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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 19:40

L’Allain, l’Italien, le Bertin et le Danzin…

 

Je suis là… De plus en plus silencieux, peut-être, mais je reste là. À l’écoute. De vos mots, de vos chants, de vos créations. Veiller : c’est d’autant plus important dans une société dont la déliquescence politico-économique étouffe l’humain, tout en alimentant les sentiments les plus radicaux et vils, de haine et d’exclusion, de médiocrité et de formatage, au détriment des valeurs les plus élémentaires de solidarité, de diversité et de partage. « Il y a beaucoup de morts dans le journal d’hier / Et beaucoup de misère, mais partout / Beaucoup de gens qui restent indifférents / Le lendemain tout semble déjà moins grave… » J’ai souvent envie de ruer dans les brancards, de me lancer dans de tonitruantes diatribes, mais à quoi bon si c’est sans effet aucun ? Il faudrait posséder la folie qui accompagnait le chevalier à la triste figure, mais n’est pas l’Homme de la Mancha qui veut. Alors il reste l’art, le refuge suprême pour s’abriter des moulins à vent… à défaut de pouvoir les vaincre. 
  

 

C’est en tout cas ce qui me tient « éveillé » et me nourrit. Oui, je suis là ; toujours à l’affût du beau et du prometteur, insatiable amateur de découvertes. Seulement, « tout va un peu plus vite », dit la chanson, et il faut faire des choix. Délaisser un peu le blog pour écrire un nouveau livre, par exemple, et vivre aussi dans la vraie vie, pas seulement sur la toile… « Car il est plus que temps aujourd’hui de vivre / De repousser la porte que quelqu’un ferme sur nous / Inéluctablement. »

On continue (gentiment) de m’écrire pour regretter la « périodicité » actuelle de ce blog, bien inférieure à ce qu’elle était dans les trois premières années de son existence, quand j’essayais à moi seul de continuer à faire chorus avec l’actualité du disque, du livre et de la scène. J’ai déjà répondu, ici même, à ce genre de de courriels : outre le fait que je reste relativement actif sur le groupe « social » lié à ce blog (grâce à la simplicité et à la rapidité de son fonctionnement technique), CouvLeprestj’ai préféré décrocher de la création immédiate pour porter avant tout témoignage de choses vues et vécues seulement par moi-même. Certes pas par narcissime, mais bien par souci de faire œuvre utile (et non redondante avec tout ce qui existe déjà) en livrant des informations inédites (cf. Jacques Brel, Cali, Frédéric Dard, Leny Escudero, Jean Ferrat, Léo Ferré, Jean-Louis Foulquier, Paco Ibañez, Allain Leprest, Georges Moustaki, Claude Nougaro, Marc Robine, Pierre Rapsat, Luc Romann, Anne Sylvestre, etc.).

Je n’en garde pas moins les yeux et les oreilles grands ouverts sur la scène actuelle et les funambules de la ritournelle, comme les appelle mon excellent confrère Patrice Delbourg. Sans trop me soucier « des rimes et des rythmes », comme le chante le poète ; sans hiérarchie ni obligation aucune, veux-je dire. Ensuite, qui m’aime me suive… ou pas. Ici, c’est toujours et seulement si ça vous chante.

Aujourd’hui, je viens d’abord vous recommander la lecture du livre de Marc Legras sur Allain Leprest, Dernier domicile connu, paru à l’Archipel. Marc Legras ? Voici ce que j’écrivais de lui à propos de son précédent livre sur Georges Moustaki : « Marc Legras a vécu deux existences journalistiques en parallèle : l’une de “responsable d’édition” des journaux télévisés de France Télévisions et l’autre de spécialiste de la chanson ; à la radio d’abord, avec ses propres émissions sur France Musique et France Culture, puis dans la presse à travers Paroles et Musique et Chorus, dont il fut un membre éminent de 1980 à 2009. » 

 

 

