Avec le temps… on n’oublie rien, de rien !
Pour deux générations au moins, depuis les années 1950, trois personnalités ont dominé la chanson française de la tête et des épaules : Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré. Ce n’est pas un hasard si une photo les représentant tous trois en pleine discussion, entre demis de bière et paquets de scaferlati bleu et de celtiques, est devenue un poster aussi célèbre que celui de « Che » Guevara, reproduit à des milliers d’exemplaires et fréquemment placardé dans des lieux publics, bibliothèques ou aux comptoirs de bistrot (1). Comme hommes et comme artistes, Brassens, Brel et Ferré ont en commun un certain anticonformisme, une révolte profonde même, propre à soulever les cœurs et les esprits. Et bien sûr, un sens de la mélodie populaire et un art poétique sans lesquels il n’est pas de grande chanson capable de s’inscrire dans la mémoire collective.
Ces mots ne sont pas de moi, bien que j’en partage la teneur sans réserve, mais de Jacques Vassal en introduction de son nouveau livre consacré à Léo Ferré, astucieusement sous-titré La Voix sans maître. « Brassens et Brel ont chacun fait l’objet d’une impressionnante bibliographie, note Vassal dont le livre précédent, en 2011, était justement consacré au premier des deux, Brassens, homme libre. Tous deux ont, “avec le temps”, trouvé leur place dans le panthéon médiatique et culturel, en France et à l’étranger, notamment à travers des hommages et rétrospectives à la radio et à la télévision. Ferré, jusqu’à présent, bien moins. Parce que, vivant, il fut, et parti, il reste moins consensuel, moins prévisible, plus controversé et plus complexe, finalement, que ses deux glorieux confrères ? »
D’emblée, l’auteur prévient le lecteur que les pages de son ouvrage aideront, entre autres, à cerner ce constat en forme de question. Un ouvrage qui n’est pas « tout à fait » une biographie, non plus qu’une analyse plus ou moins savante de l’œuvre de l’artiste, comme il en existe déjà, mais appartient à « un troisième type » : « Livre de passion et de documentation à la fois, riche de témoignages, récents ou inédits, il est le résultat d’années, de jours et d’heures de réflexion, de relecture des textes, de réécoute des disques, d’imprégnation, de fréquentation des lieux symboliques et de personnes ayant une connaissance intime de Léo Ferré. » Et Jacques Vassal d’assurer : « J’ai voulu offrir ici l’histoire d’une vie (quand même, forcément), celle de la construction et du devenir d’une œuvre, et aussi celle d’une génération qui a grandi, changé, évolué en compagnie de cet artiste. »
Dont acte et surtout le contraire d’un acte manqué : quand il ne sert à rien de vouloir refaire ce que d’autres ont déjà fait, et très bien, avant vous (en particulier Robert Belleret qui, avec Léo Ferré, une vie d’artiste, paru en 1996 chez Actes Sud, avait réussi « la » bio de référence), il faut procéder autrement, trouver des angles différents voire inattendus, tenter d’apporter des éclairages inédits, susciter de nouveaux points d’intérêt. C’était l’objectif visé par Vassal et atteint ici, avec le talent qu’on lui connaît, après un premier essai tenté en 2003 avec Léo Ferré, L’Enfant millénaire.
