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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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Jean-Jacques Goldman, confidentiel
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Fred Hidalgo
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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 16:19

À bras-le-cœur, à bras-le-corps 

Qu’on se le dise : Cali tourne depuis quelques jours en solo (mais attention : seulement jusqu’à la fin avril), revisitant ses chansons en piano et guitare-voix et c’est un bonheur. Elle m’a dit, Roberta, Mille cœurs debout, Giuseppe et Maria, Je m’en vais… Deux heures et demie en toute complicité et humanité. C’est beau et ça fait un bien fou !

CALI INTIME

On se retrouve entre nous dans la chambre d’adolescent de Bruno Caliciuri, où traînent des 33 tours et où s’affichent des posters (Joe Strummer, Springsteen en 1975, La Vie de bohème d’Aris Kaurismäki, James Stewart dans La vie est belle…), histoire d’instaurer encore plus de proximité de part et d’autre de la scène. Et l’artiste d’aujourd’hui – quasiment assis tout le temps (bon, il s’offre quand même une petite chorégraphie sur fond de symphonie et le plaisir de descendre dans la salle…) ! – de se confier à nous en paroles et en musiques.

Les premiers émois amou-reux ; le père adoré, trop tôt enfui, qui ne jurait que par Léo Ferré et Paco Ibañez ; la maman qui avait un faible pour Gilbert Bécaud (Et maintenant…) ; Vernet-les-Bains et les camps du Roussillon : « Les camps… de… concentration », rap-pelle-t-il en laissant un temps suspendu entre les mots pour qu’on saisisse bien leur portée – l’occasion de rechanter cette merveille qu’est L’Exil, faisant tragiquement écho, presque quatre-vingts ans plus tard, au quotidien bien actuel de centaines de milliers de « migrants ». Il reste cependant L’Espoir du Grand Léo, le Grand Ferré (« le plus grand… »), sur un poème duquel s’achèvera d’ailleurs la soirée : « Je t’aime, Christie, je t’aime… »

« La soirée » : concert ? spectacle ? récital ? veillée ? On ne sait trop, tant on est plongés de façon intime dans l’univers du petit Bruno, de l’ado révolté, de l’adulte en quête permanente d’utopie à réaliser… et du chanteur qui nous raconte ses débuts, ses étonnements, ses mésaventures… et puis qui, sans cracher dans la soupe, nous révèle quelques facettes cachées du show-biz, l’envers du décor télévisuel…

Son parcours semé d’anecdotes pleines d’humour (et l’on comprend pourquoi l’artiste s’est essayé au théâtre) et de rencontres (Daniel Darc, Miossec, Moustaki, Olivia Ruiz, Thiéfaine…) servent de fil rouge à l’essentiel : à comprendre que la vie est un engagement de tous les instants. Qu’on ne peut prétendre aimer en restant indifférent aux drames de l’Histoire qui balbutie, passifs devant ces réfugiés qui fuient la guerre, la torture, le viol… Il fait froid subitement dans la salle, mais le jeune homme (c’est du moins l’illusion que laisse sa silhouette) nous recouvre aussitôt d’un manteau de tendresse, et l’harmonica, allié à la guitare, enveloppe le public comme un seul homme de ses nappes voluptueuses.

En ouverture, entre autres chansons du nouvel album (Les Choses défendues, paru en novembre), un texte émouvant et magnifique à peine souligné par sa six-cordes acoustique : À cet instant…

CALI INTIME

La mémoire qui chante : la vie, le rêve, la littérature (107 ans, de Diastème : « Quelle chance vous avez… si vous ne l’avez pas encore lu ! ») et le cinéma… Dans un spectacle précédent, Cali avait convoqué Jeanne Moreau, cette fois c’est Annie Girardot, après le clap du lever de rideau sur l’inoubliable dialogue prévertien entre Baptiste/Jean-Louis Barrault et Garance/Arletty dans le plus beau film, peut-être, de l’histoire du Septième Art. En tout cas, selon l’Académie des Césars, « le meilleur film de l’histoire du cinéma français » (« Je donnerais tous mes films pour avoir réalisé Les Enfants du paradis », assurait François Truffaut) :

Baptiste : Quand j’étais malheureux… je dormais… je rêvais… Mais les gens n’aiment pas qu’on rêve… Alors ils vous cognent dessus, histoire de vous réveiller un peu… Heureusement, j’avais le sommeil “dur”, plus dur que les coups, et je leur échappais en dormant, en rêvant… Oui je rêvais… j’espérais, j’attendais… C’est peut-être vous que j’attendais !
Garance (ironique) : Déjà !
Baptiste (très grave) : Pourquoi pas… Je vous voyais peut-être déjà dans mes rêves, ne souriez pas… nous ne savons rien de ces choses-là et peut-être qu’aujourd’hui en me jetant cette fleur… peut-être m’avez-vous réveillé pour toujours !
Garance (surprise et touchée) – Quel drôle de garçon vous faites !
Baptiste : Comme vous êtes belle…
Garance (haussant les épaules) : Je ne suis pas belle… Je suis vivante… c’est tout !
Baptiste : Vous êtes la plus vivante… Jamais je n’oublierai cette nuit… et la lumière de vos yeux.
Garance : Oh la lumière !... Une petite lueur comme tout le monde… Vous parlez comme un enfant, c’est dans les rêves que l’on aime comme ça…
Baptiste : La vie, les rêves, c’est pareil… Sinon ça ne vaut pas la peine de vivre. »

