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  • : SI ÇA VOUS CHANTE (le blog de Fred Hidalgo)
  • : Parce que c’est un art populaire entre tous, qui touche à la vie de chacun et appartient à la mémoire collective, la chanson constitue le meilleur reflet de l’air du temps : via son histoire (qui « est la même que la nôtre », chantait Charles Trenet) et son actualité, ce blog destiné surtout à illustrer et promouvoir la chanson de l’espace francophone ne se fixera donc aucune limite…
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  • Fred Hidalgo
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.
  • Journaliste depuis 1971, créateur de plusieurs journaux dont le mensuel « Paroles et Musique » (1980-1990) et la revue « Chorus » (1992-2009). Editeur depuis 1984 et créateur en 2003 du « Département chanson » chez Fayard.

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 14:00
« Préserver sa liberté de pondre »
   
Il y aurait beaucoup à dire sur l’industrie phonographique, sur l’histoire et l’évolution des maisons de disques. Beaucoup à dire sur le formatage « culturel » dans la production et la médiatisation, accouchant d’éphémères « produits staristiques sans artistes » qui masquent la forêt (et la solitude) des chanteurs de fond. Beaucoup à dire aussi sur le déclin incessant de la francophonie non seulement dans le monde, faute d’une politique volontariste, mais dans le pays même de la langue de Brassens : ainsi, les Victoires de la Musique viennent-elles de franchir un nouveau seuil en consacrant « artiste féminine de l’année » une chanteuse (débutante) qui écrit et chante en anglais…
 
Oui, il y aurait beaucoup à dire, mais ayant moi-même déjà beaucoup écrit sur tout ceci, je préfère passer le témoin… en laissant ici la parole à Nilda Fernandez, gentilhomme s’il en est de la chanson vivante. Il vient en effet de signer une chronique sur le métier (récemment mise en ligne sur son site sous le titre « Prélude au retour vers l’artiste-producteur / La musique à celui qui la fait ») dont la pertinence, par les constats qu’elle dresse et les questions qu’elle soulève, lui mérite la diffusion la plus large. Et de susciter notamment chez ses pairs et les « professionnels de la profession » un dialogue constructif, en vue de nouveaux lendemains qui chantent… et restent à (ré)inventer.
 
Nilda1
 
Je profite d’autre part de l’occasion pour remettre en mémoire, à la suite de ladite chronique, son dernier album, magnifique (sorti le 7 janvier 2010), mais passé inaperçu des grands médias. Peut-être, justement, parce qu’il est l’œuvre d’un « artiste-producteur » ?... En tout cas, parce qu’il le vaut bien et pour qu’au moins il puisse figurer dans les discothèques des « honnêtes hommes » (femmes incluses, ô combien !) qui me font l’heur et l’honneur de continuer à me suivre nombreux, en toute confiance (et pour certains depuis bientôt trente-trois printemps, 33 tours millésimés !). Mais d’abord, chant libre à Nilda Fernandez.
  