Détail qui ne trompe pas, Léo Ferré, La Voix sans maître est préfacé par un autre maître-chanteur, qui ne détonne pas, loin s’en faut, aux côtés de la sainte trinité de la chanson francophone – Jacques Canetti, pour évoquer les ACI les plus marquants de son « écurie » chantante, ne parlait-il pas des « 3B » de la chanson ? Brel, Brassens et… Béart ! Brève mais éloquente préface de Guy Béart, donc, qui eut « le bonheur » en 1947, âgé alors de 17 ans, d’assister à la première apparition parisienne de Ferré, rue Jacob, au cabaret Les Assassins : « Léo Ferré fut et demeure le plus “moderne” de nos grands auteurs-compositeurs-interprètes. Dans sa vie et par son œuvre. (…) C’est un aventurier permanent, indépendant de tout système, souvent rejeté par les médias, toujours insurgé, révolté, libertaire et anarchiste. Et, en même temps, un homme issu de la petite bourgeoisie, amoureux perpétuel et trois fois marié… dans les règles. (…) “Avec le temps, va, tout s’en va”… Mais jusqu’à son dernier souffle, la “voix Ferré” était restée unique, inoubliable. Elle le demeure aujourd’hui, et trace ses rails pour nombre de nouveaux auteurs-compositeurs. »
Sans trop entrer dans les détails, signalons que Jacques Vassal nous offre en annexes (outre des témoignages d’artistes, de professionnels ainsi que de proches de Léo) un véritable document : la première interview qu’il réalisa de Ferré en 1971, sous le pseudonyme de François Ayral ! Quatre pages publiées dans l’éphémère magazine Pop-Music (1970-1972). Puis il reprend celle – « un entretien prolongé » – qu’il effectua en 1987 pour Paroles et Musique (n° 71, juin). L’actualité de l’artiste était alors des plus fournies : un spectacle sur les poètes, un nouvel album double, On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans, une tournée au Japon et l’annonce d’une « Fête à Ferré » le 9 juillet suivant aux Francofolies de La Rochelle ; sans parler de la parution toute récente du livre de Jacques Layani, La Mémoire et le Temps, coédité par Paroles et Musique et Seghers. Superbe interview (illustrée par Francis Vernhet : cf. notre photo) au cours de laquelle Léo détailla sa dernière rencontre avec André Breton, invité à passer une journée chez lui, dans une maison qu’il louait dans l’Eure… Il y fut question de son manuscrit Poète… vos papiers ! pour lequel Ferré souhaitait obtenir une préface du pape du surréalisme. « Pas de problème », lui avait dit celui-ci en allant se coucher, avant de lui servir cette phrase énigmatique au petit matin : « Léo, même en danger de mort, ne faites jamais paraître ce livre ! »
Au passage, La Voix sans maître évoque quelques épisodes particulièrement éloquents pour nous, où, avec Paroles et Musique dans les années 1980 puis Chorus au début des années 1990, il nous est arrivé d’accompagner Léo Ferré dans son parcours professionnel. Par exemple, informé début 1985 par son attaché de presse Michel Larmand et par son producteur phonographique François Dacla qu’il allait – enfin – sortir un disque de chansons inédites écrites par Jean-Roger Caussimon et mises en musiques par lui (comme auparavant Mon camarade, Monsieur William, Comme à Ostende, Le Temps du tango, Ne chantez pas la mort, Nous deux… rien que des chefs-d’œuvre !), je proposerais une rencontre conjointe pour la publier dans un numéro « spécial Léo Ferré ».
C’est ainsi que Paroles et Musique (n° 51, juin 1985) eut la primeur (et peut-être même l’exclusivité) de la seule et unique rencontre jamais réalisée, semble-t-il, entre les deux « camarades », photo à l’appui.
C’est Jean-Dominique Brierre qui eut l’insigne bonheur d’officier en l’occurrence, parmi une douzaine de collaborateurs privilégiés de ce dossier : Jacques Erwan (auteur d’un long et magnifique entretien avec Léo), Pierre Favre, Marc Legras, Alain Meilland, Richard Montaignac, Jean-Pierre Moreau (pour une interview de « Popaul » Castanier, le pianiste « historique »), Marc Robine (recueillant notamment les confidences du directeur artistique Richard Marsan), Frank Tenaille (accouchant entre autres de Maurice Frot, « la mémoire de Léo »), Michel Trihoreau… et Mauricette Hidalgo. Photos de Jean-Pierre Leloir, Alain Marouani et Geneviève Vanhaecke, excusez du peu ! L’un de mes plus beaux souvenirs (et motifs de fierté) en plus de trente ans de direction journalistique. Pour rappel, c’est ce même numéro qui contenait notre première grande rencontre avec un certain Allain Leprest ; propos recueillis par un certain Jacques Vassal…
Celui-ci, parvenu au dernier chapitre de son livre (« Ne chantez pas la mort ! »), mentionne la soirée de mai 1992 organisée à Montauban en hommage et en présence de Léo par le festival Alors… Chante !,
puis s’attarde un peu sur ses deux derniers concerts. Le premier à Sauve dans le Gard le 4 août devant sept à huit mille spectateurs (!), dont François Béranger, Maurice Frot et Michel Larmand, ainsi que Marc Robine et Francis Vernhet, « envoyés spéciaux » d’un Chorus encore à naître ; le second à Saint-Florentin dans l’Yonne le 27, dans le cadre du Festival en Othe. Et l’auteur de noter que l’interview « malheureusement assez brève », réalisée au téléphone en amont de cet ultime spectacle (signée Paul Piro, elle fut publiée le 22 dans le supplément « loisirs » de L’Yonne républicaine) « est peut-être la dernière interview de Léo Ferré ». Je peux témoigner qu’il n’en est rien, l’ironie du destin ayant voulu que « la der des ders » soit celle recueillie par Marc Robine pour le tout premier numéro de nos « Cahiers de la chanson ».