Vous l’avez compris, Cali seul en scène, Cali intime, c’est tout pareil : la vie, le rêve, l’utopie. Et le bonheur… c’est maintenant ! De la grande formation au quatuor, au trio ou accompagné d’un seul piano (Steve Nieve pour Cali comme jadis Maurice Vander pour Nougaro, cf. « Une voix, dix doigts », ou Ferré avec Popaul Castanier), jusqu’au récital en solo (« La première fois, m’a-t-il confié dans un grand sourire, je me suis dit : Mais je suis fou, qu’est-ce que je fais là, tout seul, sans les copains à côté… et puis… voilà ! »). Passer ainsi des salles aux plateaux géants, à l’affluence multitudinaire, à la solitude et à la sobriété extrêmes, sans béquille aucune pour se rattraper en cas de besoin, c’est le propre des « grands ».

PS. Pas loin de mille personnes, « mille cœurs debout » spontanément ont assisté à ce concert, vendredi 3 février à l’Atelier à Spectacle de Vernouillet (superbe salle de l’agglomération drouaise qui a épaté Cali… et où nous avons fêté depuis 1985 tous les «quinquennats » de Paroles et Musique puis de Chorus jusqu’en 2002) ; c’était la quatrième représentation de ce rendez-vous qui prendra fin le 21 avril prochain (voir ici), en prélude à un an de tournée en formation musicale habituelle.

CALI INTIME

Quant à la « troisième mi-temps », dans la nuit du 3 au 4, permettez-moi d'en garder la teneur par-devers moi. Histoire de « famille », « bien plus que celle du sang, celle que j’ai choisie, celle que je ressens » (J.-J. Goldman). Mais je peux quand même vous dire que si c’était déjà « à bras-le-cœur » entre nous depuis longtemps, cette fois le Catalan citoyen du monde (qui n’a rien oublié de ses racines ni de Jordi Barre, le chantre de la Catalogne Nord), petit-fils d’un brigadiste italien aux côtés duquel, en Espagne, s'est peut-être battu mon père (lequel nous a légué une photo de lui prise en 1939 à Vernet-les-Bains par le photographe personnel de Pablo Casals… et arrière-grand-père de Cali !), a voulu aussi que ça soit à bras-le-corps ! Comme pour prendre date fraternellement en vue d’un projet évoqué avec enthousiasme qui se traduira peut-être en lendemains communs qui chantent…

CALI INTIME

NB. À Paris, on retrouvera Cali « intime » le 13 mars… au Bataclan, une salle familière à l’artiste. L’occasion de mettre ici en ligne On ne se lâchera pas la main, chanson née au lendemain de l’attentat alors qu’il se trouvait en studio : « On était si tristes au studio cette nuit... Alors j’ai écrit quelques mots et nous avons enregistré cette petite chanson. Julien Lebart est au piano et Mélody Giot au violoncelle ». Que disait Baptiste, encore, dans Les Enfants du paradis, sous la plume de Jacques Prévert ? Que « si tous les gens qui vivent ensemble s’aimaient, la terre brillerait comme un soleil ».

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15 novembre 2016 2 15 /11 /novembre /2016 20:03

Attention, un livre peut en cacher un autre...

 

 

 

Après
La mémoire qui chante,
voici donc
Goldman confidentiel,
en librairie
ce 16 novembre.
Si le premier
(paru le mois dernier)
me tenait à ce point à cœur
qu’il a fallu lancer
un financement participatif
pour l’éditer,
le second me ressemble
tout autant…

Vous me connaissez ? Vous savez alors combien l’adéquation entre l’homme et sa création – entre la nature profonde de l’un et les valeurs humanistes de l’autre – m’aura toujours interpellé : quand il y a osmose, ce qui n’est pas aussi fréquent qu’on le souhaiterait, c’est un éblouissement (cf. la vie de Jacques Brel aux Marquises qui a « crédibilisé », « authentifié » son œuvre a posteriori au-delà de toute espérance…).