 
 « Il y a deux mois, dans une émission consacrée au rôle du Web dans la musique enregistrée, j’ai entendu le PDG d’Universal – que j’ai connu plus inspiré avant qu’il devienne gourou de l’industrie du disque – répondre à la question d’une journaliste par une phrase ahurissante : “Vous savez, quand je produis un disque, c'est moi qui prends tous les risques !”
 « Ainsi, l’employé le mieux rémunéré de la plus grande multinationale du disque reverse une grande partie de son gros salaire mensuel à six chiffres pour soutenir la création ! Avec de tels capitaines à la barre, avec leur myopie et leur suffisance suicidaire, nos Titanic sont bien menés.
« J’ai pourtant voulu les convaincre de ne pas s’éreinter au profit d’actionnaires qui resserrent budgets et personnel mais jamais leur ceinture. Je les ai souvent exhortés à ne plus manipuler le consommateur à coups de pub mais à respecter leurs clients pour ne pas leur fourguer ce dont ils n’auraient pas voulu pour eux-mêmes, semblables à des bouchers qui ne mangeraient pas leur propre viande.Nilda3
« Peine perdue : pour eux, j’étais un idéaliste avec zéro sens des réalités, moi qui ai toujours pensé qu’à force de se confronter à la matière, aux mots et aux sons, les artistes ont davantage les pieds sur terre que n’importe quel diplômé d’HEC, perdu dans ses abstractions.
« Alors, plutôt que m’épuiser la voix en prêchant dans un désert, j’ai préféré abandonner un contrat discographique pour partir cinq années en Russie, dans un show-business autrement sauvage et dangereux mais qui a renforcé, par contraste, ma foi dans l'indispensable mission gallinacée de l’artiste : préserver sa liberté de pondre.
« Pendant tout ce temps, donnant de la voix entre Moscou, Odessa, Irkoutsk, Vladivostok ou Samarcande, j’entendais les échos du coup de grâce infligé par tous ceux qui, au pays de Brassens ou Léo Ferré, voulaient faire croire que tout peut s’obtenir – argent, succès, talent – par la soumission. Les fabriques de stars étaient l’ultime tentative pour créer des produits staristiques sans artistes mais aussi le début de la dégringolade, jusqu'au Virgin Megastore qui vient de rendre les dernières armes. Bien sûr, le sort du millier de personnes laissées sur le carreau me désole, surtout quand on pense aux actionnaires bien vite repartis vers des valeurs plus sûres et pérennes comme l’eau, le vent, la lumière, mais qu’on ne vienne pas nous assommer avec de prétendues conséquences “culturelles” qui feraient passer les “déforesteurs” d'Amazonie pour des bûcherons.
« Depuis longtemps, le mot “artiste” est galvaudé. C’est dommage parce qu’il sonne bien. Je dirai donc à mes confrères “artisans de notes” qu’ils ne s’inquiètent pas pour leurs méventes de disques, qu’ils oublient les vaches trop grasses et les soucis de défiscalisation car, pour notre honte et le malheur de ceux qui les aiment, nos pièces uniques se sont longtemps vendues à la criée, entre jambon et liquide vaisselle.
« La disparition de l’industrie n’est pas la fin de la musique. Au contraire. Elle n’est qu’un coup d’arrêt à l’usurpation d’identité de ses financeurs et de ses re-producteurs.
« Saluons nos albums passés mais soyons fiers de notre musique à venir, immatérielle par nature, et imaginons un autre sort pour elle que des petits carrés aux dimensions de “bacs” en voie d’extinction.
« Soyons notre propre moteur, attirons des forces neuves et enthousiastes, des esprits décidés à ne pas se lamenter sur la fin d'un monde mais prêts à accueillir celui qui vient. Ce sera un bon exemple d’intelligence, ça donnera du souffle et des idées à nos semblables et ça ne se présentera pas deux fois. »
(Nilda Fernandez, auteur-compositeur-interprète, janvier 2013)

 
quichote_3.jpgJe me souviens d’un certain Daniel Fernandez, découvert à l’occasion de son 33 tours de 1981, puis sur scène au Printemps de Bourges. Je me souviens du choc ressenti à l’écoute de cette voix si belle et particulière, née pour chanter la tendresse. Je me souviens de Frédéric Dard me demandant dix ans plus tard, en tête à tête, ce que je pensais d’un certain Nilda Fernandez dont il appréciait beaucoup le premier album CD : Nos fiançailles, Madrid Madrid, Entre Lyon et Barcelone… Succès immense et apparemment fulgurant – sauf qu’une décennie s’était écoulée entre ces deux premiers albums, le laps de temps moyen pour faire d’un débutant un véritable artiste. L’année suivante, en 1992, Nilda figurait au sommaire du premier numéro de Chorus, en « Rencontre », juste après Léo Ferré… et avant Maurane et Richard Desjardins ! Et déjà, il confiait (à Pascale Bigot) ses doutes sur ce métier : « Toute réussite repose sur un malentendu : au-delà d’un certain nombre de disques vendus, on doit se poser des questions. Sur scène, quand j’arrive accueilli par une ovation, cela me gêne presque… »
  