Avec Chorus, qui succédait dans le même esprit au mensuel Paroles et Musique, nous souhaitions offrir dans chaque numéro un panorama intergénérationnel de la chanson francophone. Des classiques aux modernes, des anciens aux plus jeunes, des monstres sacrés aux talents en herbe… pour ne parler que des artistes (car Chorus proposerait aussi des rubriques spécifiquement axées sur la chanson et « le métier », d’analyse thématique, d’histoire, d’économie, etc.). Et je savais, nous savions, Marc Robine et nous, que Léo Ferré devait absolument figurer au sommaire de ce n° 1 (en fait le « n° 101 » d’un même travail au service de la chanson démarré en juin 1980). Ça ne se discutait pas, pour nous c’était l’évidence même. Nous avions donc « ciblé » le concert de Sauve pour passer un moment avec Léo en vue de la « Rencontre » d’ouverture des « Cahiers de la chanson ».
Ce jour-là, il reçut nos collaborateurs de la plus cordiale des façons, le magnétophone de Marc tournant pendant que Francis prenait toutes les photos qu’il voulait… et puis, pris d’un coup de fatigue soudain, Léo Ferré s’excusa et demanda à interrompre l’entretien, en promettant de le prolonger, par téléphone, une fois rentré chez lui en Toscane. Nous ignorions bien sûr, et l’intéressé le premier, l’existence du mal qui, déjà, le rongeait. Au contraire, on se faisait une joie de le revoir à Paris, du 18 au 24 novembre, à l’affiche du Grand Rex (2).
Quoi qu’il en soit, nous avions 196 pages à boucler, un périodique à terminer pour sortir en kiosques le 21 septembre (Chorus ayant choisi de paraître le premier jour de chaque nouvelle saison). Avec les délais de fabrication et la fourniture préalable aux abonnés (de nombreux anciens lecteurs de Paroles et Musique ayant déjà renoué le fil en toute confiance), notre dead line ne devait en aucun cas excéder la première semaine de septembre. Pourtant, fin août, Marc Robine n’avait toujours pas réussi à compléter son entretien. Il lui fallut attendre le 3 ou 4 septembre pour reprendre la conversation. Le soir même, Marc se désolait : « Léo m’a demandé d’arrêter au bout de quelques minutes, il était trop fatigué… Je dois le rappeler demain. »
Vous imaginez le stress à l’idée de « louper » la date de sortie d’un premier numéro… Il grandit encore le lendemain, quand le Toscan d’adoption, fidèle à sa parole, disponible dans l’esprit, fut cependant incapable de « tenir » plus de quelques minutes encore. Ça n’est qu’au terme d’un troisième entretien téléphonique (le 5 ou 6 septembre) que Robine jugea posséder assez de matière pour la rencontre programmée. Le temps pour lui de la mettre en forme et pour nous de la mettre en page et cette toute dernière interview de Léo Ferré réalisée en l’espace d’un mois, du 4 août au 5 ou 6 septembre, figurerait bien au sommaire du numéro d’automne 1992 de Chorus.