Vous me connaissez ? Vous devinez donc qu’il ne s’agit pas là d’une « simple » biographie (même si tout y est, les faits, les dates et les chansons) ; c’est aussi la petite histoire des années 1980 à aujourd’hui qui recoupe le parcours de l’artiste et s’imbrique de bout en bout dans celui de Paroles et Musique et de Chorus ; c’est une réflexion menée en commun, chemin faisant, sur la chanson, sa nature et son rôle, sur sa place dans la société contemporaine. Au final, me semble-t-il, c’est le complément logique de La mémoire qui chante, avec des passerelles d’autant plus nombreuses que j’ai avancé dans ces deux livres en parallèle…

Le premier est le fruit du septennat écoulé depuis la disparition de Chorus, grâce à l’écho que vous m’en avez renvoyé (sans lequel je n’aurais pas poursuivi bien longtemps ce travail…). Le second est un ouvrage que je portais en moi depuis (au moins) dix ans, pour diverses raisons dont la moindre n’est pas celle-ci : Jean-Jacques Goldman est l’un des artistes les plus humainement et définitivement respectables que j’aurai rencontrés sur mon sentier d'échanson de la chanson ; l’un de ceux qui, loin de vous faire regretter d’avoir dédié la plus grande partie de votre vie à défendre et illustrer cette petite chose si « futile », justifient non pas seulement « quinze ans d’amour » – comme l’avait confié Brel, le dernier soir de ses adieux, au public de l’Olympia – mais en l’occurrence au moins le double…
 

 

Il y l’homme, donc… La « personnalité préférée des Français » depuis près de deux décennies (à l’époque, à vrai dire, il était classé deuxième derrière l’abbé Pierre, et il s’était empressé de demander que son nom soit retiré des listes des sondeurs, estimant indécent qu’un saltimbanque « simplement doué du talent de capter et de mettre en musique l’air du temps » pût être placé sur le même piédestal qu’un personnage de l’importance de l’abbé Pierre). Jusqu’à ce qu’il ne puisse plus s’y opposer… Sans doute ignorez-vous aussi que JJG avait souhaité (c’est le seul cas de l’histoire de cette académie) à ne plus figurer parmi les « nommés » des Victoires de la musique…

Il y a l’homme… Celui qui œuvre dans la discrétion la plus complète à soutenir nombre d’associations (à la condition qu’on ne communique pas sur son nom…). Celui qui a donné plusieurs mois de son temps chaque année pendant trois décennies aux Restos du Cœur ! Pour rester fidèle à son ami Coluche, en portant à bout de bras Les Enfoirés avec le souci primordial (outre de proposer un spectacle bon enfant et tous publics autour de la chanson française) de générer le plus de recettes possibles à l’association – un milliard de repas fournis aux indigents depuis 1986…

Il y a celui, tout récemment, qui a choisi de mettre une petite distance géographique entre lui et ces mêmes Enfoirés, ayant décidé au seuil de ses 65 ans de passer le témoin, histoire de les laisser totalement libres de réussir leur transition ; dans l’espoir simultané que les médias commencent à l’oublier pour de bon, lui qui n’aspire plus – comme Brel larguant les amarres de son voilier en quête de son impossible étoile – qu’à retrouver l’anonymat et à vivre la vie de Monsieur Tout-Le-Monde.

L’homme. Et puis le créateur, le faiseur de chansons – dans le bon sens du terme. Dans le sens où l’entendait Guy Béart qui s’y connaissait en ritournelles populaires. Il y a plus de trente ans (JJG n’en était encore qu’à son deuxième album), voici ce que m’expliquait l’auteur de L’Eau vive : « La chanson, c’est l’union de l’aveugle – la musique – et du paralytique – les paroles. Sans la musique les paroles restent paralysées, mais sans les paroles la musique va n’importe où… Peu importe que le texte pris tout seul ne soit pas terrible, que la musique seule ne soit pas géniale, c’est l’ensemble qui doit être formidable. [Il chante :] “Qu’on est bien / Dans les bras / D’une personne du genre / Qu’on n’a pas / Qu’on est bien / Dans ces bras- / Là”. Ce n’est pas très original comme texte, et sa musique non plus, pourtant l’ensemble est miraculeux ! »

Miraculeux, en effet. Or, Goldman a toujours eu la même vision de la chanson que Béart. Voici ce qu’il m’a répondu quand j’ai appris que sa chanson Là-bas (superbe au demeurant) venait d'être présentée comme sujet du bac professionnel à l’épreuve de français (c’était en 2003 ; avant lui Jacques Brel avait connu la même « mésaventure » avec Le Plat Pays…) : « Sans vouloir faire le grognon ni le faux modeste, je crois que c’est une erreur, une erreur assez explicable d’ailleurs quand on connaît depuis toujours le malentendu français vis-à-vis de la chanson : un texte de chanson est un texte de chanson, ce n’est pas de la littérature mise en musique. Lire le texte seul, à mon avis, n’a pas de sens ; pas plus qu’entendre une mélodie avec “la la la la la”, ça donne juste un aperçu de la chanson. Les mots, les expressions, les liaisons auraient été différents sur d’autres notes, d’autres rythmes. Pour moi, le mot est indissociable de la note. (Évidemment c’est différent pour des textes mis en musique comme ceux d’Aragon […], dans ces cas la note s’est adaptée aux mots. Ça n’est pas le mien…) »