 
Un deuxième CD suivit « normalement » en 1993 : Ne me fais pas mal. En 1997, avec un superbe album sans frontières, Innu Nikamu, l’artiste commençait à dérouter son monde. Il prit alors ses distances avec le métier, ou plutôt avec ce que le métier attend d’un artiste à succès : qu’il fasse fructifier son fonds de commerce, en réutilisant les mêmes recettes. Nilda2En 1999, il consacre tout un disque en espagnol, Castelar 704, à la poésie de Federico Garcia Lorca ; en 2000, telle une carte postale d’adieu, il adresse ses Hommages à la chanson française, avec un disque surprenant de reprises. Et puis plus rien, du moins phonographiquement parlant, car Nilda va continuer de mener sa vie d’artiste de scène mais le plus souvent à l’étranger, en Amérique latine, en Russie où il s’installe, où il devient une vedette, où il crée même un festival itinérant ; sans oublier de rentrer en France, discrètement, le temps d’un concert ou deux. « Je crois en l’organisation du hasard, dit-il aujourd’hui. Ma vie est difficile à lire parce que, de l’extérieur, on ne sait pas forcément à quoi elle obéit. »
 
Enfin, à l’automne 2009, Nilda retourne en studio pour nous donner de ses nouvelles. Après quatre mois de travail à Gênes, avec des musiciens italiens, il regagne Paris pour enregistrer sa voix (et les accordéons de Marcel Azzola et de Lionel Suarez, excusez du peu) : « C’est difficile d’enregistrer ma voix quand on ne comprend pas mes textes… » Dix ans d’attente donc ! Pour douze chansons en forme d’autobiographie. De son « départ » (« Le monde est en délire et moi je me tire / C’est une façon d’être en avance », chante-t-il rétrospectivement dans Plus loin de ta rue, une merveille de chanson d’amour, avec refrain en espagnol et guitare flamenca) jusqu’à son « retour », avec le titre qui ouvre l’album (un tube assuré pour peu que la chanson soit diffusée) : « Plages de l’Atlantique / Ou falaises de la mer Baltique / Je reviendrai sûrement un jour / Je reviendrai place de la Concorde / Ou de la révolution d’Octobre… »
 
Nilda Fernandez ? Un artiste majuscule, un maître ès-mélodie, un chant vibrant d’authenticité grâce auquel on croit tout ce qui est dit, écrit, décrit, raconté. Comme Je lui raconte, justement : « Je lui raconte n’importe quoi / Ce qui me tient chaud, ce qui me tient froid / Mes pensées d’amour et de guerre… » Comme Berceuse : « Pendant que dans le monde / Y a des gens qui se lèvent / Y a des gens qui se couchent sous les bombes… » Comme Si tu me perds : « On devrait pas se laisser mourir / Tant qu’on s’est pas tout dit / Mourir, mourir et sans prévenir / C’est pas d’l’amour d’ami. » Comme Où tu habites, constat de l’absence divine avec chœurs en anglais : « À force de ne pas comprendre où tu es, où tu habites / Je finirai par me pendre / Alors réponds-moi vite, réponds-moi vite. » Comme Le monde est ce qu’il est… « Et t’aurais tort de dire / Qu’il est laid »… Voulez-vous que je vous dise ? J’aime tellement ce disque, ou plutôt ce disque est tellement « aimable » – paroles et musiques, chant et orchestrations (riches et subtiles, cosignées du chanteur et de Mario Canepa) – que je me sens terriblement frustré de ne pouvoir en parler qu’ici, dans la virtualité d’une « toile » qui peut s’effilocher voire se défiler à tout moment ; alors que nous avions prévu de consacrer à Nilda Fernandez un dossier de nos « Cahiers de la Chanson » à l’occasion, précisément, de ce nouvel album…
 

Nilda Fernandez – Où tu habites
 

Mais à défaut de Chorus et pour compenser aussi peu que ce soit le silence audiovisuel assourdissant et le manque de reconnaissance du « métier », décernons-lui notre Victoire de la… chanson : un « Quichotte » de Si ça vous chante (la distinction discographique par excellence de cette « maison d’amour de la chanson vivante »), car si celui-ci se mérite par la hardiesse du propos, de l’éthique et de l’esthétique de l’œuvre concernée, en l’occurrence il ne se discute même pas !