Le 19 octobre, ayant dû renoncer entre-temps aux spectacles qu’il devait donner en Belgique, Léo était opéré à Paris… Onze jours plus tôt, le 8, son ami Richard Marsan s’en était définitivement allé : « Eh ! m’sieur Richard, le dernier… pour la route ? » Le 23, une dépêche de l’AFP annonçait que Léo Ferré annulait son passage parisien au Grand Rex… « Au fil des semaines, écrit Vassal, graduellement, inexorablement, ce corps s’affaiblit. Le tabac lui est désormais défendu par la médecine. Léo a, bel et bien, fumé ses dernières celtiques. C’était un de ses ultimes plaisirs. (…) À Castellina, Léo ne reçoit plus les amis. Il ne voulait pas qu’on puisse le voir diminué. Maurice Frot sera en juin 1993, le tout dernier, hormis la famille, à le voir. » Enfin arriva ce 14 juillet 1993 de funeste mémoire… il y a tout juste vingt ans. Quelques jours plus tard, sa dépouille était inhumée au cimetière de Monaco.
« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », assurait Eluard. La vie s’emploie à nous le montrer encore et encore. Ainsi, Marc Robine, auteur de la dernière interview du Vieux Lion et l’un des principaux collaborateurs du dossier spécial de Paroles et Musique (à Chorus il y en aurait encore deux, complémentaires, publiés en 1993 et 2003), me fut-il présenté en 1981 par son ami… Jacques Vassal, souhaitant le voir rejoindre notre équipe. Comme Marc Robine m’incitera plus tard à convaincre son ami Jean Théfaine de rejoindre l’équipe de Chorus à sa création… Quant à Jacques Vassal, il fut le premier journaliste auquel j’écrivis (depuis Djibouti, à l’époque) pour lui annoncer la future création du « mensuel de la chanson vivante » et lui proposer d’intégrer sa Rédaction. Il animait alors une page mensuelle de Rock & Folk qui donnait un bon reflet de la création francophone, « Les Fous du folk
», après avoir publié en 1976 un livre qui faisait autorité sur la chanson française, Français, si vous chantiez…
Il n’y a pas de hasard… C’est depuis Djibouti encore, à peu près au même moment, que j’écrivis à Georges Brassens, sollicitant une rencontre en vue du n° 1 de Paroles et Musique. Un quart de siècle après, je serais l’éditeur des mémoires de Pierre Onténiente, alias Gibraltar, recueillies par Jacques Vassal… Lors d’une de nos rencontres préalables avec celui qui fut le secrétaire, l’homme à tout faire mais surtout le plus proche ami de Brassens, depuis leur rencontre au camp de Basdorf, en Allemagne, en 1943, j’évoquai cette lettre de janvier ou février 1980 envoyée au Grand Chêne de la chanson française. « Ah, réagit-il aussitôt, la lettre de Djibouti ! C’était vous ?! Bien sûr que je m’en souviens ! Djibouti, vous pensez... Elle doit toujours être dans les archives, d’ailleurs… »
Le livre, intitulé Brassens, le regard de « Gibraltar » parut en 2006 en coédition Chorus-Fayard. C’était déjà l’un des deux ou trois livres (avec la table ronde Brel-Brassens-Ferré), entre plusieurs dizaines édités et/ou suscités par votre serviteur, dont j’étais le plus fier. Rendez-vous compte : « les » souvenirs – exclusifs – du témoin le plus proche et le plus ancien à la fois de la vie personnelle et professionnelle de Brassens… Aujourd’hui, Pierre Onténiente n’est plus. Gibraltar nous a quittés dans la nuit du 13 au 14 juin dernier. Il s’est éclipsé, aussi discrètement qu’il a vécu, pour retrouver son copain au bistrot de l’amitié. Mais en moi je garderai toujours le souvenir de son « regard » ébloui lorsqu’on lui remit « son » livre en mains propres…
Brel, Brassens, Ferré… et puis Béart, signataire, on l’a dit, de la préface de La Voix sans maître. Et puis Trenet, sans lequel, disait Brel en parlant de ses collègues auteurs-compositeurs, « nous ne serions tous que des comptables ». L’occasion de saluer ici, d’autant que c’est chez le même éditeur (bravo en particulier à Jean-Paul Liégeois qui en a été le maître d’œuvre), la parution récente des intégrales des chansons et poèmes de Charles Trenet et de Guy Béart – sur le modèle de celle de Georges Brassens qui, également au Cherche Midi, fait référence.