Et il en a fait, des chansons qui célèbrent les épousailles fusionnelles de la note et du verbe ! Des chansons qui parlent au cœur des gens. De tous âges et de toutes classes sociales – mais à destination en particulier de ceux du parti des perdants (« Pauvre, riche ou bâtard / Blanc tout noir ou bizarre / Je reconnais ton regard... »), qu’il considère de sa famille « bien plus que celle du sang, celle que j’ai choisie, celle que je ressens »… Des perdants qu’il encourage à vaincre la fatalité : « C’est ta chance, ta force, ta dissonance / Faudra remplacer tous les pas de chance / Par de l’intelligence. » Des chansons décriées par d’aucuns (on ne peut pas plaire à tout le monde, des goûts et des couleurs…), dont le message reste pourtant plus que jamais d’actualité, qu’il faudrait enseigner dans les écoles : elles prônent la tolérance, la fraternité, la solidarité, mais aussi la réciprocité des droits et des devoirs (« car c’est mépriser l’autre que de tout lui offrir sans rien lui demander »). Surtout, elles incitent chacun et chacune à prendre en mains son destin, à franchir les obstacles sans chercher de boucs émissaires, pour aller au bout de ses rêves, par l’éducation et la culture.

Plus d’idéologies en isme qui vaillent avec Jean-Jacques Goldman, mais le souci chevillé au corps, malgré tout, de contribuer à changer la vie, en encourageant chacun à le faire, à sa façon, dans son coin :

C’était un professeur, un simple professeur
Qui pensait que savoir était un grand trésor
Que tous les moins que rien n’avaient pour s’en sortir
Que l’école et le droit qu’a chacun de s’instruire…

Chacun à sa place, oui, où qu’il soit, même manquant totalement de confiance en soi :

C’était un petit bonhomme
Rien qu’un tout petit bonhomme
Malhabile et rêveur, un peu loupé en somme
Se croyait inutile, banni des autres hommes
Il pleurait sur son saxophone

Il y mit tant de temps, de larmes et de douleur
Les rêves de sa vie, les prisons de son cœur

Et loin des beaux discours, des grandes théories
Inspiré jour après jour de son souffle et de ses cris
Il changeait la vie.

L’homme (capable de toutes les remises en question), l’artiste et les chansons – pour lui et pour les autres. Bon, d’accord. Mais encore, ce Goldman confidentiel ? Ben… le reste, tout le reste. La totale. Pas d’impasse. Les « migrants » qu’étaient ses parents, le père à la tête d’un réseau de résistants français contre les nazis, la mère encore adolescente internée dans un camp de concentration… français. Le demi-frère révolutionnaire, abattu à 35 ans dans les rues de Paris par un commando d’extrême droite... Les disques (tous de diamant : le seul auteur-compositeur-interprète francophone à avoir vendu plus d’un million d’exemplaires de chacun d’entre eux), neuf enregistrés en studio, six en public, les tournées (qui ont battu des records de fréquentation), les spectacles où la complicité entre l’artiste et les gens (il n'a jamais voulu parler de son public, encore moins de fans...) a rarement été aussi éprouvée – jusqu’à se retrouver seul à la guitare acoustique au milieu de la salle (cf. la photo de Francis Vernhet en couverture du livre), un parmi des milliers d’autres…

Les polémiques, aussi, car ils sont bien peu les artistes francophones – depuis Aznavour et Brel à leurs débuts – à avoir été aussi vilipendés par la presse et une certaine frange du pays. Goldman, vous pensez, l’homme en or, fils d’immigrés juifs… Les Enfoirés, Toute la vie, l’admiration et le respect des uns, la haine (oui, la haine et la morgue) et la petitesse des autres, surtout bien planqués à l’abri des réseaux sociaux ; Brassens et Mourir pour des idées – jamais JJG ne s’était exprimé auparavant sur ce sujet…

Ici et maintenant, bien sûr. L’avenir. Et les lendemains... qui chantent ? Reviendra, reviendra pas ? Tout est là, avec des propos exclusifs, inédits… et des anecdotes vécues ensemble. Un livre « autorisé » alors ? Oui et non, car Jean-Jacques Goldman n’aimerait rien tant à présent qu’on ne parle plus de lui, du tout, qu’on ne le voie plus à la télévision, qu’on n’écrive rien, plus rien, sur lui…
 

 

Pourquoi donc aller à l’encontre de ses souhaits ? Pourquoi Goldman confidentiel ? Parce que ! Parce que je n’avais pas le choix. Parce qu’il était urgent de me délivrer de tout cela… Il y a vingt-cinq ans déjà, je formais le projet d’écrire un livre avec lui, à quatre mains. Un quart de siècle... Finalement c’est un peu ça. Et pourtant… Voici un extrait de notre dernière conversation à ce sujet :

« Puis-je compter sur ta bénédiction ? », lui ai-je demandé en l’informant que, cette fois, j’irais au bout… Un livre en gestation, en fait, depuis 2005, après qu’il m’eut officiellement annoncé qu’il se mettait en réserve de la chanson, ou plutôt qu’il arrêtait les disques et la scène pour un temps indéterminé.