C’est le second « vrai » livre consacré à l’ami Allain (après celui du Suisse Thomas Sandoz, Je viens vous voir, publié en 2003), et celui qui devrait bénéficier à l’avenir du qualificatif « de référence ». Pourquoi ? D’abord, parce que décidé d’un commun accord avec l’artiste – à l’occasion d’une rencontre pour Chorus (n° 63, printemps 2008, photo ci-dessous) –, ce livre aurait dû être mené, jusqu’à son terme, à deux voix et à quatre mains… Et c’est la vie du génial auteur, hélas, qui s’est achevée avant terme, le 15 août 2011¸nous privant de nombreuses merveilles à venir et de cet ouvrage tel qu’il avait été conçu et arrêté. Ensuite, parce qu’après l’avoir interrompu, Marc Legras a choisi, heureusement, de le reprendre et de le retravailler différemment, tout en le saupoudrant de la mémoire de l’artiste, grande ouverte à l’auteur, et maintenant offerte en primeur à ses lecteurs.
 

Leprest-Legras.jpg 

Tout juste exprimerai-je le petit regret (qui ne change rien au fond du livre) que l’histoire, très étroite, d’Allain Leprest avec Paroles et Musique (dès 1982) qui organisa même une soirée exceptionnelle en 1985 (à l’Atelier à Spectacles de Vernouillet) pour le faire découvrir à ses lecteurs, puis avec Chorus (multiples articles jusqu’à son importante « chorusgraphie » en 2002 – le dossier le plus complet qui lui ait jamais été consacré jusque-là) n’ait pas forcément été restituée comme elle aurait pu l’être. Cela dit, j’imagine la difficulté voire la peine, le courage en un mot, qu’il a fallu à Marc pour reprendre ce livre, en l’absence de celui qui devait en être à la fois le sujet et le co-auteur. Et tout ce qu’il a pu lui coûter, en son for intérieur, pour le mener à bien en se mettant dès lors en quête des témoins des premières années de la vie et de la carrière d’Allain Leprest. Le résultat est là : tout est bon dans ce Dernier domicile connu, dont Marc Legras nous retrace lui-même, ci-dessous, les tenants et aboutissants. 
  

 

CouvReggianiSecond ouvrage chansonnier à recommander : celui retraçant l’histoire du Rital de la chanson française, qui fut fidèlement accompagnée, elle aussi, par Chorus et Paroles et Musique auparavant. Justement, c’est Daniel Pantchenko, qui l’avait rencontré à plusieurs reprises pour nos « Cahiers de la chanson », qui signe cette nouvelle biographie – après celles d’Aznavour (avec Marc Robine), de Ferrat et d’Anne Sylvestre –, à l’occasion des dix ans de la disparition, le 22 juillet 2004, de ce merveilleux interprète. De l’excellent travail, comme toujours, à l’image des dossiers que l’auteur écrivait pour Chorus (et notamment celui d’Allain Leprest, évoqué ci-dessus). Serge Reggiani, l’acteur de la chanson, chez Fayard (…où Chorus, tout se recoupe et tout s’enfuit… mais rien ne s’oublie, avait créé un beau « Département chanson »). 
  

 

J’évoquais Allain Leprest… C’est l’occasion de vous présenter quelqu’un de sa famille d’esprit. Pierre-Paul Danzin, 38 ans aujourd’hui, qui nous vient du Nord-Pas-de-Calais avec deux albums, Les Moineaux d’Égare et Charivari… dont trois chansons coécrites avec Allain Leprest – il n’y a pas de hasard ! À vous de faire la démarche de les découvrir. En attendant, en voici une autre, paroles et musique de Danzin, à laquelle je vous défie de résister, pour autant qu’un brin d’humanité vous accompagne (je dis ça pour ceux qui pourraient s’é…garer ici) : L’Antichambre… 
  

 

À part ça ? Quoi d’autre dans mon carnet du jour ? Deux festivals qui, chacun dans son style, demandent à être connus beaucoup plus largement que dans leur sphère régionale ; chacun avec sa propre spécificité qui ne les fait ressembler à aucun autre. Deux manifestations qui se sont déroulées dans la seconde quinzaine d’octobre et dont je vous parlerai plus en détail la prochaine fois : « Attention les feuilles ! » organisé dans l’agglomération d’Annecy, et « Les Nuits de Champagne », organisées à Troyes par l’association Chanson contemporaine avec un « Grand Choral » unique en son genre – l’édition 2014 était consacrée pour la première fois à un artiste disparu, mais dont l’œuvre reste dans toutes les mémoires… 
 