Respectivement intitulées Y a d’la joie et Le Grand Chambardement, ces intégrales de textes de chansons (440 pour Trenet dont 50 inédits ; 348 pour Béart dont 66 inédits) ne font pas moins de 898 et 1024 pages. L’une et l’autre comportent une préface de Charles Aznavour, la première une introduction de Jacques Erwan (ex-Paroles et Musique…), la seconde d’Emmanuelle Béart, chacune propose divers témoignages… et, dans les deux cas, l’interview de fond réalisée spécialement pour les dossiers Trenet et Béart de Chorus. La première signée Jean Théfaine (avec le concours de Marc Robine), parue dans le n° 28 (été 1999), la seconde recueillie par Marc Legras et votre serviteur, publiée dans le n° 63 (printemps 2008) – de véritables documents pour l’histoire de la chanson.
Que dire d’autre, qui ne serait superflu ? Rien, une fois rappelé que Charles Trenet a inventé la chanson française moderne et que les chansons de Guy Béart, passées à la postérité du vivant de leur auteur, font partie intégrante du patrimoine. Rien, si ce n’est qu’en 2011, Jacques Vassal raconta justement l’histoire de la chanson française contemporaine, de l’invention du microphone au mp3, dans une exposition (toujours disponible) qui avait pour objectif de réactualiser et compléter « Il était une fois la chanson française », écrite dans les années 1980 par… Marc Robine. Eh non, il n’y a pas de hasard !
Alors, Léo, avec le temps, va, tout s’en va ? On oublie les passions et l’on oublie les voix ? Que sont nos amis devenus ? Que reste-t-il de nos amours ? « Avec le temps on n’aime plus » ? Vraiment ?... « Et l’on se sent blanchi comme un cheval fourbu / Et l’on se sent glacé dans un lit de hasard / Et l’on se sent floué par les années perdues… » ? Peut-être bien. Mais, avec le temps, on n’oublie rien pour autant. Comme le disait le Grand Jacques, « On n’oublie rien, de rien / On n’oublie rien du tout / On n’oublie rien de rien / On s’habitue, c’est tout. »
• LÉO FERRÉ, LA VOIX SANS MAÎTRE, de Jacques Vassal ; Le Cherche Midi, collection Documents, 324 pages (format 14 cm x 22), 14,50 € (site de l’éditeur ; site de l’auteur).
(
1). « Signée Jean-Pierre Leloir, précise Vassal dans son livre, cette photo fait partie d’une série prise lors de la seule interview les réunissant tous les trois. C’était le 6 janvier 1969, à l’initiative du journaliste François-René Cristiani. » En février, des extraits seulement en furent publiés par le magazine Rock & Folk et diffusés sur RTL. Il fallut attendre vingt-huit ans (!) pour découvrir enfin l’intégralité de ce document dans la revue Chorus (n° 20, été 1997), à l’occasion de son cinquième anniversaire, accompagnée de photos jamais vues. En 2003, je proposerais à Cristiani et Leloir d’en assurer l’édition en beau-livre, pour lancer le « Département chanson » Chorus/Fayard : ce sera Brel, Brassens, Ferré, Trois hommes dans un salon (80 pages grand format proposant l’intégrale… intégralissime, François-René Cristiani ayant retrouvé un enregistrement non retranscrit à l’origine), avec une introduction racontant la genèse et le déroulé de l’entretien, l’ensemble illustré d’une cinquantaine de photos, inédites pour la plupart, dont une moitié environ en couleur, outre celle du « fameux poster » en noir et blanc.
(2). « Pour cause de mise à la rue intempestive du TLP-Déjazet », où il devait initialement se produire du 6 novembre au 10 décembre, annoncions-nous dans le n° 1 de Chorus, Léo Ferré s’était « replié » sur la salle du Grand Rex pour une semaine de concerts.