Réponse : « Ni bénédiction… ni excommunication », ajoutant avec cette lucidité dont il ne se départit jamais : « Paradoxe d’un type qui a écrit “tout mais pas l’indifférence” ! » Notez que d’autres auraient pris soin de spécifier : « …mais imprimatur requis. » Pas lui, pas JJG ! Respect total de la liberté d’autrui même s’il préfère – euphémisme – qu’on fasse désormais silence à son propos : « Il y a tant d’autres sujets qui m’intéressent », m’a-t-il écrit tout récemment, estimant vraiment, profondément, ne pas « mériter » un livre : « Sans fausse modestie, je ne crois pas que mon parcours mérite tant de papier, de temps. »
 


En désaccord avec lui, au moins sur ce point, j’ai décidé de passer outre. Je n’allais pas attendre vingt-cinq ans de plus pour livrer ce témoignage sur un homme dont le crédit de tendresse auprès de la population française est au moins aussi important que celui dont jouissaient Brassens et Brel. Ça n’est pas pour rien que plusieurs sondages l’ont placé à côté de ces deux-là dans le cœur des Français. Incidemment, en cours d’écriture, j’ai relevé d’étranges coïncidences, de celles que Jung nommait des synchronicités tellement le destin, parfois, semble vouloir s’amuser malicieusement avec vous (se jouer de vous ?). Comme si certaines choses étaient écrites, dirait Francis Cabrel, alors que Jean-Jacques Goldman s’est toujours évertué à montrer le contraire…

Et voulez-vous que je vous dise ? Au bout du compte, même si j’ai demandé pardon à l’intéressé pour apporter ainsi encore du grain à moudre à son sujet, retardant d’autant plus son retour si espéré à l’anonymat, même si – c’est sûr – je ne le referai plus jamais… non, non, non, non, rien de rien, je ne regrette rien.

NB. Jean-Jacques Goldman confidentiel, l’Archipel éd., 572 pages plus un cahier photo de 16 pages. 34 chapitres en 5 actes, plus un prologue, un épilogue et des annexes (repères, discographie, index, etc.). On peut d’ailleurs lire le prologue et le premier chapitre (cf. « Télécharger un extrait »), voire commander l’ouvrage par correspondance – si ça vous chante – sur l’un des sites de votre choix, en cliquant sur ce lien de l’éditeur.

 

*Merci à NosEnchanteurs (« le quotidien de la chanson » sur la Toile) pour sa rapidité de réaction… et pour l’honnêteté de ses lignes, lesquelles constituent donc la première critique de Jean-Jacques Goldman confidentiel.

 

 

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28 octobre 2016 5 28 /10 /octobre /2016 16:11

Un beau roman, une belle histoire...

 

 

D'un avortement éditorial est né “un beau roman” (un gros livre en tout cas !), une belle histoire dont l'intrigue en cinq actes – des origines à l'expédition en passant par la conception, la réalisation et la fabrication – mérite d'être contée... Ne serait-ce qu'en signe de gratitude envers celles et ceux qui ont rendu possible ce pavé chansonnier de 664 pages.

Premier acte... manqué

Il y avait un bout de temps que j’y pensais ; ou plutôt que des amis bien intentionnés m’obligeaient à y penser : « Tu devrais travailler à un livre dérivé de ton blog… » Oui, bon… C’est vrai que j’avais donné il y a déjà quelques années un tour nouveau à celui-ci. Plutôt que de continuer à écrire à l’infini, comme on cherche en vain à remplir un seau troué (cf. la chanson de Guy Béart…), des articles « objectifs » pour tenter de prolonger un peu la mission de « défense et illustration de la chanson française » que s’était assignée la revue Chorus, je me suis mis à faire entendre ma petite musique à moi. À raconter des pans de vie vécus en compagnie d’artistes et de chanteurs qui ont bien voulu m’honorer de leur amitié ou que j’ai eu la chance de fréquenter dans des circonstances rares.

   
Guy Béart – Le Trou dans le seau

 

Et pourquoi pas ? Si ça pouvait enrichir un peu la mémoire de la chanson francophone… Tiens ! Ça ferait un bon titre, ça : la mémoire qui chante… Et voilà comment j’ai repris, revu, corrigé, complété certains des sujets qui me semblaient pouvoir répondre à ce critère, ajouté du nouveau également… À ce moment-là, on est dans le dur, dans le durable je ne sais pas mais dans la durée, ça c’est sûr : un mois, six mois, neuf mois… à travailler dessus à mes moments « perdus ». À douter aussi, et même de plus en plus en voyant « la bête » se profiler : presque un million et demi de signes… Difficile en effet de se résoudre à mettre un point final en pensant à tout ce (tous ceux) qu’on laisse de côté.

Me voilà malgré tout rendu à l’épilogue qui nous fait remonter à 1966, il y a cinquante ans, histoire de mieux expliquer une certaine quête permanente des lendemains qui chantent… La suite, début 2016, c’est-à-dire la réaction de l’éditeur auquel j’avais songé d’emblée, allait plutôt me faire déchanter. Accusé de réception et de lecture fort cordial et sympathique, mais couperet éditorial : « Trop important, trop gros, trop cher à la fabrication, avec un lectorat impossible à cerner, nous ne saurons pas vendre un tel livre, ni dans le commerce ni auprès des médias... » Petit coup de massue sur la tête. Ça n’est pas que j’imaginais que « ça » passerait comme une lettre (d’amour) à la poste, je me doutais bien qu’on me prierait de revoir peu ou prou ma copie, mais je ne m’attendais pas trop à une fin de non-recevoir.

