Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
Chansons des rues, des bois… et du métropolitain
Voici une nouvelle rubrique de Si ça vous chante, histoire de montrer que la chanson fait intrinsèquement partie de nos vies, que nous baignons tous et toutes dedans, qu’on le veuille ou non. La chanson est vivante non seulement quand elle s’exprime sur scène, devant un public, mais partout ailleurs où elle rencontre le regard ou l’écoute des gens. Dans les rues et les bois, comme disait Victor Hugo, mais aussi dans le métro !
La preuve ? Cette photo de Francis Vernhet prise ces jours-ci dans le métro parisien : s’étant autoproclamé reporter sur le vif de Si ça vous chante, Francis (qui fut vingt-cinq ans durant l’œil de Paroles et Musique puis de Chorus et qui reste l’un des photographes de scène les plus sensibles et techniquement les meilleurs qui soient de sa génération) a eu le réflexe – l’appareil réflex toujours en bandoulière ! – d’immortaliser cet emplacement publicitaire, récupéré par les militants de l’anti-consommation effrénée.
Où l’on découvre d’une part que la contestation du capitalisme devenu essentiellement financier, au détriment de l’homme, gagne (aussi) du terrain, fût-il sous la surface (« Et nous dans tout ça ? »). Et d’autre part que le rejet de l’utilisation abusive de l’image de la femme dans la publicité s’inspire ici, d’une façon détournée, de l’hymne de l’Unité populaire chilienne, du temps du putsch de Pinochet : « El pueblo unido jamas sera vencido » (le peuple uni jamais ne sera vaincu), chanté et enregistré notamment par le célèbre groupe Quilapayun. Mais surtout, surtout (« Nous sommes toutes des sorcières comme les autres »), d’une chanson emblématique de la grande (et si méconnue) Anne Sylvestre... interprétée ici par la « frangine » québécoise Pauline Julien.
Quand la chanson investit à ce point la société, quand elle court ainsi dans ou sous les rues, son auteur a beau être tricard (ou tricarde, en l’occurrence) dans les médias, le grand public a beau en ignorer le nom, il (ou elle) n’est pas loin de l’immortalité, habit vert ou pas... Et nous devenons tous et toutes, qui formons le « pueblo unido », des sorcières comme les autres. C’est l’âme des poètes : la chanson vivante.
En attendant d’autres exemples, quel qu’en soit le genre, envoyés par nos lecteurs-reporters, témoins de l’imbrication de la chanson dans notre quotidien… si ça vous chante ?