par une musique répétitive (Le Bal masquéLes Sept Soldats, etc.).

Puis la période BAM, Luc Bérimont notre enchanteur, le prix de « la Fine Fleur » à Bobino, l’amitié, les soirées de rigolade, les moments poétiques…

Avignon, aux heures pâles de la nuit place de l’Horloge, Lavilliers invectivant un quidam aviné et agressif, son muscle fraternel et protecteur : « Touche pas au p’tit », en parlant bien sûr de Gilles qui avait sûrement provoqué le pochtron…

Quelque part dans Politis, dixit Bertin : « Une décontraction de joueur de flipper. »

Reste une bouffée de tendresse et de fragilité, une œuvre/chanson discrète et pourtant essentielle dans notre galaxie. Nous, ses amis, écouterons encore longtemps cette voix, sa petite musique coulant comme de l’eau de source. (J.V.)
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NB de F.H. : merci à Jean Vasca pour ce beau texte, qui appelle bien d’autres commentaires en hommage à l’auteur du Vent aux ailes (dont est tirée la chanson Québec, visible ici dans un passage télé (Libre parcours, d’Ève Griliquez) de 1973 : un véritable document tant il est vrai que les grands médias s’ingénièrent à « oublier » systématiquement Gilles Elbaz)… Et merci à tous, d’autre part – vous commencez à connaître la chanson ! – de bien vouloir faire chorus aussi largement que possible en amenant vos amis, relations et réseaux divers à découvrir ce blog, à s’y inscrire si affinités… et – si ça leur chante, bien sûr – à y participer : plus nous serons nombreux à apporter notre pierre à l’édifice et plus notre « maison de la chanson » se fera accueillante…