 

Nilda

   
• NILDA FERNANDEZ : Ti amo, 12 titres (Prélude – Plages de l’Atlantique – Plus loin de ta rue – Laissez-moi dormir – Je lui raconte – Berceuse – Si tu me perds – Où tu habites – Le Baiser sous le lilas – Le monde est ce qu’il est – Elle m’aimait plus – Derrière ma fenêtre). 38’10 ; production Nilda Fernandez, distribution Harmonia Mundi (site de l’artiste).
___________
NB. « Je crois à l’organisation du hasard », dit ci-dessus Nilda Fernandez… Eh bien, le hasard veut que les prochains concerts de Nilda Fernandez en France, les 19 et 20 avril au théâtre Antoine-Vitez d’Ivry-sur-Seine, nous permettront de le retrouver sur le même plateau que… Paco Ibañez à qui, sans savoir cela, j’ai consacré mes deux sujets précédents ! Chacun chantera son répertoire et les deux artistes se réuniront en fin de soirée… pour le plus grand bonheur des spectateurs (qui ont déjà pris la précaution de réserver leurs places) ! Cliquer ICI pour tous renseignements à ce sujet.
 
 
 

   

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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 10:05

Entrez dans le rêve…

 

Depuis quelque temps, je réfléchis à ce que je pourrais continuer d’apporter à la chanson, d’utile et de spécifique à la fois, compte tenu de ce qui existe déjà sur le Net. Si la création de Si ça vous chante, le 18 novembre 2009, a répondu au grand vide laissé par la brusque disparition de « la revue de référence de la chanson vivante » durant l’été précédent (jusqu’à se retrouver, sans l’avoir cherché le moins du monde, au « Top des blogs » de l’espace francophone), aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, le panorama a bien changé avec la multiplication des blogs et des sites musicaux. Le temps est venu d’assigner de nouvelles missions, de nouvelles ambitions à cette « Maison d’amour » ouverte à tous les amis de la chanson…

logo.jpg

Pour éviter d’inutiles redondances, je laisse donc volontiers aux autres, je veux dire à ceux qui le font bien, dont certains anciens collaborateurs de la revue (en particulier, s’agissant des créations les moins médiatisées, à Michel Kemper qui poursuit et amplifie – via son blog « Nos Enchanteurs », devenu récemment un site collectif – le travail qu’il menait à Chorus avec la rubrique « De bouche à oreille » consacrée surtout à l’autoproduction), le soin de couvrir l’actualité proprement dite du disque et de la scène. Après plus de trente ans passés à promouvoir la chanson dans tous ses états, à partager noir sur blanc mon amour multicolore de la chanson vivante, il me semble en effet préférable, désormais (et sans rien m’interdire pour autant), de m’attacher plutôt à des sujets ou à des thématiques en rapport direct avec mon expérience du monde de la chanson, dont personne ne parle par ailleurs… ou ne peut parler à ma place.

Mais j’y reviendrai… dans quelque temps. En attendant, je vous propose déjà d’entrer dans ma fête foraine comme disait Antoine, d’entrer dans le rêve comme le suggérait Manset… Autrement dit de rejoindre le groupe « Si ça vous chante » que j’ai ouvert sur Facebook à la mi-mai, afin de prolonger, compléter voire orienter ce blog. Son but ? Toujours le même : contribuer à mieux faire connaître et apprécier la chanson – trop généralement considérée comme un passe-temps futile et/ou un simple produit marchand – voire à la faire reconnaître pour ce qu’elle est, un art à part entière… et même davantage encore (puisque résultante, excusez du peu, de l’art de la poésie, de l’art de la musique et de l’art dramatique, la chanson n’existant qu’en s’incarnant dans l’interprétation), à savoir l’art populaire par excellence.  

 

 

Ramenez le drap sur vos yeux
Et…
Entrez dans le rêve
Reprendre la vie des autres où on l'a laissée
Quand le jour s'achève
Voir les couleurs, voir les formes
Enfin marcher pendant que les autres dorment…

Ramenez le drap sur vos yeux
Et…
Entrez dans le rêve
Allumez l'écran merveilleux
Quand le jour s'achève...

