La légende d’Hiva Oa
1929 : grand millésime pour la petite Belgique qui voit naître deux personnages appelés à devenir mondialement célèbres par leurs aventures, l’un arborant une houppe, l’autre inséparable de sa pipe… Mais un troisième, né le 8 avril de cette même année, n’aura besoin de personne, ni d’Hergé ni de Simenon, pour se forger lui-même un destin… et, au-delà de sa carrière exceptionnelle, pour vivre des aventures d’autant plus étonnantes qu’elles ne seront pas de papier. Quand la réalité dépassera la fiction, le navigateur au long cours devenu pilote au grand cœur, « là-bas, sous un ciel de corail » (où tout le monde l’appelait affectueusement Jacbrel, sans distinction de prénom ou de nom), surpassera le chanteur-comédien…
« Veux-tu que je te dise ? », ami amoureux de la chanson et admirateur de Jacques Brel, si je sais bien que « Gémir n’est pas de mise aux Marquises », j’aimerais néanmoins te confier l’impatience qui est la mienne, dans l’attente de pouvoir enfin partager la suite des aventures du Grand Jacques... Car si L’aventure commence à l’aurore, en 1974, au plat pays, elle se prolonge encore, en 2014, en Polynésie !
Inutile de revenir sur la raison d’être de ce livre – dont l’idée ne m’avait pas même effleuré auparavant –, sinon pour rappeler que son écriture s’est comme imposée à moi, après coup, tant il semblait indispensable et urgent de partager autant que possible les découvertes effectuées sur place, les informations et témoignages recueillis. La vie « d’après » de Jacques Brel, sa vie méconnue d’aventurier, éclaire en effet celle du chanteur d’un jour nouveau en crédibilisant totalement et définitivement son œuvre. Après les déclarations d’intention, les actes : une « chanson de geste » d’autant plus admirable qu’on ne lui connaît aucun équivalent.
Bonheur, donc, d’offrir pour la première fois cette histoire-là en partage, et bonheur, ensuite, de constater que ce qui nous a touchés « là-bas » où sa voix « chante encore » (cf. la Lettre à Jacques Brel de Barbara) touche pareillement ceux qui en lisent le récit. Mais surtout, depuis, bonheur d’aller plus loin, beaucoup plus loin, dans ce voyage au bout de la vie, avec les anciens amis du Grand Jacques qui l’ont fréquenté durant ses trois dernières années, à Tahiti comme aux Marquises, à Punaauia comme à Hiva Oa... où la légende (comme le chantait le regretté Pierre Rapsat) est en marche.
Depuis la parution du livre, en effet, ma satisfaction principale (voire mon principal motif de fierté) est d’être devenu proche… des proches de Brel aux antipodes. Nous n’arrêtons plus de converser, d’échanger des idées, de vérifier des informations, de les recouper et même d’échafauder des hypothèses sur ce qui aurait pu être le quotidien de « Jacbrel » (sobriquet phonétique sous lequel le connaissaient les Marquisiens, comme s’il s’agissait d’un patronyme en soi) une fois construite sa propre maison sur les hauteurs d’Atuona. Pourquoi ? Parce que chacun d’entre eux s’est déclaré heureux, ému même, de retrouver « le » Brel qu’ils ont connu, qu’ils ont été très peu à connaître d’aussi près, dans la vérité des choses et non dans l’artifice du spectacle (bien qu’une même sincérité, dans son cas, l’ait toujours accompagné à la ville comme à la scène).
Bonheur, oui, d’avoir intégré le cercle restreint des amis du poète disparu. Mieux : ses membres me font à présent la joie (et l’insigne honneur) de me considérer comme leur confident privilégié s’agissant de Jacky le Polynésien. Tant et si bien qu’en l’espace de six mois, j’ai amassé nombre d’informations complémentaires sur son (modeste) mode de vie, ses paris (fous) d’aviateur ou son altruisme (exemplaire), des anecdotes aussi (souvent savoureuses), des documents (uniques) et même des lettres (éloquentes) qui ne demandent – avec l’accord des intéressés – qu’à être portées à la connaissance du plus grand nombre.