Qu’à cela ne tienne, il ne manque pas d’éditeurs en France ! J’en contacte un autre qui me paraît plus approprié, plus habitué à publier des livres spécifiques, notamment sur des chanteurs dont il est question dans mes pages… Aimables appréciations, là aussi, sur l’écriture et le contenu mais rebelotte pour l’essentiel : « L’édition s’écroule, les libraires disparaissent, impossible de prendre le risque financier de sortir ce livre monumental… »

Vous vous en doutez, tout cela a pris du temps, car je suis revenu à la charge, y compris auprès du premier éditeur, en faisant valoir mes arguments, notamment sur l’importance (et la formidable fidélité !) de l’ancien lectorat de Paroles et Musique et de Chorus… Hésitations, aller-retours, vacillements, tergiversations, suggestions de suppressions ou d’ajouts (« Peut-être que si vous obteniez une préface d’un écrivain ou d’un chanteur célèbre ? »…), etc. Dans l’intervalle, pour éviter de se morfondre dans l’attente (rien de pire quand on a toujours vécu dans l’action), j’ai combattu le mal par le mal, je veux dire que je me suis lancé dans l’écriture d’un autre livre. Ou plutôt, je m’y suis remis, car je l’avais en projet, dans la tête et les tripes, depuis une bonne décennie...
 

Deuxième et troisième actes…

En juin dernier, alors que je m’étais fait à l’idée que La mémoire qui chante resterait dans mes tiroirs, après le refus définitif des éditeurs (pas trop envie non plus de passer mon temps à en chercher d’autres, à tout réexpliquer…), un ami qui était dans la confidence m’a remis en selle : « Il faudrait tenter le financement participatif. C’est du gagnant-gagnant solidaire. Si ça ne marche pas dans un délai donné, les souscripteurs sont intégralement remboursés ; et si ça marche, c’est que le projet était justifié… »

LA MÉMOIRE QUI CHANTE... de A à Z !

Dans mon sujet de lancement, ici même, j’ai expliqué les tenants et aboutissants dudit financement participatif dont il nous a fallu au préalable explorer toutes les arcanes. D’abord prendre la mesure exacte de l’objet et le soumettre à un imprimeur pour lui demander un devis ; ensuite, calculer la somme nécessaire pour permettre de couvrir (notamment) le coût de la fabrication, en fonction d’un tirage limité mais pas trop ridicule. Enfin, soumettre le projet au site spécifique choisi (Ulule) puis, une fois validé par ses responsables, le mettre en ligne de façon aussi argumentée et documentée que possible.

L’opération a débuté le premier jour de juillet. Un peu comme une bouteille à la mer car la période estivale était tout sauf appropriée pour espérer joindre assez de lecteurs potentiels ; raison pour laquelle un délai de deux mois a été arrêté. Atteindrions-nous l’objectif fixé, dans ce délai – jusqu’au 27 août précisément –, les 100 % indispensables à l’édition de l’ouvrage ? Vous connaissez la suite, bien sûr : contre toute attente, l’objectif a été atteint en moins de 48 heures ! Incroyable… mais vrai.

Il ne restait plus alors qu’à foncer. À passer l’été à imaginer le livre fini, à déterminer après moult essais le format, le gabarit, le caractère, le corps (les corps, avec celui des notes, des annexes et des titres courant tout au long des pages), les emplacements de certains mots manuscrits ou dessins d’artistes… Bref, TOUT à faire. Nous étions, ma chère et tendre et moi, au pied du mur. Pris au mot, instantanément ! Plus le choix ! D’autant moins qu’il nous restait encore près de deux mois pour espérer augmenter le nombre de souscriptions… et par conséquent le tirage. 150 % ce serait drôlement bien… 200 %, complètement inespéré… Finalement, au dernier jour de la souscription, l’objectif initial a été plus que triplé (327 % !). De quoi quadrupler le tirage de l’édition originale (et forcément « collector » puisque non diffusée en librairie).

Et la couverture ? Une certitude : on demanderait au génial Bridenne de s’y coller ! Parce que c’est l’un des tout meilleurs illustrateurs français, un spécialiste qui plus est des « petits mickeys » ayant trait à la chanson (cf. ses pochettes admirables pour L’Anthologie de la chanson française, chez EPM, réalisée par Marc Robine – le premier 45 tours de Michel Jonasz, un portrait dessiné, c’était lui !) ; par amitié et fidélité aussi (n’était-il pas des nôtres dès le tout premier numéro de Chorus… ?). Et une grosse incertitude : oui, mais pour représenter quoi ou qui ? Puisque c’était le reproche principal des éditeurs adressé à mon texte : qu’aucun chanteur en particulier (900 noms cités – ce qui rendait un éventuel index bien trop long à publier) ne s’en dégageât de toute évidence.

LA MÉMOIRE QUI CHANTE... de A à Z !