Voilà. La pendule d’argent qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, a beau nous attendre, pour le temps qui reste nous tenons la lampe allumée et nous repoussons de toutes nos forces le sommeil…

Dans le journal d’hier beaucoup de morts
Et puis partout beaucoup de gens indifférents
Nous sommes peu nombreux à veiller
Nous tenons la lampe allumée
Nous repoussons de toutes nos forces le sommeil
Et la lampe nous fait les yeux brillants
Nous tenons la lampe allumée
Nous ne vieillissons pas
 


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commentaires

O
Voilà je viens de fermer la dernière page du magnifique livre de Daniel Pantchenko "L'Acteur de la chanson".<br /> Un Serge reggiani dont je découvre des trésors cachés de lectures, pièces de théâtre,films et même des chansons peu connues ou très mal connues...<br /> A mon grand regret de ne l'avoir pas vu et écouté sur scènes, s'ajoute celui de découvrir cette souffrance et ce courage qui lui a fallu jusqu'au bout, pour honorer son public.<br /> Tout comme Edith Piaf ou Allain Leprest.<br /> Merci à vous Fred pour vos articles, et à vous Mr Pantchenko pour votre talent à nous rendre plus riche d'émotions...
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D
Merci d'abord, Fred, pour ce que tu as écrit à propos de ma biographie de Reggiani, et je voudrais dire au passage (et je le lui ai dit) que je suis très content que le livre de Marc sur Leprest<br /> soit enfin sorti. Je suis en train de le terminer, j'en parlerai bientôt sur mon blog, et je me réjouis également de constater que dans cette troisième ou quatrième vie qui est la nôtre, des<br /> "plumes" de cette belle aventure nommée "Chorus" persistent et signent, avec leur personnalité, leur sensibilité.<br /> À propos de "L'acteur de la chanson" (titre que j'avais utilisé dans un article de "Chorus"), il ne s'agit pas d'un livre sur Reggiani et ses amis (encore que les 35 témoignages recueillis soient<br /> essentiellement favorables), mais d'une biographie, au sens plein du terme. Isabelle Boulay est d'ailleurs naturellement interviewée puisqu'elle a toujours été touchée par Reggiani et qu'elle<br /> préparait son album d'hommage quand j'écrivais le livre. Elle a été très médiatisée, mais c'est une interprète sensible et - à mon sens - si l'on peut regretter une chose dans son disque, c'est que<br /> neuf des quatorze textes des chansons soient de Jean-Loup Dabadie. C'est son choix et Dabadie a beaucoup de talent, mais le tandem Dréjac / Legrand, Sylvain Lebel ou Claude Lemesle auraient mérité<br /> d'y figurer. Elle en a repris certains en scène. C'est déjà ça, comme dirait un autre chanteur...<br /> Bonnes chansons à toutes et à tous
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F
<br /> <br /> Merci aussi, et surtout bravo encore, cher Daniel pour ton très beau livre sur cet artiste qui, comme je l'ai dit en réponse au commentaire précédent, m'a toujours<br /> beaucoup ému et enthousiasmé, pour lequel j'avais une immense admiration. Sans doute le plus extraordinaire "acteur de la chanson"... avec Jacques Brel. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'ils<br /> étaient très amis et si, tous deux, se sont retrouvés un jour de février 1967 à chanter, à Grenoble, à un meeting de Pierre Mendès-France, en soutien à sa candidature aux législatives... Des<br /> acteurs de la chanson, mais des hommes engagés personnellement, aussi, dans la cité.<br /> Très heureux également de constater que cette "belle aventure", comme tu le dis, qu'a été Chorus ait été, objectivement, non seulement le vivier de talents<br /> (que tout le monde sait et reconnaît aujourd'hui) mais surtout le prélude à "une vie après la mort" avec ces différents livres, tous aussi sensibles et habités. La vie reste plus que jamais<br /> "devant soi" !<br /> Entièrement d'accord avec toi, enfin (ça ne t'étonnera pas), quant au choix des chansons d'Isabelle Boulay pour son album...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Bonsoir<br /> <br /> Mille mercis cher FRED , en particulier pour Serge REGGIANI vu par ses amis. Oh ! que OUI " l'acteur de la chanson"<br /> <br /> . Excusez ma franchise, mais çà me contrarie beaucoup qu'Isabelle Boulay ( au demeurant une charmante personne) reprenne le répertoire de cet IMMENSE interprète.
