Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
Collection d’hiver – 3
Après le citoyen du monde Dick Annegarn et le Tourangeau Marcel Kanche, c’est au tour d’un Québécois de s’inscrire au générique de la collection d’hiver de Si ça vous chante. Pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit (à mon humble avis) du chef de file de la « jeune chanson » québécoise, après les générations incarnées successivement par Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Robert Charlebois et autres Luc De Larochellière. Mais un chef de file qui ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs ni collègues du même âge, sans doute le plus français des chanteurs de Nouvelle-France…
• SEUL AU PIANO. Le Lion imberbe – Ces étranges lueurs / Le Magnétisme des amants – Les Vertiges d’en haut – 27-100 rue des partances – Moi, Elsie – Maman – Nous restions là – Deux par deux rassemblés – De glace – L’Amour solaire – Tous les visages – Les Lignes de la main – Les Sentiments humains – Reine Émilie – Au Bar des suicidés. (69’42 ; prod. Les Disques Audiogramme, distr. Québec : Sélect ; distr. France : Wagram Music ; site de l’artiste.)
Le hasard a voulu que je sois l’un des premiers journalistes français, le premier peut-être, à écrire sur Pierre Lapointe (« le très jeune, très dandy, très provoc et très talentueux Pierre Lapointe »), l’ayant découvert en spectacle, au Québec, à ses débuts, séduit et admiratif d’emblée, fasciné presque (c’est le terme que j’utilisais alors dans Chorus), et surtout à le présenter comme un artiste à suivre de très près : « On reparlera sans doute très vite de ce jeune homme, écrivais-je notamment, dès qu’il aura sorti son premier album, mais si vous avez d’ores et déjà l’occasion de le voir en concert, ne le manquez pas ! Rien que pour ce Lapointe-là (les connaisseurs se souviennent sûrement du rocker Éric Lapointe qui a connu de beaux succès au Québec), le voyage (12 000 km aller-retour quand même) valait la peine… »
Ce n’est pas parce que la suite, justement, m’a donné raison, mais parce que « ce Lapointe-là » me fait fondre de bonheur à chaque fois, et à coup sûr, que j’ai envie de poursuivre le partage. Après trois albums en studio (en 2003, 2005 et 2009), Lapointe seul au piano revisitant son répertoire en public (et offrant deux titres inédits : Moi, Elsie et La Boutique fantastique), c’est ce que la chanson peut donner de plus beau dans l’épure, le poignant, l’émotion, l’humour aussi. Magnifique !