 

lit-ordi.jpg

 

Ce groupe, évidemment ouvert à tous (artistes, professionnels et amoureux de la chanson), a d’ores et déjà pris l’allure d’une auberge espagnole, riche de ce que chacun et chacune veut bien y apporter pour faire avancer cette conception de la chanson, un art mais aussi (et peut-être surtout, en définitive) un lien unique en son genre, une chaîne d’union entre les hommes (et les femmes) de bonne volonté. Témoignages, débats, commentaires, informations (disques, spectacles, agenda, contacts…), illustrations audiovisuelles, etc., on y trouve déjà tout ça : des échanges pratiques et du plaisir partagé. N’hésitez donc pas à entrer dans cette « maison d’amour » – vous y êtes cordialement convié(e)s – ni à y inviter vos propres amis pour que la passion de la chanson qui nous relie (comme un « fil », disait-on à Chorus, ou comme « Le Joli Fil » dont parle Souchon) fasse tache d’huile.  

 



En très peu de temps, nous avons accueilli dans cette auberge la fine fleur de la chanson francophone : une foule (sentimentale) où se côtoient plusieurs centaines de professionnels et d’amateurs (éclairés) qui constituent autant de relais (directeurs de festivals et de salles, éditeurs, tourneurs, responsables de labels, agents, attachés de presse, musiciens, techniciens, animateurs culturels et associatifs…), et au moins autant de créateurs, auteurs, compositeurs et/ou interprètes, grands noms de la chanson, talents en herbe et artistes confirmés peu ou prou médiatisés. D’Europe ou d’Amérique, des Antilles, de Polynésie, d’Afrique ou de l’océan Indien… Une Académie – certes virtuelle mais bien vivante – de la chanson française, forte déjà de plus de mille cinq cents pensionnaires.  

 

 

« Il y a des maisons où les chansons aiment entrer », disait Félix Leclerc. Celle de Si ça vous chante en est l’exemple type. Elle n’attend plus que vous. Accueil convivial assuré. Une fois franchi son seuil, c’est la balade des gens heureux qui s’offre à chacun : vous y découvrirez un « jardin extraordinaire » qui ne cesse de croître et d’embellir. À vous de le parcourir et, surtout, de le dessiner à votre goût, afin qu’il devienne vraiment le lieu des lendemains qui (vous) chantent.

Moi, j’aime le music-hall
C’est l’refuge des chanteurs poètes
Ceux qui s’montent pas du col
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes…

 On dira tout c’qu’on peut en dire
Mais ça restera toujours, toujours, l’école
Où l’on apprend à mieux voir,
Entendre, applaudir, à s’émouvoir
En s’fendant de larmes ou de rire.

Voilà pourquoi, la, do, mi, sol,
J’aim’rai toujours le music-hall
J’aim’rai toujours, toujours, toujours,
Toujours, toujours, le music-hall.
  

 

 

Bienvenue dans notre « music-hall », dans notre auberge espagnole, dans cette maison d’amour de la chanson, bienvenue à tous les héritiers de « Patachou, Brassens, Léo Ferré, Juliette Gréco, Mouloudji, Ulmer, les Frères Jacques, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud... » sans oublier « ces grands garçons / De la chanson / Les Compagnons… » Bienvenue chez vous, à tous ceux et celles qui font vivre la chanson de part et d’autre de la rampe, bienvenue à tous les compagnons de la chanson d’aujourd’hui et de demain. Oui, « entrez, entrez dans ma fête foraine » pour défendre et illustrer au mieux la chanson, à la façon dont le faisait la « Chorus liste » de belle mémoire ; peut-être la première liste de discussion sur la chanson francophone (créée en 1998 en complément au site de Chorus), la seule en tout cas qui donna lieu spontanément à d’efficaces et inattendus développements, à des spectacles et à des albums collectifs proposés, organisés, enregistrés ou réalisés par certains de ses membres…

C’est également dans cet espoir que j’ai souhaité ouvrir ce groupe : qu’il fonctionne non pas en autarcie mais par lui-même, en autogestion. Un peu à la façon, aussi, dont j’avais imaginé la rubrique « Chant libre » de ce blog, hélas restée lettre morte… Qu’il soit l’œuvre de copains d’abord et navigue toutes voiles dehors sur la toile mondiale, en père peinard ou contre vents et marées, c’est à lui de voir. Embarquement immédiat, dirait Nougaro : c’est ICI (et maintenant) que cela se passe.