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F
<br /> <br /> On ne pourra jamais reprocher à qui que ce soit sa franchise, chère Annie. L'essentiel, bien sûr, est que la chanson reste vivante et donc qu'il y ait toujours des<br /> interprètes pour reprendre le répertoire des grands artistes disparus, mais je ne comprends que trop bien votre sentiment pour avoir eu la chance d'assister à de nombreux concerts de Serge<br /> Reggiani - et pas seulement dans ses vingt dernières années qui n'avaient plus rien à voir avec "avant", du fait des conséquences (alcool, etc.) dans lesquelles l'avait plongé la disparition<br /> tragique de son fils Stephan. Je l'ai vu à Bobino dès 1970, en compagnie notamment de son fils et c'était un spectacle merveilleux à tous points de vue. Par la suite, dès que j'en ai eu<br /> l'occasion, je suis allé le voir. Quel grand interprète, immense dans tous les sens du terme : cette voix bien sûr à fouailler l'âme, et puis cet art du comédien mis au service de la chanson.<br /> Comme Jacques Brel... Un cocktail beaucoup trop rare, aujourd'hui.<br /> Alors, Isabelle Boulay chante Reggiani ? Des goûts et des couleurs, bien sûr, et c'est une excellente chose si cela peut permettre aux générations actuelles qui<br /> n'ont pas connu Reggiani de découvrir son répertoire. Donc merci à Isabelle. Mais, pour parler moi aussi en toute franchise (et en toute subjectivité), c'est sûr qu'il n'y a pas photo, comme on<br /> dit.<br /> Amicalement à vous. <br /> <br /> <br /> <br />
N
A signaler: la sortie ces jours-ci d' "ALLAIN LEPREST - Gens que j'aime", un autre livre consacré au poète de Mont-Saint-Aignan.<br /> <br /> Il contient une douzaine de grands entretiens avec des artistes ayant fait un bout de chemin avec Leprest: Romain Didier, Gérard Pierron, JeHaN, François Lemonnier, Francesca Solleville, Didier<br /> Dervaux, Nathalie Miravette, Bertrand Lemarchand, Dominique Cravic, Didier Pascalis, Annie & Didier Dégremont + une discographie critique.<br /> <br /> L'occasion de lire un autre point de vue sur cette oeuvre malheureusement méconnue, et d'entendre la saga Leprest racontée de l'intérieur, par ceux qui l'ont accompagné à différentes époques, le<br /> temps d'une vie ou d'une chanson.<br /> <br /> L'occasion, également, de mettre en parallèle leurs parcours respectifs, voir ce qu'ils ont pu s'apporter les uns les autres. L'occasion aussi de quelques coups de griffes, regrets ou aveux<br /> d'amertume... loin de toute tentation hagiographique.<br /> <br /> Ca sort chez une toute petite maison: Jacques Flament Editions.<br /> http://www.jacquesflamenteditions.com/146-allain-leprest-gens-que-jaime/<br /> <br /> <br /> (PS: et encore merci pour les inestimables dossiers Chorus et autres Chorusgraphies)
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O
A vous lire Fred, l'envie est forte de me procurer ce dernier livre sur Leprest, même si j'ai sur mes étagères celui de Thomas Sandoz.<br /> Et aussi le livre "L'acteur de la chanson", un très beau titre pour Reggiani, lui qui vivait, jouait ses chansons comme un acteur qu'il était.<br /> Magnifique chanson de Jacques Bertin...<br /> Merci Fred pour ce carnet du jour et les belles vidéos qui l'accompagnent.
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