Finalement, c’est Bridenne qui a eu l’idée : celle d’incarner un passeur, un échanson de la chanson, déroulant des chansons comme les cartes perforées d’un orgue de barbarie sur lesquelles surfent des chanteurs et musiciens… Avec, cerise sur le gâteau, au moment de l’exé, l’envie de l’artiste de faire courir son dessin sur le dos et la quatrième de couverture ! Des calculs millimétrés à n’en plus finir pour faire exactement coïncider la partie concernée du dessin (une pianiste) avec les 41 mm de la tranche (déterminés en amont d’après le nombre de pages et le grammage du papier choisi)… Mais un résultat vraiment pas ordinaire… et superbe ! Non ?
 

Quatrième acte : la fabrication

Une fois la mise en page effectuée, place à l’étape de la fabrication. Nous l’avons confiée à l’un des imprimeurs « historiques » de livres en France, Firmin Didot, avec lequel nous travaillions dans les années 1980, pour la composition de Paroles et Musique et la fabrication de nombre de nos ouvrages depuis notre série Le Roman de… (Coluche, par Frank Tenaille ; Julien Clerc, par Marc Robine ; Renaud, par Thierry Séchan...) en 1987-1988. Et le jour J, le vendredi 7 octobre, nous étions à pied d’œuvre pour assister à la naissance de La mémoire qui chante.

LA MÉMOIRE QUI CHANTE... de A à Z !

Unité de lieu et de temps ! Un immense atelier et une « bécane » en U occupant tout l’espace, avec des circonvolutions au fil de son parcours d’une cinquantaine de mètres ! Une seule et même machine dévorant par un bout d’énormes rouleaux de papier (600 kilos chaque) et proposant à l’autre extrémité le livre entièrement fini, massicoté, cahiers assemblés, couverture collée, en paquets de douze exemplaires emballés sous plastique !
Aux oubliettes de l’histoire, du moins au plan technique, les rotatives de Guy Béart…

Juste avant cette dernière opération, un dernier contrôle pour repérer d’éventuels ouvrages défectueux qui vont alors mourir en vrac dans un bac en attendant d’être détruits et recyclés. Ça fait drôle… et ça donne envie de partir à la pêche, d’en sauver quelques-uns pas si moches que ça ! Enfin, au fur et à mesure de la sortie des presses (ou plutôt de « la » presse), intervient la mise sur palettes d’une centaine d’exemplaires chaque, évacuées aussitôt jusqu’à un hangar voisin, en attendant d’être chargées pour la livraison. En tout et pour tout, une fois le fichier fini (fourni par nos soins), intégré numériquement dans la machine, le tirage aura demandé un peu plus d’une demi-journée… Et à peine trois à quatre minutes, le temps d’un tour de manège, pour accoucher d’un ouvrage de 664 pages grand format, alors que cinquante mètres en amont le papier vierge se dévide à vitesse grand V !
 

Cinquième acte : l’expédition

Nous avions promis aux futurs éventuels souscripteurs (dont la liste figure à la coda du livre) de lancer l’expédition à la mi-octobre. En fait, celle-ci a été échelonnée entre le samedi 8 et le mercredi suivant. Et les premiers envois sont arrivés à destination dès le mardi 11 (pour la saint… Firmin, si si !). À l’heure où j’écris ces lignes, outre en France et en Europe, on nous a accusé sa réception au Canada (au Québec, en Ontario, au Manitoba…), en Afrique, dans l’océan Indien, etc., et jusqu’à Tahiti. La mémoire qui chante vogue encore vers la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Amérique latine ou le Japon… mais nous faisons confiance à la Poste !

Avant de remettre les envois à celle-ci, exemplaires uniques ou par deux, trois, quatre, cinq et même six d’un coup, regroupés dans plusieurs dizaines de bacs chargés ensuite dans des chariots ad hoc, il a fallu s’organiser un minimum... Le stock à portée de mains, les enveloppes, les cartons, les documents d’affranchissement… et les dédicaces au préalable : près de huit cents ! Aïe, la « crampe de l’écrivain » (et le casse-tête, je n’vous dis qu’ça, pour arriver à se renouveler et à adapter autant que possible le petit mot à son destinataire – beaucoup d’anciens lecteurs-lectrices de PM et de Chorus que je connais depuis belle lurette pour avoir aperçu régulièrement leurs noms lors de nos routages, au long d’une, deux ou trois décennies… Un routage de plus, c’est ça, pour ma chère et tendre et moi ! Tout pareil ou presque, « du producteur au consommateur » ou plutôt de l’éditeur au lecteur, sans intermédiaire… Sauf que le contenu était cette fois beaucoup plus lourd et d’une épaisseur quelque peu plus conséquente.

LA MÉMOIRE QUI CHANTE... de A à Z !