 

 


QUELQUES PRÉCISIONS TECHNIQUES INDISPENSABLES  

« Est-il possible, sans se désinscrire, d’échapper aux “notifications” envoyées automatiquement sur sa boîte e-mail ? » La réponse est oui ! Il suffit de cliquer à droite de la barre d’outils supérieure sur l’icône « Notifications » puis sur « Paramètres » et de décocher la case « Envoyer également un courrier électronique à… » (et/ou de cliquer sur « Notifications » puis « Désactiver »). cle.jpgOn peut ainsi continuer à suivre les contributions des uns et des autres (et apporter les siennes) à sa convenance, en venant sur cette page au gré de ses humeurs, envies, besoins et/ou disponibilités.

TOUT RESTE DISPONIBLE et visible depuis le jour d’ouverture du groupe. Il suffit de descendre en bas de la page d’accueil pour laisser se dérouler automatiquement les pages précédentes, ou bien – pour une recherche affinée – de cliquer sur l’icône représentant une petite loupe (tout à droite de la barre d’outil, après « Notifications » et l’icône en forme de roue dentelée, laquelle permet notamment de « quitter le groupe » à tout moment), de taper le nom de l’artiste souhaité (ou de n’importe quel autre pensionnaire de cette Maison de la chanson) et tous les messages correspondant à la recherche s’afficheront avec leurs date et heure précises (reste alors à cliquer sur la petite « bulle » située à droite pour faire apparaître le message de son choix).

ON PEUT FAIRE « REMONTER » UN ANCIEN MESSAGE à tout moment pour relancer le dialogue à son sujet : après avoir trouvé le message voulu (voir ci-dessus), en y ajoutant un commentaire, il « remonte » automatiquement en tête de la page d’accueil (quelle que soit la date initiale à laquelle a été « posté » ledit message). N’hésitez donc pas à procéder de cette façon si, par exemple, vous appréciez un artiste et que vous avez envie de parler de lui : cela relance la discussion générale à son sujet… et peut aussi inciter l’intéressé à intervenir lui-même (certains le font naturellement, d’autres qui adorent pourtant se produire sur les planches se montrent bien timides noir sur blanc…).


   

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6 décembre 2009 7 06 /12 /décembre /2009 10:50
L'été meurtrier 

Le 21 juillet dernier de sinistre mémoire, funeste conjonction, on nous informait à la fois de l’acte de décès de Chorus (alors que la réalisation du numéro d’automne battait son plein) et de la mort, trois jours plus tôt, de l’auteur-compositeur-interprète Gilles Elbaz (qui formait avec Jacques Bertin, Jean-Max Brua, Jean-Luc Juvin et Jean Vasca une famille poétique qui a beaucoup compté dans la « Fine Fleur de la chanson française » des années 70). Nous le savions victime de la maladie depuis deux ans, de « ce mal mystérieux dont on cache le nom », et cependant Gilles continuait de vaquer presque normalement à ses activités d’artiste (et accessoirement de conférencier-chanteur sur l’histoire de la chanson française – il avait d’ailleurs participé en son temps à l’enregistrement de la fameuse, que dis-je, de l’exceptionnelle Anthologie de la chanson française traditionnelle imaginée et produite chez EPM par François Dacla sous la houlette artistique de notre si regretté Marc Robine).



Il nous avait appelés au début du printemps pour nous annoncer quelques concerts prochains, une série de conférences chantées à la Manufacture Chanson, à Paris, et surtout qu’il mettait avec bonheur la dernière main au travail de réédition d’un de ses albums majeurs, un 33 tours de 1976, Les mots sont de la musique. Nous avions convenu d’en parler avec lui une fois sorti des presses… dans notre numéro d’automne. Mais la maladie l’a rattrapé et dépassé avant même qu’il puisse découvrir le fruit de son labeur. Il est décédé à Lorient où il habitait depuis bien des années le 18 juillet 2009 à l’âge de 63 ans (il était né à Castres le 14 juin 1946).

 

 


Pour mémoire, on trouvera dans le n° 20 (été 1997) de Chorus une « Rencontre » (signée Daniel Pantchenko) récapitulant la vie et l’œuvre de Gilles Elbaz, commentées par l’intéressé. Y figurait également le détail de sa discographie composée de huit albums : Les Quatre Éléments, 1970 ; Le Miroir de l’arbre, 1972 ; Le Vent aux ailes, 1974 ; Les mots sont de la musique, 1976 (dont on peut désormais commander le CD sur son site officiel) ; Paradis terrestre ou la condamnation d’Ève, 2x30 cm, 1979 ; Le Reflet dans la vitrine, 1984 ; Rue des Envierges, 1988 ; Ici (Ballades, sonnets, sonnailles et autres villanelles…), 1996.