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R
<br /> Une puissante souillure de régurgité diffamatoire au milieu d’un blog artistique et intellectuel, ce n’est pas tolérable !<br /> <br /> Cher Monsieur Hidalgo<br /> C’est avec un éminent plaisir que depuis quelques jours je parcours les différents éditoriaux artistiques qui égayent notre puit de connaissances musicales et spirituelles. Or, hier au soir, je<br /> suis tombé sur une page annexe dans laquelle un individu grossier et puissamment diffamant (Vincent Baguian), exprime à la fois avec son lot de haine doublée d’une détestable ignorance, un avis,<br /> que dis-je un jugement inquisiteur, diffamant l’un des plus grands Artistes et créateurs de la musique du XXe et XXIe siècle : feu Michaël Jackson. Cet individu néfaste, ignore tout de lui. De ce<br /> qu’il a entrepris pour le bonheur des enfants et la défense de la planète malade sur laquelle nous vivons. Au lieu de cela, il remet à jour ces accusations de pédophilie et autres aspects<br /> pathétiques. Il suffit de lire, ce que je lui conseille vivement, à moins qu’il ne soit illettré, les « justes vérités » publiées par des journalistes à l’éthique intègre ainsi que les non lieux<br /> d’une justice tournée vers l’appât du gain, concernant les accusations infondées et honteusement mensongères, pour accuser cette barbarie inhumaine et machiavélique dont le cadet de la famille<br /> Jackson fut la victime. Au lieu de cela, ce venin de « chanteur » débile et sans le moindre talent, persiste et signe dans ses propos injurieux qu’il publie à la fois sans honte et sur le Net. Et<br /> comme cela ne suffisait pas, « chez vous ! », enfin : chez nous !<br /> <br /> Cher Monsieur Hidalgo, comment, en tant qu’homme d’excellente notoriété, pouvez-vous publier un tel odieux personnage sur votre Blog, à la rubrique : Le fil tendu entre nous ?<br /> J’ose espérer, que vous ne l’avez pas auguré intentionnellement, faute de quoi, je m’interpréterai comme doublement choqué, ajoutant à ce personnage surfait, une très profonde déception envers<br /> vous.<br /> Sans vouloir affirmer une certaine intolérance de ma part, je souhaiterai vivement au nom de tous ceux qui offrent chaque jour un rayon de lumière sur ce monde accablé par la violence, que cette<br /> ignominie écœurante, ne se manifeste plus sur votre blog, faute de quoi, je prendrai tout comme d’autres lecteurs, je le pense très humainement, la décision de vous quitter.<br /> Je vous remercie d’avoir lu et interprété avec votre conscience, ce cri de justice dans une société où l’antagonisme sous toutes ses formes envahit peu à peu nos valeurs et idéaux fraternellement<br /> reconnaissants et respectueux.<br /> Merci<br /> Rapha de Warning<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Bonjour,<br /> Juste une précision: les liens qui figurent sur ce blog sont appelés à se multiplier à l'infini, justement pour permettre aux lecteurs de "Si ça vous chante" d'aller voir "ailleurs", de partager ou<br /> pas d'autres expressions, d'autres opinions, d'autres billets, d'autres humeurs... qui n'engagent que leurs auteurs. On a le droit - et c'est heureux - de n'être pas d'accord avec eux et de<br /> l'exprimer comme vous le faites ici, mais merci de ne pas faire de confusion et d'amalgame entre le contenu de mon blog et les liens indiqués sur celui-ci. <br /> <br /> Excepté les blogs des anciens membres de la Rédaction de Chorus, dont je peux revendiquer l'honnêteté morale, intellectuelle et professionnelle pour les avoir fréquentés au quotidien pendant<br /> de longues années (même si, et c'est heureux là aussi, nous avons eu souvent des divergences de vue, d'où l'éclectisme dans la qualité qu'on reconnaissait à Chorus), chacun et lui seul est<br /> responsable du contenu de son blog. <br /> <br /> Vous pouvez lancer sur mon blog tous les sujets de votre choix ayant un minimum trait à la chanson, mais  SVP, pour ce qui est de débattre vraiment, pour ou contre, pro ou anti,<br /> positivement ou négativement, peu importe, merci de le faire seulement (autant que possible) à propos des sujets que je mets MOI-MEME en ligne... et que j'assume du premier au dernier mot. Ce<br /> serait dommage qu'en raison d'un malentendu de ce genre je me résigne à supprimer toutes sortes de liens de mon blog. Moi c'est moi... et comme dirait Abd Al Malik, les autres, ce sont les<br /> autres !<br /> <br /> Merci de votre compréhension.<br /> F.H.<br /> <br /> <br />
S
<br /> Je viens juste d'apprendre la nouvelle, sur le blog : Gilles Elbaz n'est plus !!!<br /> Décidément, ils partent trop tôt, nos artistes, et du coup, on s'en veut de ne pas les avoir plus souvent ou moins rarement vus... Marc Robine, chaque fois que je mets certaines de ses chansons,<br /> j'en ai les larmes aux yeux !...<br /> Et mon frère aîné, de passage à Paris voilà une vingtaine d'années, qui avait rencontré et écouté Gilles Elbaz, avec moi, n'avait cessé de me parler de lui, car il avait beaucoup aimé...<br /> Vasca a bien dit les choses...<br /> Alors, mes condoléances à tous ses proches.<br /> Triste.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Salut l'artiste !<br /> Le sud-ouest nous a vu naître presqu'ensemble. Nous nous sommes croisés au hasard de nos chemins de traverse.<br /> Bon vent ailleurs, j'espère... Les fils d'amour tissés tout au long d'une vie ne peuvent pas l'être pour rien. Juste croire à notre transcendance.<br /> Merci pour les chansons.<br /> Jean<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci… et le mot n’est pas suffisant pour cette revue d’une exceptionnelle qualité avec laquelle nous avons travaillé, où vous avez eu la gentillesse et l’intérêt de présenter nos artistes. MAIS à<br /> défaut du support papier il vous reste votre cerveau, votre plume et votre passion pour la musique, la chanson et les artistes (les vrais !). J’attends, nous attendons, la suite : un autre Chorus,<br /> différent, sur internet peut-être… En tant que label indépendant voué à terme à cette même disparition due au changement de support d’écoute, je compatis, ô combien !<br /> Mon doux rêve aurait été de vous faire parvenir une pige et la voir publier dans Chorus.<br /> Qui sait...<br /> J’en profite en tout cas pour vous faire part de mon plus grand bonheur d’être en contact avec vous (et votre passion journalistique) à travers “Si ça vous chante”.<br /> Simonetta<br /> <br /> <br />
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L
<br /> il y avait aussi toute la collec' de "Paroles et musique" à "Rendez-vous chanson"... où l'accueil était toujours très sympa!! (à Lorient)<br /> <br /> <br />
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