Tout au long de cette histoire, pendant que je la vivais ou la retranscrivais, je l’ai déjà dit, j’ai été interpellé par de curieuses coïncidences. Retrouvailles inattendues, passerelles improbables… Bizarre, vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre. « Il n’y a pas de hasard, affirmait Eluard, il n’y a que des rendez-vous. » Justement, ne voilà-t-il pas que l’un des principaux personnages de la saga brélienne aux Marquises se révèle, par alliance, être l’un de mes parents ?! Un cousin de ma chère et tendre, laquelle a régulièrement fréquenté sa famille jusqu’à la fin de son adolescence… Pas croyable, c’est sûr... Et pourtant vrai : il a fallu que notre voyage accouchât d’un livre imprévu, puis que celui-ci fasse naître un dialogue nourri, malgré douze heures de décalage horaire, pour que cette parenté nous saute aux yeux ! « Ce n’est pas moi qui écris, note Charley Marouani dans son livre de souvenirs, c’était écrit... »
En annonçant l’automne dernier sur ma page Facebook un second tirage de Jacques Brel – L’aventure commence à l’aurore, je posais la question : « Deux sans trois ? Il n’en tient qu’à vous… » Depuis, une autre réimpression a bel et bien été effectuée avant les fêtes de fin d’année ; preuve que l’histoire du Grand Jacques aux antipodes suscite autant d’intérêt que d’enthousiasme. L’histoire véridique d’un homme pétri d’empathie parti à l’assaut des moulins à vent du Pacifique… Le jour où Brel est mort, Brassens lui-même ne disait-il pas : « Ce n’est pas pour rien qu’il a fait L’Homme de la Mancha, c’est parce qu’il était un véritable Don Quichotte. Il l’était dans la vie. »
Aujourd’hui, ami amoureux de la chanson et admirateur de Jacques Brel, j’espère que le prochain tirage de l’ouvrage pourra donner lieu à une édition « revue et augmentée », intégrant l’essentiel des éléments inédits recueillis depuis six mois. En début d’année, j’avais même annoncé au site « Planète francophone » qui a consacré un long sujet au livre (sous l’angle « Bilan et perspectives ») que je travaillais d’ores et déjà à une nouvelle mouture…
À vrai dire, je bous d’impatience, tellement il est frustrant d’être à la tête d’une somme pareille d’informations (et de savoir qu’on est le seul à l’être !) et de ne point pouvoir en faire aussitôt profiter les autres… Peut-être à l’occasion d’un prochain épisode de la saga ? Si ce 8 avril est la date anniversaire de la naissance du Grand Jacques (lui qui disait que ça n’était pas la durée d’une vie, l’essentiel, mais son intensité, l’imagine-t-on à 85 ans ?!), c’est aussi et surtout le début du compte à rebours jusqu’au jour très attendu de la remise à l’eau de l’Askoy. En effet, « le voilier de Jacques » (comme l’a joliment chanté Jean-Roger Caussimon), rescapé des sables de Nouvelle-Zélande où il s’était échoué dans les années 90 et restauré depuis en Belgique, devrait reprendre la mer le 24 juillet prochain : quarante ans pile après que Jacques en eut levé l’ancre et largué les amarres avec sa fille France et sa compagne Maddly pour mettre – à l’aurore – le cap sur l’aventure !
D’ici là, sans vous commander bien sûr, quelques précisions à partager autour de vous – si ça vous chante ! –, histoire de répondre collectivement à de nombreux messages faisant état de la difficulté à trouver désormais l’ouvrage en librairie. Le monde de l’édition est ainsi fait, aujourd’hui, qu’un livre – même bénéficiant d’un réel succès d'estime – se voit vite remplacé dans les étagères par plus récents que lui. Seuls échappent à ce système de cavalerie les best-sellers et autres nouveautés « vues à la télé »…
Alors, qu’on se le dise : pour n’être plus visible en magasins, L’aventure commence à l’aurore reste bel et bien disponible – dans les meilleurs délais – sur commande chez votre libraire (via l’éditeur, les bien-nommées Éditions de l’Archipel), ou en ligne dans les différents sites de vente par correspondance. Notamment chez : Amazon ; Chapitre ; Decitre ; Dialogues ; Fnac, Le Furet du Nord ; Mollat ; ou encore Archambault (Québec). Disponible également en numérique, en « e-book », chez Google ; Kobo ; Les Libraires ; Numilog, etc. Il n’y a vraiment que l’embarras du choix. Cela dit, n’attendez pas pour le commander (ou le recommander à vos amis) la parution d’une éventuelle édition augmentée, car celle-ci – encore hypothétique et de toute façon lointaine – est forcément conditionnée par l’épuisement des stocks actuels... Condition sine qua non pour tout éditeur.
En cette attente (du moins je l’espère), je reste à votre entière disposition – et avec grand plaisir – pour répondre à toute demande d’envoi d’exemplaires dédicacés (en l’adressant ICI). Pour répondre à vos questions aussi (ou simplement prolonger la conversation) sur cette quête qui a mené « Jacbrel » jusqu’à l’archipel le plus isolé au monde ; l’histoire d’un homme qui tourna le dos à la gloire pour réaliser son « impossible rêve » : transformer une vie d’artiste en destinée d’exception. La légende d’Hiva Oa ne fait que commencer. À suivre !
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NB. Pour rappel, je propose une conférence illustrée, complémentaire du livre, sur « la fabuleuse histoire du Grand Jacques aux Marquises » : précisions et comptes rendus sur mon site, rubrique « Conférences », ou sur ce blog (cf. « L’Echappée Brel »)... si ça vous chante.