 

Aujourd’hui, ses amis se préparent à le chanter et à chanter pour lui. D’abord à Paris les 18 et 19 décembre à l’Espace Christian-Dente (124 av. de la République, 11e – tél. 01 43 58 19 94), puis à Lorient, les 30 et 31 janvier, à la P’tite Chimère (12 rue Colbert, tél. 02 97 64 38 65) où il donna, à la mi-mai, ses deux derniers concerts. À Paris comme à Lorient, l’entrée est libre mais sur réservation obligatoire, car il n’y aura évidemment pas de place pour tout le monde. Mais d’ores et déjà, Jean Vasca, l’auteur-compositeur d’Amis soyez toujours (en écoute sur « Le Joli Fil ») et d’une vingtaine d’albums parus entre 1964 et 2007 (dernier en date : Un aller simple pour Mars), a tenu à lui rendre l’hommage qui suit.

_____________

Chant libre – 2

FRAGILE ELBAZ

Par Jean Vasca

 

Triste privilège que vieillir et survivre, voir les amis quitter la scène avant terme. C’est ainsi, le fleuve obstinément continue sa course, avec ses remous, ses tourbillons, son inexorable flot charrieur de boues et d’étoiles. C’est ainsi…

Le 18 juillet dernier, c’est notre Gilou qui s’est barré en douce, un accroc de plus dans la vieille tapisserie des fraternités. C’est le troisième mousquetaire de la bande des cinq qui s’en va, sale affaire, après Brua et Juvin.
Gilles avait trouvé son frère musical en la complicité de Siegfried Kessler, pianiste de génie s’il en fut, qui lui aussi s’est éclipsé, il y a quelques années.

Un CD vient juste de sortir (Les mots sont de la musique) qui fut un 30 cm BAM important à l’époque quant à l’originalité de la démarche autant pour le texte que pour l’accompagnement musical.

Quelques images me reviennent.

Un concert dans une MJC en Normandie dans les années 70 où il assura ma première partie (régional de l’étape). Tout de suite, l’oreille aux aguets, et le poil qui se lève : enfin, il se passait quelque chose, une façon originale d’aborder la chanson, un lyrisme étrange porté par une musique répétitive (Le Bal masquéLes Sept Soldats, etc.).

Puis la période BAM, Luc Bérimont notre enchanteur, le prix de « la Fine Fleur » à Bobino, l’amitié, les soirées de rigolade, les moments poétiques…

Avignon, aux heures pâles de la nuit place de l’Horloge, Lavilliers invectivant un quidam aviné et agressif, son muscle fraternel et protecteur : « Touche pas au p’tit », en parlant bien sûr de Gilles qui avait sûrement provoqué le pochtron…

Quelque part dans Politis, dixit Bertin : « Une décontraction de joueur de flipper. »

Reste une bouffée de tendresse et de fragilité, une œuvre/chanson discrète et pourtant essentielle dans notre galaxie. Nous, ses amis, écouterons encore longtemps cette voix, sa petite musique coulant comme de l’eau de source. (J.V.)
___________________

NB de F.H. : merci à Jean Vasca pour ce beau texte, qui appelle bien d’autres commentaires en hommage à l’auteur du Vent aux ailes (dont est tirée la chanson Québec, visible ici dans un passage télé (Libre parcours, d’Ève Griliquez) de 1973 : un véritable document tant il est vrai que les grands médias s’ingénièrent à « oublier » systématiquement Gilles Elbaz)… Et merci à tous, d’autre part – vous commencez à connaître la chanson ! – de bien vouloir faire chorus aussi largement que possible en amenant vos amis, relations et réseaux divers à découvrir ce blog, à s’y inscrire si affinités… et – si ça leur chante, bien sûr – à y participer : plus nous serons nombreux à apporter notre pierre à l’édifice et plus notre « maison de la chanson » se fera accueillante…

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