On pourrait ajouter un sixième acte à cette « aventure » qui a demandé moins de trois mois et demi pour aboutir au mot « fin ». Celui de la réception, au sens de l’accueil et de la critique du texte. En effet, depuis son envol aux – seuls – souscripteurs/trices, nous recevons chaque jour des mots plus gentils les uns que les autres… Alors, comme il n’y aura pas de revue de presse ultérieure (vu qu’il n’y a pas eu de service de presse, en l’absence de diffusion en librairie), qu’on nous permette de publier simplement ici, à titre d’exemple, quatre commentaires. Ceux d’un écrivain qui adore la chanson, d’un journaliste vivant à l’autre bout de la planète, et d’abord de deux auteurs-compositeurs-interprètes que j’estime beaucoup (l’un pas assez connu à mon goût, l’autre extrêmement célèbre). Je ne donnerai pas leurs noms, n’ayant pas eu temps de leur demander leur accord de publication, mais ils représentent à eux seuls le spectre le plus large de la chanson vivante que j’aime… et du coup – notre pudeur dût-elle en souffrir ! – ça nous touche encore plus. On ne parlera pas de ce livre à la radio, encore moins à la télé, ni même dans la presse, ça n’est donc que pour le plaisir du partage. « C’est pour l’amour, pas pour la gloire », disait Allain Leprest…

« Ben mon frangin, sacré pavé (dans la mare ?) !
J’ai déjà fait la face nord, j’attaque la face sud.
Quel beau parcours, quelle générosité, quelle fraternité !
La chanson te doit beaucoup, on le savait, mais là c’est du flagrant délit ! »

« Merci pour cette somme, ce récit de deux vies au milieu de toutes ces autres. Une façon pour nous, qui n'avons pas côtoyé ces légendes, de les observer un peu, de voir les coulisses de ce qu'ils (elles) nous ont offert, à travers un prisme toujours bienveillant, amoureux et respectueux.
Merci pour nous et merci pour eux. »

« …et c'est une goulée de bonheur, un flonflon de France qui nous accueille [à notre retour dans l’Hexagone] avec ce journal d'un échanson. Inutile de vous dire que j'ai déjà glissé la truffe dans ces mémoires enchanteurs. J'ai picoré au hasard (le hasard étant le complice des gens honnêtes) et je m'apprête à un festin, moi qui aime tant la chanson. Je vais me régaler de la remémoration de ce que je sais déjà et me goinfrer de tout ce que je vais apprendre sur ce monde magique, et sur vous deux, aussi. Vous m'aviez parlé du Gabon, bien sûr, mais pas de Makaya…
Merci d'avoir pris le temps d'essorer vos souvenirs et vos connaissances et de nous les offrir sur un fil d'étendage. Ils auront, pour beaucoup, le charme de ces linges qui flottent aux fenêtres de Naples au son de la mandoline. »

« Impressionnant !
J’ai aussitôt attaqué l’avant-propos et je dois dire que j’y ai pris beaucoup de plaisir. Ce n’est pas seulement très bien écrit – ce qui n’est pas nouveau… – mais en plus c’est un régal.
À la fois intéressant, spirituel, et très riche d’informations et de références… Très belle plume, digne d’un grand échanson !
…il me reste à m’attaquer à l’essentiel du festin, mais je voulais dire sans attendre que ce que j’ai déjà goûté me donne envie de me mettre à table. »

D’aucuns, qui n’ont pas l’ouvrage entre les mains, m’ont demandé : « Pourquoi le journal d’un échanson ? » Je m’en explique dès l’exergue : « Échanson : du latin médiéval “scantio” : sommelier de la chanson (Dictionnaire amoureux de l’auteur) » ; ou plus loin dans l’avant-propos : un journal comme une chanson qui nous ressemble et nous rassemble, « …la chanson d’un échanson, au sens où celui-ci a pour vocation d’offrir le nec plus ultra de son expérience, le plus raffiné, le plus délectable dont on puisse gratifier le palais des sens, situé quelque part entre l’âme et le cœur. Si tu aimes la chanson […], a écrit Claude Nougaro dans Une rivière des Corbières ; si tu aimes le son, le son de son âme, elle te servira comme un échanson… »

À la façon d’un Béranger (François), j’ai voulu simplement offrir une tranche de vie qui chante et voilà qu’elle nous revient en écho, en résonance touchante. Merci ! Tant qu’il y a de la mémoire, il y a de la vie… et des lendemains qui chantent !
 

 

PS. Pour en savoir plus sur ce livre de 664 pages – « La chanson d’une vie, incarnée par des dizaines d’artistes des générations 1950 à 2000 qui ont accompagné (ou accompagnent toujours) le parcours personnel et professionnel de l’auteur », 84 chapitres + avant-propos + prologue + épilogue + annexes), se reporter aux sujets précédents de Si ça vous chante ou sur mon site pour le texte de quatrième de couverture.

NB. Dans l’un des montages photo ci-dessus, on peut apercevoir – clin d’œil... – un « Don Quichotte » peint par Lamolla, à qui je consacre le dernier chapitre du livre, que je dédie tout entier à sa mémoire. Pionnier de la peinture surréaliste catalane, auteur en 1934 d’une toile sublime intitulée Il a plu des chansons (en français dans le texte !), musicien (piano, violon, mandoline), c’est lui en effet qui m’a fait découvrir « la fraîche beauté du monde » dont parlait Matisse.

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